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samedi 30 août 2025

LA SALMONICULTURE DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1934 (première partie)

LA SALMONICULTURE DANS LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1934.


La salmoniculture (l'élevage de la truite notamment) prend son essor à la fin du 19ème siècle grâce à deux pêcheurs, Rémy et Géhin, qui ont mis au point la reproduction artificielle des truites dans les Vosges.




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PISCICULTURE UREPEL
BASSE-NAVARRE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet M. Rocq, Président de la Fédération Basco-Béarnaise des Sociétés 

de Pêche dans le Bulletin de la Société des Sciences, Lettres & Arts de Bayonneen juillet 1934 :



"La salmoniculture dans les Basses-Pyrénées.



Un postulat doit tout d'abord être énoncé : La Pisciculture, cypriniculture ou salmoniculture, est une des branches de l'Agriculture.



La méconnaissance de ce principe a eu de graves conséquences pour notre économie rurale, en particulier pour toute l'économie montagnarde où la pisciculture, sous toutes ses formes, peut avoir un rendement élevé.



Comme nous ne cessons de le répéter depuis dix ans, il faut éviter, à tout prix, la rupture de l'équilibre entre l'agriculture et l'industrie, équilibre qui est l'essence de la prospérité française et de la stabilité nationale.



Sous la griserie des fallacieuses théories américaines prétendant, sur l'ignorance du passé, édifier un monde nouveau, on a compromis la prospérité française : son redressement doit s'appuyer sur  un essor rural.



La salmoniculture peut y aider.



Les Basses-Pyrénées, comme tant d'autres départements pyrénéens, sont caractérisées au point de vue économique par une diminution constante des domaines ruraux.



La campagne a cependant toujours son même rôle à l'égard des villes : elle les nourrit, mais elle assure par surcroît la santé de tous ceux qui peuvent se déplacer pour venir trop brièvement hélas, s'y vivifier l'organisme. Tous les problèmes ruraux ont donc leurs deux aspects nécessaires : production agricole et tourisme.



C'est la généralisation de ces deux aspects et leur amélioration qui doit être le but de nos efforts.



La richesse des rivières.



Les rivières représentent un élément de richesse trop sous-estimé.



On n'a voulu y voir, par une véritable aberration, que potentiel mécanique ou égout commode. L'abus du premier facteur a créé une profonde perturbation dans l'économie des domaines riverains, tant particuliers que collectifs ; la généralisation du second crée une monstrueuse atteinte à l'hygiène publique.



Nos rivières pyrénéennes se sont distinguées pendant longtemps par leur régularité, leur fraîcheur, leur pureté. Dans les Basses-Pyrénées, il y a deux types de rivières : les Gaves et les Nives. Ces dernières, semblables aux rivières du Pays Basque espagnol, constituaient la rivière idéale comme capacité biogénique ; elles furent à coup sûr l'un des facteurs décisifs qui, à travers les millénaires, retinrent sur leurs rives, sous un climat favorisé par les brises maritimes, une population jalouse de ses privilèges naturels.



A la condition de conserver intactes nos rivières et nos ruisseaux, l'économie rurale doit en tirer, comme de ses autres branches, un revenu direct qui est le poisson — truite et saumon — un revenu indirect qui est le tourisme. Par surcroît, tous les domaines ruraux disposant d'un ruisseau doivent ajouter l'élevage de la truite arc-en-ciel à leurs petits élevages familiaux.



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SAUMON



Il faut rappeler que le revenu du sol mouillé par nos cours d'eau est aussi rémunérateur que celui d'une terre à blé ; il le dépasse si on y ajoute le revenu général touristique.



Une rivière comme la Nive, de 30 à 40 mètres de largeur moyenne, présente actuellement un rendement annuel de 300 kilos de truites au kilomètre auquel s'ajoute le rendement en saumons qui peut se chiffrer à environ 20 tonnes par an (2 500 saumons, chiffre minimum). La presque totalité des saumons sont bien pris au filet dans la partie maritime, mais ils n'en sont pas moins le produit des frayères de la Nive et de ses bancs de tocans. Ces tocans (jeunes saumons), avant de descendre à la mer, séjournent en majorité deux ans dans nos rivières parmi les truites. Comme le saumon remonte toujours dans la rivière où il est né, la montée des saumons adultes est bien un produit de la partie de la rivière apte à nourrir les tocans.



Aussi peut-on dire que dans le bassin de la Nive, les trente kilomètres où croissent les jeunes tocans produisent non seulement le rendement moyen normal en truite, mais 660 kilos de saumon au kilomètre.



Avec ces chiffres, on conçoit mieux que, selon la formule d'un expert anglais, une rivière à saumons est une mine d'or. Si l'on ajoute à cette production alimentaire le revenu touristique de la rivière, on juge mieux l'effarante erreur de certains experts en travaux hydrauliques déclarant sommairement que la suppression des poissons était sans conséquence appréciable.



