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dimanche 26 juillet 2020

DÉCOUVERTE D'UN DÉPÔT D'ARMES À OLHETTE URRUGNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1938 (première partie)


DÉCOUVERTE D'UN DÉPÔT D'ARMES À URRUGNE EN 1938.


Pendant la guerre civile espagnole, le Pays Basque Nord a souvent servi de base arrière aux combattants des deux camps, et en particulier aux franquistes.

pays basque autrefois urrugne
PLAQUE DIRECTIONNELLE BASSES-PYRENEES



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Ce Soir, dans son édition du 16 février 1938 :


"Les affaires du complot.



Le dépôt d'armes d'Olhette était un relais du C. S. A. R. (Comité secret d'action révolutionnaire) sur la route de Burgos à Paris.




De notre envoyé spécial Charles Reber.



Hendaye, 15 février (par téléphone).


— Ainsi que je vous le téléphonais hier en dernière heure, nous avons découvert, tout près du village d'Olhette, à la frontière avec l'Espagne franquiste, un des dépôts d'armes et de munitions, plus précisément encore, un de ces dépôts-relais que les contrebandiers du C.S.A.R. avaient organisé dans les Pyrénées.



Une nouvelle affaire éclate qui, par ses conséquences, va permettre de repérer la centrale du C.S.A.R. au pays basque.


pays basque autrefois eglise
EGLISE D'URRUGNE 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN

Un mur de silence.



Deux jours durant, dans la neige et le froid, sous la conduite de mon ami Barbaza, notre correspondant d'Hendaye, j'ai parcouru le merveilleux pays de Ramuntcho, à la recherche de faits certains sur la contrebande des armes.




Toutes les enquêtes officielles menées ces mois derniers n'ont-elles pas démontré que c'est bien en Espagne nationale que le C.S.A.R. a tiré la plus grande partie de ses armes saisies à Paris et en province ? 




Dès lors, comment se faisait-il que c'était précisément au pays basque, à la source même de la grande migration des armes, que l'on avait trouvé le moins de dépôts ?




Comment se faisait-il que la centrale basque du C.S.A.R., qui faisait la liaison entre Paris et l'Espagne de Franco, n'eût jamais été découverte ?




A Sare, dans le petit village où Pierre Loti situa la célèbre partie de pelote de son "Ramuntcho", j'interrogeai à ce sujet un homme que l'on appelle dans le pays "le roi des contrebandiers" et qui vient justement de tourner dans le film tiré de l'œuvre de Pierre Loti.


pays basque autrefois rhune
LA RHUNE 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN



Deux heures de conversation autour d'une table où les consommations se succédaient, ne m'apprirent pas une syllabe que j'eusse ignorée. Il y a les contrebandiers rouges et les contrebandiers blancs au pays de Ramuntcho.




Je connaissais les convictions de notre homme qui, l'an dernier, déclencha dans le pays la grève des contrebandiers pour protester contre l'introduction en France d'armes étrangères destinées à la guerre civile.




Il ne broncha pourtant pas, ne trahit aucun de secrets qu'il connaissait bien.




Pendant notre entretien, dix mots à peine sortirent de ses lèvres et son vidage resta impassible. Par-dessus les convictions, il y a une solidarité entre les contrebandiers.




A Ascain, à Urrugne, partout, je me heurte au même silence, ce silence basque que rien ne peut vaincre.


pays basque autrefois fronton
FRONTON ASCAIN 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN



Etait-il possible que nous n'aboutissions pas ? Nous étions en tout cas bien disposés, Barbaza et moi, à passer dans les montagnes tout le temps qu'il faudrait pour arriver à ce résultat.




Un aveu capital.




Hier matin, j'avais rendez-vous avec un contrebandier d'Olhette qui m'a autorisé à donner son nom. Il s'appelle Manuel Suzanne. Il est père de huit enfants. Ancien cantonnier, il vit aujourd'hui dans la misère. L'homme, je le savais, avait manifesté, après l'explosion de Villejuif, un sincère repentir d'avoir participé à ce trafic criminel et, selon toute apparence, il devait parler.




C'est dans un petit café sur la route d'Herboure, devant une table de sapin et entre quatre murs blanchis à la chaux que nous engageâmes la conversation.




- Je peux tout vous dire ! me déclara-t-il d'emblée. Quand on a commencé cette contrebande, je ne savais pas ce qu'il y avait dans les ballots. On nous avait dit qu'ils contenaient des gourdes et des bonnets. Quand on a vu que c'était des armes et des munitions, on a abandonné le travail. Tous ceux qui ont fait ça à leur insu devraient parler.



— Combien d'armes avez-vous transporté ?

— J'ai fait trois voyages en tout et on me donnait 60 francs par paquet.




Le "patron", lui, touchait 200 francs par paquet. Il gagnait donc 140 francs sur chaque paquet transporté.




— Qui était votre "patron", demandai-je :

— Ils étaient deux. C'est Diharce de Sare qui nous a engagés, mais c'est Tiomo, qui habite entre Urrugne et la Croix-des-Basques, qui nous réglait.

— Où preniez-vous vos paquets et où alliez-vous les livrer ?

— On les prenait à Olhette, dans un fourré, et on les descendait avec un char à bœufs, cachés dans de la paille, chez la sœur de Diharse, à Saint-Jean-de-Luz.


pays basque autrefois port
PORT SAIT-JEAN-DE-LUZ 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je n'ignore pas la gravité de cet aveu, fait en présence d'un témoin, et ses conséquences immédiates.




L'ayant recueilli, je me dois de le reproduire, sans songer à ses conséquences."



A suivre...





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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