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mercredi 17 septembre 2025

UN CHARIVARI À SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1832 (deuxième partie)

 

UN CHARIVARI À SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT EN 1832.


Les charivaris ont existé en Europe et dans de très nombreuses régions de France, dont le Pays Basque.



pays basque charivari basse-navarre carlistes
CHARIVARI
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le bulletin de la Société des Sciences, Arts & Lettres de Bayonne

le 1er janvier 1937 :



"Un Charivari, qui finit mal, en 1832, à Saint-Jean-Pied-de-Port.



... Hélas ! cette fermeture des cabarets n'eut pas beaucoup plus d'effet que la menace de tout à l'heure. Les échos de voix traversaient les fenêtres des tavernes soi-disant fermées ; et les braves gens se plaignaient que ces échos leur portent des bribes de chansons "obscènes, injurieuses, provocatrices et scandaleuses".



Il fallut interdire d'une façon plus absolue les rassemblements de jour et de nuit ayant pour but de donner un charivari et cela "en quelque temps et sous prétexte que ce soit".



Ces charivaris bouleversaient tellement la ville que la municipalité ne se contente pas de les interdire ; elle vise même les gens qui, par leur "attitude curieuse ou bienveillante paraîtraient les encourager". L'avis ajoute : "les personnes étrangères au rassemblement sont invitées à ne pas stationner à l'endroit où le charivari aurait lieu."



L'importance de ces mascarades et la lutte vive que soutenait contre eux la mairie m'ont paru si étranges, que j'ai cru intéressant de chercher — et heureusement de trouver — quelle en était la raison.



Tout le monde sait à quelle occasion avaient lieu les charivaris. Ils n'étaient, en temps ordinaire, qu'une plaisanterie bruyante et burlesque qui tournait en dérision les mariages mal assortis, ou plus simplement les remariages de veufs et de veuves. Beaucoup de bruit, de l'ironie, des chansons... tout cela n'était pas bien méchant, seulement très désagréable pour les intéressés.



Aussi ces derniers allaient-ils prudemment se marier en Espagne afin d'éviter la grotesque cérémonie. L'église de Valcarlos abritait le plus souvent ces couples craintifs ou de mauvaise humeur. Il fallait bien ensuite, en France, régulariser cette union. Mais ceci se passait à l'ombre et à des heures que le public ne connaissait pas. Si bien que les faiseurs de charivari en étaient souvent pour leurs frais.



Mais s'ils tenaient vraiment à se moquer des pauvres mariés, ils organisaient leur mascarade un autre jour que celui du mariage et les conjoints n'échappaient pas à leur triste sort, surtout s'ils étaient, au moins l'un d'eux "étrangers".



A cette époque, pour que ces charivaris revinssent avec une insistance telle que la municipalité dût intervenir à plusieurs reprises, il fallait que l'opinion publique crût avoir à châtier un fait grave.



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CHARIVARI A UHART-CIZE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici l'histoire que j'ai trouvée : authentique, puisqu'elle s'inscrit sur les registres de l'état-civil. Le 18 Avril 1831, un mariage avait lieu à Saint-Jean : celui d'un béarnais, Pierre Rancez, venu des environs d'Orthez. Il était cordonnier ; il faudra nous rappeler ce fait. Il avait épousé la dame Marie Martiren, journalière. Or, celle-ci était veuve. Une veuve qui se remarie, voilà déjà un prétexte à charivari, surtout si elle épouse un étranger, et un béarnais par surcroît. La haine, ou le mépris de Saint-Jean pour les Béarnais dura des siècles ; je ne suis pas très sûre qu'ils soient tout à fait éteints !



Enfin, ce jeune marié de 28 ans était cordonnier, le hasard que nous expliquerons plus loin voudra que ce fait soit grave.



Marie Martiren était veuve de François Dangosse, garçon tailleur d'habits. Celui-ci mourut le 22 Janvier 1830 dans la petite maison de Saladan, rue d'Espagne, après onze mois de mariage. Son père, artisan lui-même, lui survécut.



Mais la situation se complique. Marie Martiren, la veuve remariée, habitait avec sa mère. Or, celle-ci, Marie Goyeneche, était elle-même veuve et remariée à un certain Raymond Lahargon, mort aussi. Trois maris décédés dans cette maison, et deux veuves remariées ! Voilà, avouons-le, plus qu'il n'en faut pour un charivari !



Cependant, quelqu'étrange que soit ce concours de circonstances, s'il faisait naître l'idée de charivaris tenaces et répétés, il n'impliquait pas la rage et la haine que nous devinons à travers les lignes des vieux textes. Et c'est ici que la cordonnerie intervient.



Nous avons vu que le nouveau marié béarnais, l'arrivant dans la maison aux trois maris morts, celui qui bravait ainsi l'opinion publique, et, semble-t-il, le respect dû aux pauvres disparus, était cordonnier. Un ami de la vieille veuve Lahargon qui signe sur les actes : Pierre Harispuru, est aussi cordonnier.



