CONSPIRATION FRANQUISTE SUR LA CÔTE BASQUE EN AVRIL 1937.
La Guerre Civile Espagnole, commencée de l'autre côté des Pyrénées le 18 juillet 1936, eut des ramifications en Pays Basque Nord, avec son lot d'espionnage, de trafics d'armes et de coups tordus.
Malheureusement, ce furent souvent les réfugiés Républicains qui se croyant en sécurité chez
leurs cousins du Nord, en payèrent le prix.
Parmi les innombrables épisodes de cette guerre "sale", que l'on rencontrera encore des
décennies plus tard, en voici un que raconte le Petit Journal, dans son édition du 2 avril 1937 :
"Monsieur le député, est un grand ami des réfugiés nationalistes. Ses soucis il les partage avec un de ses collègues. Le principal de ces soucis-là n'est-il pas d'éviter que ne soient expulsés les Espagnols qui circulent un peu trop d'une frontière à l'autre et qui sont trop ouvertement les agents de renseignements du G. Q. G. (Grand Quartier Général) rebelle chez nous. Aussi, ces Messieurs, couvrent-ils de leur protection les grands d'Espagne menacés d'expulsion par des Français loyaux, soucieux de paix, d'indépendance ou simplement de neutralité.
DEPUTE DE MAULEON JEAN YBERNEGARAY PAYS BASQUE D'ANTAN |
DEPUTE JEAN-LOUIS GILBERT TIXIER-VIGNANCOUR PAYS BASQUE D'ANTAN |
Si le marquis de Linarès à été expulsé en septembre, théoriquement, il continue d'opérer sur la Côte Basque. Préférant la tranquillité nocturne de la France à celle moins certaine de l'Espagne, il vient chaque nuit coucher à Hendaye. De même le marquis d'Oviédès qui n'a pas cessé, malgré l'arrêté d'expulsion de « travailler » à Saint-Jean-de-Luz. Et tant d'autres...
Que dire aussi de celui qu'on nous signale, un certain Eduardo de Eroso, jadis vague attaché du Consulat d'Uruguay, nous dit-on, qui vient chaque semaine jusqu'à Paris, et transporte parait-il des armes qui passent la frontière sous le couvert de la plaque apposée à sa voiture qui indique qu'elle est une voiture du Corps diplomatique, alors que ce M. de Eroso n'appartient plus et depuis longtemps à la diplomatie. D'ailleurs, il est surprenant de dénombrer les voitures portant les initiales C.D. qui circulent sur la côte. C'est à croire que tous les corps diplomatiques du monde ont envoyé toutes leurs voitures à la frontière espagnole...
Quand quelques-uns des grands d'Espagne furent frappés d'un arrêté d'expulsion, étant donnée leur activité inquiétante par le contrôle qu'ils exercent en quelque sorte sur la vie à la frontière, une grande émotion se manifesta dans certains milieux commerçants du pays. La municipalité de Biarritz ne menaça-t-elle pas, en apprenant la nouvelle, de démissionner tout d'un bloc si l'expulsion était effective ?
C'est alors que le Consul d'Espagne à Bayonne fut approché diplomatiquement. On lui exposa la situation, l'impossibilité de résoudre ce dilemme, et on le convia à trouver une solution diplomatique, c'est le mot qui fut employé. On lui demanda d'intervenir personnellement auprès de ces grands d'Espagne et de les prier d'envisager de retourner de plein gré chez eux...
Le consul sourit encore à ce souvenir, car ces expulsés sont toujours là, la diplomatie fut-elle courtoise et cousue de fil blanc n'a guère de prise sur eux. Ce sont des gens qui dépensent de l'argent chez nous, qui font vivre d'une vie inespérée vraiment ces plages estivales, en plein hiver, et voilà qui mérite évidemment d'être considéré, pesé. Qu'importe après tout que le général Bérenguer dirige les opérations du contre-espionnage au vu et au su de tous, qu'importent les espions phalangistes, qui évoluent comme chez eux dans la mairie de Biarritz.
GENERAL BERENGUER ET LE ROI ALPHONSE XIII PAYS BASQUE D 'ANTAN |
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