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"VOICI LE SAUMON PROMIS"



Les Basses-Pyrénées ont été le Département où une enquête approfondie a pu, en 1927, grâce à l'action des Sociétés de pisciculture, apporter la preuve de la valeur de certaines rivières, et en conséquence obtenir du Conseil Supérieur des Forces Hydrauliques l'interdiction de tout nouveau barrage hydroélectrique.



Cette décision étouffait les projets de six grands barrages sur le Gave d'Oloron et de quatre sur la Nive.



L'avenir a top vite donné raison aux Sociétés de pisciculture puisque, depuis deux ans, il y a une surabondance de K. W. équipés, et la construction des barrages envisagés eût réjoui temporairement quelques puissants constructeurs mais eût ruiné une importante production alimentaire, anéanti une attraction touristique considérable pour doter la région d'usines ne vendant pas le 1/10 de la force captée.



La situation piscicole.



Résumons maintenant la situation piscicole :


Les rivières des Basses-Pyrénées, sur la majeure partie de leurs cours, sont des rivières à salmonidés qui, si on leur évite la pollution industrielle et urbaine, jouissent d'une capacité nutritive considérable. Cette capacité nutritive est maxima pour toutes les rivières ou ruisseaux ne recevant point l'apport des eaux de fonte des neiges et des glaciers au début de l'été.



La tiédeur relative de l'eau, hors cette fonte, favorise le développement du plancton. Les eaux très froides des glaciers et neiges de haute altitude retardent jusqu'en fin juillet le développement de ce plancton. C'est ce qui constitue la différence essentielle des Gaves béarnais et des Nives basques.



Le saumon qui fut, comme sur tout le littoral du "Ponant", un des éléments de base de l'alimentation locale jusqu'au début du XIVe siècle, est encore abondant dans le Gave d'Oloron, le Saison et la Nive.



Il a disparu du Gave de Pau depuis une trentaine d'années par suite des barrages d'Orthez, de la Nivelle par suite du braconnage.



Le saumon est exploité normalement au filet dans la partie dite maritime des rivières, soit de Bayonne à Peyrehorade pour l'Adour et les Gaves, de Bayonne à Villefranque pour la Nive, en tout 45 kilomètres environ.



Ces pêcheries, dans les très bonnes années comme 1929, ont produit 18 000 saumons d'un poids moyen de 9 kilos ; les prises de 20 à 50 saumons d'un coup de senne ne sont point rares. Cette pêche pourrait être considérablement développée si nos rivières recevaient enfin l'organisation qu'elles méritent.



La pêcherie de l'Adour, liée au rendement des frayères des Gaves et des Nives, a donc une importance indéniable.



Voyons la situation passée, la situation présente et l'avenir de la richesse piscicole dans notre région, et pour terminer, l'élevage piscicole.



Un des grands principes de l'agriculture, c'est qu'il faut semer pour récolter.



Cette vérité qui paraît aveuglante, a été longtemps méconnue pour nos rivières, bien qu'elles fissent partie intégrante du domaine agricole.



Certes, pendant des siècles, la capacité nutritive naturelle des rivières, l'abondance des forêts, la faible valeur du poisson, le peu d'exigence des besoins locaux, la rigueur des Tribunaux pour tous braconniers, permirent à la nature de maintenir à elle seule un juste équilibre entre la production et la destruction. Le saumon n'était sans doute plus aussi abondant que dans les temps préhistoriques où nos rivières devaient ressemble aux rivières canadiennes, mais néanmoins il était la base de l'alimentation du peuple, les domestiques se préservant même par contrat contre un régime allant jusqu'à la satiété complète.



Tout le progrès industriel, les facilités de transport, le déboisement, ont concouru à appauvrir les rivières à salmonidés, atteintes sous toutes les façons possibles : pollution et réchauffement des eaux.



Après la guerre, avec la hausse de tous les prix, on put croire que le pillage effréné de nos rivières aboutirait à l'anéantissement de leur richesse. Dans la région de la Nive, une étude méthodique fut effectuée pour reconnaître la capacité biologique des rivières ; elle fut très satisfaisante.



Les premiers déversements d'alevins de truite commune furent faits par la Société des Pêcheurs de la Nive en 1923 et 1924. 30 000 alevins furent ainsi immergés.



En juillet 1924, le regretté M. Séverac, Inspecteur principal de la Compagnie des Chemins de fer du Midi, organisa un premier Congrès de pisciculture à Toulouse. Je m'y rendis avec un ami, et après les premières données fournies par M. le Professeur Jammes à l'Institut de Pisciculture de Toulouse, nous pûmes visiter la pisciculture de Vernet d'Ariège et les très intéressantes petites stations créées en Ariège par M. Sauret, Président de la Fédération des Sociétés de pêche Ariégeoises.



