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mercredi 27 août 2025

LA COMMUNE DE MACAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AU 18ÈME SIÈCLE (troisième partie)

 

LA COMMUNE DE MACAYE AU 18ÈME SIÈCLE.


En 1793, la commune de Macaye compte 861 habitants.




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BLASON DE MACAYE



Voici ce que rapporta à ce sujet le bulletin de la Société des Sciences, Lettres & Arts de Bayonne

le 1er juillet 1933, sous la plume de Michel Etcheverry :



"Une paroisse Basque au XVIIIe siècle : Macaye.



... Avec le vicomte le personnage principal de Macaye était naturellement le curé. Il était à la présentation de la maison seigneuriale, car on a déjà vu que les hôtes d'Etchehandy avaient le patronage de l'église. En plus de ses honoraires de messes et de son casuel (je note en passant qu'il lui était versé une rétribution pour la bénédiction de l'air) il percevait une part des dîmes de sa paroisse (celles qui ne revenaient pas au vicomte ou au chapitre de Bayonne titulaire des quarts décimaux) et les prémices en entier. Dîmes et prémices portaient sur les récoltes et les animaux. Suivant un usage répandu, il affermait cette dernière recette et échappait ainsi à l'humiliante obligation de quêter son dû. Cet article était d'un assez bon rapport. En 1708 de Castenoles en retire 600 livres par an et d'Urquiet 650 livres en 1753.



En dehors des invitations périodiques à sa table des notables de l'endroit ou des officiers du culte, en dehors des charités laissées bien entendu à sa discrétion, quelles étaient les charges du curé ? Peut-être une légère contribution aux réparations de l'église en qualité de decimateur, quoique secondaire (nous n'avons pu vérifier ce point et, du reste, les curés de Macaye au XVIIIe siècle n'auraient guère eu à dépenser de ce chef, l'église ayant été rebâtie en 1729) et certainement une part — environ le quart — des frais qu'entraînait la visite épiscopale. C'est ainsi qu'en 1737 le budget curial eut à supporter une dépense de 13 livres 4 sols à l'occasion de la réception de Mgr de Bellefond. La paroisse prit à son compte 40 livres. Il n'est pas sans intérêt de noter ce qu'on pouvait servir à cette époque pour moins d'une cinquantaine de livres. Voici ce qui se consomma dans ces agapes intrépides : un mouton, 6 livres de boeuf, 2 poules, 6 poulets, 4 poulardes, 3 picagneaux, 2 canards, 14 bouteilles de vin de Hasparren, une bouteille de Rancio et une autre de Xérès, 12 bouteilles de vin de Capbreton, sans compter le pain, porté pour 7 livres.



Autour du curé et du vicaire gravitait un petit essaim d'ecclésiastiques : les prêtres habitués autrement dit les prébendiers. Ils formaient le corps ordinaire, c'est-à-dire qu'ils acquittaient les messes et prières annuelles fondées par des personnes pieuses moyennant un capital inamovible. L'un deux assurait aussi, contre rétribution provenant d'un legs, la messe matutinale. Chaque année ils élisaient avec le curé et le vicaire un syndic chargé de la gestion financière. Le clergé comptait 6 membres en 1702 — 7 en 1718 — 5 en 1763. C'était relativement peu si l'on compare ce chiffre, toutes proportions gardées, à celui de certaines autres paroisses du Labourd. Il suffit cependant, avec le nombre des prébendes — au moins une douzaine — avec la confrérie de St-Blaise qui n'était peut-être pas la seule, avec l'institution qui paraît avoir été florissante des tertiaires ou "religieuses du tiers-ordre" à donner une idée assez avantageuse de la vie religieuse à Macaye.



