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dimanche 3 août 2025

"L'ENTREVUE D'ARNÉGUY" EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN JUIN 1946

"L'ENTREVUE D'ARNÉGUY" EN 1946.


Le 29 avril 1946, est votée par le Conseil de Sécurité de l'ONU, la résolution 4, qui décide de procéder à des enquêtes complémentaires dans le but de définir si la situation en Espagne (sous le régime franquiste) conduit à un désaccord entre nations et menace la paix mondiale.



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VUE AERIENNE D'ARNEGUY EN 1947
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce que rapporta au sujet d'une rencontre entre Républicains Espagnols et Franquistes, à 

Arnéguy, en juin 1946, la presse locale et nationale, dans plusieurs éditions :



  • Le Journal de Biarritz et de la Côte Basque, le 6 juin 1946, sous la plume de Paul Cazeaux :

"A Arnéguy, sur la frontière espagnole, des ministres du gouvernement Franco ont rencontré un délégué du cabinet Giral.




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JOSE GIRAL EN 1946



Ecoeurés par la répression antirépublicaine ils veulent "lâcher" le Caudillo.

(De notre envoyé spécial).



Arnéguy est un tout petit village du Pays Basque, situé très exactement sur la frontière franco-espagnole. C'est là que deux ministres du gouvernement du général Franco viennent d'avoir une entrevue avec un représentant du cabinet Giral.

Entrevue sensationnelle, puisqu'il s'agit en fait, d'une manoeuvre politique destinée à renverser le Caudillo et d'éviter à l'Espagne une nouvelle révolution.



C'est tout à fait par hasard que nous avions eu vent de cette entrevue ; elle avait, du reste, été retardée jusqu'après les élections françaises.



Ce n'est certainement pas sans mal que nous avons pu joindre les deux ministres franquistes, mais l'un d'eux a bien voulu nous donner une interview.



"A l'heure actuelle, nous a-t-il déclaré notamment, le Conseil de Sécurité va prendre une décision vis-à-vis de l'Espagne franquiste. Nous serons probablement placés à l'index du monde jusqu'au jour où, exsangue, nous serons forcés de capituler. A ce moment-là, moi qui vous parle, je serai probablement considéré par mes compatriotes de la même façon que vous, Français, jugez vos ministres vichyssois depuis la Libération. Et pourtant, nous voulons tout faire pour éviter à l'Espagne une nouvelle révolution. Nous attendions le résultat des élections françaises pour agir, car nous savions que notre pays pouvait tout craindre, jusques y compris la guerre en cas de victoire communiste. 


Nous avons l'impression aujourd'hui, et ce sentiment est généralement partagé dans notre pays, que le risque de guerre est écarté. Et nous sommes là pour résoudre pacifiquement la question espagnole. Mon ami et moi-même avons tenu à entamer des pourparlers officieux pour l'instant, et sans mandat du général Franco, avec nos compatriotes républicains exilés en France.


Ce que nous voulons avant tout, c'est éviter à l'Espagne le risque d'une guerre civile ou internationale.



— Croyez-vous arriver à un accord ?


J'en suis personnellement persuadé, convaincu que nos camarades exilés tiendront compte de l'aide que nous leur aurons apportée et que je peux qualifier de décisive.



— Combien de temps pourra-t-il s'écouler entre la chute de Franco et l'instauration du nouveau régime ? Des troubles se produiront-ils à l'intérieur du pays ?


 Nous avons tout envisagé. Je pourrais vous tracer un parallèle historique, mais je n'y tiens guère. Sachez seulement que Franco n'en a plus maintenant pour bien longtemps. Les Anglo-Américains sont prêts à le lâcher s'ils savent que l'instauration du nouveau régime peut se faire sans effusion de sang. Seuls des Espagnols n'ayant jamais quitté l'Espagne peuvent réussir cette tâche, d'autant plus que le peuple espagnol tout entier ne tient guère à prendre prétexte de sa "libération" pour semer la panique et les troubles dont il serait le premier victime. Les mesures nécessaires sont prises.