Or, les cordonniers avaient mauvaise presse à Saint-Jean : pourquoi donc ? Les cordonniers avaient-ils toujours eu la tête chaude en Navarre ? On le croirait à lire les anciens papiers. Dès 1572, nous trouvons dans les arrêtés du royaume de Navarre des "ordenanzas de zapateros". Le texte en fut imprimé à Estella, par Adrian de Anvers.



Plus près de l'époque qui nous occupe, les cordonniers firent grand bruit en pays de Cize.



Lorsque le roi Louis XIV nomma le 4 Juin 1685 Pierre Charron directeur de la saline d'Aincille, il y eut une émeute à Saint-Jean-le-Vieux. Or, les deux meneurs étaient deux cordonniers, un de Lecumberry et l'autre d'Ahaxe, le plus enragé, qui se nommait Johannes de Recalde et que l'on appelait communément Simon.



C'est lui, qui, secondé par le soldat Lafleur, poursuivait partout, le poignard en mains, les employés de la gabelle royale.



La répression de cette émeute fut cruelle. Le cordonnier Simon (quelle terrible prophétie quand on songe à la future prison du Temple !) fut jugé le plus coupable, d'abord par le commissaire Bordenave, puis par l'intendant du Roi. Il fut condamné à la question ordinaire et extraordinaire, à la pénitence publique et enfin à être pendu et étranglé sur la place du village.



Je ne sais lequel de ces deux supplices précéda l'autre, mais la sentence fut appliquée immédiatement. Le pauvre cordonnier dont nous connaissions la punition, passait-il par là à cette heure, et secoua-t-il la tête à la vue de ces pieds déchaussés s'agitant au-dessus de la terre, alors que les siens ne la devaient jamais quitter que dans la vallée de Josaphat, à la fin des temps.



Quoi qu'il en soit, Simon mourut, mais quelque temps après, les salines d'Aincille revinrent à leurs vrais possesseurs, les habitants du pays de Cize. Furent-ils reconnaissants à la mémoire de Simon ? Y eut-il, au contraire, toujours lutte entre les cordonniers et le reste de la population ?



Croyons-le volontiers en écoutant cette nouvelle histoire. Les esprits, disions-nous tout à l'heure, étaient terriblement surexcités à Saint-Jean durant les années 1831 et 1832 ; nous avons entendu des cris, des disputes, rencontré des rassemblements, déploré des assassinats. 1832 n'amena aucun apaisement. Voici venir le Carnaval et sa liberté de paroles et d'actions, grâce à laquelle les actes désordonnés vont être rendus plus faciles. La Mairie ne peut pourtant pas, en temps de Carnaval, interdire tout rassemblement et fermer les cabarets. La jeunesse veut s'amuser. Les garçons décident de donner un bal dans la salle communale. Mais ils veulent en exclure les "cordonniers". Et pour plusieurs raisons. L'un d'eux, nous l'avons vu, est béarnais ; il est remarié à une veuve. La Mairie paraît l'avoir soutenu en empêchant les petits charivaris que nous avons signalés et qui amusaient jusqu'alors sans trop de méchanceté. De plus, les cordonniers ont mauvais caractère. Ils sont très orgueilleux depuis que, en 1815, deux d'entre eux ont été nommés "chefs des pompiers de la ville".



Donc, pas de cordonniers dans ce bal."




A suivre...









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dimanche 14 septembre 2025

UN PÈLERINAGE À LEZO EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1920 (première partie)

UN PÈLERINAGE À LEZO EN 1920.


Dès 1203, et la fondation de Fontarrabie, sa voisine en Guipuscoa, la commune de Lezo est citée dans les textes anciens.




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SANCTUAIRE DE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Gaulois, le 7 février 1920, sous la plume de René 

Bizet :



"Trois aspects de l'Espagne Catholique.



C'est au pèlerinage de l'Exaltation de la Sainte-Croix, le 14 septembre, qu'il faut venir surprendre, dans ce village de pays basque espagnol, la foi paysanne. Une tradition veut que dans la basilique de Santo Christo, un Christ miraculeux donne, à qui l'approche, "salud, dinero y buen marido" (santé, argent et bon mari), car toujours, au sentiment religieux des populations misérables, se mêle un sens de la vie pratique qui leur fait demander au ciel un peu de bonheur immédiat qu'elles ne peuvent obtenir de leurs travaux.



