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samedi 30 décembre 2017

LE NID MARIN À HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS


LE NID MARIN À HENDAYE.

Fondé en août 1919, il se composait à l'origine d'une seule maison comprenant une soixantaine de lits seulement.


PAYS BASQUE AUTREFOIS
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cet établissement est situé dans les hauteurs de Hendaye, à proximité de la plage.

C'est une oeuvre privée appartenant à l'"Union des femmes de France, de Pau" et porte le 

nom de "Nid Marin".



Le Nid Marin ouvre ses portes comme préventorium pour les blessés de la grande guerre.

A partir de 1923, il sera dirigé par la Croix Rouge et accueillera les personnes atteintes de 

maladies neurologiques.

L'établissement sera agrandi à deux reprises en 1925 et 1929, pour pouvoir disposer de cent lits 

de plus à chaque fois.



Voici ce qu'en rapporte la presse nationale et locale, de 1921 à 1928 :


  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition du 20 mai 1921 :

"Le Nid Marin d'Hendaye.

Dispensaire de l’Union des Femmes de France.


Le jeudi 28 avril a eu lieu l’assemblée générale du Comité de Pau de l’Union des Femmes de France. Cette importante réunion était présidée par Mme Sangnier, directrice de la propagande, venue de Paris pour apporter les félicitations et les encouragements du Comité Central de l’U. F. F. au Comité de Pau. 


Le Secrétaire général a donné lecture de son rapport de fin d’année qui fait ressortir le développement et le succès croissants de l'œuvre et de ses deux filiales, le dispensaire de la rue Gachet dit le Nid Marin d’Hendaye



AVANT PAYS BASQUE
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le nombre des malades inscrits au dispensaire pendant l’année 1920, s’est élevé à 1 400, tous indigents ou nécessiteux, le nombre total des entrées a été de 9 809 dont 5 890 consultations avec pansements de petite chirurgie, 311 consultations de chirurgie générale, 394 consultations de médecine infantile, 498 consultations de médecine générale, 402 consultations d’ophtalmologie, 978 consultations d'othorino-laryngologie, 265 consultations et opérations d’orthopédie infantile et de traitements électriques ; 72 enfants ont suivi avec un total de 1 481 présences, les cours d’Education physique thérapeutique. 


L'activité du dispensaire s'est encore manifestée par l’assistance directe aux malades, la visite des enfants à domicile, la diffusion des notions et préceptes d’hygiène. 




AVANT PAYS BASQUE
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le Nid Marin d’Hendaye a abrité en 1920 201 enfants. La durée des séjours a varié entre un et deux mois pendant la période des vacances d’été ; elle s'est élevée à quatre mois en moyenne pendant l'hiver ; le nombre total des journées d’hospitalisation a atteint le chiffre de 9 130. Les enfants reçus au Nid Marin ont été envoyés par le dispensaire, par les colonies de vacances de Pau et de Toulouse, par les Pupilles de la Nation de Pau, Nay, Oloron, Paris, Toulouse, Montauban, Creil, Châteauroux, Lens, etc. Grâce aux deux subventions de 100 000 francs accordées par le gouvernement sur les fonds du Pari Mutuel, l’immeuble a pu être acheté, réparé, pourvu d’eau potable en abondance, assaini et muni de tout l'outillage hygiénique nécessaire, d’importants travaux d'agrandissement vont pouvoir être entrepris."


  • La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du 17 septembre 
1926 :


"Avant un grand gala.

Le Nid Marin d'Hendaye :


Un de ces derniers dimanches, je me trouvais sur la plage d'Hendaye et j’arpentais la longue digue qui s'étend jusqu’à la hauteur des deux Jumeaux. C'est un ces plus beaux décors de la Côte Basque. En face de soi, le magnifique panorama de la rive espagnole où les maisons se groupent autour du minaret de Fontarabie et qui se prolonge, au regard du promeneur, bien au-delà du Jaizquibel, lorsque le ciel est pur. Entre cette rive et la nôtre et remontant vers le Nord une mer calme et bleue qui vient mourir en toutes petites vagues pressées et miroitantes sur un sable d'une finesse extrême. Et tout à l’extrémité, vers le Nord, également, les falaises qui se découpent en vert et en brun sur un ciel sans nuage. 




pays basque autrefois
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN


Or, ce jour-là, tout à l’extrémité de la plage et presque au pied des falaises, je voyais se mouvoir — tantôt se rassemblant, tantôt, au contraire, se déployant en deux longues colonnes, puis se séparant en escouades — des silhouettes blanches. Je ne doutai pas avoir, dans le lointain, le spectacle de soldats faisant la petite guerre. J'étais d'autant plus fondé à le penser, qu'au-dessus de leurs têtes flottait un drapeau tricolore et que je pouvais aussi entrevoir des voiles d'infirmières prêtes à ramasser - inclinai-je à croire — les morts et les blessés par figuration. Une chose néanmoins m’intriguait un peu : les infirmières étaient indubitablement d’une taille plus élevée que les "hommes". Aussi à mesure que j'avançai, me fut-il donné de me rendre compte que ces "hommes" étaient, en réalité de petits bonshommes. Je crus alors avoir affaire à une colonie scolaire venue pour quelques jours sur la Côte Basque et qui se livrait à ces exercices, autant pour son amusement que pour développer les muscles de ses jeunes participants, d’ailleurs nombreux, ce qui ne laissait pas de m’intriguer quelque peu. 



