C'est une "guerre de religion" que connaît le Pays Basque en 1906.
En effet, depuis le Concordat de 1805, les bâtiments utilisés par l'Eglise Catholique étaient gérés par des établissements publics du culte.
LOI DE SEPARATION DES EGLISES ET DE L'ETAT 9 DECEMBRE 1905 |
Ces établissements géraient, en 1905, non seulement des bâtiments construits avant la
Révolution devenus biens nationaux mis à disposition de l'Eglise mais également des bâtiments
construits après 1801 : fondations charitables, église "fabriciennes".
La loi de séparation des Eglises et de l'Etat prévoyant la disparition des établissements publics
du culte et l'affectation des bâtiments destinés à l'exercice du culte à des associations cultuelles
à créer, la nécessité d'un inventaire des biens gérés par ces établissements apparut
naturellement lors des débats parlementaires.
Cela fut donc inscrit à l'article 3 de la loi.
Seule la question d'éventuelles dettes antérieures anima un peu le débat.
Le 29 décembre 1905, fut pris un décret d'administration publique concernant les inventaires.
Le 2 février 1906, une circulaire destinée aux fonctionnaires des Domaines contenait une
phrase provocatrice qui mit le feu aux poudres : "les agents chargés de l'inventaire
demanderont l'ouverture des tabernacles".
Les milieux politiques conservateurs ne tardèrent pas à s'emparer de l'affaire et à susciter
l'émotion populaire dans certaines régions, en particulier le Pays Basque.
Un communiqué gouvernemental fut émis pour rassurer les catholiques : "Aucun inventaire
n'aura lieu avant la discussion de l'interpellation fixée le 19 janvier."
La presse locale, régionale et nationale s'en fit largement l'écho :
- La Croix, dans son édition du 30 mars 1906 indiqua :
"On nous écrit du pays basque : "Les inventaires dans notre région (Labourd et Basse-Navarre) sont, ou peu s’en faut, terminés. Presque partout les agents du fisc ont éprouvé une sérieuse résistance. Ils ont été accueillis an milieu des huées et des sifflets de populations indignées. On a dû recourir à la force armée, et crocheteurs civils et crocheteurs militaires se sont mis à l’oeuvre. C’est ainsi, par ce cambriolage honteux et le plus souvent en brisant les portes, qu’on a pénétré dans les églises des paroisses suivantes :
à Isturitz, Saint-Jean-le-Vieux, Macaye, Louhossoa, Bidarray, où la première résistance a été héroïque, puisque trois charges d'infanterie n’ont pas eu raison des hommes qui restèrent massés, silencieux, sous le porche de l'église, et firent reculer les soldats en croisant leurs fourches contre les baïonnettes. La seconde fois, le curé, craignant un conflit sanglant, les avait priés de ne point venir ou de ne plus porter de fourches ;
INVENTAIRES ARCANGUES - ARRANGOITZE 1906 PAYS BASQUE D'ANTAN |
à Irouléguy, aux Aldudes, Mendive, Lantabat, où la troupe a dû reculer deux fois devant l’attitude menaçante des paroissiens, les portes de l’église étaient barricadées avec les croix du cimetière et les pierres tombales ;
à Halsou, où le commissaire a perdu son chapeau qu’on réserve pour le prochain carnaval. Au reste, les inventorieurs ont failli être asphyxiés par l’odeur d’un mélange de piment et de soufre qui brûlait dans l'église. Il a fallu encore briser les portes à Mendionde (troisième visite), où l’on a essayé, mais en vain, de fatiguer la population par de fausses alertes ;
à Banca, où les deux soldats condamnés à la triste besogne pleuraient ;
à Ascain, Armendaritz, Ainhoa, Masparraute, Lecumberry, Anhaux, Jatxu, Arbouet, Souraïde, Saint-Pé,
INVENTAIRES BIARRITZ - MIARRITZE 1906 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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