DRAME AU PORT DE PÊCHE DE ST-JEAN-DE-LUZ EN 1923.
Les ports de pêche ont, de tous temps, payé un lourd tribut, à la mer, avec leur lot de drames.
C'est le cas, au Pays Basque Nord et Sud, et c'est, par exemple, ce qui se passa en décembre
1923, à Saint-Jean-de-Luz.
BATEAU SARDINIER ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce qu'en rapporta la presse locale et nationale :
- La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, le 12 décembre 1923 :
"La Catastrophe de Tarnos.
Comment "l’Itsas-Izarra" alla à la côte.
C’est une lame de fond qui l’a renversé.
Dès les premières heures de l'après-midi d hier, Saint-Jean-de-Luz apprenait l’effroyable drame qui plongeait dans le deuil toute sa population maritime. Les nouvelles étaient d'ailleurs vagues, imprécises, souvent contradictoires. La vérité cruelle ne se faisait jour que lentement, distillant goutte à goutte le désespoir dans l’âme de ceux et surtout de celles que le malheur frappait. Ce n’est que relativement assez tard qu'on a connu, avec exactitude, toute l’étendue de la catastrophe, et que les familles de marins morts ont été officiellement prévenues.
PORT DE ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La pêche était cependant arrivée de bonne heure. Dès 14 heures, quelques vapeurs ou pinasses déchargeaient leur poisson, très abondant d’ailleurs. On interrogeait les équipages, mais personne ne pouvait donner de renseignements, car la plupart des bateaux avaient passé toute l’extrême matinée dans un brouillard épais; ils n’avaient rien vu et ne savaient rien. La seule chose certaine était que le bateau naufragé faisait partie de la flottille de Saint-Jean-de-Luz et appartenait à Etcheverry, de Ciboure. C’était une pinasse à moteur qui comportait un équipage de quatorze hommes, tous bretons, jaugeant une vingtaine de tonnes et développant une force de 25 chevaux.
Cependant, vers le soir, les marins du "Bidouche-Bihan", de Nantes, ont fourni des données intéressantes. Vers 6 heures ou 6 heures 1/4, ils ont été dépassés par le " Itsas-lzarra" qui marchait plus vite qu’eux; les deux équipages ont échangé quelques mots; tout allait bien à bord; sept hommes se trouvaient sur le pont de I’ "Itzas-Izarra". Puis, la brume étant absolument opaque, les deux bateaux se sont perdus de vue, l’ "Itzas-Izarra" passant entre le "Bidouche-Bihan" et la terre. Un instant après, le "Bidouche-Bihan" a été assailli par une énorme lame de fond contre laquelle il a pu manœuvrer en hâte. Ayant entendu cette lame briser très vite après, il a mis immédiatement le cap au N.-O. et s’est éloigné de la terre qu’il estimait trop proche.
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Tous les marins du "Bidouche-Bihan" sont convaincus que le "Itzas-Izarra", trompé ainsi qu'eux-mêmes par le brouillard, s’est trouvé trop près ce la plage au moment où la lame de fond s’est produite. Cette lame a du briser sur le malheureux bateau et le renverser brusquement d'un seul coup.
Quatre rescapés sont rentrés à Saint-Jean-de-Luz vers 21 heures. Ils ont donné à leurs camarades, des détails qui semblent confirmer cette opinion. Ils auraient dit, en effet,que leur bateau s'est retourné subitement, projetant à la mer et martelant leurs camarades qui se trouvaient sur le pont; ce sont d’ailleurs ceux-là qui, blessés, saisis sans doute par le froid, sont morts. Quand à ceux qui étaient au repos, à l’intérieur, ils se sont trouvés pris sous une cloche à plongeur, ont pu s’agripper, se maintenir, non sans bousculades, dans l’air contenu au fond de la coque retournée. Puis, la marée descendant, le bateau, mis au sec, les a enfermés comme sous une voûte d’où ils sont sortis en se frayant un boyau dans le sable.
Une enquête plus approfondie précisera ces faits. Quoi qu’il en soit, six hommes sont morts et un est disparu. Hommes jeunes, tous, dont la fin prématurée et tragique laisse dans les larmes, des veuves et des petits-enfants, loin de leur terre natale."
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- La Gazette de Bayonne, le 15 décembre 1923 :
"Souscrivez pour les naufragés de l'"Itsas-Izarra". Des souscriptions sont ouvertes à Saint-Jean-de-Luz, à Ciboure, à Biarritz et à Bayonne, au profit des familles des victimes de l'"Itsas-Izarra".
Nous savons déjà que dans ces quatre villes, elles ont déjà réuni un nombre important de signatures.
Mais il faut que ce bel élan ne faiblisse pas.
On n'oubliera pas que six familles sont en deuil, six familles d'humbles pêcheurs.
Pour les veuves, pour les mères, pour les petits enfants, il faut donner, tout le long de la Côte Basque.
Souscrivez!"
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- La Gazette de Bayonne, le 19 décembre 1923 :
"La Catastrophe de "l'Itsas-Izarra"
Une lettre de M. le Maire de Ciboure.
Nous recevons de M. le Maire de Ciboure la lettre ci-dessous : Monsieur le Rédacteur en Chef, J'ai lu avec plaisir, hier sur votre honorable journal l’appel que vous adressiez à vos lecteurs pour les engager à souscrire en faveur des familles des naufragés de l'"Itzas-Izarra", de notre port.
Je ne doute pas que la population biarrotte et les étrangers résidant à Biarritz répondront à votre appel, en faveur des familles de naufragés Français, avec le même empressement qu’ils ont mis récemment à secourir les sinistrés d’une autre nationalité.
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Au nom des familles de nos marins disparus, je vous remercie sincèrement de votre généreuse intervention dans cette triste circonstance.
Les Municipalités de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure se réuniront à la fin des souscriptions pour distribuer la totalité des dons aux intéressés au prorata de leurs charges de famille respectives et suivant leur situation.
Recevez, Monsieur le Rédacteur en Chef, mes salutations distinguées."
- l'Echo Rochelais, le 19 décembre 1923 :
"Une pinasse à moteur fait naufrage : 6 victimes.
La pinasse basque Itsas-Izarra fut, cet été, une habituée de notre port; chaque jour elle apportait une riche cargaison de sans-sel.
Le courageux petit bateau n’est plus. Il vient de s’échouer sur la côte de Tarnos, dans les Landes, soit qu’il ait été trompé par la brume, soit qu’il y ait eu explosion de moteur. Il s’est renversé entièrement sur les marins du bord : huit ont pu se sauver, mais six se sont noyés.
L'Itsas-Izarra était attaché au quartier de Saint-Jean-de-Luz, où cette douloureuse nouvelle a causé une grande émotion. Nous saluons la mémoire de ces braves et humbles travailleurs de la mer."
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