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lundi 29 septembre 2025

LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN AOÛT 1893

LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1893.


Les élections législatives françaises de 1893 ont eu lieu les 20 août et 3 septembre au scrutin uninominal par arrondissements (loi du 13 février 1889).



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CARTE DE FRANCE ELECTORALE 1893
SOURCE : GALLICA.BNF




Voici ce que rapporta le quotidien Le Matin, le 12 août 1893 :



"Notes électorales.

Rapide aperçu des principales positions.

Les conservateurs divisés — Paralysie des monarchistes — Les gros candidats — Les trois catégories de ralliés.



Le Matin, qui a publié sur l'organisation ou plutôt la désorganisation des partis hostiles à la République une série de renseignements dont l'exactitude n'a pas été sérieusement contestée, va commencer, sous le titre : "Notes électorales", une série d'informations.



Nous n'avons point l'intention de passer en revue tous les départements et nous choisirons ceux où la lutte présente le plus d'intérêt. Mais nous devons dire quel sera le principe de notre choix.



Que les élections soient républicaines, cela est hors de doute et cela pour une bien bonne raison, c'est qu'à supposer, pour raisonner par l'absurde, que tous les candidats conservateurs qui se présentent fussent nommés, ils n'arriveraient pas à composer la majorité de la Chambre.



Ce qui caractérisera les élections prochaine, c'est la grève des candidats conservateurs. Nous pourrions citer vint départements, où en 1889, la lutte a été très ardente dans toutes les circonscriptions et où les conservateurs ont cette année complètement renoncé à la lutte. Cause : la désorganisation qu'a produite dans le parti conservateur la politique de Rome et celle des alliés.



Les anciens monarchistes, ne se sentant plus soutenus par le clergé comme ils l'étaient autrefois, ne veulent plus se représenter. Quant à l'organisation catholique, qui devait se substituer à l'ancienne organisation conservatrice, après quelques tentatives infructueuses, elle s'est effondrée avant la lutte. Celle des ralliés n'a jamais existé et l'organisation monarchique elle-même, la seule qui soit en partie restée debout, a été paralysée par ces divisions.



Il y a cependant un certain nombre de candidats ralliés, qui peuvent se diviser en trois catégories : les ralliés sincères, ceux qui, comme M. le comte Greffulhe ou M. le duc de Gramont, n'hésitent pas à s'effacer devant des républicains de vieille roche ou à s'engager, en cas de ballotage, à reporter leurs voix sur eux au second tour de scrutin ; les résignés, pour la plupart des catholiques, qui acceptent la République parce que le pape leur en a donné le conseil, mais qui la lâcheront au premier péril ; enfin, les retouchés, qui, d'après la conversation qu'un de nos amis a surprise à M. D'Haussonville, soumettent leurs circulaires au visa de la rue Saint-Honoré en échange de l'appui des monarchistes, dont ils ont un besoin indispensable, comme au reste les résignés et même les ralliés sincères.



C'est au milieu de cet imbroglio que les vrais républicains auront à se reconnaître ; nos notes électorales pourront peut-être les y aider.



Nous allons commencer par des renseignements sur la région du sud-ouest.



Basses-Pyrénées.



Le pays basque ! La patrie d'Henri IV ! Voilà un département où les monarchistes devraient, il semble, faire brillante figure. Peu s'en est fallu qu'ils n'aient fait passer toute leur liste en 1885. Nous allons voir où ils en sont réduits. Ils n'ont plus qu'un candidat, M. de Joantho, un ancien sous-préfet, qui a la témérité de se présenter contre M. Léon Say, ancien ministre des finances.




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LEON SAY



Il semble qu'un tel candidat ne devrait pas peser lourd. Mais si M. Say parle finances beaucoup mieux que M. de Joantho, M. de Joantho parle basque beaucoup mieux que M. Léon Say, qui est tout à fait étranger au pays. On raconte même de leurs luttes d'autrefois (car M. de Jonatho s'est déjà présenté comme M. Say en 1889) une histoire assez plaisante. Un jour, M. Léon Say, arrivant dans une commune basque, fut enchanté de voir tous les hommes sur le pas de leur porte crier sur son passage : "Saï, saï." Enchanté, il crut qu'on l'acclamait et s'évertuait à distribuer des saluts de tous les côtés. Le malheureux ne savait pas que le mot "saï" est celui avec lequel on appelle à manger... disons-nous le mot propre ?... tous les cochons du pays. On rit encore de cette histoire dans le pays basque.



M. Léon Say serait sûr néanmoins de triompher, si on ne lui reprochait point d'avoir traité ses électeurs un peu trop en grand seigneur, ou plutôt en grand bourgeois, ne leur donnant point signe de vie dans l'intervalle des élections et ne répondant même point à leurs lettres. Aussi les amis de M. Say sont-ils inquiets.



Dans toutes les autres circonscriptions du département, triomphe assuré des républicains ou des ralliés, comme M. Etcheverry. Il y a cependant une circonscription où vient de se passer un incident doublement curieux celle de Bayonne.



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LOUIS ETCHEVERRY
DEPUTE DES BASSES-PYRENEES
DE NOVEMBRE 1889 A OCTOBRE 1893



Curieux incident.



La deuxième circonscription de Bayonne était représentée par M. Labat, bonapartiste d'origine, très aimé, ayant une situation personnelle inexpugnable, mais fort âgé. Il y a quelques années, M. le duc de Gramont se présentait au conseil général dans le canton de Bidache, berceau de sa famille, avec l'appui des conservateurs.



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JULES JEAN FRANCOIS LABAT
DEPUTE DES BASSES-PYRENEES
DE 1876 A 1893



Malgré ses origines à la fois monarchiques et bonapartistes, M. de Gramont s'est converti à la République. Cette conversion a été de sa part d'autant plus méritoire qu'il n'avait qu'à attendre et il aurait facilement recueilli la succession de M. Labat. On pense comme les conservateurs auraient été heureux de soutenir un pareil candidat, qui, de plus, a épousé une fille de M. de Rothschild. Mais M. Labat s'étant inopinément désisté, les conservateurs, furieux de la défection de M. de Gramont, n'ont point voulu de lui comme candidat et ont été chercher Mgr Diharassary, prélat de la maison du pape, mais curé basque très populaire dans le pays.



Un instant ils ont pu craindre que ce candidat bien choisi ne leur échappât. Mgr Diharassary ayant déclaré, en effet, qu'il se présenterait sur le terrain purement catholique mais sans adhésion formelle à la République, son évêque, Mgr Jauffret, un de ceux qui ont donné le plus de gages à la sincérité de leur ralliement, lui a interdit la candidature. Mgr Diharassary en a, dit-on, appelé à Rome, qui lui a permis de se présenter, ce qui, soit dit en passant, donnerait à penser que la politique du Vatican n'est pas aussi nettement républicaine qu'on aurait pu le croire. De leur côté, les républicains, et peut-être ont-ils commis une faute, n'ont pas eu suffisamment confiance dans les déclarations républicaines de M. de Gramont et ils ont adopté un autre candidat, M. Harriague, opportuniste. Très correctement, M. de Gramont s'est désisté en sa faveur, en ajoutant même qu'il ne serait jamais pour le gouvernement de curés. Dans cette circonscription très cléricale et qui appartient à la réaction, le résultat de la lutte reste néanmoins douteux."



A Bayonne, c'est le candidat républicain, M. Harriague qui l'emportera et à Mauléon, c'est M. Berdoly, républicain qui battra le député sortant M. Etcheverry.

M. Léon Say l'emportera également.




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