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mardi 21 novembre 2017

SUR LES TRACES DU VOYAGE DE VICTOR HUGO AU PAYS BASQUE EN 1843 (première partie)


VICTOR HUGO AU PAYS BASQUE NORD ET SUD EN 1843.


Victor Hugo, durant l'été 1843, visite le Pays Basque, et s'arrête  en particulier à Pasajes, en Guipuscoa.

pays basque 1900
PLAGE DE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Durant ce voyage et aussi près ce voyage, Victor Hugo a eu des paroles très fortes et  positives 

vis à vis du peuple Basque et de sa langue :

"... J’ajoute qu’ici un lien secret et profond, et que rien n’a pu rompre, unit, même en dépit des traités, ces frontières diplomatiques, même en dépit des Pyrénées, ces frontières naturelles, tous les membres de la mystérieuse famille basque. Le vieux mot Navarre n’est pas un mot. On naît basque, on parle basque, on vit basque et l’on meurt basque. La langue basque est une patrie, j’ai presque dit une religion. Dites un mot basque à un montagnard dans la montagne ; avant ce mot, vous étiez à peine un homme pour lui ; ce mot prononcé, vous voilà son frère. La langue espagnole est ici une étrangère comme la langue française."


Voici ce que rapporte la presse de ce voyage de Victor Hugo, dans Le Temps dans son édition 

du 14 octobre 1900 :

"Sur la route d’Espagne, le 3 octobre

Victor Hugo sortit de Bayonne, par la porte d'Espagne, le 29 juillet 1843. Cette porte était alors encombrée par un pêle-mêle de voitures diverses et multicolores, chars à banc, cabriolets, coucous, gondoles, coupés, omnibus. Le poète monta dans une de ces guimbardes, et s’en alla, pour quinze sous, voir la plage de Biarritz. 


En ce temps-là, cette plage n’était pas encombrée d’hôtels ni masquée par des villas construites dans le plus pur style des environs de Paris. Nul tramways ne cornait des appels déchirants aux oreilles des flâneurs. Point de gaz. Point d’électricité. Biarritz était un charmant village, dont les habitants ignoraient les plaisirs du golf et les voluptés du casino. De ce Biarritz ancien, il ne reste plus, hélas! que les escarpements du Port-Vieux, pareils aux falaises rocheuses et dorées qui gardent l’entrée des rades, dans les Echelles du Levant. Le fond du décor est admirable. Au delà des parois, presque verticales de la côte des Basques, la vue s’étend jusqu’aux masses lointaines des montagnes espagnoles. On voit le profil fleuronné des Trois-Couronnes, la longue arête du Jaïzquivel. Et l’on peut se distraire du spectacle banal de la rue, chasser l’impression de désœuvrement agité, que nous inflige le Biarritz moderne, en se récitant à soi-même ces alexandrins, dont les rimes superbes ont peut-être fleuri devant ce paysage : 

Laveuses qui, dès l’heure où l’Orient se dore, 

Chantez, battant du linge aux fontaines d’Andorre, 

Et qui faites blanchir vos toiles sous le ciel, 

Chevriers, qui roulez sur le Jaïzquivel 

Près des. nuages gris votre hutte isolée, 

Muletiers, qui poussez de vallée en vallée 

Vos mules sur les ponts que César éleva, 

Sait-on ce que, là-bas, le vieux mont Corcova 

Regarde par dessus l’épaule des collines ? 

Passé Biarritz, l’auteur des Feuilles d'automne s’arrêta, pour changer de chevaux, au relais de Bidart. Tandis que les postillons s’occupaient des attelages, Victor Hugo regarda autour de lui. Il ne vit pas (et j’en suis surpris) un délicieux morceau de mer, qui apparaît, du haut de la colline de Bidart, comme un triangle d’azur, dans l’échancrure de deux collines vertes. Il concentra toute son attention sur une vieille église, qui dresse la grisaille de ses murs au près d’un cimetière en fleurs. Et il griffonna, sur son carnet, cette note : 

A Bidart, on change de chevaux. Je remarque, à la porte de l’église, une sorte d’idole bizarre, vénérée à présent comme autrefois; dieu pour les païens, saint pour les chrétiens. A qui ne pense pas il faut des fétiches. 

pays basque autrefois
EGLISE DE BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN


J’ai cherché vainement 1’"idole bizarre" qui nous a valu cette sentence. Ne voulant pas supposer, sans preuve, que notre illustre voyageur ait pu être, le jouet d’une hallucination, j’ai consulté M. le curé de Bidart, qui est un lettré, un savant, et qui connaît à merveille l’histoire de son église. Il m’affirme que ses paroissiens n’ont pas pu adorer ce fétiche, attendu que ce fétiche n’a jamais existé... 

