LA REINE NATHALIE DE SERBIE EN 1941.
De très nombreuses personnalités, dont des rois et des reines, ont fréquenté et aimé le Pays Basque.
REINE NATHALIE DE SERBIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce fut le cas, en particulier de la Reine Nathalie de Serbie.
Voici ce qu'en rapporte La Petite Gironde, dans son édition du 4 juin 1941 :
"Présentation à la reine Nathalie.
La vie de la reine Nathalie, commencée dans les éblouissements de l'amour et des honneurs, connut vite le calvaire des épreuves. Fille du colonel russe Kechko et de la princesse roumaine Stourdza, elle épouse, à seize ans, Milan Obrénovitch, qui allait devenir roi de Serbie. Belle, et parée des grâces d’une nature charmante, dont la simplicité n’était pas le moindre attrait, elle avait tout ce qu'il faut pour être populaire ; aussi son élévation au trône fut-il salué par l’enthousiasme de tous les Serbes. Le bonheur brille sur le jeune couple. Courte féerie ! Les nuages vont l’envelopper, s’amoncelant de plus en plus. Milan, devenu fêtard et joueur, abdique. Son fils Alexandre lui succède. Il épouse une des dames d’honneur de sa mère : Draga Maschine, intrigante, sans beauté, dont la ténacité et la ruse eurent vite fait de dominer le faible Alexandre.
Les Serbes accueillirent cette union avec une froideur qui n’allait pas tarder à tourner au pire. En 1903, Alexandre et Draga sont assassinés dans leur palais de Belgrade ; ils sont lardés de coups de poignard, empalés Je me souviens de ce détail qui dénote le sauvage acharnement des assassins : le roi avait orné sa chambre de tous ses jouets d'enfant, religieusement conservés. Les meurtriers les brisèrent pour en frapper les corps mutilés de leurs victimes.
Si j’évoque à mon tour Nathalie de Serbie, morte dernière à Paris chez les Dames de Sion, où elle s’était retirée, c’est qu’elle fut, au temps de son bonheur, une des personnalités brillantes de notre Sud-Ouest. Elle adorait la Côte Basque où elle fit bâtir, face à l’Océan, dans un endroit alors désert, la belle villa de Sachino, devenue plus tard le Pavillon Royal.
PALAIS DE SACCHINO BIDART - BIDARTE PAYS BASQUE D'ANTAN |
De cette souveraine, vite entrée dans le deuil et dans l'ombre. J’ai gardé le souvenir de la façon plaisante dont je lui fus présenté.
La reine Nathalie avait beaucoup d’admiration pour Pierre Loti, qu'elle recevait souvent à Sachino. Un été, où j’étais l'hôte du grand écrivain à Hendaye, il l’invita à déjeuner.
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Le désespéré qu’était Loti ne se détendait qu’à des jeux enfantins, qu’à des farces ; aussi, bien qu’il fût très respectueux de tout ce qui était l’étiquette, ne put-il s'empêcher de combiner pour ce déjeuner une de ces facéties qui le mettaient en joie. Nous décidâmes que, revêtu d’une livrée de maître d’hôtel je servirais le repas, et qu’au dessert, sans crier gare, je prendrais place à la table, tout comme un invité.
Ainsi fut fait. Ayant servi très correctement une mousse au chocolat, je m’installai à côté de Loti et goûtai à la mousse que je venais de présenter si correctement. La reine, croyant certainement que j’étais fou eut un mouvement de recul ; mais dans le même moment Loti riait aux éclats et me présentait à la souveraine qui voulut bien rire avec nous. Heureux temps que celui où l’on s’amusait à des bagatelles.
A cette époque, Alexandre, pas encore marié, venait quelquefois à Sachino. Il n’avait rien de l’allure de ses parents. Il était plutôt laid. On l'appelait le phoque. Il ressemblait, en effet, à ce mammifère, avec cette différence qu’il portait un lorgnon. On le vit un peu partout au Pays, Basque, chez le marquis d’Arcangues, et au château d’Urtubie chez le vieux monsieur de Larralde. Sa présence était un réconfort pour la reine. Elle en avait bien besoin. Milan la désespérait. J’ai vu ses lettres de 1888 en marge desquelles la reine avait mis ces mots qui revenaient comme un triste soupir ; "Abdiquer ! II ne parle que d'abdiquer !" Joueur décavé, il avait fait mettre ses bijoux au Mont-de-Piété.
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Si j'en crois le remarquable livre de Marie d'Albarade "la Belle Histoire du Pavillon Royal", la villa est construite à la fin des années 1870 et porte le nom de Castel Biarritz. Ce n'est que 12 ans plus tard, que Nathalie Petrovna, épouse du roi de Serbie s'y installera.
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