LA FEMME AU PAYS BASQUE EN 1896.
La place de la femme, dans la société, au Pays Basque, a toujours été très importante.
Après nous avoir parlé des enfants, des animaux domestiques, des mariages et de la mort, voici
ce que rapporta au sujet de la femme au Pays Basque, Mme d'Abbadie d'Arrast, épouse
d'Antoine d'Abbadie d'Arrast, dans la revue bimensuelle La Femme, le 15 janvier 1896 :
"La femme du pays basque (suite).
... En dehors des trois exemples que je viens de citer, peu de femmes se sont fait un nom dans le pays. Le type de la Basquaise reste un type impersonnel. Les personnalités féminines dont nous pourrions esquisser les traits ne sont connues que dans un cercle restreint. Il est difficile de se procurer des informations sur celles qui offrent un peu plus de relief. Deux jeunes filles que nous ne pouvons nous permettre de nommer font preuve d'une intelligence au-dessus de la moyenne. L'une a passé ses examens de licence et va exercer la pharmacie ; l'autre est un peintre d'un talent distingué. Elève de M. Bonnat, elle a exposé ses oeuvres au Palais de l'Industrie. Ses portraits sont d'une bonne peinture, d'un dessin ferme et correct. Du bout de son pinceau, elle a élevé sept frères et soeurs.
Je pourrai parler plus ouvertement d'une élève du Conservatoire qui a débuté à Paris comme cantatrice, Mlle Folzer, de Saint-Jean-Pied-de-Port. Cette artiste avait une belle voix, un physique sympathique. Mais sa carrière artistique a tenu dans un trop court espace pour qu'elle ait eu le temps d'arriver à la célébrité. Atteinte par la phtisie, elle a abandonné le théâtre où elle venait à peine de débuter, elle est rentrée dans sa ville natale et, à vingt-cinq ans, elle a succombé aux ravages de l'implacable maladie. En ce moment, une autre chanteuse, née à Saint-Jean-Pied-de-Port, douée d'une voix remarquable, se fait applaudir à Bordeaux. Les Basques sont naturellement musiciens : la voix est sonore, profonde ; une éducation professionnelle leur ferait acquérir ce qui leur manque, de la justesse et de la souplesse. Avec de l'élude et de la méthode, on retirerait de leurs gosiers des sons rares et exquis. Les antiques chants nationaux, très caractéristiques, graves, mélancoliques, méritent leur réputation. On en a publié quelques recueils ; leur distinction et une incontestable originalité leur ont valu l'honneur d'être reproduits dans un opéra moderne. Une femme éminemment musicienne, qui appartient par le sang et l'éducation à l'aristocratie basque, Mme de la Villehélio, a entrepris une savante annotation des airs populaires dont avait été bercée son enfance. Le génie artistique qui a guidé Mme de la Villehélio dans la composition de son recueil, ses recherches historiques donnent à sa publication une autorité et une valeur hors ligne.
JULIE ADRIENNE KARRIKABURU ROGER DITE MME DE VILLEHELIO |
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