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CHRIST DE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Lezzo, qui se trouve à quelques kilomètres de notre frontière, et qui, dans le fond de la baie de Pasajes, est sur le chemin de Saint-Sébastien, est presque inconnu de ceux qui se reposent sur les bords du golfe de Gascogne. Le visiteur n'enrichit pas l'humble sanctuaire, et, je ne sais pourquoi, l'étranger croit davantage trouver un avant-goût de l'Espagne véritable à Hernani ou à Fontarabie. C'est un préjugé qu'entretiennent les guides et les agences de voyages. Le pays basque ou la Navarre, toute proche, montrent, dans tous leurs villages, leurs moeurs avec plus de simplicité qu'on n'en peut trouver dans les lieux de pèlerinages pour touristes, et, dans ce coin d'Espagne surtout, où elles ont une si grande importance, les manifestations religieuses en disent plus long sur un peuple que tous les monuments ou que toutes les danses pittoresques qu'on vient admirer, de loin, dans des endroits convenus.



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LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le paysan basque est profondément catholique. Le Basque français ne l'est pas moins que l'espagnol. Ils apportent, dans l'accomplissement de leurs devoirs religieux, une ferveur qu'on ne trouve chez nous qu'en Bretagne, et un sens de la collectivité qu'on ne connaît que dans les pays flamands. C'est ce sens-là qui donne au Basque d'Espagne son caractère particulier. Il est le seul à le posséder dans toute la péninsule, le seul à aimer son église, à y chanter, à s'y rendre avec ses coreligionnaires, à donner à la prière en commun cette force, cette ardeur qui emportent toute l'âme avec elle. Ce sens-là, qui lui évite les superstitions personnelles, lui donne aussi un fanatisme incontestable. Nulle province où le Français ne soit plus suspect, à l'habitant que la Biscaye, où nous rencontrions mois de sympathie dans le peuple et dans le clergé. Mais nulle province aussi où une propagande catholique bien faite ne nous rallierait plus rapidement l'ensemble des suffrages. Si l'on parlait simplement de nous à ces âmes simples, si quelque prêtre basque de France pouvait s'adresser à ses frères et leur dire que nous ne sommes point tels que le Pueblo Vasco nous dépeint, nous pourrions acquérir à nos frontières une affection dont le défaut aura eu de grosses conséquences pour nous depuis les débuts de la guerre.



Le Basque espagnol est taciturne. Il ne faut pas songer recueillir ses confidences, même quand on le connaît bien : il est, pour tout dire, antipathique. Il semble sournois, incapable d'élan, têtu dans ses convictions. Allons avec lui dans ses églises, suivons-le à Lezzo dans son pèlerinage, il nous apparaîtra tout autre, près de nous, candide, enthousiaste et si naïvement confiant...




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PLACE ET SANCTUAIRE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Lezzo est une ancienne grande ville, qui échelonne ses maisons de pierre aux pentes d'une contrefort de ce mont Jaizquibel, dont la masse sombre s'impose aux yeux depuis Fontarabie jusqu'à Saint-Sébastien. Il est tôt quand nous y arrivons, amenés jusqu'à Renteria par un tram électrique. C'est l'heure du marché. Aux murs des maisons, par des longes, sont attachées des mules, flanquées de paniers lourds de légumes, de fruits ou de bidons de lait, et tout un peuple jacassant s'empresse devant des étalages, de chaque côté de la route qui grimpe vers Lezzo et que suivent, d'un pas pesant, sous le soleil de septembre, vigoureux encore, les pèlerins bavards. Dans ce carré que dessinent, devant la vaste église de Renteria, de hautes et vieilles demeures écussonnées, c'est tout le tableau de la vie basque qui s'étale de couleurs plutôt sombres, relevées seulement par le jaune vieil or des murailles. Les femmes sont vêtues de noir, les hommes coiffés du petit béret ont les épaules chargées de couvertures noires zébrées de marron, qui leur donnent cet aspect frileux que nous retrouvons chez les émigrés, dans les salles d'attente de nos gares. Tous ces gens ont, dans la démarche, dans leur parler, quelque chose de fort et de rude qui nous éloigne d'eux d'abord.



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VUE GENERALE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le paysage n'a pas plus de grâce. La courbe des montagnes autour de la mer est sèche ; la montagne elle-même, couverte sa base de pommiers et pelée à son sommet, est sans agrément pour les yeux, et si beau que soit le temps, il n'y a pas de ciel moins paisible que celui qui couvre cette nature et où se forment, s'enfuient, s'accumulent et se dispersent de minutes en minutes des troupes de nuages aux reflets métalliques.



Nous sommes maintenant dans la campagne, sur le chemin du sanctuaire. Des mendiants apparaissent au bord de la route, comme des arbres pourris ; ils sont à genoux, tendent des moignons de bras ou de jambes, polis ou saignants, rongés de pustules, vers la foule qui ne s'en émeut point, en poussant des litanies geignardes que rythment, en appel, des : "Cristianos ! Cristianos !" déchirants. Voici des marchands de cierges, qui offrent comme des lys les bâtons de cire blanche, unis ou travaillés comme des bijoux, et toute une horde vermineuse de gamines qui vous persécutent de leurs médailles de zinc ou de leurs chapelets d'un sou. C'est au milieu de cette cohue qu'on avance, lentement, au fur et à mesure qu'on approche du village de Lezzo : des petites baraques de toile pavoisent le chemin de bannières et de statuettes pieuses peinturlurées de bleu et de vermillon. On vend dans la même boutique des gâteaux à la graisse et des livres de messe, et les voyageurs se gavent à la fois de "fritons" et d'images saintes qu'ils rapporteront en souvenir. Mais tout cela ne diffère que par la couleur et la misère de nos pèlerinages de France."