A Saint-Jean-de-Luz, Victor Hugo profite en core d’un arrêt de diligence, pour prendre une note : 

Saint-Jean-de Luz est un village cahoté dans les anfractuosités de la montagne. Un petit hôtel à tourelles, dans le genre de celles de l’hôtel d’Angoulême au Marais, a sans doute été bâti pour Mazarin à l’époque de Louis XIV.

 

pays basque 1900
MAISON LOUIS XIV ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


O poète ! poète 1 Que de nombreux amis de Saint-Jean-de-Luz vous pardonnent! Et surtout que Joanne vous soit clément! Cet hôtel à tourelles n’a pas été bâti "pour Mazarin au temps de Louis XIV". La vérité, c’est que Louis XIV habita ce vieux logis au temps de Mazarin. Les personnes qui ont la bonne idée d’apporter ici les Mémoires de Mme de Motteville et de Mlle de Montpensier, ainsi que les Lettres de l’abbé de Montreuil à Mlle de Hautefort, savent que Louis XIV fut logé à Saint-Jean-de-Luz depuis le 8 mai jusqu’au 15 juin 1660, en attendant le succès des négociations relatives à son mariage. La cour de France, pendant ce séjour, étonna cette petite ville par des divertissements que les Basques ne connaissaient point. La reine-mère, Anne d’Autriche, avait fait venir une compagnie d’acteurs espagnols, qui s’habillaient en ermites et en religieuses pour jouer la comédie. Le roi lui-même montait sur la scène et figurait dans des ballets arrangés par les intendants de ses menus plaisirs. Un fameux joueur de viole, nommé Othman, était fort applaudi dans les intermèdes. Mlle de Montpensier dansait, ayant un collier de vingt rangs de perles, qui, à chacun de ses pas, sautait magnifiquement sur sa gorge décolletée. Pendant que la cour s’amusait, le cardinal Mazarin, premier ministre, travaillait avec un de ses commis dans une grande maison spacieuse, où il avait établi ses bureaux. Beaucoup de papier fut noirci d’encre, beaucoup de signatures furent échangées, avant que le roi d’Espagne consentit à céder au roi de France la main de sa fille Marie-Thérèse, comme gage d’une paix durable. Enfin, tout s’arrangea. L’"instrument diplomatique", préparé de longue date, fut signé, paraphé, au mi lieu de la Bidassoa, dans cette petite île des Faisans, qui s’appela, depuis ce temps, l’île de la Conférence. El l’entrée de l’infante mit en émoi les habitants de Saint-Jean-de-Luz. Ce n’étaient que panaches, plumes, aigrettes, habits brodés, caparaçons d’or et d’argent, glands de soie, harnais dorés. On eût dit une cérémonie réglée par le protocole du Grand Cyrus. Le 9 juin, on vit la jeune fiancée, en robe fleurdelisée, en long manteau traînant jusqu’à terre, le front courbé sous le poids d’une lourde couronne d’or, marcher à l’autel avec le jeune roi, qui portait un habit de drap d’or, recouvert de dentelle, avec le grand-cordon du Saint-Esprit. 



Je suis surpris que Victor Hugo, volontiers enclin à l’admiration des galas historiques, n’ait pas cédé à la tentation de brosser un tableau décoratif où il aurait pu disposer symétriquement tant de contrastes. Cette cour magnifique, à l’étroit dans les maisons de Saint-Jean-de-Luz;— l’Espagne et la France, long temps ennemies, se réconciliant dans un îlot désert; — l’amour et la politique; — l’exquise Mancini, sacrifiée par la diplomatie aux grâces empesées de l’ennuyeuse Marie-Thérèse; — l'Escurial et Versailles; — la guerre et la paix; — l’aube, d’un règne et le déclin d’une tyrannie ; — l’élan d’une nation jeune et la décadence d’un peuple fatigué, que d’antithèses dignes de fixer l’attention du poète des Rayons et des Ombres