Durant l'hiver 1924, quatre petites piscicultures furent créées par la Société des pêcheurs de la Nive dans le bassin de cette rivière, en profitant des expériences antérieures.



nive autrefois pays basque saumon pêcheurs
BULLETIN DE LA SOCIETE DES PÊCHEURS DE LA NIVE 1926
PAYS BASQUE D'ANTAN


Elles furent établies : à la Madeleine (Saint-Jean-le-Vieux) sur le Laurhibar, à Saint-Jean-Pied-de-Port sur la Nive principale, à Ossès sur un ruisseau, à Eyhéralde sur la Nive de Baïgorry.



Des études très suivies, des mises au point aboutirent à l'agrandissement, en 1925, des stations de la Madeleine et d'Ossès, au transfert de la station d'Eyhéralde à Cambo-les-Thermes sur un ruisseau descendu de l'Ursuya, à la création d'une cinquième station à Urepel vers les sources de la Nive de Baïgorry.



Après des visites à de nombreuses piscicultures, principalement à la Pisciculture de Normandie à Bernay (Eure), une station centrale fut construite en 1927 sur un ruisseau de la Nive de Baïgorry : la station Chambeau, d'une capacité de 400 000 oeufs. Elle sert en même temps de station de capture de reproducteurs, ce que l'expérience me révéla nécessaire.



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PISCICULTURE
27 BERNAY



Cette station emploie des incubateurs danois fort pratiques, dont le modèle me fut indiqué à la Pisciculture de Normandie.



Sur mes conseils et mes plans, une pisciculture pour 200 000 oeufs fut construite à Oloron par la Société de pêche du Gave d'Oloron, suivie d'une petite station à Salies-de-Béarn pour la même Société.



A Licq-Athérey, la Société de pêche de Tardets créa une station pour 40 000 oeufs.



L'Orthézienne utilisa en 1930 la vieille Tour du Pont pour une station très originale.



Enfi, pour terminer, la Gaule Paloise vient de construire un magnifique Etablissement à Gan, sur le Néez.



Toutes ces Sociétés possèdent en outre un total de 70 appareils Mitchell, incubateurs volants très pratiques, contenant chacun 5 à 6 000 oeufs. Ils me furent indiqués par un éminent expert anglais.



Pour le saumon, l'Administration des Eaux et Forêts a construit à Oloron un important établissement avec un bief de stabulation à Monein."




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dimanche 10 août 2025

LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823 PAR LOUIS GARNERAY (troisième et dernière partie)

 

LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823.


En 1823, Louis Garneray, peintre officiel de la Marine, parcourt les côtes de la France entière, de 1823 à 1832, à la demande du duc d'Angoulême, qui lui commande des vues des grands ports de France.



pays basque labourd autrefois garneray port peintre
EMBOUCHURE DE L'ADOUR 
PAR LOUIS GARNERAY 1823




Voici ce que rapporta à ce sujet Louis Garneray, dans son ouvrage Voyage pittoresque et maritime 

sur les côtes de France :



"Département des Basses-Pyrénées.



L'embouchure de l'Adour et la Barre de Bayonne.



Vous êtes au pied de la tour du Boucau ; ici, l'Adour, rivière aussi douce que son nom, verse ses ondes pures dans une mer turbulente ; cette vague immense, cette montagne écumeuse, c'est la Barre de Bayonne ; les plus intrépides marins ne la passent pas sans crainte. 



tableau pays basque autrefois rade barre
LA BARRE DE BAYONNE VERS 1850
FONDS ANCELY


Voyez ce vaisseau prêt à la franchir : courbé sur l'abîme, l'écume des flots qui l'assaillent, couvre et blanchit son pont. Sa position n'est pas sans danger, car j'aperçois sur la tour du Boucau le pavillon dont l'inclinaison variée dirige le pilote dans les gros tems.



Sur la jetée, une jeune femme est à genoux ; elle prie, sans doute, pour un amant, pour un père, pour un époux qu'elle est au moment de revoir après une longue séparation, et qu'un cruel naufrage attend peut-être au port.



D'autres spectateurs, dans la pose desquels on remarque le degré d'intérêt qu'ils prennent à l'événement ; des soldats, des marins, un ouvrier qui a déposé ses outils, animent le rivage, pendant que deux chaloupes, placées à 70 toises l'une de l'autre, de chaque côté de la passe, attendent que le navire ait franchi la barre, et se préparent à lui porter secours.



Dans le beau tems, ces chaloupes s'avancent en pleine mer ; ce sont des pinasses bordées de six avirons, et munies d'une voile de misène, dont elles ne servent qu'avec le vent largue ou le vent arrière.



Il serait difficile de rien imaginer de plus beau, de plus terrible que le spectacle de cette barre redoutable, qui grossit, s'élève et tombe en mugissant dans un bassin paisible. A u delà de la passe, la vaste étendue des mers ; cette solitude, qui semble remplie du seul courroux des eaux, tout, jusqu'au contraste des nuages safranés, de l'azur noir du ciel et de la blanche écume des flots, inspire une sorte de terreur où l'âme et les yeux paraissent se complaire.



