LES ÉLECTIONS DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1906.
Après l'élection présidentielle française du 17 janvier 1906, les 6 et 20 mai 1906, eurent lieu, en France, des élections législatives.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Radical, le 11 février 1906, sous la plume de Louis
Bonnet :
"Les Elections de 1906.
Basses-Pyrénées.
La situation politique des Basses-Pyrénées déroute l'observateur superficiel qui juge les hommes et les choses de ce pays très particulariste par ce qu'il a vu ailleurs.
Climat, sol, industrie.
Bordé d'un côté par les Pyrénées, chargées de neiges une partie de l'année et couvertes d'antiques forêts ; baigné de l'autre par l'Océan Atlantique, ce département comprend trois parties : le Béarn, à l'Est ; le pays basque, à l'Ouest ; et la région des montagnes, dans toute la partie méridionale du département. On y trouve des coteaux couverts de vignes, de riches et populeuses vallées abondantes en pâturages, des plaines fertiles arrosées par les gaves et des landes incultes. Le climat y est doux et tempéré, surtout à Pau ; les pluies fréquentes.
La population rurale domine et forme près des trois quarts de la population alors que, dans l'ensemble de la France, elle n'en forme plus que 60%. La moyenne propriété domine. L'élevage est prospère ; celui du cheval a de l'importance aux environs de Pau et de Bayonne. Le nombre des moutons a quadruplé dans les quinze dernières années. L'outillage agricole s'est beaucoup perfectionné.
La pêche est pratiquée par quelques ports du département et forme un revenu assez considérable. Le cabotage est très actif. Le grand cabotage, c'est-à-dire de l'Océan Atlantique à la Méditerranée, a beaucoup augmenté d'importance depuis quelques années.
L'industrie n'est pas très développée. La force hydraulique des cours d'eau est considérable dans ce pays où les rivières descendent de grandes montagnes et n'est pas suffisamment développée. A citer surtout des forges de fer (grands établissements du Boucau, sur l'Adour), des fabriques de couvertures et d'étoffes en laine, de bérets, d'espadrilles, des papeteries, des tanneries, des fabriques de toiles et de mouchoirs, de chaussures et de meubles, l'exploitation des carrières, etc.
FORGES DE L'ADOUR BOUCAU - BOKALE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les sources minérales sont nombreuses et quelques-unes, telles que les Eaux-Bonnes, les Eaux-Chaudes, Cambo, Salies, etc., sont célèbres. Les étrangers affluent dans ce beau pays : en tant que malades aux stations d'été, vers Eaux-Bonnes et les Eaux-Chaudes, etc. ; en tant que malades aussi, convalescents ou débiles, vers les villes d'hiver, telles que Pau ; enfin, en tant que baigneurs en mer, à Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye et toutes les anses de la rive océanique.
Au point de vue de l'instruction, le département est très au-dessous de la moyenne. La laïcisation n'étant pas avancée, la majorité des filles étaient élevées par les congréganistes qui occupaient encore beaucoup d'écoles publiques. Là également, les mesures prises par M. Combes sont des plus bienfaisantes.
Dans les assemblées parlementaires.
Sous la Révolution, les représentants des Basses-Pyrénées ont joué un rôle très effacé. Parmi ceux qui se sont plus tard distingués, je citerai de Saint-Cricq, Liadières, Renaud.
PIERRE DE SAINT-CRICQ EN 1843 |
De Saint-Cricq, député de 1815 à 1833, fut ministre de l'agriculture et du commerce dans le cabinet de Martignac (1828-1829).
PORTRAIT DE PIERRE-CHAUMONT DE LIADIERES PAR DEVERIA |
Liadières, député do 1834 à 1848, officier, du génie, fit la campagne de Saxe, assista à la bataille de Leipzig et fut fait prisonnier à Gorcum. Il était en garnison à Paris quand éclata la révolution de 1830 ; il se déclara contre les Ordonnances, se battit sur les barricades et fut nommé officier d'ordonnance de Louis-Philippe. Il a composé un certain nombre de comédies et de tragédies.
