"USO MARTXANTA" (MARCHAND DE PALOMBES) EN 1900 AU PAYS BASQUE.
Au Pays Basque, l'émigration du 19ème siècle est organisée et favorisée par les agents d'émigration.
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AGENTS EMIGRATION BASQUE
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Ils emploient des sous-agents qui parcourent les villages et les marchés en vantant les charmes
et avantages de l'Eldorado, de l'autre côté de l'Atlantique.
Ils sont surnommés "Uso martxantak" ("les marchands de palombes"), cet oiseau migrateur
faisant référence au paysan basque s'apprêtant à quitter sa terre natale.
Embaucheurs intéressés, simples intermédiaires ?
Les agents d'émigration ont dans les 2 cas un rôle double : à la fois recruter mais aussi faciliter
le départ des émigrants.
Parmi les deux ayant laissé le plus d'archives, on peut citer :
- Jean Vigné de Tardets-Sorholus.
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AGENT D EMIGRATION JEAN VIGNE DE TARDETS SORHOLUS |
Je parlerai de Jean Vigné dans un article ultérieur.
- Guillaume Apheça : il fut agent d'émigration pour l'Agence Colson de Bordeaux,
de 1856 à 1913.
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AGENT D EMIGRATIONS GUILLAUME APHECA |
Associé à son frère Jean, demeurant à Buenos Aires (Argentine), il organisa le voyage
de près de 15 000 émigrants basques.
Maire de Béhasque-Lapiste (Basse Navarre) de 1896 à 1912, on découvrit ses registres après sa
mort dans les années 1990.
L'agent d'émigration est, en général, une personne connue sur la place publique, avec un
réseau relationnel puissant.
Souvent, il exerce une activité professionnelle : commerçant, propriétaire rentier
Pour devenir agent d'émigration, il fallait obtenir l'autorisation du Ministère de l'Agriculture,
du Commerce et des Travaux Publics, et verser une caution élevée, démarche longue et
coûteuse (lois et décrets de 1855 et 1860).
Guillaume Apheça dut attendre cinq ans avant que sa demande aboutisse.
M. Apheça a travaillé tout d'abord, de 1856 à 1879, comme sous-agent de l'agence Colson.
Puis, de 1880 à 1894, il a exercé en tant qu'agent d'émigration, tout en continuant à être
également sous-agent.
Enfin, de 1895 à 1913, il continuera à travailler comme sous-agent pour l'agence Colson.
Ses registres sont aujourd'hui de véritables mines d'or pour les historiens (et les bloggeurs).
Les années 1865-1870 vont voir le phénomène de l'émigration augmenter, en particulier en
raison de la loi sur l'émigration datant du 18 juillet 1860, et de quelques lois ultérieures qui
vont marquer la volonté du Gouvernement Français de contrôler l'émigration, l'activité des
agents d'émigration et les conditions de transport des émigrants.
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EMBARQUEMENT BORDEAUX 1900 |
Une enquête administrative est ordonnée en 1900 dans l'arrondissement de Mauléon
(provinces de Soule et de Basse-Navarre) du département des Basses-Pyrénées principal
fournisseur d'émigrants.
L'objectif est de mieux connaître ce phénomène migratoire qui suscite de vives inquiétudes tant
du côté de la République (la saignée démographique des campagnes françaises, l'insoumission
au service militaire) que du clergé qui redoute le relâchement des moeurs en Argentine et
l'influence pernicieuse des "Américains" de retour au bercail.
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EMBARQUEMENT A BORD DU PAQUEBOT CHILI BORDEAUX 1900 |
Le 7 janvier 1902, le Préfet des Basses-Pyrénées écrit au Sous-Préfet de Mauléon : "Il
résulte des informations qui m'ont été transmises que des agents d'émigration font trop souvent
un usage abusif de leur autorisation administrative. Ces agents sont au plus haut degré
préjudiciables aux intérêts du Recrutement et il convient d'y mettre un terme."
L'Eglise voit également ces départs d'un mauvais oeil jusqu'à ce qu'aumôniers et missionnaires
traversent eux aussi l'Atlantique pour "reprendre en main" l'âme des émigrés.
En 1857, quatre missionnaires de Betharram débarquent en Argentine.
En 1905, c'est au tour des Servantes de Marie d'embarquer pour Buenos Aires où elles
sont accueillies par des membres de l'Euskal-Echea (la Maison Basque)
Qui part?
Lors d'une séance du Congrès en 1892 à PARIS, le député Etcheverry dresse un bilan officiel
de l'émigration dans son département des Basses-Pyrénées de 1832 à 1892.
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EMBARQUEMENT A BORD DU NAVIRE L ATLANTIQUE BORDEAUX 1900 |
Les chiffres qu'il donne ne reflètent que partiellement le phénomène migratoire car ils ne
prennent pas en compte l'émigration clandestine (via notamment le port de Pasaia-Pasajes en
GUIPUZCOA ) ou non contrôlée (certaines compagnies sont affranchies de la surveillance de
l'Etat).
- Deux émigrants sur trois, pour les 79 000 départs constatés officiellement durant cette
période, sont Basques.
- Jusqu'en 1856, 72% des départs se font vers les rives de la Plata : Montevideo
(Uruguay) est le port d'arrivée exclusif jusqu'en 1849 où l'on commence à débarquer à
Buenos-Aires (Argentine).
- Les femmes figurent en petit nombre les premières années (16% de 1832 à 1840), pour
atteindre 38% de 1856 à 1864 et redescendre à 30% en 1875.
- La catégorie des jeunes est particulièrement bien représentée : de 1865 à 1877, les 10-20
ans fournissent 40% des émigrants.
L'enquête administrative de 1900 confirme que les cantons les plus montagneux sont les
principaux pourvoyeurs d'émigrants.
Cette année-là, plus de la moitié des partants sont originaires des seuls cantons de Str Jean
Pied de Port et de St Etienne de Baigorry.
L'enquête confirme également la prépondérance des jeunes gens de sexe masculin.
(Source : www.eke.eus)
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