Pour éviter aux navigateurs un inutile trajet de six lieues, le fameux ingénieur Louis-de-Foix, sous le règne de Henry IV, creusa cette embouchure de l'Adour, après avoir fermé son lit naturel. Il crut avoir éternisé son travail en plaçant de fortes digues et en donnant aux jetées de la rivière, faites en pierre de Bidache, une épaisseur moyenne de huit pieds dans leurs parties supérieures ; mais de mobiles bancs de sable se sont formés dans cette nouvelle embouchure et l'ont semé d'écueils qui rendent chaque jour la passe plus dangereuse.



Arrêtons-nous un moment à contempler la Barre de Bayonne, et nous continuerons à parcourir ces côtes magnifiques de la France, dont la vue finira, sans doute, par révéler aux Français le secret d'une grandeur maritime à laquelle leur pays doit un jour parvenir.




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VUE DU PORT ET DES ARSENAUX DE BAYONNE
PAR LOUIS GARNERAY 1823



Vue du Port et des Arsenaux de Bayonne.



C'est sous les allées marines qui occupent la rive droite de l'Adour, qu'un peuple chez lequel les soins et les habitudes du commerce n'ont point éteint la gaieté native, vient lancer la balle et s'exercer à la course : en même temps que des joueurs de paume vous donnent une idée de ses plaisirs, des groupes d'étrangers, des Orientaux assis sur des ballots étiquetés, des barques et des navires en chargement vous rappellent les expéditions lointaines des Bayonnais : ainsi le peintre a réuni dans un petit espace les principales nuances des moeurs locales, et il a retracé au moyen de quelques personnages les traits divers qui caractérisent les habitants de Bayonne.



Au confluent de l'Adour et de la Nive, ce pont de bois, aux arches si légères, unit la vieille ville de Bayonne au bourg du Saint-Esprit : rempart de la France sur ce point méridional de la frontière, Bayonne avait été fortifiée, mais le temps a détruit l'ouvrage de Vauban ; cette ville est aujourd'hui sans autre défense que le courage de ses habitants et sa citadelle.



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BAYONNE 1835
PAYS BASQUE D'ANTAN



Vous la voyez s'élever devant vous, au sommet du coteau Saint-Etienne ; au bas se trouvent le port et les arsenaux, qui occupent un lieu nommé le Parc.



C'est de ce parc que sortent les énormes gabares qui vont jeter dans tous les ports de l'Océan les bois de construction que l'on tire du département des Basses-Pyrénées. Dans ces mêmes chantiers se construisent des corvettes renommées pour la légèreté de leur forme et la célérité de leur marche.



Sans la redoutable barre dont nous avons parlé, et qui oppose à la navigation, devant Bayonne, un obstacle presque insurmontable, cette ville, sous le rapport du commerce, ne tarderait pas à l'emporter sur Bilbao, située beaucoup moins avantageusement.



L'espace me manque pour esquisser une seconde fois les moeurs de cette ville, sur lesquelles je me suis suffisamment étendu dans le second volume de mon Ermite en Province. Je remarquerai seulement qu'à Bayonne les classes supérieures de la société sont généralement tristes, tandis que la gaieté la plus vive et la plus bruyante est le partage des artisans. Ici le peuple échappe à la pauvreté par le travail, et à la dégradation par un grand respect de lui-même. Il n'y a point à Bayonne ce qu'ailleurs on appelle de la populace.



De Bayonne jusqu'aux frontières immédiates d'Espagne, la beauté des femmes semble s'accroître progressivement de lieue en lieue : la taille devient plus svelte, la démarche a plus de grâce, l'oeil rayonne d'un feu plus doux : si l'on en excepte de belles dents, que la nature bizarre a refusées assez généralement aux femmes de cette contrée méridionale de la France, elle leur a prodigué tous ses autres dons.



Seconde vue de Bayonne.



C'est encore Bayonne que nous avons sous les yeux ; ce point de vue est celui qu'avait choisi le grand peintre des ports, des flots et des orages. En le reproduisant, on a eu soin de l'enrichir de plusieurs détails importants qui n'existaient pas au temps où Vernet exécuta ce tableau.



Avant de quitter cette ville, disons encore un mot de son commerce, tout à la fois de haute navigation et de cabotage. Baignée par les flots de la mer, et par les eaux réunies de deux rivières, Bayonne, pour devenir le premier port de la France sur l'Océan, n'aurait besoin que de ses faire disparaître, sous les efforts de l'art, la barrière orageuse que les flots opposent à l'entrée. Ce n'est pas à nous qu'il appartient d'indiquer au génie des grandes entreprises les moyens et les travaux qui pourraient amener un semblable résultat.



L'épithète nunquam polluta, que les Bayonnais donnent à leur ville, n'est pas tout à fait exacte : les Anglais s'en rendirent maîtres sous Edouard III ; mais reconquise presque aussitôt par ses propres habitants, elle a conservé des droits au titre de vierge dont elle continue à se prévaloir.



