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dimanche 28 mai 2023

LES MARIAGES AU PAYS BASQUE EN 1895 (première partie)

MARIAGES BASQUES EN 1895.


Dans le Pays Basque d'Antan, le mariage est un moment important pour la jeunesse Basque.




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MARIAGE A OREGUE BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta la revue bimensuelle La Femme, le 15 janvier 1895, sous la plume de Mme 

d'Abbadie d'arrast :



"Mariages Basques.



Les mariages dans le pays basque s'accompagnent encore aujourd'hui dans les villages reculés de la montagne de coutumes qu'il vaudrait la peine de noter avant que la loi fatale du nivellement ne les ait fait disparaître.



Le pays basque n'échappe pas au sort commun des anciennes provinces ; les chemins de fer, les relations avec les grands centres, les journaux, les vêtements qu'envoient les grands magasins de Paris, avec mille menus objets et ustensiles modernes, sont autant de causes d'affaiblissement de l'esprit local et particulariste. Il n'y aura bientôt plus traces du Breton, de l'Auvergnat, du Landais, du Basque, et d'un bout de la France à l'autre nous nous trouverons en présence des mêmes physionomies : le libéré du service militaire, la jeune fille qui rêve d'aller à la ville, qui ira à la ville ou qui en revient, Bordeaux, Lyon ou Paris.



Lorsque le Basque est étonné par la vue de quelque chose d'inusité et de bizarre, il emploie un proverbe que l'on peut traduire ainsi : "Celui qui veut voir de drôles de choses doit venir dans ce monde."



Nous pourrions parfois placer à propos ce proverbe en écoutant raconter certaines vieilles légendes du pays basque, en constatant la persistance d'usages dont on a de la peine à découvrir la raison et l'origine. Les personnes très âgées parlent avec un respect superstitieux de ces usages qui sont restés dans leur souvenir comme des extensions de leur foi religieuse. Il en est ainsi, en France, de Saint-Jean-Pied-de-Port, Mauléon, Saint-Palais, jusqu'aux rives de la Bidassoa, et en Espagne, dans les populeuses provinces de la Navarre et du Guipuscoa, sur les deux versants des Pyrénées, là où s'étend en longue bande le territoire qu'occupe le petit peuple basque.



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LEGENDES BASQUES DE JEAN BARBIER
ILLUSTRATIONS PABLO TILLAC


Chez les Basques, la transmission de la propriété se fait en faveur de l'aîné, garçon ou fille. L'héritier avantagé légalement du quart est, bien entendu, dans l'obligation de désintéresser ses co-héritiers pour pouvoir garder la totalité du bien de famille. Cette obligation est une source intarissable d'embarras d'argent, d'expédients, de gène, de pauvreté. Pour y échapper, l'héritier ou l'héritière cherche à épouser une dot, quelques milliers de francs, qui vont alléger d'autant la dette contractée vis-à-vis des frères et des soeurs. Mais cette petite somme ne suffit pas, et souvent il faut que le mari ou les fils s'ingénient pour sauver la situation ; ils s'expatrient, deviennent bergers dans la République Argentine ou en Californie, et ne rentrent chez eux, après plusieurs années d'exil, que lorsqu'ils peuvent, grâce aux bénéfices que leur ont donnés les troupeaux de boeufs et de brebis sur la terre d'Amérique, dégrever le bien et désintéresser leurs créanciers.



C'est le jour de marché, sur la place du village, que jeunes gens et jeunes filles font connaissance ; si de part et d'autre la fortune semble satisfaisante, les parents consentent au mariage et font la demande officielle. L'héritière a recherché chez le jeune homme qu'elle veut épouser les qualités d'un bon laboureur. Elle a besoin de s'assurer les services d'un brave travailleur, car c'est à son mari qu'elle va confier le soin de cultiver ses champs et de soigner son bétail, et de préférence elle jettera son dévolu sur un homme qui aura, comme valet de ferme chez quelque grand propriétaire du pays, acquis des connaissances pratiques en agriculture.



En retour de l'apprentissage qu'elle exige de son futur mari, elle tient à lui prouver qu'elle a, comme maîtresse de maison, des aptitudes sérieuses. Elle s'est placée elle-même pendant un ou deux ans comme fille de cuisine dans une maison riche ou elle a servi comme domestique à Bayonne. Tous les samedis son fiancé vient passer la soirée avec elle, et elle lui prépare à souper. Châtaignes rôties, lait de brebis caillé, fromage, oeufs aux tomates, galette de farine de maïs, qu'on nomme des talouas, et pain de maïs que l'on appelle de la  méture ; elle lui offre un vrai festin. Elle y met de l'amour-propre, elle veut qu'il apprécie ses talents culinaires. Le moment du mariage s'approche, on songe à se procurer les meubles, la corbeille et le trousseau. Le jeune homme commande chez le menuisier l'armoire, le lit, une table, des chaises ; il achète la robe de cachemire noir qui servira de robe de noce à sa future, et c'est lui qui doit également payer l'anneau de mariage, une broche en or, les boucles d'oreilles, une chaîne de cou à l'extrémité de laquelle est accroché un médaillon.


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MARCHAND DE CAILLE ET DE FROMAGE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Depuis longtemps la jeune fille a mis en réserve une pièce de belle toile qu'elle a filée elle-même dans les veillées d'hiver avec le lin récolté sur sa terre. Dans cette pièce de toile, elle taille une douzaine de chemises pour le trousseau de son fiancé. Ce seront les chemises de travail. Elle fait coudre pour le jour du mariage une plus belle chemise en toile très fine et très blanche, qu'elle orne d'un bouton en or pour fermer le col. C'est elle qui doit faire les frais des rideaux du lit et fournit les ustensiles de toilette de son futur ménage. C'est à la ville voisine, chez le marchand de nouveautés le plus en renom, que la corbeille et le trousseau sont achetés. Les fiancés s'y sont rendus accompagnés de la mère de la jeune fille et de la couturière. La couturière est le personnage important ; son rôle est de discuter les achats, de conseiller, de juger. On ne décide rien sans sa haute approbation. Elle a droit à tous les égards ; aussi le marchand lui offre-t-il en cadeau une robe de laine noire, et il l'invite au repas qu'il a préparé pour les fiancés et pour leur mère, repas qui est l'heureuse conclusion des brillantes affaires qu'il vient de traiter. On dîne donc ensemble chez le marchand, et, après le dîner, l'on s'en retourne à pied, à cheval ou à dos de mulet."




A suivre...



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