LA CHAMBRE DE COMMERCE À BAYONNE EN 1916.
La Chambre de Commerce et d'Industrie de Bayonne est l'une des plus anciennes de France.
PONT MAYOU BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
En effet, sa naissance remonte à 1701, lorsque Louis XIV autorise leur création dans plusieurs
grandes villes du Royaume (Bordeaux, Lyon, Lille, Rouen, Montpellier, Bayonne).
Elle entre en activité sous Louis XV, en 1726.
Sa création s'explique par le dynamisme du port de Bayonne.
Sa zone d'influence s'étendait jusqu'à la Navarre espagnole.
Les Pyrénées Atlantiques ne comptaient qu'une seule Chambre de Commerce jusqu'en 1947.
A l'initiative du maire de Pau et avec l’accord de la CCI de Bayonne, une seconde est
spécialement consacrée au Béarn à cette date.
Voici ce qu'en rapporte le journal Le Siècle, dans son édition du 2 novembre 1916 :
"A travers les Chambres de Commerce.
Bayonne et le Pays basque.
Bien que Pau soit administrativement et historiquement le chef-lieu du département des Basses-Pyrénées, le centre de l'activité économique du pays basque est effectivement à Bayonne. La vieille cité romaine possède, en effet, le seul port abrité de la côte de Gascogne et sa situation géographique, au voisinage de l'Océan et sur la grand'route internationale de France en Espagne, en fait à la fois l'exutoire des antiques provinces du Béarn, dé la Navarre, du Labourd et de la Soule, et le marché naturel des échanges entre le pays basque français et la Navarre ibérique. Bayonne s'honore d'être l'une des grandes places de commerce nationales, et sa succursale de la Banque de France figure au cinquième ou au sixième rang des établissements dépendant de notre grand organisme financier, derrière Valenciennes.
RUE PORT NEUF BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce n'est donc pas sans raison que la chambre bayonnaise du commerce, qui rayonne sur tout le département, s'est défendue avec une énergie farouche contre toute amputation de ses prérogatives, qui remontent à deux siècles.
Eloigné du théâtre des hostilités, le port de Bayonne pouvait, semblait-il, prétendre à un sérieux accroissement de son activité à un moment où nos établissements maritimes ne peuvent suffire à la tâche nouvelle qui leur incombe. Aussi la chambre de commerce avait-elle augmenté sensiblement l'outillage de ses quais en vue des événements. L'installation de trois puissantes grues électriques avait permis de porter à 5 000 tonnes le débit journalier éventuel du port.
GARE MARITIME BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
On ne sait à la suite de quel malentendu le port de Bayonne ne fut pas utilisé comme il eût convenu. Nous voyons, en effet, son tonnage des marchandises reculer de 1 025 191 tonnes en 1913 à 852 142 en 1914, et 839 034 en 1915. Fait caractéristique, alors que partout, même dans nos ports de quatrième catégorie, les importations ont progressé depuis les hostilités, à Bayonne, celles-ci sont tombées de 703 494 tonnes à 553 436 en 1914, et 578 950 en 1915. Le premier se mestre de 1916 a néanmoins marqué une amélioration, avec 410 284 tonnes.
BATEAU DE CHARBON BAYONNE - BAIONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Par contre, le port bayonnais a vu ses exportations subir un moindre fléchissement que dans nos autres établissements maritimes. Les sorties n'ont baissé que de 15 0/0 environ : 321 697 tonnes en 1913, 298 706 en 1914, 200 084 en 1915. Le tonnage à la sortie fut, d'ailleurs, représenté, dans la proportion de 80 0/0, par les poteaux de mine, dont les houillères anglaises font une large consommation.
Le commerce des bois est donc demeuré très florissant malgré le conflit. Il peut puiser aisément dans les vastes forêts de pins des landes gasconnes. Le commerce des charbons est resté également fort actif, et il a été introduit à Bayonne en 1914 et en 1915, 372 000 tonnes de houille.
Le pays basque ne possède qu'un petit nombre de grands établissements industriels, mais ceux-ci sont loin d'avoir périclité au cours de la présente guerre. Les grandes usines du Boucau, dépendant de la Société de la Marine et d'Homécourt, facilement approvisionnées de minerais de fer de Bilbao et d'Algérie, ont prêté à la défense nationale le concours le plus actif.
EQUIPE CHAMBRE DE COMMERCE BOUCAU - BOKALE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La fabrique de produits chimiques de Saint-Gobain a développé ses fabrications dans les mêmes conditions, pour alimenter une poudrerie nouvelle installée par l'armée.
DOCKERS USINE ST GOBAIN BOUCAU - BOKALE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les scories des forges du Boucau ont continué à être transformées en ciments à prise lente dans les ateliers édifiés au Boucau, et considérablement agrandis en 1910. La fabrique de traverses de chemins de fer créosotées, du Boucau, a poursuivi ses opérations.
A ces quelques établissements se borne véritablement la grande industrie béarnaise. Mais les populations basques ont développé, toutefois, une industrie moyenne considérable. A défaut d'usines importantes, les Basses-Pyrénées comptent une "poussière d'ateliers où règne en tous temps une vie intense", suivant le mot si juste du président de la chambre de commerce de Bayonne.
A Ossès, Coarraze, Sauveterre de Béarn, sont édifiées des fabriques d'extraits tanniques. Des usines extraient des gemmes landaises colophanes et térébenthines; pour les unes et les autres, Bayonne taille et prépare des tonneaux.
Hasparren et Bayonne sont renommées pour la fabrication des chaussures. Une grosse industrie des sandales de jute fleurit à Bayonne et dans la région. L'industrie textile est représentée, en outre, dans le Béarn par la filature de coton de Mirepoix, la fabrique de couvertures de Bayonne, les usines tissant les bérets, les ceintures et les fez, installées à Oloron, Mauléon, Tardets, quelques fabriques de toiles.
MANUFACTURE CHAUSSURES HASPARREN - HAZPARNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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