J’avais oublié le "Nid Marin" d'Hendaye, ce qui était une injustice grande et dont je m'accuse encore envers ceux qui fondèrent cette belle oeuvre, qui s'y intéressent, qui l'administrent, qui l'aident de toutes les manières et aussi envers ces dévouées jeunes femmes et jeunes filles qui sont les "nurses" puis-je dire des bambins réunis, blottis entre deux rochers, à l’air pur et vivifiant du large, dans des bâtiments dont je pus bientôt admirer l'ordonnance, au milieu d'un parc qui borde la mer en terrasse, précisément à l’endroit où les chemins serpentent vers la falaise. 



Tout près de ces enfants, à présent, de ces enfants vêtus de blanc, mais très court vêtus, si bien que leurs jambes nues et leurs bras brunis jouaient aisément, je pouvais admirer, à tous, leur mine superbe et la gaieté qui brillait dans leurs yeux. 




pays basque autrefois
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN

En rangs par deux et sous la conduite des infirmières, ils regagnaient le "Nid". 


Le "Nid Marin", je ne connais pas d’appellation plus touchante, plus charmante et qui fasse plus justement image. 


Petits moineaux, petits "pierrots" ayant d’abord grandi entre les pavés parisiens, ils sont venus sur la Côte Basque un peu blessés, souffreteux, l’œil presque morne, en dépit de leur audace primesautière, particulière aux enfants de la capitale, sous la paupière clignotante. Petits commencements de lésions aux poumons, premiers symptômes d'un mal qui fait tant de ravages : il faut guérir cela. 



C'est alors qu'on dirige ces enfants vers l’asile d'Hendave Plage, où ils trouvent en effet le bon, le doux nid où sous l'influence du climat et de la brise marine, ils se refont des poumons sains, forts, désormais armés pour lutter contre l’air de Paris. 



D'autres ainsi, qu’il vous était dit, il y a quelques jours, qui ne peuvent supporter les effluves marines, sont dirigés vers un autre asile, dans la montagne pyrénéenne.




pays basque d antan
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais l'entretien d’un tel établissement, avec tous les frais qu’il comporte pour assurer aux enfants tous les soins qui leur ont été promis, dont ils ont besoin et que ceux qui en ont pris la charge tiennent à leur donner, nécessitent d'importants sacrifices parallèlement à une surveillance continuelle. 



A cette oeuvre qui fut l’objet de la sollicitude particulière de M. le Sénateur Strauss, ancien ministre de l'Hygiène — ami fidèle d'Hendaye et son hôte chaque année — sont allés bien des dévouements, bien des sollicitudes et pour ne citer qu’un nom, aujourd'hui, parce qu’on conserve le souvenir de sa bienveillance attentive, délicate et... active, nous nommerons Mme Garipuy, femme du précédent préfet des Basses-Pyrénées



Mais celles qui, avec elle, se préoccupent du sort des petits pensionnaires du "Nid Marin" ont besoin de faire appel à des concours généreux. C’est dans ces conditions qu'elles organisent, cette année, la fête qui sera donnée demain soir. 




pays basque autrefois
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN

M. Hieulle, directeur du Pavillon Royal, a spontanément répondu à cet appel en mettant à la disposition des dames du Comité, son magnifique établissement et les artistes qu’il sait choisir avec tant de sûreté de goût et le sens aigu de ce qui plaît au public. 



On sait que le roi d’Espagne a accordé son patronage à ce gala qui se passera "sur la place publique à Séville", en réalité dans la Cour d’honneur du Pavillon Royal qui sera merveilleusement décorée. 



On dit qu’il y aura bien des surprises et de jolies choses, mais ce n’est point mon rôle d’en parler. 



Je ne me suis donné ici d’autre mission que celle de vous dire : il y a demain soir une bonne œuvre à accomplir ; il y a d’admirables femmes et des administrateurs dévoués qu'il faut seconder ; il y a des enfants à sauvegarder de la mort ; il y a le Nid Marin d'Hendaye dont il faut assurer la continuité, la douceur pour les petits être fragiles qui s’y viennent blottir. Soyez nombreux, ayez le geste large."



  • La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du 22 août 1928, 
sous la plume de Ch. De la Rüe :



"Une visite au "Nid Marin" d’Hendaye.


