ÉMIGRATION BASQUE : JEAN-BAPTISTE ISTILART INVENTEUR BASQUE EN ARGENTINE
JEAN-BAPTISTE ISTILART INVENTEUR BASQUE.
Jean-Baptiste Istilart, né à Macaye (Labourd, Basses-Pyrénées) et mort à Tres-Arroyos (Argentine), est un industriel, philanthrope et inventeur Basque.
JEAN-BAPTISTE ISTILART ARGENTINE
Voici ce que rapporta à son sujet la revue mensuelle Gure Herria, en janvier 1935 :
"Ce nom est si connu de nos lecteurs que nous jugeons inutile de désigner autrement la famille de l'homme dont nous entreprenons de leur conter la merveilleuse histoire. C'était en effet le frère du chef pondéré et énergique, type de pure race basque, qui préside depuis près de vingt ans aux destinées du village de Macaye.
Mais il nous revient d'Argentine un tel concert de louanges qu'il nous est impossible d'y rester sourd. D'ailleurs quelle injustice ne serait pas la nôtre si cet homme dont la réputation est aujourd'hui mondiale, ne recevait pas dans son pays et dans sa race le tribut de reconnaissance et l'hommage de fierté nationale auxquels il a droit ? Ces modestes lignes ne veulent être qu'une légère contribution à la gloire que la République Argentine s'apprête à lui décerner par l'érection d'une statue.
L'inventeur.
Jean-Baptiste Istilart arrivait à Dolorès, en Argentine, en 1878, pour travailler avec un oncle, propriétaire d'une estancia. Il avait 10 ans. Mais déjà son intelligence d'une vivacité exceptionnelle ne se résignait pas à limiter ses ambitions dans le travail manuel de la terre : il rêvait d'inventions... et cherchait. Dès l'année suivante, il quitte Dolorès et va se placer chez M. Mayolas, dans la ville de Tres Arroyos dont il devait être la gloire. Les fonctions de comptable dont il s'acquittait là, étaient loin de le satisfaire et il s'en évade à la première occasion. Un commerçant lui ayant ouvert un crédit pour l'achat d'une batteuse, il s'emploie dans les haciendas voisines de la ville, et bientôt il en achète une, après avoir payé la première.
MOLINO MAYOLAS TRES ARROYOS ARGENTINE
C'est ici que se révèle sa passion pour la mécanique et qu'éclate le génie inventeur. A l'usage, il a touché du doigt les défauts de ses machines, il imagine des progrès et des perfectionnements. Pendant les durs travaux de la journée, au milieu des ardeurs d'un soleil implacable, son cerveau est en ébullition tandis que ses mains font les gestes rituels, et il passe les nuits à faire les ébauches et à tracer des plans sur le papier. Les vieux modèles de batteuses risquent de blesser les manoeuvres : il arrivait même qu'elles occasionnaient des accidents mortels. Son coeur généreux s'en émut et donna des ailes à son imagination inventive. C'est vers ce temps qu'il s'adonna aussi à la photographie ainsi qu'à d'autres travaux qui devaient lui faciliter un essor tout prochain.
La première invention : l'embouchure Istilart.
C'est de cette époque que date la première découverte de notre Basque, qui devait révolutionner les procédés de l'agriculture en Argentine. C'était un accessoire de la batteuse jusque-là fort imparfait et à qui l'on donna le nom d'embouchure ou d'ouverture Istilart : el embocadero Istilart. C'est par là que le manoeuvre introduit les épis dans la batteuse. Le perfectionnement du nouveau système consista à munir l'ouverture d'un dispositif giratoire permettant de faire pénétrer les épis plus rapidement et sans danger pour les mains de l'ouvrier. C'était en 1903.
Les autres inventions.
Dès lors notre Istilart est insatiable. En 1913, 1914, il met en fabrication un charrieur horizontal et un metteur en gerbes pneumatique. Ce qui démontre de façon péremptoire non seulement la profondeur de son savoir technique (car, bien qu'autodidacte, Istilart ne s'en tient pas aux données expérimentales et puise patiemment dans une vaste lecture) mais aussi ses facultés instinctives et géniales, c'est qu'il ne s'est pas borné à modifier et perfectionner des batteuses. Plusieurs autres machines et appareils lui doivent leur existence ; et l'on ne sait trop ce que l'on doit admirer davantage de la ténacité persévérante du chercheur ou de la diversité de ses trouvailles dans un multiple champ d'opérations.
