LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1893.
Les élections législatives françaises de 1893 ont eu lieu les 20 août et 3 septembre au scrutin uninominal par arrondissements (loi du 13 février 1889).
Voici ce que rapporta le quotidien Le Matin, le 12 août 1893 :
"Notes électorales.
Rapide aperçu des principales positions.
Les conservateurs divisés — Paralysie des monarchistes — Les gros candidats — Les trois catégories de ralliés.
Le Matin, qui a publié sur l'organisation ou plutôt la désorganisation des partis hostiles à la République une série de renseignements dont l'exactitude n'a pas été sérieusement contestée, va commencer, sous le titre : "Notes électorales", une série d'informations.
Nous n'avons point l'intention de passer en revue tous les départements et nous choisirons ceux où la lutte présente le plus d'intérêt. Mais nous devons dire quel sera le principe de notre choix.
Que les élections soient républicaines, cela est hors de doute et cela pour une bien bonne raison, c'est qu'à supposer, pour raisonner par l'absurde, que tous les candidats conservateurs qui se présentent fussent nommés, ils n'arriveraient pas à composer la majorité de la Chambre.
Ce qui caractérisera les élections prochaine, c'est la grève des candidats conservateurs. Nous pourrions citer vint départements, où en 1889, la lutte a été très ardente dans toutes les circonscriptions et où les conservateurs ont cette année complètement renoncé à la lutte. Cause : la désorganisation qu'a produite dans le parti conservateur la politique de Rome et celle des alliés.
Les anciens monarchistes, ne se sentant plus soutenus par le clergé comme ils l'étaient autrefois, ne veulent plus se représenter. Quant à l'organisation catholique, qui devait se substituer à l'ancienne organisation conservatrice, après quelques tentatives infructueuses, elle s'est effondrée avant la lutte. Celle des ralliés n'a jamais existé et l'organisation monarchique elle-même, la seule qui soit en partie restée debout, a été paralysée par ces divisions.
Il y a cependant un certain nombre de candidats ralliés, qui peuvent se diviser en trois catégories : les ralliés sincères, ceux qui, comme M. le comte Greffulhe ou M. le duc de Gramont, n'hésitent pas à s'effacer devant des républicains de vieille roche ou à s'engager, en cas de ballotage, à reporter leurs voix sur eux au second tour de scrutin ; les résignés, pour la plupart des catholiques, qui acceptent la République parce que le pape leur en a donné le conseil, mais qui la lâcheront au premier péril ; enfin, les retouchés, qui, d'après la conversation qu'un de nos amis a surprise à M. D'Haussonville, soumettent leurs circulaires au visa de la rue Saint-Honoré en échange de l'appui des monarchistes, dont ils ont un besoin indispensable, comme au reste les résignés et même les ralliés sincères.
C'est au milieu de cet imbroglio que les vrais républicains auront à se reconnaître ; nos notes électorales pourront peut-être les y aider.
Nous allons commencer par des renseignements sur la région du sud-ouest.
Basses-Pyrénées.
Le pays basque ! La patrie d'Henri IV ! Voilà un département où les monarchistes devraient, il semble, faire brillante figure. Peu s'en est fallu qu'ils n'aient fait passer toute leur liste en 1885. Nous allons voir où ils en sont réduits. Ils n'ont plus qu'un candidat, M. de Joantho, un ancien sous-préfet, qui a la témérité de se présenter contre M. Léon Say, ancien ministre des finances.
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LEON SAY |
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