LA BARRE ET LE PORT DE BAYONNE EN 1915.
En 1578, l'embouchure de l'Adour est détournée de Capbreton vers Bayonne.
LA BARRE BAYONNE 1913 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Mais le nouvel estuaire à Bayonne s'avère instable.
Il dérive d'abord vers le Sud et Anglet, pour former près de la Chambre d'Amour plusieurs
passes sinueuses.
Très vite il y a formation d'un banc de sable, véritable haut fond en plein travers de l'estuaire
lui-même : la "barre de l'Adour".
De siècle en siècle, pendant 400 ans, il faut procéder à des endiguements de plus en plus
rallongés, toujours pour chercher à resserrer le fleuve entre les deux rives.
Il faut draguer fréquemment la passe.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 25 avril 1915, sous la plume d'Henry Ternaux :
"Bayonne la Barre et le Port de Bayonne.
— La visite que nous avons faite à la Barre, lors de la venue à Bayonne et à Biarritz de la délégation parlementaire des travaux publics, a laissé en nous, une impression de tristesse et de découragement.
De tristesse, à cause de la présence des épaves des navires naufragés qu’on n’a pas encore fait disparaître. Sur la plage, un petit voilier : La Valentine, tend vers le ciel sa mâture nue mais intacte. Par contre, le vapeur Schnoor gît, disloqué, brisé, en travers du chenal. A marée basse, seulement, on aperçoit son avant ravagé, que battent les lames.
De tristesse, par l’état lamentable des digues continuellement assaillies par le flot rageur et de découragement, aussi, parce que des millions ont été engloutis par cette Barre insatiable qu'on veut rendre praticable, alors que les éléments s'acharnent, sans arrêt, à détruire ce que la main des hommes oppose à leur fureur dévastatrice.
LA BARRE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les tempêtes de l’hiver dernier ont fait de nouveaux et de sérieux dégâts. La mer, en se retirant, a laissé sur les deux rives de l’Adour, des bancs énormes de sable qui, n'étant plus contenus par les digues désagrégées — surtout du côté sud — envahissent le lit du fleuve et l'obstruent. Par surcroît, le travail des dragueuses n'est possible que par beau temps ; la Barre devient donc, outre le danger constant qu'elle offre à la navigation, d'un accès de plus en plus difficile, par suite de son manque de fond.
Il n'est pas rare de constater que, pendant des périodes de vingt à vingt-cinq jours, des navires croisent en vue de la côte sans pouvoir pénétrer à l'intérieur, la hauteur d'eau étant insuffisante. Tout dernièrement encore, un vapeur, chargé de vin, se vit dans l'obligation de regagner son port d'attache, après avoir erré au large pendant une dizaine de jours.
LA BARRE BOUCAU 1904 PAYS BASQUE D'ANTAN |
C'est désastreux !
Il est donc de toute urgence de remédier à cet état déplorable de choses. Il y va de l’avenir de Bayonne. Les membres de la délégation parlementaire l'ont aisément reconnu. Un crédit de 300 000 francs sera voté en faveur de notre port. Mais cette somme est à peine suffisante pour parer aux premières nécessités.
A l'heure où l'on prévoit la reprise prochaine de la vie économique, la réfection complète et durable de la Barre s’impose. Il n'y a pas à lésiner. Et, comme le disait très judicieusement M. Fernand Rabier, président de la Commission des Travaux publics : "La guerre aura coûté vingt milliards à la France. Elle ne sera ni plus riche, ni plus pauvre, si elle en consacre quelques-uns de plus, à la lutte économique".
LA BARRE BOUCAU PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce sont des millions qu’absorberont les travaux de la Barre. Qu’on consente à ce sacrifice. Mais, surtout, que l'erreur de jadis, qui consistait à employer, par petits paquets, les crédits destinés à ces petits travaux ne se renouvelle pas. Ce serait s'exposer aux mêmes déconvenues, c’est-à-dire : la destruction rapide en cas de mauvais temps, des ouvrages déjà commencés et interrompus, ensuite faute d’argent immédiatement disponible. Ce serait l’éternel recommencement !
Ce qu’il faut, c’est un projet sérieusement et, au besoin, longuement étudié par l’Administration des Ponts et Chaussées que la Chambre de Commerce n’accepterait, de concert avec les Municipalités intéressées, que s’il offrait le maximum de garantie exigé par les armateurs eux-mêmes, pour la sécurité de leur navire et de leur chargement.
ECHOUAGE DE NAVIRE LA BARRE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous venons de dire : "de concert avec les Municipalités intéressées". En effet, celles-ci ne sont-elles pas également soucieuses de la prospérité de Bayonne et, de plus, ne comptent-elles pas, parmi leurs membres, des compétences indiscutées, pour mériter d’être consultées au moment où cette grave question va être abordée ?
NAVIRE FRANCHISSANT LA BARRE DE L'ADOUR PAYS BASQUE D'ANTAN |
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