Mais il passa, indifférent devant l'île de la Conférence. Voici la note dédaigneuse qu’on retrouve sur les feuilles de son carnet :

Je n’ai pas même regardé l’île des Faisans, où la maison de France a épousé la maison d’Autriche, où Mazarin, l’athlète de l’astuce, a lutté corps à corps avec Louis de Haro, l’athlète de l’orgueil. Cependant une vache broutait l’herbe; le spectacle était-il moins grand? La prairie était-elle déchue? Machiavel dirait oui, Hésiode dirait non. 


Point de faisans dans l’île... C’est la règle générale. A Paris, au Marais, il n’y a pas de marais ; rue des Trois-Pavillons, il n’y a pas de pavillons; rue de la Perle, il y a des gotons ; dans l'île des Cygnes, il n’y a que des savates naufragées et des chiens crevés. Quand un lieu s’appelle l’île des Faisans, il y a des canards. O voyageurs, curieux, impertinents, n’oubliez pas ceci! 


avant pays basque
ÎLE DES FAISANS BEHOBIE - PAUSU
PAYS BASQUE D'ANTAN

Et pourtant Bossuet a fait à l’île des Faisans l’honneur de l’apostropher avec une belle fougue oratoire. Ecoutez : 

Ile pacifique où se doivent terminer les différends de deux grands empires à qui tu sers de limites : île éternellement mémorable par les conférences de deux grands ministres, où l'on vit se développer toutes les adresses et tous les secrets d’une politique si différente, où l’un se donnait du poids par sa lenteur et l’autre prenait l’ascendant par sa pénétration : auguste journée où deux fières nations longtemps ennemies et alors réconciliées par Marie-Thérèse s’avancent sur leurs confins, leurs rois à leur tête, non plus pour se combattre mais pour s’embrasser; où ces deux rois, avec leur cour, d’une grandeur, d’une politesse et d’une magnificence aussi bien que d’une conduite si différentes, furent l’un à l’autre et à tout l’univers un si grand spectacle : fêtes sacrées, mariage fortuné, voile nuptial, bénédiction, sacrifice, puis-je mêler aujourd’hui vos cérémonies et vos pompes avec ces pompes funèbres, et le comble des grandeurs avec leurs ruines. 



Le lecteur choisira entre ces deux pays de deux grands écrivains et décidera si l'île des Faisans doit être plus offensée par les plaisanteries de Victor Hugo, que flattée par l’éloquence de Bossuet. 



Irun, 7 octobre. 

C’est dimanche. Le temps est clair. Le ciel est bleu. Les peupliers de la Bidassoa, tout pénétrés de lumière, semblent parés d’émeraudes. Jamais été ne fut plus radieux que ce commencement d’automne. La rivière, très limpide, brille au soleil, entre deux rives, magnifiquement vêtues d’opulentes verdures. Le charme de ce pays, c’est la verdure ample, étoffée, moelleuse, des collines qui forment le fond du décor. Au bout des perspectives, cet écran, doucement ondulé, repose la vue, caresse l’œil, que le relief lumineux des premiers plans risquerait de brusquer par un contact trop ardent...



Impressions bariolées et disparates. Je viens de voir, au dernier village français, appelé Béhobie, une enseigne qui fait rêver : A l'île des Faisans, bonneterie, parapluies. Et ceci encore : Restaurant de la Bidassoa, café et buvette.


avant pays basque
BEHOBIE - PAUSU
PAYS BASQUE D'ANTAN

Un employé des douanes espagnoles, à qui j’offre l’apéritif, me dit que l’île des Faisans est un lieu de réunion, habituellement gai. On y organise des noces et festins. Récemment, une cinquantaine de collégiens vinrent y banqueter, sous la conduite de leurs professeurs. Voilà des jeunes gens qui n’oublieront pas le traité des Pyrénées. Je voudrais connaître le nom de l’établissement où l’on a inauguré cette joyeuse façon d’enseigner l’histoire.



