LE CARNAVAL EST UNE ÉPOQUE PARTICULIÈRE DE L'ANNÉE AU PAYS BASQUE.
Le Pays Basque a conservé de nombreux carnavals ruraux des deux côtés de la frontière.
Malgré les vicissitudes politiques et historiques, c'est l'affirmation d'un caractère autochtone
nettement marqué qui s'exprime lors de ces carnavals, dans beaucoup de communes.
La ruralité et la persistance de ces carnavals en font certainement remonter l'origine à un
temps très éloigné.
Ainsi, nombreuses sont les traditions de ces époques hivernales faisant référence à la
mythologie propre au Pays Basque, ainsi qu'à des rites et croyances religieuses plus anciens.
Ces éléments sont d'autant plus persistants ici, que le Pays Basque n'a été que fort tardivement
christianisé en profondeur (après l'an 1000).
Nous avons donc ici les vestiges d'une religion populaire de carnaval avec fêtes, rites, symboles,
lieux sacrés, quêtes, mythes, dieux, légendes etc...
Ça et là, lors de ces coutumes apparaissent des personnages sauvages, terrifiants, mi-hommes
mi-bêtes (cheval jupon), mannequins et géants de représentations animales (ours, vaches,
chat...) se mêlant à des représentations de corporations (maréchaux-ferrants, hongreurs...) et
au peuple, le tout dans un gigantesque environnement de couleur et de bruit allant de la
musique élaborée au charivari le plus total.
Malgré cela, le carnaval conserve des rituels ; les participants doivent non seulement connaître
les circuits, les costumes et coutumes, mais aussi et surtout les danses propres à chaque
carnaval, nécessitant pour nombre d'entre elles un travail assez conséquent.
Cette vaste et belle vitrine masque souvent une réalité plus ancienne qui transparaît dans le
caractère violent, orgiaque (chair abondante et aliments flatulents), l'inversion, les
comportements délictueux, irrévérencieux et même satiriques.
Ces actions ou rites cherchent alors à instituer momentanément un autre ordre, voire à
favoriser des passages nécessaires ( de l'hiver vers le printemps, évacuation au ciel des âmes
des morts durant l'année).
Ils jouent également des rôles fécondants et protecteurs pour les gens, le bétail, mais aussi pour
les plantes : lin, chanvre..
La vivacité de ces traditions les font, malgré le temps, resurgir même après de nombreuses
années d'oubli ou d'interdiction.
Ainsi, assistons-nous au renouveau des carnavals dans tout le Pays Basque et notamment en
Pays Basque Sud après quarante ans d'interdit (1936-1975) dû au franquisme.
En Pays Basque, il existe une liaison très importante entre les danses folkloriques et le carnaval.
Dans la majorité des cas, on exécute lors des différents carnavals ou inauteri (ihauteri) des
danses propres à chacun d'eux : zortziko de Lanz pour le carnaval de Lanz (Navarre) ;
kaskarot martxa, makil dantza, par les kaskarot ou kaskarotak du carnaval labourdin.
Le carnaval au Pays Basque, comme dans l'immense majorité des cas était le moment où l'on
mangeait de façon démesurée.
Pour carnaval, il n'y avait plus aucun frein à l'appétit ou plus exactement à la "goinfrerie".
Dans tout le Pays Basque, existe encore une pratique sociale très courante, celle de la quête.
Généralement, quelques jeunes gens des villages vont de maison en maison faire la quête, et
leurs remerciements à l'adresse des donneurs sont à la hauteur de leur satisfaction pour le don
qu'ils ont reçu.
La première date possible du carnaval est le 1er janvier (Soule) ; en fait, c'est souvent le 6
janvier (Rois).
Il est difficile de séparer le cycle des douze jours (du 25 décembre au 6 janvier) du cycle
carnavalesque, car cela représente souvent un tout dans les villages.
En détail, les grandes dates carnavalesques se situent dans la semaine grasse (du jeudi gras au
mardi gras).
Ce dernier jour est le principal et fluctue en fonction de la date de Pâques.
Le mardi gras est possible entre le 2 février et le 10 mars.
Cette date du 2 février est également au Pays Basque, comme dans toute l'Europe, la date
traditionnelle de sortie de l'ours (hartza) et donc de sa déshivernation.
L'ours annonce le printemps et est en relation avec les dates mortuaires puisqu'il est censé
avoir vécu plusieurs mois sous terre parmi les morts.
Voici ci-après quelques carnavals célèbres dans les 7 provinces :
- En Navarre, le carnaval de Lanz (avec géant et l'homme-cheval), le carnaval d'Ituren et le
carnaval de Zubieta (avec grosses cloches, Yoaldunak).
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CARNAVAL ITURREN NAVARRE |
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CARNAVAL DE LANZ NAVARRE |
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En Alava, le carnaval de Zalduondo (avec Marquitos) et le carnaval de San Vicente de
Arana (avec l'enfant-évêque).
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CARNAVAL DE ZALDUONDO ALAVA |
- En Biscaye, les carnavals de Markina et Mundaka (avec ours et sorcières noires).
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CARNAVAL DE MARKINA BISCAYE |
- En Guipuscoa, le carnaval de San Sebastian (Donostia) (avec l'enterrement de la sardine
dans la nuit du mardi gras au mercredi des Cendres) (carnaval des chaudronniers gitans) ,
comme à Tolosa.
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CARNAVAL SAN SEBASTIAN 1900 |
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CARNAVAL SAN SEBASTIAN 1908 |
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CARNAVAL SAN SEBASTIAN 1908 |
- En Soule, c'est la mascarade entre les rouges (les bons) et les noirs (les zirtzil, les mauvais).
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MASCARADE CHERAUTE 1934 |
- En Basse Navarre, c'est la cavalcade et le charivari.
- En Labourd, ce sont les Kaskarotak labourdins dans des villes comme Bayonne (depuis au
moins 1289), Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Ustaritz, Urt, Hasparren (avec ses courses de vaches
jusque dans les années 1960) et Espelette (liste non exhaustive).
Le Labourd a retrouvé petit à petit la pratique de la promenade, du jugement, de la
condamnation et de l'exécution du bonhomme : San Pantzar.
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CAVALCADE HASPARREN HASQUETTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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CAVALCADE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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CARNAVAL HASPARREN COURSES DE VACHES 1950 |
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CARNAVAL BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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CARNAVAL BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
(Source : Carnavals Basques de Benat Zintzo-Garmendia et Thierry Truffaut aux éditions Loubatieres)
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