UN PORT BASQUE À BAYONNE EN 1921.
Le Pays Basque Nord a, depuis de longues années, un port très actif, à Bayonne.
PORT BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce qu'en rapportait le Journal des Débats Politiques et Littéraires, dans son édition du 8
septembre 1921 :
"Aux portes de Biarritz, devant l'hippodrome de la belle station balnéaire des Basses-Pyrénées, dans tout le rayonnement de sa grâce estivale, un fleuve bleu se jette dans l'Océan, entre deux forêts de pins résineux : c'est l'Adour. Il semble que l'eau claire des gaves qui lui donnent naissance, après avoir traversé les riantes vallées pyrénéennes et arrosé la grotte de Lourdes, communique à son "cours une transparence de cristal. Le port de Bayonne, situé à deux kilomètres de l'embouchure, est bien l'un des plus propres du monde.
Du tramway électrique de Biarritz, on aperçoit sur la rive droite de l'Adour la ville industrielle du Boucau. De hautes cheminées d'usine vomissent leurs fumées dans le ciel lumineux, et c'est un contraste frappant avec la plage élégante où ruissellent les vagues mousseuses de la Côte d'Argent. Une vie industrielle est née aux bords de l'Adour, favorisée par la situation de ce port le plus méridional de la France sur l'océan Atlantique : usine qui traite les ciments espagnols de Zumaya, Forges de l'Adour dépendant de la Marine et Homécourt, alimentées par les minerais de fer de Bilbao, de Santander et Saguno, et les pyrites de Huelva, Produits chimiques de Saint-Gobain qui reçoivent les phosphates de Tunis, Sousse et Sfax. On comprend que la position du port abrège le trajet des marchandises en provenance d'Espagne et même de l'Algérie par Gibraltar et que les usines dont nous venons de parler soient parfaitement placées pour desservir la riche contrée de l'Adour et du Sud-Ouest de la France en produits métallurgiques, superphosphates et ciments.
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Toutefois ce n'est pas là le principal trafic du port de Bayonne; celui-ci s'est spécialisé comme débouché des articles d'exportation des forêts des Landes : extraits tanniques, colophanes que l'on expédie à Anvers et en Angleterre, le brai qui file généralement sur Bristol et Glasgow, enfin et surtout les poteaux de mine pour Cardiff, Swansea, Glasgow, etc..., et généralement toutes les mines de charbon anglaises. Un port de chargement de poteaux de mines, voilà ce qu'est avant tout Bayonne! Les navires qui viennent de la Grande-Bretagne pour prendre ces cargaisons embarquent deç la houille au départ, et Bayonne se trouve ainsi devenue un port d'importation de charbon fort important. Il approvisionne tout le bassin de l'Adour. Quant à celui de la Garonne, il est en dehors de son arrière-pays, en raison des facilités beaucoup plus grandes d'évacuation résultant, au bénéfice de Bordeaux, de la présence du canal du Midi. Les travaux extrêmement importants de captation des forces hydro-électriques des Pyrénées que l'on accomplit actuellement réduiront la consommation du combustible du bassin de l'Adour et principalement celle de la Compagnie du Midi, qui électrifie sa ligne de Bayonne à Toulouse. Mais le trafic du charbon, qui atteignait 467 900 tonnes en 1913, restera toujours assez élevé pour donner du fret aux navires charbonniers provenant des ports anglais pour prendre des poteaux de mines.
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Quant à ce trafic, il est probable qu'il assurera un avenir commercial privilégié à Bayonne. Outre que les poteaux des Landes sont particulièrement appréciés de la clientèle anglaise, il est à remarquer que l'expédition des bois de Scandinavie est interdite par les glaces pendant l'hiver, tandis que Bayonne n'est à aucun moment de l'année, gêné pour ses transports.