A suivre...



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samedi 13 septembre 2025

LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE RAYMOND POINCARÉ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN OCTOBRE 1913 (première partie)

RAYMOND POINCARÉ AU PAYS BASQUE EN 1913.


Dès son élection en janvier 1913, le nouveau Président de la République Française Raymond Poincaré entame une série de voyages à travers la France.



pays basque autrefois président république
RAYMOND POINCARE A BAYONNE 6 OCTOBRE 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN


C'est ainsi qu'il vint dans les Landes, le Pays Basque et le Gipuzkoa en octobre 1913.


Je vous ai déjà parlé de ce voyage présidentiel dans deux articles précédents, le 30 janvier 2017 et 

le 11 décembre 2018.


Voici ce que rapporta le quotidien Le Matin, au sujet de cette visite présidentielle, dans son 

édition du 7 octobre 1913 :



"Se rendant en Espagne, M. Poincaré est salué par les populations landaises et du pays basque.



Biarritz, 6 octobre.

Dépêche de l'envoyé spécial du Matin. —



Parti hier soir de Paris par un temps froid et pluvieux, M. Poincaré s'est éveillé ce matin dans la tiédeur délicieuse d'un automne méridional.



Une lumière discrète baignait les forêts de pins, les fougères brunes et les bruyères mauves. Toute la plaine landaise, fertilisée par l'homme malgré la nature, faisait fête au président de la République.



Mme Poincaré avait tenu à accompagner son mari jusqu'à la frontière. Elle avait donc pris place dans le convoi présidentiel en même temps que MM. Barthou et Pichon, au départ du quai d'Orsay.



Le premier arrêt eut lieu à Mont-de-Marsan, où l'on arriva à neuf heures. M. Milliès-Lacroix, sénateur, et M. Damour, député, s'étaient joints à la municipalité pour recevoir le président.



VISITE DE POINCARE A MONT-DE-MARSAN 6 OCTOBRE 1913
LANDES D'ANTAN


L'accueil de la ville fut chaleureux. Les hommes, coiffés du béret landais, acclamaient "moussu Poincaré". A l'hôtel de ville, le docteur Daraignez, maire de Mont-de-Marsan, et M. Lestage, vice-président du conseil général, ont souhaité la bienvenue au président qui leur répondit à sa façon coutumière en évoquant les traditions de la cité montaise.



A noter que pendant le défilé du cortège, trois aéroplanes militaires, venus de Pau, évoluèrent au-dessus de la ville.



Dax était marqué pour la seconde visite. La municipalité vint recevoir le président aux portes de la ville. Le maire, M. Lartigan, fit dans son allocution une heureuse allusion aux origines lorraines du président.




DAX VISITE DE RAYMOND POINCARE 6 OCTOBRE 1913
LANDES D'ANTAN



M. Poincaré l'en remercia avec émotion.



La promenade assez longue qui suivit cette réception en plein air s'accomplit au milieu d'une affluence énorme et enthousiaste. A l'entrée du pont sur l'Adour, deux jeunes filles, costumées en Alsacienne et en Lorraine, debout au sommet d'un arc de triomphe, laissèrent tomber sur la daumont présidentielle une gerbe de fleurs.



A Bayonne.




pays basque autrefois labourd président république
RAYMOND POINCARE A BAYONNE 6 OCTOBRE 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN

A Bayonne, troisième station officielle, une pluie douce commença à tomber. Mais elle ne gâta pas le magnifique spectacle préparé par la jolie et vivante cité. Au moment de l'arrivée du cortège, les canons-revolvers du stationnaire français amarré sur l'Adour joignirent leurs salves d'honneur aux bombes qui partaient de toutes parts. Une foule, difficilement contenue par les fantassins et les hussards du service d'ordre, acclama le président avec une fougue toute méridionale.



Reçu par le maire, M. Garat, M. Poincaré écouta du haut du balcon de l'hôtel de ville un choeur de deux mille enfants des écoles, chantant la Marseillaise et la Marche lorraine.



Le déjeuner eut lieu dans le splendide musée, organisé par M. Bonnat, dans un immeuble municipal. Le grand peintre parisien, les écrivains Pierre Loti et Edmond Rostand, ainsi que MM. Barthou et tous les parlementaires du département y assistaient.



