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vendredi 19 mai 2023

LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1906 (première partie)

LES ÉLECTIONS DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1906.


Après l'élection présidentielle française du 17 janvier 1906, les 6 et 20 mai 1906, eurent lieu, en France, des élections législatives.



basses-pyrénées élections 1906
CARTE DES BASSES-PYRENEES



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Radical, le 11 février 1906, sous la plume de Louis 

Bonnet :


"Les Elections de 1906.

Basses-Pyrénées.



La situation politique des Basses-Pyrénées déroute l'observateur superficiel qui juge les hommes et les choses de ce pays très particulariste par ce qu'il a vu ailleurs.



Climat, sol, industrie.


Bordé d'un côté par les Pyrénées, chargées de neiges une partie de l'année et couvertes d'antiques forêts ; baigné de l'autre par l'Océan Atlantique, ce département comprend trois parties : le Béarn, à l'Est ; le pays basque, à l'Ouest ; et la région des montagnes, dans toute la partie méridionale du département. On y trouve des coteaux couverts de vignes, de riches et populeuses vallées abondantes en pâturages, des plaines fertiles arrosées par les gaves et des landes incultes. Le climat y est doux et tempéré, surtout à Pau ; les pluies fréquentes. 



La population rurale domine et forme près des trois quarts de la population alors que, dans l'ensemble de la France, elle n'en forme plus que 60%. La moyenne propriété domine. L'élevage est prospère ; celui du cheval a de l'importance aux environs de Pau et de Bayonne. Le nombre des moutons a quadruplé dans les quinze dernières années. L'outillage agricole s'est beaucoup perfectionné. 



La pêche est pratiquée par quelques ports du département et forme un revenu assez considérable. Le cabotage est très actif. Le grand cabotage, c'est-à-dire de l'Océan Atlantique à la Méditerranée, a beaucoup augmenté d'importance depuis quelques années.



L'industrie n'est pas très développée. La force hydraulique des cours d'eau est considérable dans ce pays où les rivières descendent de grandes montagnes et n'est pas suffisamment développée. A citer surtout des forges de fer (grands établissements du Boucau, sur l'Adour), des fabriques de couvertures et d'étoffes en laine, de bérets, d'espadrilles, des papeteries, des tanneries, des fabriques de toiles et de mouchoirs, de chaussures et de meubles, l'exploitation des carrières, etc.  



boucau autrefois pays basque industrie
FORGES DE L'ADOUR BOUCAU - BOKALE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les sources minérales sont nombreuses et quelques-unes, telles que les Eaux-Bonnes, les Eaux-Chaudes, Cambo, Salies, etc., sont célèbres. Les étrangers affluent dans ce beau pays : en tant que malades aux stations d'été, vers Eaux-Bonnes et les Eaux-Chaudes, etc. ; en tant que malades aussi, convalescents ou débiles, vers les villes d'hiver, telles que Pau ; enfin, en tant que baigneurs en mer, à Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye et toutes les anses de la rive océanique.



Au point de vue de l'instruction, le département est très au-dessous de la moyenne. La laïcisation n'étant pas avancée, la majorité des filles étaient élevées par les congréganistes qui occupaient encore beaucoup d'écoles publiques. Là également, les mesures prises par M. Combes sont des plus bienfaisantes.



Dans les assemblées parlementaires.


Sous la Révolution, les représentants des Basses-Pyrénées ont joué un rôle très effacé. Parmi ceux qui se sont plus tard distingués, je citerai de Saint-Cricq, Liadières, Renaud


député basses-pyrénées ministre commerce
PIERRE DE SAINT-CRICQ EN 1843


De Saint-Cricq, député de 1815 à 1833, fut ministre de l'agriculture et du commerce dans le cabinet de Martignac (1828-1829). 


député militaire basses-pyrénées
PORTRAIT DE PIERRE-CHAUMONT DE LIADIERES
PAR DEVERIA


