FAITS DIVERS À BAYONNE EN 1916.
Dans ma rubrique "faits divers à Bayonne", après les années 1900, 1901, 1902, 1903, 1904, 1905, 1906, 1907, 1908,
1909, 1910, 1911, 1912, 1913, 1914, et 1915, voici l'année 1916.
Que se passe-t-il en 1916 ?
Voici mois par mois ce que rapporte la presse locale :
- Janvier :
- "Cinq ouvriers de la Poudrière de Blancpignon sont grièvement brûlés par l'explosion
d'un tube.
- Les travaux du croisement des tramways B.L.B. (Bayonne-Lachepaillet-Biarritz) et
B.B.B. (Bayonne-Barre-Biarritz), aux allées Marines, sont terminés."
- Février :
"On demande des mesures après maints accidents du B.L.B. aux allées Paulmy. Le dernier provoque la mort de Catherine St-Paul, balayeuse, qui coupait du bois aux allées, tamponnée, projetée, elle a le crâne fracassé."
Voici ce que raconta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition du
3 février 1916 :
"Horrible accident.
— Mardi, vers une heure, une vieille femme, Catherine Saint-Paul, 64 ans, employée au service du nettoiement de la ville, domiciliée rue Pannecau 60, coupait des parcelles de bois, aux Allées-Paulmy, en face du Vélodrome, aux souches des arbres renversés en Février dernier. La malheureuse se tenait tout près de la voie ferrée du B. L. B. Un tramway venait de Biarritz ; le watmann fit fonctionner sa cloche, mais inutilement, car la pauvre vieille fut tamponnée et projetée à terre avec une telle violence, qu’elle eût la boîte thoracique dé foncée et une fracture de l’os frontal. Le chef du convoi descendit et porta secours à la victime de cet horrible accident. Elle respirait encore, mais faiblement. Un boucher qui passait voulut bien la prendre dans sa voiture pour la transporter à l’hôpital St-Léon. C’est là qu’elle a rendu le dernier soupir, mercredi à 2 heures. Le commissaire central s’est rendu sur les lieux aux fins d’enquête."
- Mars :
"Atteints par la peste, 600 porcs achetés par un boucher sont bloqués à Hendaye."
- Avril :
"Premiers essais concluants du tramway de la Barre. Quelques jours plus tard, il heurte sérieusement un docker "s'étant oublié dans les vignes du seigneur" à hauteur du bassin de radoub."
- Mai :
"Apparition au marché du topinambour, qui remplace la pomme de terre trop chère."
- Juin :
"Le professeur Picard fait une conférence pour trouver des solutions au problème de la dépopulation."
- Juillet :
"Polémique contre l'avancement de l'heure d'été imposée par les pénuries. Economie : 300 000 tonnes de charbon (30 millions de francs)."
- Août :
"Décès de M. Bergez, doyen de Bayonne, 105 ans."
- Septembre :
- "Pelote : Auguste Darraïdou, 15 ans, d'Espelette, bat Amédée Arcé, 18 ans, de Baïgorry,
50-44 en finale du tournoi des jeunes.
ARCE ET LEONIS PELOTARIS 1923 PAYS BASQUE D'ANTAN |
- Obsèques de cinq ouvriers tués dans l'explosion à la Poudrière de Blancpignon."
Voici ce que raconta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 15 septembre 1916 :
"Les obsèques des victimes de l'explosion des victimes de l'explosion de la Poudrerie de Blancpignon..
POUDRERIE BLANCPIGNON ANGLET 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
— Elles ont été célébrées jeudi après-midi dans un calme impressionnant malgré l'affluence considérable de personnes venues pour apporter un dernier témoignage de douloureuse sympathie aux obscurs travailleurs frappés alors qu'ils préparaient les prochaines victoires.
Dans la cour de l’hôpital militaire, à l’heure fixée, 3 heures, étaient rassemblés :
MM. Coggia, préfet des Basses-Pyrénées, représentant le gouvernement ; l’inspecteur général des poudre et salpêtres Herrisson Lepare ; les colonels Darodes de Peyriagues et Lheure, délégués du Ministre de la guerre et du sous-secrétaire d’Etat aux munitions; Desblancs, commandant d'armes ; Godin, sous-préfet de Bayonne ; le commandant Ader, directeur de la poudrerie sinistrée et son dévoué collaborateur M. Masson ; M. le vicomte de Wildike, consul général du Portugal doyen du corps consulaire ; les consuls d'Angleterre et de Belgique.
Toutes les autorités civiles et militaires étaient présentes ainsi que les municipalités des communes avoisinantes, auxquelles s’étaient jointes de nombreuses délégations. Deux compagnies du 49e de ligne rendaient les honneurs.
Les cinq cercueils alignés dans une chapelle ardente dressée dans le vestibule de l’hôpital militaire, disparaissaient sous les couronnes cravatées des couleurs nationales et les bouquets offerts par les parents, les chefs et les camarades des victimes de la catastrophe. Puis, après l’absoute, dite par l’aumônier de l’établissement hospitalier, le cortège se met en marche vers la nécropole. Il se déroula interminablement dans les principales rues de la ville au milieu d’une foule émue et recueillie. Sur son passage les commerçants, en signe de deuil, avaient tenu les devantures closes. Au cimetière, plusieurs discours furent prononcés.
M. Coggia apporta aux défunts le salut du gouvernement et adressa ses remerciements les plus justifiés au corps médical militaire dont le dévouement stoïque fut très marqué en cette pénible circonstance. M. le colonel Darodes de Peyriagues, commandant les 5e et 6e subdivisions, délégué du ministre de la guerre, s’exprima ainsi :
"Mesdames, Messieurs,
C’est au nom du ministre de la guerre que je viens saluer les dépouilles mortelles de ceux qui sont morts en faisant leur devoir au cours de l’incendie qui a réduit en cendres une de nos usines de guerre.
Ils sont là, sentinelles et ouvriers vigilants, tués à leurs postes tout comme leurs camarades sur le front et animés comme eux des mêmes sentiments de bravoure et d’abnégation.
Tous au premier signal d’alarme, n’écoutant que leur courage et au mépris du danger qui les menaçait, n’ont songé, dans un élan de solidarité remarquable, qu’à assurer le sauvetage et à exécuter leur consigne pour limiter le désastre.
Ravis à l’affection de leurs familles, à l’amitié de leurs chefs, de leurs camarades, ils ont trouvé dans la mort le culte du devoir accompli pour la grande cause que nous défendons.
Inclinons-nous bien bas devant ces serviteurs de la Patrie, dont le souvenir est entièrement lié aux braves qui, sur le front, ouvrent l’auréole de la victoire.
Au nom du ministre de la guerre, au nom de l'année, j’adresse un dernier adieu aux infortunées victimes de la Poudrerie de Blancpignon.
M. le colonel Lheure, au nom du sous-secrétaire d’Etat aux Munitions, parla ensuite ; enfin, le commandant Ader, en proie à une émotion difficilement contenue, adressa un ultime adieu."
INTERIEUR CATHEDRALE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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