Dans un toast très élégant, M. Garat exprima le loyalisme des citoyens bayonnais :


L'accueil enthousiaste des populations accourues de toutes parts sur votre passage, de la côte basque aussi bien que des vallées et des montagnes environnantes, vous fera mieux connaître que je ne saurais l'exprimer, l'estime profonde qu'elles éprouvent pour l'élévation de votre caractère et la dignité de votre noble mission d'union entre tous les Français, en même temps que leur reconnaissance respectueuse pour les services signalés que vous rendez à la République. La sincérité de leurs sentiments républicains n'a d'égale valeur que l'ardeur de leur patriotisme éclairé et généreux, capable de tous les dévouements et prêt aux plus grands sacrifices. A ce point extrême de la frontière des Pyrénées, comme sur votre terre natale de Lorraine, vous trouverez la même foi, les mêmes espérances en la France et en la République, que nous confondons dans une affection profonde.



Monsieur le président, dit en terminant M. Garat, nos souhaits d'heureux voyage vous accompagneront pendant votre séjour en Espagne. Dans ce coin paisible et gracieux de la frontière pyrénéenne qui sert de trait d'union entre les peuples espagnol et français et où, chaque jour, nous est donné le spectacle de l'échange de leur sympathie cordiale, nous nous réjouissons de tout ce qui peut contribuer à leur rapprochement et à resserrer encore les liens déjà si nombreux qui unissent deux grandes nations destinées à s'entendre et à s'aimer ! Nous garderons au fond de nos coeurs l'inoubliable souvenir de votre visite, avec l'espoir de vous voir revenir un jour prochain parmi nous. Je lève mon verre en votre honneur.



Discours de M. Poincaré.



M. Poincaré lui répondit.


Monsieur le maire,

Messieurs,



Je regrette vivement de ne pouvoir aujourd'hui que traverser, sur un faible parcours, le département des Basses-Pyrénées. Si je n'avais écouté que mes désirs, j'aurais bien volontiers, en ces derniers mois, employé quelques jours à voyager en compagnie de votre éminent compatriote, M. Louis Barthou, au pays basque et au pays béarnais.



Je me félicite, du moins, d'avoir pu m'arrêter un instant dans votre ville et d'y avoir revu vos beaux quais de la Nive et de l'Adour, votre vieux château, votre citadelle, votre lanterne de Vauban, vos rues si pleines de vie, de couleur et de gaieté.



J'ai grand plaisir également à me trouver au milieu d'une population que je sais fermement attaché aux idées républicaines et ardemment patriote. Je vous remercie de m'avoir ménagé cette halte charmante. Depuis le jour, où votre illustre concitoyen, mon vieil et cher ami Léon Bonnat, a généreusement donné à sa ville natale les magnifiques collections qu'il avait réunies, je me suis bien souvent proposé de venir visiter le musée qui porte son nom. Vous m'avez offert une incomparable occasion d'accomplir ce pèlerinage artistique..."




pays basque autrefois labourd musée
MUSEE BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

A suivre...





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vendredi 12 septembre 2025

COUTUMES FUNÉRAIRES À IHOLDY EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)

COUTUMES FUNÉRAIRES À IHOLDY.


La mort est un événement important dans les rituels du Pays Basque d'Antan.



pays basque basse-navarre religion mort
PLACE ET EGLISE IHOLDY BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 37 1967, sous la plume de Jean 

Haritschellar :



"Coutumes funéraires à Iholdy (Basse-Navarre).

Communication présentée par M. Jean Haritschelhar, directeur du Musée Basque de Bayonne, au colloque d'études ethnographiques Rocha Peixoto de Povoa de Varzim (Portugal), le 28 octobre 1966.



Avant même de présenter ma communication, je tiens à la dédier à deux ethnologues de renom ; l'un est celui en hommage auquel nous sommes réunis aujourd'hui, Rocha Peixoto, ce pionnier de l'ethnologie du Portugal du Nord dont nous célébrons le centenaire de la naissance ; l'autre est un pionnier de l'ethnologie de ma petite patrie basque et il porte allègrement ses soixante dix-sept ans, l'abbé José-Miguel de Barandiaran dont les travaux d'ethnologue et de préhistorien font autorité.



Présenter des coutumes funéraires est, semble-t-il, à l'heure actuelle, enfoncer des portes ouvertes. Des travaux ont déjà été entrepris au Pays Basque et en ce qui concerne la France il suffit de se reporter au Manuel du Folklore français contemporain de Van Gennep pour se rendre compte que des enquêtes très sérieuses ont déjà été menées. Dès 1927, sous la plume de A. Arçuby, le Bulletin du Musée Basque publiait des Usages mortuaires à Sare. Et D. Espain complétait pour la Soule la description faite pour Sare dans son article : Des usages mortuaires en Soule. Cependant on n'a rien publié sur la Basse-Navarre. D'autre part, et c'est là un travail auquel il faudrait s'attacher, une enquête extrêmement minutieuse devrait être menée dans chacun des villages du Pays Basque selon un questionnaire complet et il est probable qu'apparaîtrait alors une foule de coutumes légèrement différentes dans leur détail. Ce travail descriptif qui est celui de l'ethnographe, je l'ai entrepris pour la commune ou paroisse d'Iholdy, chef-lieu de canton de 600 habitants, situé au cœur de la Basse-Navarre, grâce à l'amabilité de mes informateurs, Arnaud Idieder âgé de 80 ans, maître de la maison Haranburia, mon oncle, Jacques Idieder âgé de 45 ans et sa femme Marianne Idieder, mes cousins, que je remercie très sincèrement.