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NUNQUAM POLLUTA BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Parmi ses souvenirs historiques elle compte l'invention terrible de la baïonnette, qui réunit, dans le fusil, les avantages destructeurs de l'arme blanche et de l'arme de jet."





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samedi 12 juillet 2025

LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823 PAR LOUIS GARNERAY (deuxième et dernière partie)

 

LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823.


En 1823, Louis Garneray, peintre officiel de la Marine, parcourt les côtes de la France entière, de 1823 à 1832, à la demande du duc d'Angoulême, qui lui commande des vues des grands ports de France.



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VUE DE BIARRITZ
PAR LOUIS GARNERAY 1823



Voici ce que rapporta à ce sujet Louis Garneray, dans son ouvrage Voyage pittoresque et maritime 

sur les côtes de France :



"Département des Basses-Pyrénées.



... Revenons au port de Saint-Jean-de-Luz, situé au fond de la baie qui porte son nom, et fermé par deux jetées partant de la ville et du village de Sibourre, que nous découvrons à la gauche de notre second tableau.



La Nivelle, qui a son embouchure dans ce port, occupe notre premier plan, et sépare le spectateur de la ville, dont nous voyons à notre droite un quartier appelé le Marais. Le premier édifice que nous remarquons dans ce quartier, à la droite du tableau, et que les quatre tours dont il est flanqué nous font distinguer, est l'hôtel qu'habita Louis XIV, lorsqu'il vint épouser l'infante Marie-Thérèse, après la conclusion de paix des Pyrénées.



En avançant vers la gauche, et longeant toujours les maisons qui bordent le port, on aperçoit une de ces digues auxquelles on donne le nom de Perret, et que l'on oppose à la violence de la mer. Celui-ci qui est surmonté d'un obélisque érigé en l'honneur de S. A. R. Mr le duc d'Angoulême, a été construit ou plutôt reconstruit dernièrement pour renforcer un ancien perret, dont une partie a été détruite par la mer qui, continuant ses ravages, menaçait d'engloutir la ville.



Ce perret est terminé par un autre bâtiment de même nature et de moitié plus bas, attenant de l'autre côté de la jetée. Ce bâtiment, qui garnit une anse sablonneuse, demi-circulaire, ouvre passage à la vague, et lui permet de porter assez avant le vaisseau pour qu'il puisse prendre terre (échouer en langage maritime), sans toucher à la digue, et sauve ainsi le navire et l'équipage du danger qu'ils pourraient courir du le perret supérieur de la droite, où ils seraient infailliblement brisés par la violence du choc ; et d'ailleurs le passage que s'ouvre la mer entre les deux jetées est souvent impraticable dans les gros temps, même avec l'aide des pilotes côtiers, auxquels il est aussi impossible qu'aux autres marins de distinguer le goulet couvert de tous côtés par les vagues de la mer : au reste, dans ce port tout atteste ses ravages, et tout prouve qu'elle a fait, en empiétant sur les terres, des progrès considérables. Sur la plage derrière le perret que nous venons de décrire, et hors de la vue du spectateur, on montre aux étrangers les ruines d'un ancien couvent, dont les parties supérieures se distinguent encore au milieu du sable qui le couvre tout entièrement. C'est à M. de Baudre, ingénieur du département, que les navigateurs et les habitants de Saint-Jean-de-Luz doivent ces belles digues, et les importants travaux de ces deux perrets qui les préservent des plus grands dangers, et qui sont à nos yeux également remarquables par leur conception hardie, et par leur belle exécution.



Au delà du port et de la baie, le port de Socoa sert de relâche aux barques de pêcheurs. Ce port, que nous découvrons à l'horizon, ferme la baie de Saint-Jean-de-Luz, dans la partie méridionale, et ses bastions en défendent l'entrée.



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VUE DU PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ
 PAR LOUIS GARNERAY 1823




Vue de Biarritz.



Le port de Biarritz était jadis une succursale de celui de Saint-Jean-de-Luz. Mais la mer ayant détruit ou comblé une partie du premier, il ne peut plus servir aujourd'hui qu'à armer quelques petites barques de pêcheurs. Toute cette partie du golfe de Gascogne, bordée d'écueils et de brisans, est très dangereuse ; à peine peut-on essayer d'y naviguer encore, même dans les jours de beau temps ; mais aussi cette côte dangereuse est-elle un des plus beaux sites de la France, et l'un des endroits les plus remarquables par  la réunion de tout ce qui peut charmer les yeux du peintre ou de l'admirateur de la nature pittoresque.



Sur le rocher qui domine le second plan et le centre de notre troisième tableau, à droite de la bourgade de Biarritz, on découvre un monceau de ruines informes, que l'herbe dont il est recouvert empêche encore de distinguer ; ces ruines ont sans doute appartenu à un fort qui s'est écroulé sur l'autre côté de la montagne ; plus loin et toujours vers la droite une tour blanche, surmontée d'un fanal, sert de point de reconnaissance pour les navires, pendant le jour comme pendant la nuit ; plus bas et près des brisans, on aperçoit encore la porte d'un ermitage, désert depuis longtemps, et l'avant-corps en bois qui y conduit.