— Et les prisonniers politiques ?


Nous avons tout préparé pour que leur vie soit sauvegardée et que, libérés, leur joie ne devienne pas un élément de trouble.

En un mot, vous pouvez assurer le peuple de France et nos voisins Basques que l'Espagne "retardataire" a évolué et qu'elle saura se joindre au concert des nations démocratiques sans verser le sang ou inquiéter qui que ce soit. Essentiellement catholique, mais aimant comme vous-mêmes Français, la liberté, elle prendra toutes ses précautions pour éviter ce que l'on appelle "le péril rouge", tout en rétablissant en Espagne un régime républicain qui lui permettra de concilier et ses conceptions morales et l'avenir économique et social du pays.



Après ces déclarations, les deux ministres espagnols, dont nous nous sommes engagés à respecter l'anonymat, ont regagné l'Espagne, non sans nous assurer une dernière fois de la sympathie qu'ils portent au peuple de France et de l'espoir qu'ils nourrissent de le voir redevenir le grand ami du peuple espagnol."



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ARNEGUY
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • le journal Combat, le 7 juin 1946 :



"Deux ministres de Franco seraient venus en France pour y rencontrer un représentant du gouvernement Giral.


Biarritz, 6 Juin. — Le "Journal de Biarritz" annonce ce soir que deux membres du gouvernement Franco ont rencontré à Arnéguy, en territoire français, un représentant du gouvernement Giral.

Un collaborateur de ce Journal, M. Paul Cazeaux déclare avoir interviewé un des ministres espagnols, dont il s'est engagé à respecter l'incognito.



"Du fait de la décision du Conseil de Sécurité, aurait dit le ministre à M. Cazeaux, nous serons sans doute mis à l'index du monde, puis contraints de capituler.


Je serai probablement jugé par mes compatriotes de la façon dont vous, Français, jugez vos ministres vichyssois depuis votre libération. Pourtant, je désire tout faire pour éviter à l'Espagne une nouvelle révolution.


Nous attendions, aurait ajouté le ministre espagnol, le résultat des élections françaises pour agir, car nous savions que notre pays pouvait tout craindre, jusques et y compris la guerre, en cas de victoire communiste.


Nous avons l'impression, aujourd'hui, que ce sentiment est généralement partagé, que le risque de guerre est écarté, et nous sommes là pour résoudre pacifiquement la question espagnole.


En un mot, vous pouvez assurer le peuple de France que l'Espagne retardataire a évolué et qu'elle saura se joindre au concert des nations démocratiques sans verser de sang ou inquiéter qui que ce soit."



(La délégation du gouvernement d'Euzkadi à Bayonne déclare tout ignorer de l'entrevue qui aurait eu lieu à Arnéguy et ne pouvoir, par conséquent, ni démentir ni confirmer l'information du "Journal de Biarritz". Dans les milieux républicains espagnols de Paris, on estime que cette information est dénuée de fondement, tous les ministres du gouvernement Giral se trouvant actuellement, soit à Paris, soit au Mexique.)



"Voulez-vous que je reste au pouvoir ?" demanderait Franco par référendum.



Une haute personnalité espagnole de droite, qui vient d'arriver en France, a déclaré : 

"Il semble bien établi que si, sous la pression de l'opinion mondiale, Franco se sentait enfin dans l'obligation d'abandonner le pouvoir, il ne prendrait pas cette décision avant d'en appeler au peuple espagnol par la voix d'un référendum.


Mais, contrairement à l'opinion généralement répandue dans le monde, ce n'est pas sur sa préférence pour le régime républicain ou monarchiste que serait consultée la nation espagnole, mais plus simplement sur cette question que poserait Franco : "Voulez-vous, oui ou non, que je reste au pouvoir ?".






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