Liadières, député do 1834 à 1848, officier, du génie, fit la campagne de Saxe, assista à la bataille de Leipzig et fut fait prisonnier à Gorcum. Il était en garnison à Paris quand éclata la révolution de 1830 ; il se déclara contre les Ordonnances, se battit sur les barricades et fut nommé officier d'ordonnance de Louis-Philippe. Il a composé un certain nombre de comédies et de tragédies. 



pays basque avant personnalités politique basse-navarre
MONUMENT RENAUD ST JEAN PIED DE PORT - DONIBANE GARAZI
PAYS BASQUE D'ANTAN


Renaud, représentant en 1848, en 1849, en 1871, et sénateur de 1882 à 1885, eut en 1850 un duel célèbre avec M. de Montalambert, chef d'escadron de cuirassiers, qu'il blessa grièvement. Ayant protesté vivement contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851, il fut emprisonné, puis compris dans le premier décret d'expulsion, et se réfugia en Espagne, où il séjourna jusqu'en 1860. Une mention spéciale est due aux trois hommes, Jacques Laffitte, Chesnelong et Duclerc, qui se sont mis au premier rang. Jacques Laffitte, notamment, a exercé en France, à une heure critique, une action décisive.


banquier homme politique 1830 pays basque bayonne
BANQUIER JACQUES LAFFITTE


Jacques Laffite.



Jacques Laffitte, non réélu député à Paris aux élections de 1824, fut nommé à Bayonne en 1827, et représenta son département natal jusqu'au 21 juin 1834, où il n'obtint que 57 voix contre 101 à l'élu, M. Duséré. 



Ce financier et homme d'Etat, dont l'action politique fut, à un moment, prépondérante, était un des dix enfants d'un charpentier de Bayonne. Entré à douze ans chez un notaire de cette ville, il vint à Paris en 1788 (il avait vingt et un ans), afin de solliciter du banquier Perregaux un modeste emploi de commis dans ses bureaux ; il était éconduit lorsque, d'après la légende, il se baissa, en traversant la cour, pour ramasser une épingle ; le banquier, frappé de ce fait, aurait fait rappeler le postulant et lui aurait donné d'emblée la place qu'il sollicitait. Perregaux l'associa plus tard à sa maison et le désigna comme son exécuteur testamentaire et son successeur, le fils unique de Perregaux restant simple commanditaire. Pendant dix ans, Jacques Laffitte géra seul cette maison qui, sous la raison sociale Perregaux, Lattitte et Cie, devint une des premières banques de l'Europe.



Régent de la Banque de France en 1809, gouverneur de la Banque le 25 avril 1814, il souscrivit une somme considérable pour subvenir aux frais de la contribution de guerre dont la capitale fut frappée par les alliés, maîtres de Paris. Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, Louis XVIII eut recours à Laffitte pour une opération de plusieurs millions. Ce fut chez lui que Napoléon, forcé de quitter la France, déposa cinq millions en or. Après Waterloo, une nouvelle contribution de guerre, exigée par Blücher, fut garantie par Laffitte et presque totalement acquittée par lui. En 1818, il sauva une fois de plus la situation financière. La Bourse étant impuissante à faire sa liquidation, la place de Paris était menacée d'une crise grave si Laffitte n'avait acheté pour 400 000 francs de rentes qu'il paya ; la panique fut arrêtée.



Son alliance avec le fils du maréchal Ney, à qui il donna sa fille en mariage, flatta le sentiment populaire. Pendant plusieurs années, il travailla à placer, le cas échéant, la couronne sur la tête du duc d'Orléans, et il se mit à séduire, recruter et embaucher des partisans au prince. Aux journées de juillet 1830, Laffite fit de son hôtel, situé au coin de la rue de Provence, le quartier général de l'insurrection. Lorsque Charles X révoqua les Ordonnances et envoya M. d'Argout chez Laffitte pour négocier un changement de ministère, le banquier répondit nettement : "Il est trop tard ! Il n'y a plus de Charles X." En même temps, il prenait (30 juillet) l'initiative de faire proposer au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume.



Lorsque le duc d Orléans se rendit à l'Hôtel de Ville pour recevoir dans la maison commune la sanction populaire, le cortège sortit du Palais-Royal. Le duc d'Orléans, à cheval, précédait M. Laffitte blessé à la jambe et que des Savoyards portaient dans une chaise.



Entré sans portefeuille dans le premier ministère du gouvernement nouveau, il t prit la présidence du conseil avec le ministère des finances (3 novembre 1830), et fut remplacé, le 13 mars 1831, par Casimir Perier. Il était à peu près ruiné ; il avait subi de grosses pertes, et la Révolution de 1830, et son entrée personnelle aux affaires avaient porté un coup funeste à son crédit. En 1833, pour satisfaire la Banque, il dut mettre son hôtel de Paris et sa propriété de Maisons en vente. Une souscription nationale lui conserva son hôtel. Il avait toujours été d'une inépuisable générosité et d'une rare bonté. En 1844, après sa mort, lorsqu'on fit l'inventaire de ses papiers, on y trouva plus de sept mille dossiers contenant des commencements de poursuites qu'il avait ordonné d'interrompre..


dépité sénateur basses-pyrénées 1870
CHARLES CHESNELONG


Chesnelong.


Chesnelong, député au corps législatif de 1865 à 1870, représentant en 1872 à l'assemblée, nationale, député en 1876 et nommé sénateur inamovible le 24 novembre de la même année.



Elu, comme candidat officiel de l'empire, le 4 novembre 1865, contre Louis Lacaze, candidat de l'opposition, il défendit, le 2 décembre suivant, le pouvoir temporel du pape, demanda sa consécration par une conférence européenne, et amena M. Rouher à prononcer à la tribune le fameux Jamais ! qui fermait impérieusement à l'Italie les portes de Rome.



Nommé à l'Assemblée nationale en remplacement de l'amiral Jauréguiberry, démissionnaire, il devint un des chefs du parti légitimiste et joua le rôle le plus actif dans les tentatives de restauration monarchique de 1873. Membre de la commission des Neuf, il alla porter au comte de Chambord le programme rédigé par cette commission et, à son retour, le 18 octobre, déclara que le programme était accepté par le roi, y compris la question du drapeau. Le 27 parut, dans i'Union, une lettre du comte de Chambord déclarant qu'il maintenait le drapeau blanc. Ce démenti mit fin aux négociations et enterra la monarchie. Le 29 novembre, le septennat était voté.



Duclerc.


Duclerc, représentant en 1848 et en 1871, nommé sénateur inamovible en 1875, président du Conseil des ministres en 1882.



Né à Bagnères-de-Bigorre, journaliste, ses relations avec le parti républicain le firent nommer, par le gouvernement provisoire de 1848, sous-secrétaire d'Etat du ministre des finances, puis ministre des finances (11 mai-27 juin 1848). Il habitait Bayonne lors de la révolution du 4 septembre 1870, et il fut nommé, le 20 décembre, président de la commission de vérification des comptes des ministres. Il était membre du conseil d'administration de sociétés financières importantes et influent dans le monde de la haute banque. A la chute du cabinet Freycinet sur la question de l'intervention en Egypte, il constitua un ministère et prit le portefeuille des affaires étrangères (7 août 1882). Le cabinet n'ayant pu se mettre d'accord sur la proposition de MM. Lockroy et Ballue relative à l'expulsion des princes, M. Duclerc donna sa démission le 28 janvier 1883.



La représentation sénatoriale.


En 1876, le département a nommé au Sénat trois réactionnaires qui ont été remplacés, au renouvellement de 1882, par trois républicains.



Les deux sénateurs actuels sont MM. Haulon, républicain, élu en 1890, et Catalogne, républicain, élu le 7 janvier dernier par 656 voix contre 313 à M. d'Ariste, clérical. Le troisième sénateur, M. Cassou, républicain, est décédé en janvier et sera remplacé le 11 mars prochain."



 A suivre...



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