Un bouquet d’arbres sur une motte de terre, voilà l’île des Faisans. Une commission internationale — la fameuse commission des Pyrénées — s’occupe d’entretenir décemment ce terrain neutre. On a chassé les canards qui gênaient Victor Hugo. Un petit monument, semblable à une pierre tombale, commémore les événements qui ont fait de ce lieu désert un rendez-vous des puissants personnages et un foyer d’intrigues. Si les rois n’étaient pas ingrats, ils auraient consacré, dans l’île des Faisans, le souvenir de Velasquez. On sait que ce grand peintre occupait à la cour d’Espagne un emploi de maréchal des logis. Il se donna tant de peine pour aménager, dans cette île, une salle de conférences qu’il en mourut... 



Aujourd'hui, les deux rives de la Bidassoa sont étrangement silencieuses. Ni les choses, ni les gens ne se souviennent des vacarmes qui, le 6 juin 1660, ont éveillé tous les échos d’alentour. Je suis obligé, pour imaginer ce tintamarre, de relire une lettre écrite par l’abbé de Montreuil à Mlle de Hautefort : 

La paix signée et jurée, M. le Cardinal fit le signal pour tirer; c’était d’ouvrir la fenêtre du cabinet au bout de la salle de conférences. M. de Maupeou, major du régiment des gardes, fit faire la décharge et recharger trois fois. La décharge des Espagnols répondit de l’autre côté de la rivière autant de fois, et fut meilleure, ce me semble, que la nôtre, quoique leurs troupes fussent plus petites deux fois et moins lestes. Leurs gardes du corps et leurs gardes-wallons sont assez florissants ; ils sont deux cents, tous avec des habits et des manteaux de velours jaune, mais le reste me paraît peu de chose. Leurs gardes ordinaires sont si mal faits qu’il semble qu’on ait défendu sous peine de la vie à tous les hommes de bonne mine d'y entrer. Toute la cavalerie espagnole est infiniment meilleure que la nôtre, j’entends pour les chevaux; car, pour les cavaliers, ce ne sont que des officiers cassés et réformés, qui sont assez mal en ordre. 



Evanouie, la fumée de cette poudre tirée aux moineaux! Dispersés tous ses oripeaux de velours jaune. Je ne vois, dans l’île des Faisans, que deux jeunes filles en corsage rose, qui sont adossées à un acacia, et qui profitent de ce beau dimanche pour prendre l’air. Derrière elles, un aimable Basque, la veste rejetée sur l’épaule, esquisse un flirt qui, pour être plus naïf, n’est pas moins élégant que les idylles auxquelles nous assistons dans la cohue des bals mondains... En face de l’île, sur la rive espagnole, il y a une fontaine où les enfants viennent boire en revenant de l’école. A côté, une ferme, badigeonnée de rose, semblerait délabrée si le soleil ne colorait superbement les murailles lézardées, le toit disjoint, et jusqu’au battant des fenêtres mal closes. 



Victor Hugo a vu, au bout du pont de Béhobie, à l’entrée de l’Espagne, "un soldat en pantalon de toile déchiré et en veste de drap vert rapiécé de bleu au coude". Je vois trois "miquelets", en béret rouge, pèlerine bleue, pantalon rouge, un gentil "coupe-chou" au côté, fort coquettement endimanchés. Les miquelets appartiennent à une milice exclusivement locale. Soldés par la province du Guipuzcoa, ils sont placés sous l’autorité de la députation provinciale. Un règlement très détaillé leur attribue "le recouvrement des droits provinciaux, le factage des routes, la perception des droits de péage, les dépôts et retraits de la Caisse d’épargne provinciale, le soin de veiller sur la sécurité des personnes". Ces multiples occupations laissent aux miquelets le loisir de méditer ou de causer sous les platanes. 

euskal herria lehen
MIQUELETES A BEHOBIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

La route, après avoir longé la berge de la Bidassoa, s’engage dans les faubourgs d’Irun, en passant devant l’église paroissiale de Notre-Dame-des-Joncs. 



Victor Hugo a vu Irun deux fois : d’abord en 1811, ensuite en 1843. De son premier voyage il se rappelait une double ligne de maisons noires, un réseau de rues étroites et tortueuses, la saillie des balcons de bois, au-dessus des raidillons pavés, et, dans les maisons, un ameublement de mélodrame : bahuts sculptés, tables à pieds tors, lits à baldaquins, argenteries contournées et trapues, vitres maillées de plomb, tout le décor du cinquième acte de Ruy Blas



En 1843, il s’écria : 

Irun n’est plus Irun... Ce ne sont que maisons blanches et contrevents verts. On sent que l’Espagne, toujours arriérée, lit Jean-Jacques Rousseau, en ce moment. Irun a perdu toute sa physionomie. O villages qu’on embellit, que vous devenez laids? Où est l’histoire? Où est le passé? Où est la poésie? Où sont les souvenirs? Irun ressemble aux Batignolles. 



