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mercredi 7 juin 2017

LES ENFANTS BASQUES EN RUSSIE DE 1937 À 1941 (première partie)

2 996  ENFANTS FURENT ENVOYÉS EN RUSSIE POUR ECHAPPER À LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE.


Suite au bombardement de Guernica le 26 avril 1937, le Gouvernement Basque, relayé par le Gouvernement Républicain, lance un appel à de nombreux pays pour que les enfants soient accueillis en toute sécurité.



Rien qu'en 1937, plus de 36 000 enfants de moins de 14 ans ont péri dans cette guerre civile, ce 

qui correspond à 28% des morts de cette année là.

Plusieurs pays acceptèrent rapidement, pour des raisons humanitaires,  de recevoir des 

enfants, en particulier la France, la Belgique, l'Angleterre, le Mexique, les Usa, la Suisse et le 

Danemark.

L'Union soviétique, pour sa part, accepta elle aussi mais un peu plus tard.




PAYS BASQUE AVANT
APPEL A  L'AIDE POUR LES ENFANTS ESPAGNOLS


Ainsi, des bateaux changèrent de direction, au dernier moment, et la destination finale de 

presque trois mille enfants (Basques, Asturiens mais aussi de toute l'Espagne) ne fut pas 

l'Angleterre, mais l'Urss.



Il ne faut pas oublier que l'Urss bénéficiait, en 1937, d'une large sympathie en Espagne, parmi 

les combattants Républicains.

En effet, de nombreux soviétiques étaient venus au secours de la République Espagnole et 

luttaient au sein des Brigades Internationales, dont les quartiers généraux étaient dans la ville 

d'Albacete (en Castille-Manche).

Cette ville fut d'ailleurs bombardée, comme beaucoup d'autres par les forces fascistes 

(allemandes et italiennes), les 19 et 20 février 1937.



pays basque auttrefois
BRIGADES INTERNATIONALES A ALBACETE EN 1937



L'évacuation des enfants se mit en place vite et dès la mi-juin 1937, ce fut un premier groupe 

d'enfants qui quitta le Pays Basque Sud et l'Espagne à destination de l'Urss.

Quatre convois, au total, se succédèrent pendant l'été 1937.

Plusieurs bateaux tels que le "Palo de Cabos", "la Habana" et le "Félix Dzerjinski" partent 

de Carthagène, Valence, Bilbao, Barcelone et Gijon, avec à leur bord des centaines d'enfants 

espagnols, grâce à une chaîne de solidarité internationale.




pays basque avant
ENFANTS ESPAGNOLS EN ATTENTE DU DEPART




pays basque autrefois
ENFANTS ESPAGNOLS EN ATTENTE DU DEPART



Le Centre espagnol de Moscou fait état de 2 996 enfants au total évacués en Union soviétique.

Ce furent principalement des familiers de résidents, Républicains déjà établis en Urss, grâce au 

travail colossal mené par le Secours Rouge International, en collaboration avec le Parti 

Communiste Espagnol et le Ministère de L'Instruction Publique Espagnol.




Les fiches individuelles de ces enfants montrent que c'est le Commissariat du Peuple à 

l'Instruction Publique de l'Urss qui prend la responsabilité du séjour de ces enfants et que les 

enfants dépendent directement de ce Ministère.

Pour une grande partie des Espagnols de cette époque, et surtout pour tous les gens proches 

des Partis Socialiste et Communiste, l'Urss fait figure de véritable "paradis terrestre".

Y a-t-il un meilleur endroit au monde pour envoyer ses enfants ?



De plus, au milieu de l'année 1937, les parents, comme d'ailleurs une grande partie  de la 

population Espagnole, croient fermement que la guerre civile va être de courte durée et que les 

Républicains vaincront.

Dolorès Ibarruri, la Pasionaria,  l'a bien déclaré, il y a presque un an,  le 19 juillet 1936 : "No 

pasaran" !


La majorité de ces enfants sont d'origine Basque et Asturienne mais en réalité toute l'Espagne 

est représentée : de Malaga, de Madrid, de Terruel, de Barcelone, d'Oviedo ou de Gijon, toutes 

ces villes où les combats font ou ont fait rage.



Ces enfants ont entre deux et quinze ans et sont issus, pour la plupart, de la classe ouvrière et 

paysanne espagnole, avec des parents militant qui dans des syndicats ouvriers comme l'Ugt ou 

la Cnt, qui dans des partis politiques de gauche comme le Psoe, le Pce ou le Parti Radical.

Néanmoins, l'Urss qui les accueille ne semble pas faire de ce militantisme une condition pour 

recevoir ces enfants.




En Union soviétique, ils sont reçus comme des héros.

Poing levé et au son de l'internationale, ces "orphelins" Espagnols descendent les passerelles 

des bateaux à Léningrad ou Yalta et ils sont accueillis avec des fleurs et des guirlandes  par un 

important comité de pionniers locaux et des komsomols (organisation de jeunesse communiste).



pays basque avant
ENFANTS ESPAGNOLS A L'ARRIVEE EN URSS




pays basque autrefois
ARTICLE RELATANT L ARRIVEE DES ENFANTS ESPAGNOLS A LENINGRAD



Ensuite, c'est le transport en train avec des gares décorées et fleuries, tout le long de leur trajet, 

pour les réfugiés Basques et Espagnols.

