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dimanche 17 décembre 2017

LA TANNERIE À HASPARREN - HAZPARNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS


LES TANNEURS D'HASPARREN EN LABOURD.

A Hasparren, on connait surtout l'industrie de la chaussure mais une autre industrie existait aussi dans le Pays Basque d'antan : la tannerie.



PAYS BASQUE 1900
CHAUSSURES ONA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


En effet, Hasparren possédait les trois éléments qui déterminaient l'implantation de la tannerie 

dans une région : le tan, l'eau et l'élevage. 

Le village possédait et possède toujours dans ses 550 hectares de bois et forêts une des essences 

nécessaires à l'obtention du tannin, le chêne. 

Par ailleurs, un réseau très important de ruisseaux (provenant pour la plupart du mont 

Ursuia) et de cours d'eau traverse la commune. 

Enfin, la matière première, le cuir, provenait en partie des troupeaux locaux ou était importé 

du Portugal, de Hollande, du Canada ou de la République Orientale d'Uruguay en Amérique 

du Sud. 

Des textes anciens montrent l'existence de cette activité dès le 17ème siècle.

Les tanneurs et mégissiers ont pendant longtemps constitué l'une des principales professions 

dans le village. 

La plupart exerçaient en fait deux activités : laboureur et tanneur.

pays basque 1900
UN COIN DU CHAMP DE FOIRE HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les tanneurs travaillaient des peaux lourdes dont les cuirs étaient réservés principalement 

pour les équipements militaires ou les semelles de chaussures.


Les mégissiers traitaient les petites peaux d'agneaux, de moutons ou de chèvres et utilisaient de 

l'huile de poisson pour les assouplir. 


Ils se trouvaient pour la plupart au quartier d'Urcuray, tandis que les tanneurs étaient 

disséminés sur toute l'étendue de la commune et plus particulièrement dans les quartiers de 

Celhay (proche du mont Ursuia et de ses ruisseaux) et Urcuray (traversé par le ruisseau 

"Urkoiko Erreka"). 


pays basque autrefois
URSUYA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il s'en trouvait également quelques-uns au bourg, à proximité du cours d'eau appelé 

"Yondonaneko ura ".



Certains possédaient un petit moulin qui leur servait à réduire en poudre l'écorce de chêne afin 

d'obtenir le tan qui leur était indispensable.



Le matériel utilisé se réduisait à de simples outils manuels. 



Tous devaient cependant posséder des fosses dans lesquelles séjournaient leurs peaux durant 

dlongs mois.


A l'arrivée des bateaux au port de Bayonne, des convois de bouviers s'y rendaient pour en 

rapporter les cuirs verts nécessaires à l'activité des tanneurs locaux.




pays basque avant
USINE ELECTRICITE ALSHUYA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



En 1831, cinquante et une tanneries existaient à Hasparren, la plupart n'employant que deux 

ou trois personnes. 



pays basque autrefois
CASCARROTTES HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

On recensait également à cette période neuf moulins à tan.


Au début du XIXème siècle, les Haspandars commencèrent à utiliser personnellement les 

peaux tannées par les mégissiers et tanneurs pour en faire des chaussures. 


Cette industrie de la chaussure allait prendre tant d'importance qu'elle allait devenir la 

principale activité du village au 20ème siècle jusque dans les années soixante-dix.



Quelques années avant la Révolution on comptait à Hasparren : 442 laboureurs, 353 tisserands 

et duranguiers, 270 cordonniers, 137 tanneurs, 13 chocolatiers et 32 marchands. 



En 1856 on y dénombrait entre autres 591 personnes employées dans le textile, 869 personnes 

travaillant dans la cordonnerie et 158 personnes vivant du tannage et du corroyage.


pays basque d antan
QUARTIER CHERRA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


En 1891, 860 hommes et 685 femmes étaient employés dans les industries du cuir (cordonnerie 

et tannerie confondues) qui étaient la principale activité dans le village. 



Le travail de la tannerie était pénible mais la plupart des tanneurs étaient aussi agriculteurs et 

étaient donc accoutumés à l'effort. 


De plus, cette bivalence professionnelle était presque naturelle puisque les paysans 

produisaient dans leurs propres fermes la matière première qu'ils allaient ensuite transformer 

: les peaux de bêtes. 


Les produits étaient écoulés localement auprès des cordonniers mais aussi sur les marchés 

environnants dont celui d'Hasparren. 




pays basque 1900
RUE MONTANTE HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici les procédés artisanaux utilisés à l'époque où le village s'était spécialisé dans le tannage.