La religion, d'ailleurs, pénètre la vie municipale — en ce sens du moins que les assemblées paroissiales se tiendront habituellement le jour du Seigneur et que les magistrats locaux prendront Dieu à témoin de leurs bonnes intentions lors de leur entrée en charge. Ces magistrats sont au nombre de 5, un maire-abbé et 4 jurats (un jurat par quartier). Ils étaient renouvelés chaque année à l'élection, et l'opération se faisait le 1er Janvier. Jusqu'en 1737 inclusivement les officiers municipaux sortants désignaient des députés, lesquels à leur tour choisissaient le corps.



Mais voici que la  nomination de la jurade donne lieu en Janvier 1738 à des incidents graves. La municipalité expirante convoque suivant l'usage les propriétaires "au porche ou en la loge attenant l'église". La séance n'est pas plus tôt ouverte et le premier rite accompli que plusieurs citoyens protestent contre le choix des députés ; ils font tant et si bien que la réunion finit en tumulte sans qu'on ait pu procéder au second scrutin. Les officiers sortants donnent rendez-vous à l'assemblée le 5 "en vue d'y prendre les mesures les plus efficaces pour parvenir à faire la nomination des nouveaux magistrats." Les opposants se piquent au jeu, battent le rappel des électeurs pour le 3 et gagnent à leur cause un nombre important de partisans. A la date du 3 tous les conjurés se rassemblent et, sans faire aux magistrats l'honneur de les appeler, déclarent 5 des citoyens présents investis du mandat d'abbé et de jurats. Le même jour et probablement dans la même  réunion ils examinent et votent un nouveau règlement électoral qui enlève aux jurats en charge leur monopole, porte ouverte, il faut le reconnaître, à bien des abus. L'élection sera à 3 degrés : mais le hasard seul et non plus l'arbitraire des officiers sortants jouera au 1er degré. Les assistants se diviseront en 4 rangs, chacun d'eux composé des propriétaires d'un quartier. On distribuera à chaque électeur un grain de millet et cette distribution sera faite par des enfants. (Notons que le recours aux enfants pour la remise des bulletins de vote était une pratique assez répandue en Labourd). Parmi les grains de millet on en aura glissé 4 qui seront noirs, un par quartier. Les attributaires du grain noir qui rempliront le rôle dévolu jadis aux jurés : ils désigneront 4 députés et ceux-ci nommeront la jurade. Le statut électoral ainsi arrêté fut envoyé en Cour de Parlement pour ratification.



On pense bien que les membres de l'ancien Conseil ne se tinrent pas pour battus. Le Dimanche 5 Janvier ils font publier au prône que l'acte du 3 laisse la question ouverte et qu'on passera outre : à l'issue de l'office les opérations électorales reprendront dans la forme traditionnelle. Le parti des amis des institutions établies obéit à l'invitation et cette fois le scrutin peut fonctionner conformément à la procédure habituelle. Le lendemain 6, les 5 gardiens de l'orthodoxie chargeaient, par acte notarié, un procureur de Bordeaux de poursuivre en Cour la reconnaissance officielle des nominations faites la veille.



C'était donc la division à Macaye. L'Hôtel de Ville se dressait contre la Commune. Et les jours passaient sans que celle-ci se soumit.



Les magistrats de l'année précédente estimèrent devoir intervenir encore et frapper un coup décisif en faveur de la municipalité élue le 5 et, par la même occasion, en faveur de l'organisation électorale qui leur tenait à coeur. Ils escomptaient l'effet moral d'une grande manifestation qu'ils monteraient avec soin. Malgré la disparition inopinée du maire-abbé, Pierre Duhart qui meurt le 12 Janvier, ils appellent leurs partisans en assemblée générale pour le 15. Devant ces fidèles soutiens de la Constitution ils refont le récit de tout ce qui est arrivé au début du mois et posent la question de droit : quelle est celle des 2 élections qui leur paraît régulière et qu'ils désirent approuver ? La réponse était acquise d'avance. Elle fut nette, péremptoire. "Ont tous lesd. comparans, manans et habitans, lisons-nous dans le procès-verbal, dit et déclaré comme par ces présentes ils disent et déclarent tenir la prétendue nomination dud. jour 3e de ce mois comme non advenue et de nul effet et valeur comme ayant été faite hors les règles et usage de la présente paroisse et d'ailleurs d'une manière irrégulière et tumultueusement, mai au contraire qu'ils veulent et entendent que celle faite led. jour 5e du présent mois sorte son plein et entier effet pour avoir été faite dans la forme et manière usitée de tout temps en icelle paroisse ; déclarent enfin lesd. manans et habitans qu'ils veulent et entendent que la nomination de leurs magistrats se fasse à l'avenir ainsy et comme celle dud. jour 5e du présent mois a été faite laquelle est conforme à l'usage et coutume de la paroisse."