La mort vient de frapper dans une ferme d'Iholdy en Basse-Navarre. Depuis quelque temps la vie s'était quelque peu ralentie. On était occupé auprès du malade tant que durait l'agonie. Le prêtre était déjà venu apporter les derniers sacrements. La maisonnée semblait déjà se terrer. La dernière heure ayant sonné pour le mourant, chacun en silence est allé faire ce qu'il devait faire. Les volets sont aussitôt fermés car la famille doit vivre cloîtrée dans l'ombre, cette ombre annonciatrice de celle de la mort, jusqu'au moment où le corps sortira de la maison. Elle doit vivre aussi dans le silence. En dehors des cris des animaux rien ne doit venir troubler le calme et le silence des veillées. C'est pourquoi le domestique ou toute autre personne s'est rendu à l'étable et il a ôté à chacune des bêtes les cloches et clochettes qu'elles portaient. Les bêtes aussi portent une manière de deuil. Mes informateurs ne connaissent pas la coutume qui consiste à avertir les abeilles. Il n'y a pas d'abeilles à Haranburia et ils n'en ont jamais entendu parler à Iholdy alors que cette coutume est connue dans d'autres villages. Quand, dans la ferme, il y a un domestique — c'était chose courante autrefois — on l'envoie avertir le premier voisin.



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ECOLE IHOLDY BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le travail du premier voisin.



"Aujourd'hui encore, lehen auzoa, le premier voisin, joue un rôle prépondérant dans l'existence de chaque famille : il est une caution, un garant, un protecteur dans tous les événements de la vie journalière, aux fiançailles, au mariage, à la rédaction d'un testament, à son ouverture après la mort, il sert de témoin en justice, surtout il préside aux obsèques.



Cette définition de Philippe Veyrin reste toujours exacte. Dès que le premier voisin, homme ou femme, franchit le seuil de la ferme, il devient en quelque sorte le maître de maison temporaire. Seuls auront le droit de l'aider la servante ou le domestique ou d'autres voisins. Les membres de la famille rassemblés à la cuisine ne peuvent que lui donner des indications sur les endroits où se trouvent les objets qui lui sont nécessaires.



Son premier travail consiste à habiller le défunt. Si la personne décédée est une femme, c'est la femme du premier voisin ou toute personne du sexe féminin de la maison du premier voisin qui l'habillera. Si c'est un homme, ce sera le premier voisin lui-même. La loi des sexes est extrêmement rigide sur ce point. On met au défunt la chemise empesée des cérémonies ainsi que son meilleur costume qui était autrefois le costume noir qu'il portait les jours de fêtes et pour les enterrements. On n'oublie pas non plus les chaussures et, si on ferme son col par le bouton d'ordinaire en or, on ne lui met pas de cravate. S'il s'agit d'une femme elle est habillée de ses plus beaux atours.



On procède ensuite à la préparation de la chambre mortuaire : elle est tendue de draps spéciaux (hil mihisiak) qui servent uniquement à cette occasion. Le lit lui-même est garni de feuilles de rameaux qui sont placées de part et d'autre du corps. Sur la table de chevet sont installés un cierge, un petit récipient rempli d'eau bénite auprès duquel se trouve le rameau de buis (ezpela) qui servira à l'aspersion, et la veilleuse, verre contenant de l'huile surmontée d'une mèche.



Ce travail fait, le premier voisin ira avertir le curé qui décidera du jour et de l'heure de l'enterrement. Nanti de ces renseignements, le premier voisin avertira les autres habitants du quartier et en particulier les quatre ou six personnes qui, le jour de l'enterrement, porteront le cercueil (hil ketariak). Alors que le premier voisin retourne à la ferme car si les travaux des champs sont délaissés il faut cependant s'occuper des bêtes, faire préparer les repas et songer aux nécessités de la vie quotidienne, les hil ketariak ont pour mission de faire part du décès à toute la parenté. En des temps pas très lointains où le téléphone et le télégraphe, même s'ils existaient, n'étaient pas utilisés, c'est à pied, parfois à cheval, que les gens se rendaient dans les villages voisins pour avertir la nombreuse parenté. Mon oncle est allé à pied à Lantabat distant de huit kilomètres et même il a parcouru les 18 kilomètres qui séparent Ostabat d'Iholdy pour accomplir son devoir de voisin.