Cette appréciation, même aujourd’hui, est exagérée, injuste. S’il y a, parmi les bâtisses d’Irun, des maisons blanches aux contrevents verts, Jean-Jacques Rousseau n’est pour rien dans ce méfait. C’est l’habitude des Basques (espagnols ou français) de répandre sur la façade de leurs logis la blancheur de la chaux vive. L’éblouissante propreté, du moins extérieure, des maisons où ils s’installent, est rehaussée par la vive pourpre des grappes de piments, ou par la splendeur blonde des grappes de maïs mur. 



A l’entrée d’Irun, à l’endroit où la grande route devient la grand’rue (calle mayor) un mur gris, haut comme un revêtement de forteresse, borde le fossé. J’entends des cris d’enfants derrière ce mur et je vois toute la marmaille d’Irun, qui s’exerce au jeu national de la pelote. Ces intrépides gamins jouent au blaid à main nue. Il faut qu’ils aient la paume déjà tannée pour supporter le choc de cette balle, très dure, qui rebondit, avec.un bruit mat, contre la pierre du "fronton". 



Au delà de cette palestre, à gauche de la ville, un groupe de vieilles maisons, aux escaliers branlants, aux charpentes vermoulues, semble attendre une bande de contrebandiers. On a envie de fredonner : 

Gastibelza, l’homme à la carabine, Chantait ainsi : "Quelqu'un a-t-il connu dona Sabine, » Quelqu’un d’ici ?..." 



A droite, deux ou trois philosophes d’Irun boivent une bouteille de vin dans un petit pavillon, près d’un bosquet d’ormeaux et de châtaigniers. En face, la calle mayor se redresse en pente raide, entre deux rangées de maisons aux balcons de fer. Les gens prennent le frais sur le pas de leurs portes. Un facteur, peu pressé, distribue nonchalamment des lettres aux boutiquiers. C’est la vie de province, la petite vie; calme et retirée, toujours la même partout. 


pais vasco antes
CALLE MAYOR IRUN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Victor Hugo a vu, sur la place d’Irun, "une vieille colonne aux armes d’Espagne, du temps de Philippe II". Il affirme que l’empereur Napoléon, passant à Irun, s’est adossé à cette colonne. 



Je cherche avidement cette relique. Me voici sur la place de San-Juan-de-la-Constitucion. Le jeu de pelote n’a pas accaparé, semble-t-il, toute la jeunesse d’Irun. Car un attroupement de mioches s’est amassé, autour de moi, comme une grappe de mouches. Je suis investi d’un triple rang de garçonnets coiffés de bérets, chaussés d’espadrilles, et de fillettes affublées à la mode de Paris. Je pourrais croire qu’on n’a jamais vu de bicyclette à Irun. Et pourtant un journal espagnol, la Voz de Guipuzcoa, annonçait, l’autre jour, des courses sur route, organisées à l’occasion des fêtes de San Miguel. Et j’apprends aujourd’hui que le record a été battu par un cycliste français, lequel a pédalé héroïquement sur les rampes de Gainchurisqueta et de Las Ventas... 


pais vasco antes
MARCHE IRUN
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais où est donc la colonne à laquelle s’est adossé l’empereur Napoléon? 



Devant les arcades d’un hôtel de ville tout neuf, au milieu d’une place entourée d’acacias nains, parmi un va-et-vient de bonnes en tablier blanc et de miquelets séducteurs, je ne vois qu’un piédestal de fonte, enluminé de minium, et supportant une lampe électrique. 



Le tramway de Fontarabie aboutit sur cette place et trouble, par ses appels retentissants, la tranquillité de la petite ville endimanchée."



PAIS VASCO ANTES
TRAMWAY FONTARRABIE - HONDARRIBIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je publierai dans un article ultérieur la suite de cet article de Le Temps.



A suivre...



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