USINE ISTILART JB TRES ARROYOS ARGENTINE
Ainsi virent le jour un appareil de sulfatage de la semence, un modèle spécial de classeur pour graines, un rouleau à la fois compresseur et herse. Nous ne pouvons entrer dans tous les détails des améliorations qu'il réalisa dans ces machines. Mais il nous faut encore mentionner un nouveau type de fourneau économique, modèle très pratique et qui, nous dit-on, résout de façon très heureuse un délicat problème ménager ; toute une série d'instruments et d'appareils pour la culture de la luzerne et de nouveaux modèles de ses premières machines. Enfin, en 1922, il mettait en fabrication un type de moulin à vent qui n'a rien à envier à n'importe quel modèle étranger.
Inutile sans doute de dire l'impulsion extraordinaire dont tous ces progrès furent l'origine pour l'agriculture argentine.
Un bienfaiteur de l'humanité.
De tels travaux, il est facile de déduire les immenses bienfaits dont les Argentins sont redevables au petit Basque qui abordait chez eux en 1878. Mais il ne se contenta pas d'inventer : s'inspirant de sa bonté native et de son coeur de chrétien, il a voulu faire bénéficier les Basques, ses compatriotes, exilés comme lui des résultats de son oeuvre. Inventeur de génie, Istilart fut de plus un réalisateur sans égal. La Fabrique nationale d'instruments aratoires J.-B. Istilart Ltda fut une entreprise gigantesque. Elle était en 1898 un petit atelier de réparations pour batteuses. A la suite des premières inventions, déjà en 1912, les ateliers considérablement agrandis avaient produit 5 000 sulfateuses, 3 000 classeurs et 10 000 rouleaux compresseurs. Un peu plus tard, le chiffre des fourneaux vendus atteint 60 000. En 1922, la firme Istilart et Cie se dissout et il reste seul. C'est alors qu'il transporte sa fabrication dans les nouveaux et immenses locaux qu'elle occupe aujourd'hui et qui sont entre les mains de M. Joseph Soumoulou, continuateur de son oeuvre, avec la Société anonyme fondée par lui en 1930.
USINE ISTILART ET SARMIENTO TRES ARROYOS ARGENTINE
CUISINIERE ISTILART TRES ARROYOS ARGENTINE
Nous n'avons sans doute pas besoin d'ajouter que de telles réalisations furent l'oeuvre bien plus du généreux ami des agriculteurs basques luttant avec la terre que du capitaliste soucieux de "faire fortune". Nous trouvons, en effet, d'autres preuves de ce dévouement, disons mieux pour dire vrai, de cette charité chrétienne : 1°) la fondation de la Banque Commerciale de Tres Arroyos qu'il fonda et dirigea, banque dont le caractère principal fut d'être une Mutualité de crédits et de prêts ; 2°) le cadeau princier qu'il fit à la Ville de La Bibliothèque publique Sarmiento dont il paya le local de ses deniers et qu'il dota de 15 000 volumes choisis.
BIBILIOTHEQUE SARMIENTO TRES ARROYOS ARGENTINE
Faute de détails plus plus nombreux et plus circonstanciés surtout au point de vue intime et psychologique, nous n'avons pu donner de notre illustre compatriote la biographie plus complète qu'il eût méritée. Du moins ces quelques informations nous permettent de conclure une fois de plus que les qualités de notre race, sur terrain et en des circonstances appropriées, sont capables des résultats les plus surprenants et ne le cèdent en rien aux génies les plus illustres de tous pays. Jean-Baptiste Istilart s'apparente aux célèbres explorateurs et aventuriers basques, il est de leur famille : grand pionnier et grand artiste, il mérite d'être proposé comme un haut exemple à la génération qui monte dans l'Eskual-Herria."
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