Le moment est venu pour le premier voisin, d'aller chercher solennellement la croix. Il existait autrefois deux croix ; l'une en or qui était pour les riches, l'autre, en bois, réservée aux pauvres. En fait, cette coutume correspondait aux différentes classes des cérémonies d'obsèques et elle a disparu après la guerre de 1945 avec l'établissement de la classe unique. Lorsque le porteur de croix sort de l'église le glas commence à sonner. Ainsi tout le bourg est alerté et souvent le village entier. Le bourdon résonne : trois coups assez rapprochés, repris une quinzaine de fois annoncent que la personne décédée est un homme. Le glas à deux coups signale que c'est une femme. Pour un enfant, au lieu du bourdon c'est la petite cloche qui sonne en des coups rapides et ininterrompus.




pays basque basse-navarre religion mort
EGLISE ET CHÂTEAU ELISABELLAR IHOLDY
PAYS BASQUE D'ANTAN



Avant que la croix ne pénètre dans la maison mortuaire on a préparé comme pour les processions un chemin de verdure (feuilles de rameau et de buis) qui va depuis la claie d'entrée jusqu'à la porte de la chambre. La croix est posée sur une chaise garnie d'un coussin à la tête du lit. Toute la famille est alors rassemblée. Après avoir aspergé le corps d'eau bénite, le premier voisin récite la première prière. C'est alors que commence la veillée. De jour comme de nuit, les membres de la famille seront présents, un tour de rôle auquel participent les voisins étant établi pour la nuit. De chaque maison du village on viendra adresser à la famille un témoignage de sympathie et prier pour le repos de l'âme du défunt.



Le menuisier du village est venu prendre les mesures et, la veille de l'enterrement, il opère la mise en bière en présence de la famille aidé en cela par le premier voisin."



A suivre...







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jeudi 11 septembre 2025

LES PÊCHEURS BRETONS AU PAYS BASQUE EN 1922 (première partie)

LES PÊCHEURS BRETONS AU PAYS BASQUE EN 1922.


Depuis de très nombreuses années, les Bretons sont venus au Pays Basque et nombre d'entre eux y ont fait souche.


pays basque économie pêche labourd port bretons
PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ 1921
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta Jean Poulhazan à ce sujet le quotidien L'Ouest-Eclair, le 24 mars 1922 :



"Les pêcheurs bretons au pays basque.

On se croirait, à Saint-Jean-de-Luz, transporté en pleine Basse-Bretagne !



Saint-Jean-de-Luz, 21 mars (De notre correspondant particulier).



— Ce n'est pas l'agrément du climat, ai-je besoin de le dire, ni la splendeur du paysage, ni davantage les souvenirs historiques qui s'attachent à Saint-Jean-de-Luz, où Louis XIV vint épouser Marie-Thérèse, et à Ciboure, port d'attache des anciens baleiniers du golfe de Gascogne, qui attirent ici, une colonie, plus nombreuse chaque hiver, d'ouvrières et de pêcheurs bretons.



De novembre à la fin du mois de mars, dans les ports de notre pays sardinier, c'est le chômage. Une ressource unique ou à peu près et seulement à la portée des plus vigoureux : la rude pêche d'hiver avec ses périls et ses maigres profits. Dans la baie de Biscaye, située en avant de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, c'est au contraire dans le coeur même de la mauvaise saison, que le poisson afflue : la sardine en novembre, décembre et janvier ; le maquereau en février et en mars.



pays basque économie pêche labourd port bretons
PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN



L'exploitation d'un pays neuf.



Quelques marins de Douarnenez, venus faire la pêche à Arcachon, il y a une quinzaine d'années, à l'époque où la crise de pénurie sévissait sur le littoral finistérien et qui eurent l'idée de pousser jusqu'ici, furent frappés de ce contraste.



A mesure qu'ils s'avançaient vers le Sud, ils avaient en outre l'impression de s'enfoncer dans un véritable pays neuf où presque tout restait à créer au point de vue de la pêche côtière. Quelques barques, d'ailleurs pas mal équipées du tout, prenaient bien la mer, çà et là, et suffisaient même à l'approvisionnement de la commission locale. Mais aucune science, aucune méthode, aucun métier dans les procédés de pêche. On allait à l'aventure. Le seul indice par lequel on sut déceler la présence de la sardine, était l'apparition des bandes de marsouins devant qui l'on s'empressait de tendre de vastes filets tournants, engins redoutables, auxquels n'échappait rien de ce qui se trouvait dans leur rayon. Pour le maquereau, on coulait dix à douze brasses de lignes dans la profondeur et l'on attendait.



Les émigrants bretons firent figure de novateurs parce qu'au lieu d'attendre ils s'efforçaient de "lever" le poisson, c'est-à-dire de la faire monter, au moyen d'appâts divers, pour le capturer en surface.



Dans les ports vendéens et charentais, ils avaient éprouvé un matériel d'embarcation à moteur et tout un outillage moderne difficile à introduire actuellement chez nous, en raison des bouleversements qu'il y provoquerait dans les situations acquises. Ici, le champ se trouvait libre d'un outillage à grand rendement, mis au service de qualités professionnelles formées au cours d'une longue expérience héréditaire, donna les résultats que l'on pouvait augurer. Quatre-vingt à cent mille sardines, huit cent mille et douze cents kilos de maquereaux sont couramment débarqués par une seule finasse, au retour de son voyage quotidien.



A l'appel d'une production qui croissait sans cesse, se créèrent les industries connexes : des usines se bâtirent pour la préparation de la conserve dans l'huile, le commerce de la marée se développa. Celui-ci est demeuré, jusqu'à présent, entre les mains des maisons indigènes, à côté desquelles la maison Urvoy-Berre, de Douarnenez, vient faire la saison depuis trois ans. Quant à l'industrie de la conserve, fondée ici par des maisons bretonnes, elle a gardé la physionomie d'une industrie bretonne, employant un personnel en grande majorité composée de Bretons. Et je n'ai point parlé de la réparation des filets et "bauniches" qui offre de lucratifs et chaque jour plus vastes débouchés à l'habile activité de nos ouvrières.



"Ici, l'hiver, on gagne sa vie plus aisément et mieux que que de nos côtés, me disait l'autre jour, un marin, sur le quai de Saint-Jean-de-Luz. Avant quelques années, nous y serons si nombreux que ce port-ci sera devenu comme un port breton."



Une colonie bretonne.



Est-il même encore besoin d'attendre ? En pénétrant, à de certaines heures, dans les quartiers qui avoisinent le port de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, on a bien déjà l'impression de se trouver subitement transporté en plein Basse-Bretagne. A chaque pas, l'on croise des groupes de pêcheurs aux vêtements tannés ou de femmes aux gracieuses coiffes blanches qui s'expriment en langue bretonne. Et si le coquet bonnet de tulle que l'on porte avec tant d'élégante distinction à Douarnenez, Tréboul, Audierne et Concarneau est celui qui prédomine, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, on rencontre pareillement la "bigouden" hiératique du Guilvinec et de Saint-Guénolé, la conque austère des filles du Cap, la majestueuse fouénantaise, la "bourléden" étriquée et même les velours et les bigarrures des alentours de Baud et du Faouët. On dirait d'un microcosme où les divers pays de l'Armor seraient représentés.



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LA BIGOUDEN
29 PONT L'ABBE



pays basque économie pêche labourd port bretons
LA BOURLEDEN
29 QUIMPER



Que l'harmonieuse fraicheur de tous ces costumes a ici de séduction et combien, au milieu de la commune banalité, on en apprécie le bon goût.



Le bilan de la campagne.


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VIEUX PÊCHEUR BRETON


Essayons de dresser le bilan de la campagne qui s'achève :


Passif : deux sinistres : la perte des pinasses Araok-Atao, à M. Constant Hélias, de Douarnenez et Petite Bretonne, de M. Bescon de Tréboul.



Victime d'une panne de moteur, la première fut emportée par la bourrasque et réduite en pièces. La seconde a péri dans un incendie consécutif à une explosion de son moteur. Pas de pertes de vies humaines à déplorer.



Au compte passif, on inscrira encore les longues semaines de chômage imposé par l'état de la mer, de la mi-décembre à la mi-février. Chômage total, du côté des pêcheurs bretons et d'autant plus exaspérant pour eux qu'à la moindre accalmie, les "bauniches" (filets tournants) des Basques permettaient à ces derniers des sorties fructueuses tandis que les filets bleus à mailles , excellents en eau claire, dont se servent exclusivement nos compatriotes, n'arrivaient pas à fixer le poisson, dans une mer troublée.



La fréquence des tempêtes et leur longue durée, la saison même où la pêche se pratique en ce pays y rendent l'usage des "bauniches" indispensable. Si dispendieuse que puisse être pour eux l'acquisition de ces engins, les pêcheurs bretons devront se résigner à s'en procurer. Telle est la leçon qui se dégage de la campagne.



Actif : Pêche très abondante et prix peu élevé, durant tout le mois de novembre. Pour les usines, ce fut la meilleure période de la saison. Dans la première quinzaine de décembre : pêche moyenne avec hausse des cours. De la mi-février, enfin, jusque vers la mi-mars : pêche excellente à tous égards.



Dans l'ensemble, il n'est pas douteux que la campagne ait été rémunératrice. Pour ne parler que des pêcheurs, on estime entre trois et quatre mille francs le denier qu'elle aura rapporté à chaque homme d'équipage. La satisfaction est générale et l'on se promet de revenir, l'année prochaine."






A suivre...









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