Les bains de mer de Biarritz sont très connus dans la contrée, et très fréquentée chaque année, malgré les nombreux malheurs qui en résultent. M. de Jouy a consacré à les décrire un numéro de son Ermite en province, et a ainsi révélé leur existence à la plupart de nos lecteurs, ce qui nous dispense d'en parler ici, autrement que pour mémoire. L'affluence qu'attirent ces bains, et le peu de pêche que l'on fait dans le pays, suffisent pour donner à Biarritz une apparence de propreté qui annonce une honnête aisance, et qui semblerait dénoter l'opulence dans tout autre pays que la Biscaye, où elle est également l'apanage du pauvre et du riche, tant dans l'intérieur des ménages qu'à l'extérieur des maisons, la plupart peintes en blanc et entretenues avec un soin qui est presque du luxe.


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LIVRE L'HERMITE EN PROVINCE
E DE JOUY



Ce petit endroit est visité par tous les voyageurs qui parcourent la Biscaye, tant les beautés pittoresques de sa position sont célèbres. On s'y rend de Bayonne d'une manière très agréable dans les cacolets, espèces de doubles selles propres à recevoir sur le dos du même cheval le voyageur et la jeune conductrice ou cacolétière à laquelle les rênes sont confiées : ces cacolétières sont presque toutes jolies, ce qui n'est pas un des moindres attraits à ces promenades agrestes, que tous ceux qui ont visité le pays ne peuvent se rappeler sans plaisir.


Vue de l'embouchure de l'Adour.


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VUE DE L'EMBOUCHURE DE L'ADOUR
PAR LOUIS GARNERAY 1823



Revenons à Bayonne, que nous avons déjà annoncé devoir visiter. Commençons par le Boucau, à la vue duquel l'Adour vient mêler ses eaux à celles de la mer et examinons avec le lecteur cette fameuse passe, connue sous le nom de Barre de Bayonne ; objet d'effroi pour les intrépides marins.



L'embouchure actuelle de l'Adour, où se trouve cette dangereuse passe, est garnie d'écueils terribles causés par la mobilité des bancs de sables, écueils que ne pouvait prévoir le célèbre ingénieur Louis de Foix, lorsqu'il creusa, sous le règne d'Henri IV, ce nouveau débouché au fleuve, et ferma, par de fortes digues, son lit naturel, pour éviter aux navigateurs de ces bords un inutile trajet de plus de six lieues.



La tour du Boucau, qui domine la gauche de notre quatrième tableau, élevée sur la jetée qui termine la rive de l'Adour, à plus de 75 pieds au-dessus du niveau de la basse mer, est surmontée d'un mât de pavillon dont l'inclinaison, dirigée par le pilote-major dans les jours de gros temps, indique aux navires la route qu'ils doivent parcourir pour se dérober aux plus grands dangers.



Quand il fait beau, les pilotes, montés sur de légers esquifs, vont jusque dans la pleine mer à la rencontre des vaisseaux qui arrivent à Bayonne. Dans les jours de dangers, ils les attendent, en deçà de la barre, sur ces mêmes chaloupes, qui se placent toujours de chaque côté de la passe.



Au pied de la tour du Boucau, d'où l'on ne découvre aucune habitation, l'oeil est frappé par le plus triste des spectacles ; d'un côté des sables que le vent soulève et disperse au loin en nuages jaunâtres, un horizon désert et un silence effrayant ; de tout autre côté, l'immensité des mers, et cette barre redoutable dont l'aspect rompt seul la monotonie du tableau, et dont les mugissements sinistres interrompent un triste silence par un bruit plus triste cent fois. Elle s'élève, mugit, retombe dans le sein de l'onde qu'elle blanchit de flots, d'écumes : et malheur alors à l'imprudent nautonier qui n'a pas aperçu le signal hospitalier du pilote ; trompé par le calme dont il jouissait naguère, s'il a franchi la passe désastreuse, il viendra se briser sur les bancs de sable qu'elle surmonte, et les rives de l'Adour se couvriront de ses débris.



Depuis l'embouchure de la Bidassoa jusqu'à l'embouchure de l'Adour, nous avons décrit d'Andaye à Saint-Jean-de-Luz, à Biarritz, au Boucau, une courbe dont nous continuerons à parcourir tous les points.



Terminons ici notre première tournée, et laissons nos lecteurs à Bayonne, que nous leur ferons mieux connaître dans nos livraisons suivantes, où nous poursuivrons avec constance la tâche que nous nous sommes imposée. Heureux si notre ouvrage obtient les suffrages de nos braves marins, en leur rappelant des travaux aussi nobles que pénibles, mais qu'une renommée stérile ne vient pas même toujours payer des maux les plus réels et des plus horribles dangers !"



