TARDETS EN 1929.
Tardets-Sorholus est une commune de Soule, en Pays Basque, comptant environ 1 000 habitants en 1929.
DEVERSOIR DE L'USINE D'ELECTRICITE TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta au sujet de ce village de Soule, La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-
Jean-de-Luz, dans son édition du 25 septembre 1929, sous la plume de Sirieyx de Villers :
"Promenade en Euskarie.
Tardets miroir du Pays Basque.
Soumis à l'exaltante séduction de la pelote, bien des visiteurs ont afflué récemment à Tardets, lors de la Grande Semaine sportive. Mais leurs yeux ont sans doute été, avant tout, captivés par les blancs pilotaris menant leur ballet agile sur cette place du fronton jolie comme un théâtre de verdure... Mais le mur sacré du jeu de paume a sans doute été, durant ces journées, la grande cible de tous ces regards... Et le tournoi ici terminé, on s'est vite empressé d’aller ailleurs le poursuivre...
Et Tardets a repris son calme enchanté.
TARDETS PAR PABLO TILLAC |
On sait quelles pages enthousiastes Francis Jammes a consacrées à Tardets qu'il nomme "Miroir du Pays Basque" tant il y découvre réunis, concentrés, tous les charmes de la merveilleuse Eskual-Herria, tant la lumière y vibre pure ! Et son lyrisme est tel qu'il s’en excuse auprès des autres perles régionales, et même auprès de son cher Orthez natal.
FRANCIS JAMMES 1913 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quand un tel poème en prose vous a invité et déterminé au voyage, on pense bien que l'arrivée doit vous réserver quelque déception. Un nez de poète chaussant des lunettes singulièrement colorées, il faut s’attendre à ce que vos propres verres filtrent à leur tour de moins vives images...
Or. c'est la vision de Jammes qui m'a incitée à franchir les frontières de la Soule. C’est à Jammes que je dois, pérégrine sans auto, d’avoir connu en gare de Puyôo, durant quatre heures d’horloge, l'âme des colis en attente. C'est Jammes qui est responsable de ma nuit blanchâtre passée à Mauléon, dans un hôtel perturbé par les fêtes...
Qu’il en soit loué sur un mode majeur — puisque je connais aujourd'hui Tardets ! Non, pas de déconvenue, quoique la lumière avant tout célébrée par le père de Clara d’Ellebeuse ne m’apparaisse pas ici plus glorieuse que celle dont s’inonde toute la Côte Basque. Et c’est de la côte éblouissante que je viens. Peut-être, lui, au contraire, débouchait-il de la montagne profonde où les crêtes limitent la course du soleil, où les gorges étroites ne se livrent pas au plein jour. Alors, en effet, quelle surprise illuminée ce vert troupeau de coteaux qui moutonne dans un vaste cirque de montagnes, et que garde Tardets !
ENTREE VILLE TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Tardets, comme une médaille, a l’avers et le revers.
L' "avers", c’est sa grande rue, sa place provinciale quasi détins où s’alignent d’anciennes arcades de plein cintre. Arcades, si vous voulez, un brin... sourcilleuses, car il y fiotte un peu de l'ennui résigné des petites villes. Quand, trois fois par semaine, le soir, au crépuscule, stoppe devant elles le courrier de Bayonne, c'est, sur cette calme place endormie, une transposition de la classique arrivée de la diligence d'autrefois : seuls ont changé la forme du véhicule et les costumes des figurants. Il n'y a plus de chevaux s’ébrouant — le halo de leur sueur se réduit au fil de fumée oui monte du radiateur. — II n’y a plus de postillons. Mais sur le toit de la voiture, c'est le même bric-à-brac de paniers, de caisses, de valises, de bâches. C'est, au tour, le même empressement. Chaque fenêtre encadre un visage curieux. Chacun a quitté sa porte. Et les chiens jappent...
Le "revers" ? Descendons cette venelle transversale au bout de laquelle on entend chanter l’eau. Voici, parallèle au gave — le Saison — dont elle est séparée par un charmant canal de dérivation qui la longe, l’autre face de Tardets, la face souriante, joyeuse, inattendue !
LE SAISON A TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Chaque maison y porte dans son dos toute une architecture de galeries, de balcons de bois avides de soleil, fleuris de plantes grimpantes, pavoisées de linges éclatants. Et chacune fait dégringoler à oui mieux mieux vers le flot rapide glissant à sa portée, des escaliers de pierre très étroits, très moussus, très compliqués et des jardinets en terrasses étoilés d’asters et enflammés de géraniums.
Quant au canal précité, ne croyez pas qu’il ressemble aux canaux ordinaires. Celui-ci ne dort pas : il court, il bouillonne, il mène autant de bruit que le frère Saison dont on l'a tiré vif !
Tardets ! J’aurais bien des choses à dire encore sur tes toits d’ardoise pointus, sur tes étonnants pâturages d'émeraude limpide, sur tes bœufs couleur de terre de Sienne rosée, sur tes moutons aussi blancs que dans les contes....
PLACE HÔTEL DE VILLE TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
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