Nous n'avons pu découvrir pour quelles raisons les élus du suffrage révolutionnaire s'inclinèrent et rendirent leur chaperon. Le désaveu solennel du 15 avait-il été prononcé par la majorité de leurs concitoyens et, de ce chef, l'exercice de leur mandat irrégulier devenait-il impossible ? Reçurent-ils des autorités compétentes l'ordre de se retirer ? Toujours est-il que les documents postérieurs nous apprennent qu'ils avaient quitté la place. En revanche le mode électoral qui avait été adopté le 3 Janvier par une fraction de la population obtint l'approbation du Parlement — et cela dans le courant de ce même mois de Janvier. Il allait constituer désormais la règle à laquelle il fallait bien que tout le monde se pliât. Il entra en application dès l'année suivante 1739 et fut observé jusqu'à la fin de l'ancien Régime.



Il y avait, avons-nous dit, un jurat par quartier. Le maire-abbé était pris, en principe, dans les différents quartiers par roulement. Tous ces dignitaires étaient naturellement des propriétaires et même des propriétaires cossus. Ce détail nous est fourni par l'acte de protestation que fit rédiger, chez le notaire du cru, un maire-abbé récalcitrant, le sieur Joannes Duhart. Ce brave homme, élu maire-abbé en 1765, conçut une violente irritation de l'honneur qu'on lui conférait. Dès le lendemain de sa nomination, il se précipite chez le tabellion, dicte une déclaration qui contient son refus motivé. Il reconnaît que voilà 7 ou 8 ans il accepta la jurade. Mais, en dehors de son petit bien, il possédait alors par engagement une maison qu'il a depuis donnée en patrimoine à son fils sous-diacre. Or, dit-il, "les charges municipales se doivent remplir par des notables et conséquemment par les habitans les plus forts en biens-fonds". Que la communauté jette son dévolu sur un autre. Au surplus il sera "appelant en la Cour du Parlement de Bordeaux tant de lad. élection que de tout ce quy peut s'ensuivre."



On sait la part considérable que nos aïeux prenaient à l'administration des intérêts communaux. Il n'est pas rare de voir des paysans de Macaye critiquer et condamner au besoin par devant notaire, telle ou telle décision de la jurade. Mais comme dans les autres localités du Labourd l'organisme régulier qui traduisait cette participation à la chose publique et qui, remarquons-le, limitait singulièrement les attributions des autorités constituées était l'assemblée paroissiale capitulaire. Elle se tenait ordinairement ou au cimetière ou "au larrain proche la maison Duhart". Elle connaissait de toutes les affaires importantes et parfois de sujets qui paraissaient assez peu indiqués pour ces assises publiques : telles les deux délibérations en bonne et due forme de 1734 où on étudia les moyens de remettre entre les mains de la benoîte les clefs de l'église qu'un farceur lui avait enlevées. Chaque année elle passait au crible la gestion financière de l'année précédente et ce n'était pas toujours pure formalité.



Etaient, de droit, membres de l'assemblée les maîtres de maison ou les veuves maîtresses de maison. Dans telle séance nous avons compté jusqu'à 10 femmes. Le féminisme politique avait déjà droit de cité chez nous. Il arrivait souvent qu'on fit consigner par un notaire, devant témoins, le résultat de cette délibération."



(Source : Wikipédia)



A suivre...




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