Ces petits enfants du "Nid Marin" en faveur de qui nous vous avons demandé d'être nombreux, très nombreux demain soir au gala qui aura lieu à Miramar, ces petits enfants, dis-je, je les avais déjà vu s’ébattre sur la plage d’Hendaye, non point cette année, mais il y a deux ans, trois ans peut-être et j’avais suivi avec joie leurs jeux et leurs exercices. 




pays basque avant
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA 
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais ce n’était pas assez que de les rencontrer hors du nid, je tenais à les y voir blottis, à les voir chez eux at home comme disent nos amis d’Angleterre. Et l'on sait tout ce que cette expression — à peu près intraductible en français contient de bien-être, de douceur et d’affirmation à la fois de la personnalité et de la possession sans conteste du chez-soi. 



J'ai donc tenu à leur rendre visite. Le "Nid Marin" quel mot pourrait davantage faire image et dire de quels soins ces enfantelets sont entourés avec quelle sollicitude on surveille leur santé. On la surveille si bien que venants menacés par des maladies qui font hélas ! tant de victimes, ils repartent bien portants, brunis par le soleil, heureux et même — quelque joie qu'ils aient d’aller retrouver leurs parents — attristés de quitter celles qui étaient devenues pour eux une autre famille et les bâtiments et le site qui leur causaient tant d’enchantements. 



Ce "Nid Marin" se situe sur une petite colline, d'où il domine la plage, la mer, qui étale, à perte de vue sa grande nappe argentée et le panorama inoubliable de la côte espagnole, où le clocher de Fontarrabie presque pareil à un minaret se dresse parmi les monts. A l'ancienne demeure d’un médecin d’Hendaye qui y jouissait de solides sympathies, on avait ajouté une aile ; on en ajoute actuellement une autre qui abritera elle aussi dans ses dortoirs, dans ses réfectoires, les enfants dont le nombre augmente sans cesse et leurs surveillantes.



Je ne pourrais entreprendre de vous mener pas à pas avec moi à travers les salles. Ainsi que je l'ai fait, si aimablement guidée par la directrice Mlle Lasserre. 



Celle qui a la garde et la direction suprêmes de tout ce petit monde et de ses collaboratrices, porte au revers de sa blouse blanche, presque imperceptibles trois petits rubans parmi lesquels j’ai distingué la croix de guerre. C’est qu’elle fut infirmière-major au front, pendant presque toute la terrible campagne. Mais d’autres emplois comme directrice de maisons analogues, d’hôpitaux, de formations sanitaires, — notamment en Bretagne — la distinguant à celui qu’elle occupe aujourd'hui. Je sens combien j’effaroucherais sa modestie si j'insistais autrement sur les qualités professionnelles de Mlle Lasserre — qui, d’ailleurs est presque de chez nous, puisque elle est de Bordeaux. Mais ce que j’ai pu constater c'est sa grande bonté, si simple et si vraie qui fait que tous les bambins qui lui sont confiés l'adorent. 



PAYS BASQUE AUTREFOIS
LE NID MARIN HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

J’ai donc visité ces réfectoires, ces dortoirs, ces infirmeries — heureusement occupées bien rarement — ces lavabos où tout est d'une blancheur, d’une fraîcheur qui font plaisir à voir. J’ai vu ceux actuellement occupés, j’ai vu ceux qui le seront bientôt, dans une aile vaste, largement aérée, claire et d’où la vue encore s'étend sur la mer. 


Il y a actuellement, au Nid Marin, 166 enfants, dont 60 qui ne sont pas des moins intéressants, puisqu’ils sont des Pupilles de la Nation, 35 garçons et 25 filles, dont les papas sont morts pour que nous vivions, — et vivions libres —. 


Mais les demandes affluent de toutes parts. A tous ceux qui viennent de Paris (surtout de la banlieue) du Nord et même de l’extrême-Est, d'autres voudraient s’ajouter. Voilà pourquoi on construit des bâtiments nouveaux de sorte que le Nid Marin pourra abriter l'an prochain 300 enfants. 


On voit combien cette œuvre est belle. 


Mais construire coûte cher... et nourrir, entretenir ces enfants ne coûte pas moins, sans compter les émoluments — combien modestes ! — des surveillantes, qui pourtant ne ménagent ni leurs soins, ni leur dévouement ! 


Sait-on, je ne citerai que ce chiffre, en passant, que chaque mois la note du boulanger du Nid Marin dépasse actuellement 5 000 francs ! 


Voilà pourquoi le Comité de la Croix-Rouge fait appel au cœur de ceux qui aiment les enfants et apprécient la haute utilité de cette œuvre. Voilà pourquoi, généreusement aidé la Direction de Miramar, qui organise une magnifique soirée, il vous convie au gala de demain soir jeudi. 


