LA MORT DU BANQUIER LAFFITTE LE 26 MAI 1844.
Jacques Laffitte est un banquier et homme d'Etat français, né à Bayonne (Basses-Pyrénées) le 24 octobre 1767 et mort à Paris le 26 mai 1844.
Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 20 mai 1894,
sous la plume d'E. Manuel :
"Jacques Laffitte.
M. Le Beuf ayant déclaré que peu de personnes à Bayonne connaissent l'histoire de leur cité, (hélas ! on s’en aperçoit tons les jours), nous croyons devoir emprunter à M. E. Manuel, Inspecteur général de l'Instruction publique, les lignes suivantes relatives à Jacques Laffitte, un des enfants les plus glorieux de notre ville. Cette biographie fera connaître le financier et l'homme d’Etat trop longtemps oublié :
Jacques Laffitte, financier et homme politique influent du parti libéral né en 1767 à Bayonne, mort en 1844. Son père était un charpentier arrivé à l'aisance par le travail et l'économie. Le jeune Laffitte quitta de bonne heure la maison paternelle pour se rendre à Paris. — Une physionomie intelligente, une parole expressive, un caractère liant, une heureuse humeur, semblaient le destiner à une prompte fortune.
Entré comme teneur de livres chez le banquier Perrigaux en 1783, il montra aussitôt une capacité rare pour les affaires ; et, au bout de quelques années, devint associé de son patron et le vrai directeur de la maison. — Perrégaux, en mourant, le nomma son exécuteur testamentaire et son successeur.
Laffitte devint régent de la Banque de France, 1809, juge au tribunal de commerce de Paris, 1818, président de la chambre de commerce, enfin gouverneur de la Banque, 1811 ; il refusa le riche traitement attaché à ces fonctions.
BANQUIER JACQUES LAFFITTE |
Cette même année, les étrangers coalisés entraient dans Paris, le Trésor était vide, et le gouvernement provisoire, ne sachant comment payer l’armée qui allait se retirer au-delà de la Loire, voulût puiser dans la Caisse de la Banque, en imposant à cet établissement un emprunt forcé qui aurait compromis le crédit public. Laffitte, pour maintenir intact le dépôt qui en était la sauve garde, avança au gouvernement, sans garantie, 2 millions de ses propres derniers. A la première restauration des Bourbons, il fut le banquier ce la famille royale, dont il reçut en dépôt des sommes considérables, et qui n’eut jamais qu’à se louer de son extrême désintéressement.
Nommé membre de la Chambre des représentants pendant les Cent-Jours, il reçut de Napoléon partant pour l’exil un dépôt sur parole de 4 millions de francs. — Après l'invasion de 1815, il fut seul à proposer et à signer une souscription pour la contribution extraordinaire imposée à la ville de Paris. Député de la Seine en 1810, il prit place dans l’opposition, fut réélu en 1817 par 20 sections électorales de Paris, et se montra le défenseur de toutes les libertés. En 1818, lors d’une crise commerciale, Laffitte fit 5 millions d’avances pour rassurer le crédit. En même temps, sa libéralité venait en aide à des négociants malheureux, à des officiers sans ressources, à des villes, et même à des particuliers illustres, à qui ces services étaient rendus avec la plus noble délicatesse.
Il prit une part capitale à la fondation de la caisse d'Epargne de Paris, et se sépara de l’opposition pour appuyer la conversion des rentes 5 p. 100, 1824.
BANQUIER JACQUES LAFFITTE |
Pendant les dernières années de la Restauration, sa demeure devint le rendez-vous de ceux pour qui la révolution anglaise de 1688 était un précédent historique plein d’enseignements et de présages. Quand les fameuses ordonnances de Juillet 1830 parurent, Laffitte se rendit aux Tuileries avec Gérard, Casimir Périer, Lobau et Mauguin ; on demanda un ministère populaire et le retrait des ordonnances. La demande fut transmise au roi, qui était à Saint-Cloud, et qui refusa. Laffitte alors, après un jour d’incertitude, se jette dans l’insurrection et propose un gouvernement provisoire ; il lance alors une proclamation en faveur du duc d’Orléans, préside au palais Bourbon une assemblée de quarante-quatre députés, qui décerne au duc la lieutenance générale du royaume, le décide à se présenter hardiment à l’Hôtel de Ville ; et, le rapprochant du général La Fayette au moment où l’on parlait de proclamer la République, fait sortir de la Révolution de Juillet une royauté bourgeoise et constitutionnelle. Après avoir été, une première fois, ministre sans porte feuille, il accepte le portefeuille des finances et la présidence de conseil.
Déjà le général La Fayette avait été écarté après le procès des ministres de Charles X.
Cependant la maison de Banque de Laffitte, qui ne cessait pas d’être ouverte à toutes les détresses, et qu'il avait dû négliger pour la politique, menaçait ruine ; le roi, pour la soutenir, acheta de Laffitte la forêt de Breteuil, et autorisa son ministre à emprunter treize millions à la Banque ; mais, malgré la promesse qu'il lui eu avait faite, le roi rendit publiques, par l’enregistrement, ces nécessités dont le secret pouvait seul sauver Laffitte de la ruine.
Cette défiance était déjà un avertissement. Une dépêche et des notes sur la politique européenne qu’on ne lui communiqua point, quoi qu’il fût président du conseil, lui firent sentir, qu’on ne le croyait plus nécessaire. Il se retira en mars 1831, prit place sur les bancs de l’opposition, s’occupa de la liquidation de sa maison qui dura plusieurs années, vendit son hôtel de la rue d’Artois, nommée rue Laffitte depuis 1830, en souvenir de la part qu’il avait prise à cette révolution et en redevint propriétaire grâce à une souscription nationale ; il reconstitua une nouvelle maison de Banque qui prospéra sous le nom de Banque sociale, et rêva d’autres projets financiers pleins de grandeur et d'avenir, mais qu'il n’eut pas le temps d’exécuter.
BANQUIER JACQUES LAFFITTE |
blog très interessant,fourmillant d'articles divers
RépondreSupprimerMerci