LA CITADELLE DE SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT (DONIBANE GARAZI) (BASSE-NAVARRE) DE 1937 À 1939.
La citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port n'a pas toujours été un monument de défense ou dédié aux soldats.
CITADELLE DE ST JEAN PIED DE PORT - DONIBANE GARAZI 1937COLL TXOMIN HIRIART-URRUTYPAYS BASQUE D'ANTAN
CITADELLE DE ST JEAN PIED DE PORT - DONIBANE GARAZI 1937
COLL TXOMIN HIRIART-URRUTY
PAYS BASQUE D'ANTAN
En effet, pendant 22 mois, cette citadelle a aussi accueilli entre 600 et 1 000 enfants Basques, de
4 à 14 ans, à partir du 24 juin 1937, suite à la chute de la Biscaye aux mains des franquistes.
Parmi tous ces enfants, venant principalement de Biscaye, figuraient ma mère, et plusieurs de
ses frères et soeurs (Aquilino, Juana et Maria Teresa), qui arrivèrent à St-Jean-Pied-de-Port le
13/08/1937, en provenance d'Irun (Guipuscoa).
Je leur dédie cet article...
Les enfants évacués étaient issus de familles non aisées ni de responsables politiques, mais
simplement de familles craignant l'avancée des troupes franquistes et ses conséquences.
L'âge de ces enfants était surtout entre 6 et 14 ans, car lorsque les enfants ont été évacués de
Biscaye par la marine britannique, le gouvernement Anglais a exigé que les enfants évacués
n'aient pas plus de 14 ans pour éviter qu'ils ne participent à l'effort de guerre.
L'origine géographique des enfants était surtout de la Biscaye, venant bien sûr principalement
de Bilbao, la capitale Biscayenne, mais aussi de façon surprenante de villages d'importance
moindre comme Mundaka, Sondica, Orozco, Munguia ou Guernica.
Pour arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port, depuis la Biscaye, pour nombre d'enfants le chemin ne
fut pas direct.
En effet, par exemple, de Bilbao, le 12 juin 1937, les enfants furent évacués vers Santander
(Cantabrie), puis embarquèrent à bord de cargos, comme le Ploubazlanec, le 22 juin 1937, à
destination de La Pallice, port de La Rochelle, puis ils prirent le train à la gare de Bordeaux.
Cette gare était une véritable gare de triage pour les réfugiés, avec des destinations pour la
France, la Belgique, le Royaume-Uni ou l'Urss.
Douze jours plus tard, le 24 juin 1937, 500 enfants arrivèrent ainsi exténués mais vivants en
Basse-Navarre, à la Citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port.
C'est l'abbé Lafitte, curé d'Ustaritz qui avait fait, en mai 1937, au nom du Comité Français des
Réfugiés Espagnols, la demande d'accueil pour les enfants évacués, auprès la mairie de Saint-
Jean-Pied-de-Port, dont la population s'élevait à 1 541 habitants.
La demande fut examinée et débattue par le Conseil Municipal le 19 mai 1937.
La mairie donna son accord, en y ajoutant conditions et remarques :
- "L'état de délabrement dans lequel se trouvaient les bâtiments,
- Que la mairie ne pouvait entreprendre les réparations indispensables qui devraient être
effectuées par le Comité,
- Que le Comité devait se soumettre à toutes les mesures d'hygiène qui seraient jugées
nécessaires par la municipalité ou l'administration supérieure,
- Que la mise à disposition à des réfugiés espagnols de ces locaux impliquerait pour eux,
de ne se livrer à aucune manifestation, ni propagande de quelque nature qu'elle soit,
l'hospitalité qui leur serait accordée devant être dans le respect de la neutralité la plus
absolue."
De plus, le Conseil Municipal ajouta par la suite :
"Que l'accueil était accepté sous condition d'évacuation immédiate si l'administration militaire
demandait la citadelle".
Le gouvernement Basque fut averti par télégramme le 1er juin 1937 que la Citadelle était à sa
disposition.
Dans un premier temps, il fut prévu d'y envoyer 1 500 enfants mais compte tenu du faible
niveau de subvention du gouvernement français, ce nombre fut réduit de moitié.
Des listes d'enfants furent préparées (il y en eut 14) et validées par le directeur de
l'enseignement primaire d'Euskadi Vicente Amezaga.
La colonie de la Citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port devait être exemplaire et aussi à la fois
ambassadrice du gouvernement et du peuple Basque.
Plusieurs comités d'aide se mirent en place au Pays Basque Nord :
- Le Comité National Catholique d'Accueil aux Basques, grâce à l'évêque de Dax et Aire
Monseigneur Clément Mathieu (originaire d'Hasparren).
- Le Comité Basque de Secours aux Réfugiés
Des intellectuels et des responsables religieux se mobilisèrent fortement pour les enfants
réfugiés, comme François Mauriac, ou le cardinal Verdier, Mgr Houbaut ou Mgr Mathieu.
De plus, des industriels Basques aidèrent financièrement la colonie, comme Manuel de
Intxausti, ayant fait fortune aux Philippines.
La presse locale, en l'occurrence la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque relata
parfois l'activité de la colonie :
- le 25 juin 1937 : "Enfants réfugiés. — Cinq cents enfants espagnols environ, évacués de Bilbao et Santander, doivent arriver dans notre ville jeudi soir. Un centre d’hébergement a été organisé à la Citadelle, avec le concours d'une soixantaine de réfugiées également espagnoles."
- le 28 septembre 1937 : "La Région Saint-Jean-Pied-de-Port. Fête Basque. On nous signale qu’une fête basque sera organisée demain mercredi 29 septembre, par la colonie basque de la Citadelle, à l'occasion de la Saint-Michel. Dans la matinée, une messe en plein air sera célébrée à la Citadelle. A 11 heures, les enfants de la colonie exécuteront des danses et chants basques au trinquet Garat."
CITADELLE DE ST JEAN PIED DE PORT - DONIBANE GARAZI 1937 COLL TXOMIN HIRIART-URRUTY PAYS BASQUE D'ANTAN |
CITADELLE DE ST JEAN PIED DE PORT - DONIBANE GARAZI 1937 COLL TXOMIN HIRIART-URRUTY PAYS BASQUE D'ANTAN |
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Dans un ou plusieurs articles ultérieurs, je vous parlerai de l'organisation et du
fonctionnement de cette citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, de 1937 à 1939.
A suivre...
(Source : "La Citadelle" de Txomin Hiriart-Urruty aux éditions Elkar)
LA CITADELLE DE TXOMIN HIRIART-URRUTY |
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