Celui qui signe ces quelques lignes se joint à lui. Il sera heureux, après avoir vu tous ces enfants si nets, si confiants, si choyés et qu’on sauve chaque jour de maux que ceux à qui la fortune a souri peuvent efficacement combattre au foyer paternel même. 


Voilà pourquoi, dis-je il sera heureux, s’il a pu pour une bien modeste part, vous gagner à une cause aussi généreuse."





(Source : http://margoytia.fr/2014/02/18/nid-marin1923/)



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3 commentaires:

  1. J'y ai vécu 3 mois à l'âge de 6 ans en 1960 , c'est le pire souvenir de ma vie . Les assistantes sociales avaient réussit à convaincre mes parents que ce séjour me ferait du bien alors que je ne n'étais pas du tout malade seulement maigrichonne ce que j'ai été toute ma vie , maintenant on dit " mince " . J'ai passé des moments absolument terribles dans cet établissement , à 65 ans je me souviens encore de l'odeur d'eau de javel sur les serviettes de table à petits carreau rouge et blanc. Des heures passées sur un brancard au soleil avec les " allongés " c'est à dire les enfants atteint de poliomyélite . A cette époque les services sociaux passaient dans les familles pauvres pour remplir les lits de cet établissement afin qu'il ne perde pas les subvention de l'état . Rien qu'en postant ce commentaire dont je ne sais pas si quelqu'un le lira j'en pleure ... Toute ma souffrance de petite fille de 6 ans reviens tant d'années après .Signé Michelle Cizeron de Saint Etienne

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    1. à l'âge de 9 ans j'y ai vécu 9 mois en 1954. Maigrichon, comme Madame je devais prendre quelques kilos. La thérapeutique qui m'étais réservé était de me faire manger avec une serviette sur la tête pour m'empêcher d'être distrait. J'y ai appris à faire mon lit au carré, puis je suis devenu chef du dortoir Bayard . A ce titre je devais lancer la chanson de Bayard à la montée des couleurs, tout les matins et m'occuper des autres, notamment d'un enfant chauve dont je devais frictionner le crâne d'une pomme tout les jours. Puis d'un autre, déficient mental et handicapé, dont l'occupation principale était de mettre des graviers dans ces cheveux, que je devais lui ôter avec le repas du soir. La Directrice était Melle d'ABBADIE. Les nouvelles que nous donnions par écrit à nos parents passaient à la censure avant l'envoi. Avec d'autre, nous échafaudions des projets d'évasion qui bien sûr jamais aboutis. Quand ma maman est venue me chercher en décembre 1954 elle m'a emmené mangé en ville, mais de ce fait, je n'ai pu saluer mes copains, ni prendre un magnifique coquillage que j'avais trouvé sur la plage et que je conservais comme un trésor. J'ai aujourd'hui 75 ans et je me dis souvent qu'aujourd'hui, Melle D'ABBADIE aurait été destituée.

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    2. En 1954 à l'âge de 9 ans, j'étais là pour prendre du poids. Il fallait donc que je mange. Malgré l'air marin et privé de crème pâtissière, je n'avais pas plus d'appétit. La Directrice devait donc trouver une solution. D'après elle si je ne mangeais pas c'est parce que j'étais distrait par les autres. Il convenait donc de m'isoler des autres, de m'enfourner une cuillère de nourriture et de me basculer la bavette sur la tête jusqu'à ce que ma bouche soit vide.
      Après les trois premiers mois, je trouvais le temps long et je ne comprenais pas pour quelques raisons je devais rester là. Et puis il y avait autour de moi des enfants bizarres, qui semblaient ne plus avoir de parents, ou qui souffraient de déficit graves et dont il fallait s'occuper. Pour ma part on m'en m'avait confié deux: un qui avait une chevelure épaisse et qui passait son temps de récréation parterre à ramasser des cailloux avec les seuls deux doigts de chacune de ses mains et de les mettre dans ses cheveux; et l'autre qui n'avait pas un cheveux sur la tête et dont il fallait masser le cuir chevelu . Certains soirs de cafard ou je me demandais si je n'étais pas, moi aussi, abandonné par mes parents, j’échafaudais avec un copain normal, des plans d'évasion.

      La communication avec mes parents m'étais difficile, les lettres envoyées étaient précédées de brouillons que nos animatrices nous faisaient corriger jusqu'à ce qu'elles se résument à «tout va bien maman, grosses bises à vous tous». Puis un jour de décembre 1954, vers 11h, la directrice et venue me chercher dans la cour pour me dire que j'avais une visite.
      C'était Maman. Elle venait me chercher. Nous sommes immédiatement parti manger au restaurant. Au retour, mes affaires avaient été rassemblées au Lazaret. Je ne pouvais dire au revoir à personnes. J'étais à nouveau contaminé par l'extérieur.

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