MONUMENT RENAUD ST JEAN PIED DE PORT - DONIBANE GARAZI PAYS BASQUE D'ANTAN |
Renaud, représentant en 1848, en 1849, en 1871, et sénateur de 1882 à 1885, eut en 1850 un duel célèbre avec M. de Montalambert, chef d'escadron de cuirassiers, qu'il blessa grièvement. Ayant protesté vivement contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851, il fut emprisonné, puis compris dans le premier décret d'expulsion, et se réfugia en Espagne, où il séjourna jusqu'en 1860. Une mention spéciale est due aux trois hommes, Jacques Laffitte, Chesnelong et Duclerc, qui se sont mis au premier rang. Jacques Laffitte, notamment, a exercé en France, à une heure critique, une action décisive.
BANQUIER JACQUES LAFFITTE |
Jacques Laffite.
Jacques Laffitte, non réélu député à Paris aux élections de 1824, fut nommé à Bayonne en 1827, et représenta son département natal jusqu'au 21 juin 1834, où il n'obtint que 57 voix contre 101 à l'élu, M. Duséré.
Ce financier et homme d'Etat, dont l'action politique fut, à un moment, prépondérante, était un des dix enfants d'un charpentier de Bayonne. Entré à douze ans chez un notaire de cette ville, il vint à Paris en 1788 (il avait vingt et un ans), afin de solliciter du banquier Perregaux un modeste emploi de commis dans ses bureaux ; il était éconduit lorsque, d'après la légende, il se baissa, en traversant la cour, pour ramasser une épingle ; le banquier, frappé de ce fait, aurait fait rappeler le postulant et lui aurait donné d'emblée la place qu'il sollicitait. Perregaux l'associa plus tard à sa maison et le désigna comme son exécuteur testamentaire et son successeur, le fils unique de Perregaux restant simple commanditaire. Pendant dix ans, Jacques Laffitte géra seul cette maison qui, sous la raison sociale Perregaux, Lattitte et Cie, devint une des premières banques de l'Europe.
Régent de la Banque de France en 1809, gouverneur de la Banque le 25 avril 1814, il souscrivit une somme considérable pour subvenir aux frais de la contribution de guerre dont la capitale fut frappée par les alliés, maîtres de Paris. Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, Louis XVIII eut recours à Laffitte pour une opération de plusieurs millions. Ce fut chez lui que Napoléon, forcé de quitter la France, déposa cinq millions en or. Après Waterloo, une nouvelle contribution de guerre, exigée par Blücher, fut garantie par Laffitte et presque totalement acquittée par lui. En 1818, il sauva une fois de plus la situation financière. La Bourse étant impuissante à faire sa liquidation, la place de Paris était menacée d'une crise grave si Laffitte n'avait acheté pour 400 000 francs de rentes qu'il paya ; la panique fut arrêtée.
Son alliance avec le fils du maréchal Ney, à qui il donna sa fille en mariage, flatta le sentiment populaire. Pendant plusieurs années, il travailla à placer, le cas échéant, la couronne sur la tête du duc d'Orléans, et il se mit à séduire, recruter et embaucher des partisans au prince. Aux journées de juillet 1830, Laffite fit de son hôtel, situé au coin de la rue de Provence, le quartier général de l'insurrection. Lorsque Charles X révoqua les Ordonnances et envoya M. d'Argout chez Laffitte pour négocier un changement de ministère, le banquier répondit nettement : "Il est trop tard ! Il n'y a plus de Charles X." En même temps, il prenait (30 juillet) l'initiative de faire proposer au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume.
Lorsque le duc d Orléans se rendit à l'Hôtel de Ville pour recevoir dans la maison commune la sanction populaire, le cortège sortit du Palais-Royal. Le duc d'Orléans, à cheval, précédait M. Laffitte blessé à la jambe et que des Savoyards portaient dans une chaise.
Entré sans portefeuille dans le premier ministère du gouvernement nouveau, il t prit la présidence du conseil avec le ministère des finances (3 novembre 1830), et fut remplacé, le 13 mars 1831, par Casimir Perier. Il était à peu près ruiné ; il avait subi de grosses pertes, et la Révolution de 1830, et son entrée personnelle aux affaires avaient porté un coup funeste à son crédit. En 1833, pour satisfaire la Banque, il dut mettre son hôtel de Paris et sa propriété de Maisons en vente. Une souscription nationale lui conserva son hôtel. Il avait toujours été d'une inépuisable générosité et d'une rare bonté. En 1844, après sa mort, lorsqu'on fit l'inventaire de ses papiers, on y trouva plus de sept mille dossiers contenant des commencements de poursuites qu'il avait ordonné d'interrompre..
CHARLES CHESNELONG |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire