LES CHARIVARIS NOCTURNES AU PAYS BASQUE AUTREFOIS.
Les charivaris ont existé en Europe et dans de très nombreuses régions de France, dont le Pays Basque.
CHARIVARI EN BIGORRE |
Les parades charivariques sont une représentation théâtrale par la collectivité d'une conduite
jugée digne de réprobation.
Etendues dans toute l'Europe sous les termes "charivari", "cencerrada", "rough music", elles
prennent en Pays Basque le nom de karrusa, galarrotsak, toberak ou cavalcades, et perdurent
sous leur forme ancienne jusqu'en 1937.
Ces manifestations étaient un prétexte pour faire la fête.
Elles mettaient en scène, d'une manière satyrique, une sorte de jugement avec juges et accusés.
Au-delà de cette représentation, la danse tenait une place prépondérante, avec de nombreux
danseurs élégamment costumés (bolantak, kaxkarotak, basandereak, andere xuriak).
Parmi les acteurs, on trouvait entre autres des improvisateurs (bertsolari), des musiciens, des
clowns pour amuser le public.
Tous formaient un défilé inaugurant et clôturant la parade charivarique.
CHARIVARI ST PEE SUR NIVELLE - SENPERE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce qu'en rapporta, dans un de ces articles, la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays
Basque, le 22 octobre 1924 :
"Les charivaris nocturnes dans le Pays Basque Français.
Nous extrayons de la remarquable "Revue Internationale des Etudes Basques" les passages
suivants d’une fort intéressante étude de M. G. Hérelle, sur les Charivaris nocturnes dans le
Pays Basque français. Cette étude, par son intérêt et l’agrément qu'offre sa lecture mériterait
d'être citée toute entière. La place nous est malheureusement limitée et nous nous en excusons
auprès de l’auteur et de nos lecteurs.
M. G. Hérelle établit d'abord "qu'autrefois le charivari se faisait contre les veufs qui se
remariaient; que ces manifestations injurieuses étaient ordinairement organisées par la
jeunesse du lieu; que les sujets avaient la faculté de se racheter en payant rançon; que l'on
considérait cet usage comme légitime et que l’opinion publique l’approuvait".
Puis, l'auteur cherche à préciser ce que furent, au Moyen-Âge, les charivaris en France, car il y
en avait partout, et après en avoir fixé les éléments principaux, il nous dit :
"En Pays Basque, les mœurs anciennes ont été plus fortes que les idées nouvelles, et, tandis que les charivaris ont disparu, ou peu s'en faut, du reste de la France, ils continuent à être pratiqués en dépit du Code et de la police, dans les trois provinces de Soule, de Basse-Navarre et de Labourd.
CHARIVARI PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quelles sont les causes de cette singulière persistance ?
D’abord, il n’est pas impossible qu'en Pays Basque, la tolérance des autorités se soit prolongée plus longtemps qu’ailleurs. Fr. Michel écrivait en 1857 :
"Depuis quinze eu vingt ans, la police empêche ces jeux traditionnels, devenus trop licencieux".
Ce serait donc seulement aux environs de 1840 que les autorités auraient commencé à mettre le holà, et cette assertion concorde assez bien avec les témoignages des vieillards qui disent que, dans leur jeune âge, les charivaris étaient bien plus fréquents que de nos jours.
Une autre raison, peut-être meilleure, est que les Basques, continuent à goûter cet usage et à l’approuver. Encore primitifs d'esprit et de sentiment, moins soumis que leurs voisins de France aux nécessités oppressives de la civilisation moderne, ils continuent à se croire le droit naturel de censurer publiquement les gens qui donnent le mauvais exemple; et ils considèrent même comme un devoir social d’infliger ce châtiment à ceux qui n observent pas les règles traditionnelles d’une honnête vie de famille. Dans la farce de Malkus et Malkulina. au moment où un veuf s’apprête au remariage, les délégués des jeunes gens lui signifient qu’on lui prépare un charivari "parce que c’est la coutume" et ils ajoutent que, s’il s’obstine dans son malencontreux projet, "la jeunesse fera son devoir". Dans la farce de Saturne et Vénus, un maire prié d’interdire un charivari, répond au solliciteur "qu’il ne connaît aucun règlement qui lui permette de sévir" contre les organisateurs. Dans la farce de RecoquilIard et Arieder, un autre maire, furieux d avoir parmi ses administrés un ménage qui fait scandale, n’hésite pas à déclarer "qu'il expulsera lui-même ces méchantes gens et qu'il brûlera leurs traces avec de la paille."
CHARIVARI EN BEARN |
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