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mercredi 11 juin 2025

LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823 PAR LOUIS GARNERAY (première partie)

LES BASSES-PYRÉNÉES EN 1823.


En 1823, Louis Garneray, peintre officiel de la Marine, parcourt les côtes de la France entière, de 1823 à 1832, à la demande du duc d'Angoulême, qui lui commande des vues des grands ports de France.



pays basque labourd autrefois garneray port peintre
VUE DE BIARRITZ
PAR LOUIS GARNERAY 1823



Voici ce que rapporta à ce sujet Louis Garneray, dans son ouvrage Voyage pittoresque et maritime 

sur les côtes de France :



"Département des Basses-Pyrénées.



Nous commencerons notre course par l'extrême frontière méridionale. Et après avoir visité les rives de la Bidassoa qui sépare la France de l'Espagne, remontant vers le nord, nous côtoierons le golfe de Gascogne, et nous visiterons toutes les limites maritimes du département des Basses-Pyrénées.



Tout ce qui frappe la vue du voyageur dans ce département est propice aux nobles inspirations, et charme également le peintre avide de sites pittoresques, le poète passionné pour les solitudes romantiques, et l'ami de la nature agreste et des plaisirs champêtres. Les monts qui le couronnent, et qui lui ont prêté leur nom, offrent une variété immense, et font naître des contrastes frappants : ici, des forêts de noirs sapins et de mélèzes pyramidaux s'élèvent en amphithéâtre du fond de la vallée féconde vers le sommet aride de quelques montagnes, où elles disparaissent, cachées par l'atmosphère humide de la région des nuages ; là, de vastes bruyères, des landes stériles, à peine interrompues par quelque végétation éphémère, plongent l'âme en de tristes méditations, que dissipera bientôt l'aspect de riches coteaux, parés des pampres verts, et des vignes pourprées qui nous donnent le vin généreux du Midi : ici, des fleuves majestueux roulent lentement leurs eaux transparentes ; là, des torrents rapides entraînent, avec leurs ondes, les sables qui bordent leurs rives. La température de ce pays bizarre participe de la diversité de son aspect : telle vallée, toujours soumise à l'influence d'une douce chaleur, est dominée par un pic élancé, que le soleil n'a jamais pu dérober à la rigueur des frimats.



Comme tous les naturels des pays montagneux, les Basques sont doués d'un esprit vif et d'un coeur chaud, qui les portent aux passions violentes et généreuses, en les éloignant des choses viles et basses. l'hospitalité est en honneur parmi eux ; l'originalité de leur esprit, la vivacité de leur imagination sont connues, et leur agilité passée en proverbe. Leur langage semble avoir peu varié depuis les temps les plus reculés, et n'a rien de commun avec les langues vivantes. Les souvenirs de ce riant pays ne sont pas sans gloire : il a acquis quelque célébrité par l'esprit d'indépendance de ses habitans, et leur résistance obstinée aux conquérans goths et maures. Strabon et Pline nous avaient déjà appris que, dans les temps antiques, les Vascons ou Vascéens avaient refusé de plier leurs fronts devant les maîtres de la terre ; et César aussi, dans ses Commentaires, parle avec éloge des Cantabres naturels de ces cantons. Le sol qu'habitent leurs descendans doit à leur vie laborieuse et à leur activité une partie de sa fécondité ; souvent, du sein d'une terre infertile et sablonneuse, leurs mais ont fait sortir d'abondantes moissons ; mais souvent aussi la nature seconde leurs travaux, et la fertilité des rives de l'Adour et de la Bidassoa a été plus d'une fois célébrée par les poètes, ainsi que la félicité de leurs pasteurs ; la Nive, la Buse, la Nivelle, le Guison et le Vert, sans avoir des noms aussi poétiques et aussi connus, n'offrent pas moins de charmes à ceux qui parcourent leurs bords : c'est la patrie des bergers des romans.



Mais notre ouvrage est spécialement consacré à donner une juste idée de nos côtes maritimes, et peut-être nous sommes-nous déjà trop étendu sur la description d'un pays que nous ne devons pas visiter en entier. Laissons de côté ce qu'il pourrait encore nous fournir d'intéressant : ses montagnes dont le flanc recèle l'argent, le blanc albâtre et le cobalt couleur d'azur, ses villes, les principales de la Navarre et du Béarn ; jetons en passant un coup d'oeil sur Pau, berceau du bon Henri, sur Bayonne, fortifiée par Vauban, mais avant de décrire cette dernière ville, sur laquelle nous devons nous étendre, arrivons devant Andaye, premier port maritime de la côte occidentale des Pyrénées, et premier village de la Biscaye française, que nous avons choisi pour notre point de départ et notre premier tableau.