L'on commençait par extraire le tanin ou acide tannique (élément nécessaire pour le tannage) 

de l'écorce du chêne. 

Cette opération s'effectuait alors que l'arbre transpirait, quand il était "izerditan", en été. 

Pour séparer l'écorce du tronc, on fendait l'écorce avec une hache. 

On la frappait ensuite avec la tête de la hache puis on introduisait celle-ci dans la fente en 

faisant levier pour faire sauter l'écorce. 

On la mettait à sécher dans un endroit couvert et on la triturait pour la moudre et la réduire à 

l'état de poudre.


Une fois le tannin préparé, on prenait une peau de vache que l'on plongeait dans une fosse 

remplie de chaux et d'eau pour enlever les poils.

 

pays basque autrefois
CHÂTEAU ET ETANG ZALDUA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



La fosse avait la forme d'un carré d'un mètre de côté et d'un mètre de profondeur. 

Elle pouvait être simplement creusée dans le sol ou alors était construite sur le sol et limitée par 

un mur en maçonnerie d'environ un mètre de haut.


Tous les jours - durant dix jours - il fallait enlever la peau, remuer l'eau et la replonger dans la 

fosse. 


Quand les poils tombaient, ils étaient retirés à l'aide d'un couteau. 


Le cuir passait alors dans une autre fosse de même dimension mais uniquement remplie d'eau. 


Il y perdait la chaux dont il était imbibé et le tanneur pouvait ensuite retirer les morceaux de 

chair qui adhéraient encore à la peau.


euskal herria lehen
QUARTIER DE HASQUETTE HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Puis les fosses étaient plus étroites et plus profondes : 1,5m de profondeur. 



Elles étaient remplies d'eau et de tannin. Il fallait enlever le cuir deux fois par jour, bien 

remuer le tanin et y replonger les peaux. 



Le résultat final était bien meilleur si l'opération était effectuée trois fois au lieu de deux. 

On changeait le tanin des fosses tous les six jours. 

Ce processus pouvait durer entre deux mois et demi et trois mois selon l'épaisseur du cuir. 



Pour savoir si le tanin avait bien pénétré le cuir, l'artisan faisait une entaille dans la partie la 

plus épaisse à l'aide d'un couteau. 

Si une raie blanche apparaissait, il fallait continuer. 




pays basque 1900
PLACE DE L'EGLISE HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Lorsque le tanin avait bien pénétré, le tanneur passait une graisse spéciale de couleur jaune sur 

le cuir, le laissait sécher puis le nettoyait. 

On pouvait alors préparer les différents produits pour lesquels le cuir avait été tanné (souliers, 

outres…).



Outre les peaux de bovins, l'artisan tanneur travaillait également les peaux de brebis, de 

moutons et de chèvres. 



Sur la peau mise à tremper, il jetait de la pierre d'alun, de la poussière et un peu de sel. 


Il ramassait la peau et la laissait ainsi durant cinq ou six jours avant de la plonger dans une 

fosse remplie d'eau chaude salée et de pierre d'alun qui s'y diluait peu à peu.


Lors de l'étape suivante, la peau était séchée et nettoyée.

Certaines familles ont créé de véritables dynasties de tanneurs présentes du 18ème au 20ème 

siècle : Narcisse Choribit créa une tannerie dont ses descendants poursuivirent l'activité 

jusqu'au Chili. 



pays basque autrefois
COLLEGE ST JOSEPH HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


D'autres tanneurs disposant d'établissements conséquents furent furent Pierre Domec, 

Hippolyte Garat, Saint Martin Lissarrague et Habas.


Le déclin de l'activité s'opère à partir de 1860-1870 à cause d'une épidémie d'oïdium ayant 

affecté les chênes de la région et d'une inadaptation aux techniques modernes de tannage. 


Les recensements opérés localement tout au long du 19ème siècle confirment cette situation : 

Hasparren comptait 137 tanneurs en 1804, 158 en 1856 et 66 en 1881. 


Ils n'étaient plus que 14 en 1911.

Hasparren n'a jamais franchi le cap du tannage au chrome et la tannerie n'est pas passée au 

stade industriel. 


AVANT PAYS BASQUE
HÔTEL GASCOÏNA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

On retrouvera beaucoup des tanneurs ayant perdu leur emploi parmi les émigrants. 


Certains étaient embauchés directement par d'autres émigrants venus les chercher au village 

pour travailler dans les tanneries qu'ils exploitaient à Cuba, au Mexique, en Argentine, en 

Uruguay ou au Chili.









(Source : http://www.hasparren-histoire.fr/industrialisation-1.html)



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