Cet accueil fastueux (concerts et gala au Bolchoï) est utilisé par la propagande soviétique (films 

et photos) pour montrer au monde que l'Urss est le seul pays capable de prendre la défense des 

opprimés et de mener une lutte effective contre la barbarie fasciste.




pays basque avant
ARRIVEE DES ENFANTS ESPAGNOLS EN URSS





Dès leur arrivée, les enfants sont l'objet de nombreux égards et soins : un bon bain, un examen 

médical, de nouveaux vêtements (des uniformes pour tous) et des repas succulents, avec même 

du caviar au menu.

Avant de découvrir leur nouvelle maison, ils font même un séjour dans un sanatorium pour se 

reposer de leur périple.




Au fur et à mesure qu'ils arrivent en Union soviétique, les enfants sont accueillis dans les seize 

Maisons d'Enfants, que le Narkompros (le Commissaire du peuple pour l'Enseignement 

Soviétique) avaient créées spécialement dans différentes provinces de la Fédération Russe 

(Léningrad, Moscou) et en Ukraine (Kiev, Odessa, Kherson et Kharkov)  pour les enfants 

espagnols évacués.

Ces centres accueillent un nombre plus ou moins similaire d'enfants, la maison N°1, inaugurée 

le 1er août 1937, située dans la région de Moscou, accueille 358 enfants.



L'Urss ne lésine pas pour bien accueillir ces nouveaux invités.

Rien que pour la maison N°1 et ses nouveaux locataires, l'Etat dépense plus d'un million trois 

cent mille roubles.

C'est une somme considérable, sachant qu'en plus, il y a quinze autres maisons qui sont 

destinées à recevoir ces enfants.

Pour la nourriture aussi, le coût initialement prévue par personne et par jour est pratiquement 

doublé car les repas servis sont proches de la cuisine espagnole.

Les témoignages d'ex-enfants indiquent que du café au lait était servi au petit-déjeuner.

Ceci était un privilège réservé à la haute nomenclature soviétique, alors qu'en Ukraine sévissait 

quelques années auparavant une famine atroce.



On estime la dépense au minimum à plus de 350 roubles par mois et par enfant.

A titre de comparaison, le docteur de la maison N°1 avait un salaire mensuel de 500 roubles.

On eut donc considérer que ces enfants sont vraiment des hôtes privilégiées du pouvoir 

soviétique.

D'autant plus, que des sculptures achetées 5 500 roubles pièce décorent la maison d'enfants 

N°1, un piano est acheté dans la foulée en 1937.

La maison N°5 dispose, par exemple, d'une bibliothèque avec plus de 400 titres en espagnol.



pays basque autrefois
ANIMATION DES ENFANTS ESPAGNOLS EN URSS


L'enseignement est dispensé en espagnol car la venue des enfants est perçue comme temporaire 

et les soviétiques font tout pour que les enfants ne coupent pas les liens avec l'Espagne et 

puissent reprendre ensuite leur scolarité dans leur pays, quand le conflit sera terminé.

La République Espagnole  envoie à cet effet en Urss 213 adultes espagnols, pour la majorité 

des instituteurs et des surveillants.



Une importance toute particulière est donnée au travail politique des enfants, par les 

organisations de pionniers et les komsomols.

Cela exprimerait la volonté sous-jacente du pouvoir soviétique d'endoctriner ces enfants avant 

un éventuel retour en Espagne.

Les enfants assistent à des conférences politiques et parlent le russe avec de plus en plus 

d'aisance.



Chaque classe se réunit tous les lundis après le dîner, entre 20h et 21h30 et on vérifie ainsi leurs 

tendances politiques.

Les enfants doivent préparer leurs exposés sur des thématiques bien précises.



En 1939, la guerre civile espagnole est remportée par les franquistes et les enfants présents en 

Urss ne peuvent pas rentrer chez eux alors que ceux envoyés en Angleterre, France, Belgique 

ou Danemark peuvent retourner en Espagne.



Après une guerre qui a épuisé l'Espagne, à Moscou, on croit à un effondrement du régime 

fasciste à Madrid.

Les enfants grandissent et beaucoup finissent leur scolarité, intègrent les universités ou 

obtiennent une profession industrielle ou technique.

Ces jeunes espagnols obtiennent la citoyenneté soviétique.

Mais leur existence jusqu'alors paisible est rattrapée par l'histoire lorsque le 22 juin 1941, les 

soviétiques apprennent par Molotov l'invasion de leur territoire par les les troupes d'Hitler.

La situation de ces enfants va complètement changer et je vous en parlerai dans un article 

ultérieur.



 (Source : http://baladeenpaysbasque.centerblog.net/4987-les-enfants-de-la-guerre et http://retirada37.com/?p=2137)





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