LE ROI D'ESPAGNE À ARNÉGUY EN 1876.
Pendant la troisième guerre carliste (1872-1876), nombreux furent les carlistes à se réfugier au Pays Basque Nord.
DON CARLOS A ARNEGUY EN 1876 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je vous ai déjà parlé dans plusieurs articles des carlistes, que ce soit des carlistes à St Jean
De Luz en 1872 ou du curé Santa Cruz.
Voici ce que rapporta Le Journal de Roanne, dans son édition du 5 mars 1876 :
"Arrivée de Don Carlos en France.
A la suite de revers multipliés, don Carlos a dû pénétrer sur le territoire français.
Aussitôt le général Pourcet, commandant supérieur de la division militaire, par ordre du ministre de la guerre, lui rendit visite, pour l’informer que, suivant la coutume, les officiers de son état-major pourraient conserver leurs épées, et même les chevaux qui leur appartiendraient personnellement, mais que lui et son état-major devaient se soumettre aux ordres d’internement qui leur seraient transmis par les autorités.
DON CARLOS ET SON ARMEE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Don Carlos, visiblement abattu, sembla très disposé à se conformer à ces instructions, et il demanda que ses remerciements fussent transmis au gouvernement français pour la courtoisie de la réception faite à lui et à sa suite ; ses officiers parurent satisfaits de pouvoir conserver leurs épées. Le gouvernement français, de son côté, se hâta, dit-on, d’informer officiellement le gouvernement espagnol de l’arrivée de don Carlos, en le félicitant de l’heureuse issue de la guerre.
M. de Nadailhac, préfet des Basses-Pyrénées, a annoncé à don Carlos qu'il n’était pas possible de le laisser résider, même momentanément, dans son département. Il l’a informé que, s’il désirait rester quelques jours en France avec sa famille, le gouvernement ne s’opposerait pas à ce qu’il séjournât provisoirement dans une ville du Nord, comme Dieppe ou Boulogne.
Le préfet a mis a la disposition du prince un train spécial et un wagon-salon pour le conduire à la frontière, ou à la résidence qu’il choisira, avec les personnes de sa suite et sa famille, s’il désire être accompagné par elle.
DON CARLOS ET SON ETAT-MAJOR PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’administration et l’autorité militaire ont pris toutes les mesures d'ordre nécessitées par l’agglomération des carlistes à la frontière. Les carlistes sont dirigés dans diverses places d’internement du centre de la France.
Le gouvernement français aura ultérieurement à traiter avec le gouvernement espagnol au sujet de l’internement tant des derniers arrivés que de ceux qui depuis assez longtemps déjà sont internés en France.
On signale, parmi les carlistes qui ont passé la frontière, les généraux Villar, Caresa, Dounache, et les députés Tarbano, Derouzoz et Zabala. Parmi les 300 officiers arrivés à Aldudes se trouvait le curé d’Orio.
DON CARLOS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le gouvernement de la République française a voulu, tout en remplissant avec fermeté ses devoirs de bon voisinage vis-à-vis le gouvernement espagnol, ne pas se départir de la courtoisie due à un prétendant vaincu qui avait demandé l’hospitalité à la France.
Une correspondance officielle, de source carliste, raconte ainsi l’entrée de don Carlos en France :
Amené par les circonstances à suspendre une lutte inutile dont l’Espagne aurait souffert sans profit pour la cause, le roi Charles VII est entré volontairement en France, le 28 février, à dix heures du matin, escorté par ses gardes et par une division entière, composée de troupes de Castille, Cantabrie, Gandesa, Valence et Asturies.
DON CARLOS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dès la veille au soir, le roi avait fait prévenir le général commandant la division de Bayonne. Avant de franchir la frontière, les troupes royales, échelonnées sur la route de Valcarlos à Arnéguy, ont rendu les honneurs militaires au roi et l’ont acclamé ; puis, brisant leurs armes sur le sol de la patrie, elles ont suivi Charles VII sur la terre de l’exil.
Au pont d’Arnéguy, le roi a été reçu par M. Hertz, sous-préfet de Mauléon, et conduit en voiture dans cette ville, où M. de Nadailhac, préfet de Pau, est venu transmettre à Sa Majesté les dispositions du gouvernement français à son égard.
L’acte dont le pont d’Arnéguy a été le théâtre est une page émouvante d’histoire contemporaine. Il s’est accompli librement et en présence d’autorités civiles et militaires de la France, qui ont pu le constater.
DON CARLOS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les droits du roi restent entiers. Don Carlos a quitté l’Espagne sans y être contraint. Il n’a rendu ses armes ni aux alphonsistes, ni à la France. Après une lutte héroïque, il les a déposées volontairement, réservant ainsi l’avenir qui lui appartient.
Toute la presse se réjouit de ce que la guerre carliste est terminée. Les journaux se demandent quelles mesures il faudrait prendre pour empêcher de nouveaux soulèvements, et quelle sera la situation des populations carlistes dans le système constitutionnel.
DON CARLOS PAYS BASQUE D'ANTAN |
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