Vue d'Andaye.


pays basque labourd autrefois garneray port peintre
VUE D'ANDAYE
PAR LOUIS GARNERAY 1823




Des hauteurs qui dominent Andaye, nous découvrons Fontarabie, sur l'autre rive de la Bidassoa qui sépare ces deux bourgades, limites des deux Etats ; leur position respective les livre l'une et l'autre à l'invasion : aussi ont-elles été souvent, tant dans les derniers siècles que dans le nôtre, le théâtre de la guerre. Le bourg d'Andaye, souvent dévasté, est aujourd'hui presque désert, et Fontarabie, privée de ses fortifications, est devenue une ville de peu d'importance.



D'intrépides marins sortis d'Andaye osèrent les premiers attaquer la baleine, à l'aide du harpon, et découvrirent, en la poursuivant, le banc de Terre-Neuve, fameux par la pêche de la morue ; au reste ce n'est pas la seule preuve que nous ayons de la bravoure hasardeuse des marins basques, peut-être Christophe Colomb leur a-t-il dû la découverte du Nouveau-Monde. Andaye était autrefois riche et commerçante ; elle fabriquait la liqueur qui porte son nom, et dont la consommation était considérable, surtout dans nos colonies ; le commerce des piastres augmentait encore sa richesse, mais le dernier incendie lui a fait perdre tous ces avantages, et elle n'offre plus aujourd'hui qu'un amas de décombres et de ruines.



pays basque labourd autrefois garneray port peintre
PUBLICITE  VERITABLE LIQUEUR DE HENDAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Au-delà du fleuve s'offrent à nos yeux les riants coteaux de l'Espagne ; vers la droite, au milieu de la Bidassoa, et presque à son embouchure, on découvre l'île des Faisans, qui porte le nom d'île de la Conférence depuis l'entrevue des plénipotentiaires français et espagnols chargés de négocier la paix entre les deux puissances, par l'alliance de leurs princes. C'est par ce traité que le territoire d'Urgel, qui, depuis peu a obtenu une certaine célébrité, a été cédé à l'Espagne. C'est encore dans cette île, que longtemps avant, furent échangés les enfants de François 1er, donnés en otage pour la délivrance de leur père.



Au delà de l'île de la Conférence, le fleuve se perd dans la pleine mer, qui borde l'horizon, et disparaît dans un vague lointain.



Saint-Jean-de-Luz.


pays basque labourd autrefois garneray port peintre
PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ
PAR LOUIS GARNERAY 1823



En quittant Andaye, que nous venons de décrire, et l'extrême frontière méridionale pour rentrer en France et remonter vers le nord, nous arrivons à Saint-Jean-de-Luz, dont le port, situé au fond d'une vaste baie, fait le sujet de notre second tableau.



Avant de nous arrêter devant ce port et de le faire connaître à nos lecteurs, esquissons en peu de mots ce que nous avons observé de plus remarquable dans les usages des habitants de Saint-Jean-de-Luz, qui sont généralement attachés à ces usages par un sentiment de respect presque religieux, comme tous les peuples qui conservent encore leurs anciennes coutumes, quoique la plupart de ces coutumes ne soient point exemptes de ridicule. Les Basques, remarquables par leur activité, sont portés, par cette activité même, à une passion excessive pour la chasse et pour le jeu de paume, qui les entraînent dans de très longues réunions, auxquelles les hommes assistent seuls. Leurs femmes se trouvent ainsi délaissées et solitaires, quoique leurs vertus domestiques, leur modestie et leur douceur semblent mériter un meilleur sort. L'extrême délicatesse de ces Basquèses les rend très susceptibles sur les rapports de convenances ; aussi se renferment-elles communément plusieurs années dans l'austérité du veuvage, et s'enveloppent-elles, cinq ans entiers, des crêpes du deuil, lorsque la mort frappe leurs époux, que d'ailleurs l'usage leur prescrit d'accompagner jusqu'à leur dernière demeure.



Leur costume est modeste ; elles ignorent le luxe de nos pays, nos cadeaux pour les baptêmes, nos corbeilles de mariage, et les autres coutumes nées de ce luxe que la corruption enfante. Dans toutes les saisons, elles sortent de leurs humbles retraites, vêtues de noires mantilles, dont le capuchon rabattu couvre leur tête, et les soustrait aux regards indiscrets des jeunes gens. C'est ainsi qu'au jour du repos elles vont offrir leurs hommages au Seigneur, agenouillées sur les froides dalles qui couvrent les tombeaux de leur famille, que l'usage ne permet point encore de placer au milieu des champs, tandis que leurs époux, séparés d'elles, assistent au divin sacrifice dans les galeries de bois qui environnent l'église, non que la jalousie sépare les deux sexes ; il n'est point d'exemples, au contraire, de séparation conjugale dans ce beau pays ; mais par un motif de pudeur et de modestie qu'on ne saurait trop louer dans ces femmes, et peut-être aussi dans les époux, par une indifférence que ne méritent pas leurs aimables compagnes. Mais cette indifférence ne s'étend pas au moins à toutes leurs affections ; car la piété filiale et l'amour des pères pour leurs enfants sont portés au plus haut point parmi eux, et forment un des traits distinctifs de leurs caractères."



A suivre...



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