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Sur un total de 321 000 tonnes à l'exportation en 1913, les poteaux de mine figuraient pour 208 000 tonnes et les bois pour 22 000 tonnes, ce qui représente plus des deux tiers du fret de sortie. Bayonne, comprenant d'ailleurs tout l'intérêt de la question, s'est admirablement outillé pour le chargement de cette marchandise très particulière. La Chambre de commerce sur les 700 mètres du quai Bazé, au Boucau, a ménagé trois postes d'accostage qui peuvent mettre à bord 1 500 tonnes de poteaux de mine par jour, ce qui est respectable. Chacun de ces postes est équipé à trois grues. Cela constitue une installation parfaitement appropriée à ce genre de manipulation.
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Avant la guerre, c'est-à-dire en 1913, le trafic total du port de Bayonne se montait à 1 025 000 tonnes, dont 703 400 tonnes à l'entrée et 321 600 tonnes à la sortie. Nous savons que le charbon à l'entrée, les poteaux à la sortie, constituent la majorité des produits manutentionnés. Ce chiffre de plus d'un million de tonnes classait Bayonne parmi les grands ports français (rappelons que le plus actif d'entre eux ne dépasse pas 10 millions de tonnes). De puis 1901, le trafic n'avait jamais cessé de se développer à Bayonne, passant de 715 000 tonnes en 1901 à 768 000 en 1905, et 966 000 en 1910. La guerre a fait baisser le trafic de l'Adour, bien qu'on y ait installé une poudrerie considérable. Cette poudrerie était admirablement située, près d'un pays, neutre, au fond d'un golfe bien abrité, facile à défendre contre les sous-marins, et qui, étant loin de leurs bases et à l'entrée d'une mer difficile rendait leur blocus inopérant. En fait le trafic de Bayonne n'a guère souffert de la guerre sous-marine. C'est une leçon à retenir, ce port pouvant rendre des services appréciables en cas de guerre comme port d'arrière-garde.
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Un mot des installations générales de Bayonne. La chambre de commerce possède 19 postes de déchargement sur une longueur totale de quai de 1 127 mètres, dont 2 postes et 152 mètres ont été ouverts pendant les hostilités. Parmi ces postes, 300 mètres de quai sont au mouillage de 7 mètres et 180 mètres d'appontements au même mouillage. Les Forges de l'Adour et la Compagnie de Saint-Gobain possèdent leurs quais spéciaux. Les postes de stationnement sont au nombre de 15. Le tonnage maximum qui peut être emmagasiné dans le port et ses dépendances peut être évalué à 142 000 tonnes. L'outillage maritime comprend 45 grues de 1 500 tonnes au minimum, dont une de 30 000 tonnes de puissance. Il en a été mis 8 en service durant la guerre. Il existe sur la rive gauche de l'Adour une forme de radoub de 98 mètres de long sur 15 mètres de largeur et de 2 m. 36 au seuil, la marée étant de 2 m. 11 en morte eau. La longueur totale des voies ferrées atteignait 8 980 m. en 1913; elle est de 12 505 actuellement plus 400 mètres pour le port fluvial. Les terre pleins occupent une superficie de 82 500 mètres carrés. Tout cela est bien dégagé et constitue un outillage de premier ordre. On sait que l'Adour se jetait autrefois plus au nord de Cap Breton. Il avait été question de ramener le fleuve à son ancien lit, mais, les travaux actuels donnant toute satisfaction, la Chambre de commerce, dont on ne saurait trop louer l'administration, a renoncé à cette idée.
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Il ne faudrait point terminer cette description du port de Bayonne sans parler des marins basques, qui se sont toujours fait estimer partout où ils ont passé et qui constituent une race de navigateurs remarquables. Le quartier de Bayonne ne compte pas moins de 3 900 inscrits maritimes répartis sur toute la côte, de l'Adour à la Bidassoa; la ville de Bayonne en compte 1 300, dont la majorité naviguent au cabotage et au long cours. Il est à noter que le pavillon français figure pour une proportion réconfortante dans le trafic de ce joli port basque de la Côte d'Argent.
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