CARTES POSTALES , PHOTOS ET VIDEOS ANCIENNES DU PAYS BASQUE. Entre 1800 et 1980 environ.
PAGES DE MON BLOG
▼
samedi 9 août 2025
LE PAIN "ESPAGNOL" AU PAYS BASQUE EN MAI 1918 (quatrième partie)
LE PAIN "ESPAGNOL" EN MAI 1918.
Pendant la Première Guerre mondiale, la question du ravitaillement est un sujet quotidien préoccupant dans toute la France, et au Pays Basque également.
PAIN 1918
Voici ce que rapporta E. Seitz dans le quotidien La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-
Luz, dans plusieurs éditions :
Le 16 mai 1918 :
"Le pain espagnol. — Le maire de la ville de Bayonne a pris l'arrêté suivant :
Art. 1er. — A dater de ce jour l'exposition et la mise en vente de tout pain blanc dit Espagnol, ou de toute autre provenance, sont interdites sur tout le territoire de la commune de Bayonne autrement qu'au prix de la taxe fixé par l'arrêté susvisé de M. le préfet des Basses-Pyrénées du 21 décembre 1917.
Art. 2. — Toute infraction aux dispositions de l'article qui précède entraînera la confiscation du pain exposé et mis en vente. Ce pain sera distribué aux Orphelinats de la Ville, sans préjudice des poursuites exercées contre les contrevenants par application de l'article 471, paragraphe 15 du Code pénal.
Art. 3. — M. le commissaire central de police et les agents de la police municipale, M. le préposé en chef de l'octroi et les agents sous ses ordres sont et demeurent chargés de l'application du présent arrêté.
Fait à l'Hôtel de Ville de Bayonne, le 10 mai 1918.
Le maire : J. Garat."
Le 19 mai 1918 :
"Hendaye.
La question du pain espagnol.
— Décidément il ne sera plus facile de spéculer comme on le faisait scandaleusement sur les privations du public et sur la faim en vendant à des prix abusifs le pain importé d'Espagne.
Après les arrêtés pris par le maire de Bayonne et par le maire de Biarritz pour rappeler à la raison les vendeurs de pain, voici que la municipalité d'Hendaye agit à son tour pour réglementer le cours du pain espagnol.
Voici en effet l'arrêt qui vient d'être pris :
Considérant que le pain espagnol acheté sur place, en Espagne, revient à 0.60 peseta le kilo, ce qui, au cours actuel du change, représente 0 fr. 95 ;
Qu'il est inadmissible que le même pain, importé en France par des particuliers qui en font l'objet d'un commerce important, soit revendu à 2 fr. 50 et 3 fr. le kilog.
Arrêtons :
Art. 1er. — A partir du 18 mai 1918, il est interdit à tout entrepositaire ou revendeur de pain blanc, dit espagnol, sur le territoire de la commune de Hendaye, de livrer cette denrée à un prix supérieur à 1 fr. 25 le kil. ;
Art. 2. — Toute personne qui vendrait ou achèterait du pain espagnol au dessus de 0 fr. 65 la livre, s'exposerait à la réquisition de son stock au prix de la taxe locale, soit 0 fr. 65 le kilog., et à être poursuivie pour hausse illicite en matière de ravitaillement."
Le 24 mai 1918 :
"Restrictions à Biarritz.
— Ceux qui subissent les restrictions à Biarritz, ceux surtout — et ils sont l'immense majorité — qui se font un devoir de s'y conformer dans toute leur rigueur nécessaire, seront bien étonnés d'apprendre que des rapports adressés au ministre du ravitaillement accusent notre département et Biarritz en particulier, de ne pas observer ces restrictions.
M. Forsans, sénateur, maire de Biarritz, qui, à la mairie, doit soutenir une lutte continuelle contre les difficultés de ravitaillement tout en veillant scrupuleusement au respect de toutes les réglementations, a répondu par la lettre suivante au préfet des Basses-Pyrénées :
Le Sénateur-Maire de Biarritz à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées, Pau.
J'ai eu connaissance de la dépêche en date du 6 de ce mois par laquelle, à la suite d'un rapport qui lui a été fait, M. le ministre du ravitaillement relève que les dispositions légales et réglementaires édictant des restrictions diverses ne seraient pas régulièrement observées dans le département des Basses-Pyrénées.
