EN AOÛT 1936, À HENDAYE, LES PREMIERS "CONGÉS PAYÉS" DU FRONT POPULAIRE CROISENT LES PREMIERS RÉFUGIÉS ESPAGNOLS.
En août 1936, on assiste en effet à un étrange croisement de population.
- D'un côté, il y a les premiers "touristes" des Congés Payés.
On croit souvent que les congés payés ont été institués en France par le Front Populaire en
1936.
En réalité, les premiers congés payés ont été créés en France dès le 9 novembre 1853 par un
décret de l'empereur Napoléon III, mais seulement au bénéfice des fonctionnaires.
Ensuite, un mois après son arrivée au pouvoir, le Front Populaire a généralisé les congés payés
par une loi votée à l'unanimité des députés le 11 juin 1936 et promulguée le 20 juin 1936.
Cette loi prescrivait un minimum de deux semaines de congés par an pour tous les salariés
français liés à leur employeur par un contrat de travail.
En août 1936, du Nord de la France arrivent à la gare internationale de Hendaye des
vacanciers heureux qui prennent leurs premières vacances payées par leur employeur.
- De l'autre côté, ce sont les réfugiés Républicains (ou non), du Pays Basque Sud qui fuient
les bombardements des troupes franquistes qui pilonnent Irun, de l'autre côté de la Bidassoa.
La misère rencontre ainsi la joie et l'insouciance dans ce petit bout de Pays Basque, à cheval
sur la frontière de deux pays, dont l'un est en guerre.
Pour certains vacanciers, c'est une très grande surprise car ils n'avaient pas lu les journaux et
ils ignoraient que la guerre était aux portes de Hendaye.
Nombre d'entre eux font demi-tour, en entendant les fusillades, les cris et les hurlements.
La vie continue néanmoins au bord de la plage à Hendaye mais sans la clientèle huppée
espagnole traditionnelle, pour cause de guerre, ni allemande, pour cause d'embargo sur les
voyages à l'étranger, embargo imposé par le chancelier Hitler.
Reste seulement la clientèle Anglaise et quelques rares Américains.
Hendaye-Plage était en 1935 (un an avant les "congés payés") une station balnéaire de luxe
avec ses hôtels, comme l'hôtel Continental et ses deux éphèbes en bronze se dressant face à la
plage et l'Eskualduna qui était un palace avec des garçons d'ascenseur, et des réceptions en
tenue de soirée.
HOTEL CONTINENTAL HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
De grandes familles résidaient dans des villas avec parcs face à la mer jusqu'alors à Hendaye :
les de Gramont, les Légasse, de Beaumont etc...
GURE CHEDIA HENDAYE PAYS BASQUE D 'ANTAN |
En août 1936, avec la clientèle "des congés payés", il y a davantage de monde mais moins
riches et les grands hôtels et le casino gagnent moins d'argent.
De nouveaux modes de vacances font leur apparition avec les campings, par exemple.
Le commerce local fonctionnait aussi beaucoup avec les espagnols jusqu'à la Guerre Civile
Espagnole grâce à la dévaluation de la peseta.
En 1936, de riches Espagnols arrivèrent à Hendaye avec leurs enfants scolarisés
antérieurement dans des écoles religieuses qui avaient été fermées par le Gouvernement
Républicain.
Du 19 août 1936 au 5 septembre 1936, se déroula de l'autre côté du pont la bataille d'Irun pour
le contrôle de la ville frontalière.
Une des conséquences pour les Hendayais fut la fin des marchés à Irun mais aussi que certains
propriétaires riverains de la Bidassoa louaient leurs balcons et leurs fenêtres, au prix fort, à
des touristes, qui assistèrent ainsi "pour de vrai" à la guerre à Irun, avec le son en plus.
Celui des balles mais aussi celui des obus que plusieurs croiseurs franquistes envoyaient depuis
le large sur les positions Républicaines d'Irun.
Un astucieux Hendayais installa même à la pointe de la plage une jumelle longue avec vue sur
la plage, qui eut un gros succès payant.
Les touristes de 1936 croisèrent à Hendaye des soldats Républicains rendant leurs armes aux
gendarmes français avant d'être dirigés vers des camps, mais pas de vacances...
REBELLES FRANQUISTES 1936 PONT DE IRUN - HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
PONT IRUN - HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Sur la plage, le club des Dauphins, avec ses trapèzes et ses balançoires fait le plein et c'est la
rencontre des "Parisiens têtes de chiens, Parigots têtes de veaux" avec les gamins du cru.
Un garde municipal veille à la bonne tenue vestimentaire des vacanciers et ceux qui n'ont pas
de maillots sont invités à en louer un, à côté des cabines de bain, sous le casino.
Les classes sociales ne se mélangent pas trop, les gens riches se baignant vers onze heures et les
touristes "populaires" après.
Sur le Boulevard de la Mer et ses tamaris, c'est la promenade des adultes, avec ombrelles et
canotiers.
Cet été 1936, reviennent pour la première fois depuis longtemps des jeunes femmes qui étaient
"placées bonnes à Paris" et ce sont les familles qui se retrouvent et qui retissent leur liens.
D'un autre côté, pour ceux qui ont traversé le pont ou la Bidassoa sur une barque, ce fut le cas
de ma mère, c'est le début d'un long exil...
PASSAGE DE LA BIDASSOA A HENDAYE 1936 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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