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lundi 15 septembre 2025

LE BASCOPHILE ÉTIENNE DECREPT PAR HENRY GODBARGE EN 1938

LE BASCOPHILE ÉTIENNE DECREPT.


Etienne Decrept, né à Bayonne (Basses-Pyrénées), le 1er novembre 1868 et mort le 8 mai 1938 à Bidart (Basses-Pyrénées), est un dramaturge, peintre et décorateur Basque.




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ETIENNE DECREPT



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque

le 24 mai 1938 :


"Le bascophile : Etienne Decrept par Henry Godbarge.



Est-il trop tard pour évoquer cette originale figure du Pays Basque, bascophile, poète et érudit ? Certes ! non. Quelques-uns de ses mais qui le regretteront, longtemps encore, se plairont à parler de lui, de ses bons mots, de ses joviales plaisanteries, de ses humoristiques histoires contées, mimées savoureusement. Oui, bien sympathique et bien caractéristique physionomie qui vient de disparaître inopinément. Elle mérite plus et mieux que quelques lignes de nécrologie.



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AVIS DECES ETIENNE DECREPT



Certes, il était plaisantin. Mais s'il était jovial compagnon, pour ses intimes qui ont pu l'apprécier, il n'en était pas moins homme de lettres d'une érudition rare. Non seulement, il était l'auteur de Maïtena et de diverses autres pièces basques, mais de nombreuses poésies que sa curiosité et sa facilité littéraires lui faisaient éclore avec l'aisance la plus charmante au monde. Il aurait pu, en effet, beaucoup produire et toujours sans effort. Mais un métier à exercer, une famille à élever, et surtout des goûts de dilettante aimant à jouir des lettres plutôt qu'à en vivre, l'ont détourné d'une fécondité qui l'aurait assujetti. Car il aimait à bien vivre et surtout à vivre en indépendant, au milieu de ses livres.



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MAÏTENA D'ETIENNE DECREPT
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ses livres ! Ses meilleures joies, en même temps que ses meilleurs compagnons, peut-être trop exclusifs amis qui l'ont détaché de tous, isolé dans ce petit pays de Bidart où il s'était fixé... Certes, il a connu, avec eux, les plaisirs élevé qu'ils procurent, mais peut-être a-t-il trop vécu dans leur intimité et pas assez avec ses pensées propres, ses rêves, ses sujets d'inspiration !...



Il discutait trop, il dissertait trop avec les beaux esprits de sa bibliothèque et il restreignait trop les élans de sa propre imagination. C'est le défaut de trop d'érudits. Que d'artistes bien doués comme lui se sont confinés dans des travaux intéressants, mais stérilisants de bénédictins, alors qu'ils auraient pu être des créateurs féconds et puissants.



Decrept, en effet, employait ses meilleures heures à lire et à relire. Aussi que n'avait-il pas lu ? Et ce qu'il y avait de prodigieux, c'est qu'il avait très peu oublié ! Il récitait des pages entières de poètes, de philosophes. Et tout cela n'était-ce pas au détriment de l'inspiration aussi bien que de la production ?... La Muse capricieuse est jalouse de sa liberté, de ses échappées fantaisistes ; elle récompense seulement de ses bienfaits, de ses trésors, les rêveurs, fils soumis à ses caprices ; et elle n'accorde guère ses faveurs aux logiciens, aux raisonneurs impénitents qui, au lieu de créer, s'attardent à tout analyser, à tout disséquer. Que de lettrés, trop nourris de lettres ont détruit en eux la flamme créatrice !...



Sans doute, Decrept a été un semblable lettré. Ce bascophile avait tout pour être un beau créateur dont le Pays Basque se serait enorgueilli. Il avait la verve, la facilité, la technique, la vivacité d'esprit. Peut-être aussi comme Rivarol, a-t-il dissipé ses trésors en paroles que la plume ne fixait pas et que le vent emportait. Et c'est sans doute regrettable aussi bien pour le théâtre et les lettres que pour le Pays Basque. On comprend d'ailleurs, après des journées de claustration studieuse chez ce grand liseur, le besoin de se détendre. Quel régal alors pour ses amis conviés à l'entendre. Quel brillant causeur devenait cet érudit, ce "puits de sciences". Et qu'il était bien disciple de Rabelais, à tous égards !... Et, comme le grand ancêtre, quelle jovialité et quelle bonne et saine gaieté !... Et quel esprit puisé aux meilleures sources d'une sève gauloise aussi bien qu'aux meilleurs endroits des plus beaux esprits français.



Aussi, pourquoi regretter ce qui n'a pu être. Peut-être a-t-il mieux valu qu'il en fut ainsi. Si Decrept n'a pas connu toutes les griseries, les enivrements de l'artiste, connu, fêlé, flatté, du moins il n'en aura pas éprouvé les déceptions, les jalousies, les amertumes. Il n'aura pas été le "déraciné", comme tant d'autres, que la gloire a éloigné de la petite patrie. Et dans son pays, dans son cher Pays Basque, il aura joué son rôle. Il aura plus et mieux vécu que le sage cultivant seulement son jardin. Il aura éduqué des amis, il aura élevé une famille, il aura amusé parfois des foules, il aura été le bascophile militant qui a réussi ce tour de force d'être avec un tempérament de révolutionnaire, le défenseur des traditions ethniques d'un pays original. Cela ne suffit-il pas à la gloire d'un homme !..."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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