Il signale notamment qu'à "Biarritz le régime de la carte ne fonctionne pas dans les hôtels et qu'on donne le pain à discrétion, qu'il se fait dans cette commune et dans les environs un commerce de pain blanc espagnol , vendu à 2 francs le kilogramme. Le pain est passé en fraude à la frontière et est destiné à la clientèle riche. Les boulangers eux-mêmes s'adonneraient à ce trafic et la vente de ce pain, malgré un arrêté du maire qui l'interdit, continuerait clandestinement".
Je regrette que M. le ministre ait pu être si mal renseigné et qu'au lieu de lui dire que le pain est ici dépensé sans mesure — amère dérision ! — on ne lui ait pas plutôt rappelé que nous en avons été complètement privés à diverses reprises et qu'à l'heure actuelle les Basses-Pyrénées sont réduites à la ration de 200 grammes tandis que cette ration, dans les autres départements, n'est nulle part inférieure à 300 grammes.
La vérité est, Monsieur le Préfet, qu'à Biarritz, l'arrêté par lequel vous avez fixé à 200 grammes la ration de pain est indistinctement appliqué à tous, aussi bien aux hôtels qu'aux petits ménages et que nous observons avec la plus grande rigueur toutes les mesures de contrôle que vous avez sagement prescrites pour en assurer l'exécution.
En l'absence de la carte individuelle qui n'existe encore ni dans les Basses-Pyrénées ni dans les départements voisins, nous remettons chaque jour à chacun des hôtels un nombre de rations de 200 grammes correspondant au chiffre des personnes qui y prennent leurs repas et ce chiffe est chaque semaine, l'objet d'une vérification.
Dans ces conditions, j'ai le droit d'affirmer que les hôtels ne peuvent donner du pain à discrétion à leurs clients et de protester contre la généralisation d'un cas isolé qui peut se produire partout où plusieurs personnes prenant leurs repas en commun, il est loisible à l'une d'elles de faire bénéficier une autre de tout ou partie de sa ration.
Il est exact que, depuis quelque temps, du pain espagnol est mis en vente à Biarritz. Mais ce pain n'est nullement passé en fraude à la frontière. Il est introduit sous les yeux des autorités françaises ; il n'est nullement réservé pour la clientèle riche puisque chacun peut s'en procurer, et la vente e est faite, non clandestinement, mais au grand jour.
Il en est de même d'ailleurs dans toutes les localités de la région. Pouvions-nous, alors que plusieurs fois par semaine nous n'avions pas de pain, priver les familles de la ressource du pain espagnol ? Je ne l'ai pas pensé et même à l'heure actuelle, tant que la population est condamnée au régime de la ration de 200 grammes, j'estime qu'il ne serait pas sage de la priver d'un supplément d'alimentation qu'elle peut se procurer sans nuire à l'intérêt national.
Mais si je n'ai pas cru devoir interdire la vente sur le territoire de la commune du pain espagnol dont l'entrée en France est permise, je me suis du moins attaché à prévenir les abus auxquels cette vente pourrait donner lieu. C'est ainsi que j'ai fait saisir le pain dont le prix de vente est trop élevé et que, dès la première heure, cette vente a été interdite aux boulangers afin de leur éviter la tentation de ne pas observer la taxe et une surveillance exercée par le commissaire de police garantit l'application de cette mesure. C'est ainsi que, prévenu par lui il y a quelque temps de l'infraction commise par un boulanger, après m'être rendu compte que des poursuites seraient dépourvues de sanction, j'ai adressé au contrevenant une lettre dont copie est ci-jointe.
Il n'est donc pas exact de dire que les boulangers de Biarritz s'adonnent au trafic du pain espagnol.
Il est dit d'autre part dans le rapport qui a ému M. le ministre du ravitaillement que "dans la plupart des hôtels et restaurants de Biarritz on sert du beurre et des repas d'avant-guerre : Le tout est d'y mettre le prix et de prendre ses repas dans les appartements".
Il m'est agréable de trouver dans la forme même de cette énonciation — paraphrase d'un diction fameux — la preuve certaine que l'auteur du rapport n'a pu relever dans aucun des 150 établissements de Biarritz servant des repas, une seule infraction ayant pu échapper à la surveillance de la police municipale.
Celle-ci pourrait-elle induire en tentation le maître d'hôtel par des offres engageantes et se donner ainsi le malin plaisir de constater la contravention après l'avoir provoquée ?
De tels moyens ne sont pas à notre portée et sincèrement, je déclare qu'il ne peut nous convenir non plus de les employer..."
A suivre...
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
Plus de 6 500 autres articles vous attendent dans mon blog :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire