LE TOURISME NAUTIQUE SUR LA NIVE EN 1933.
En 1933, le tourisme veut se développer au Pays Basque Nord.
Une des pistes de développement envisagées est le tourisme nautique sur la rivière la Nive.
Voici ce qu'indiquait la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du
21 octobre 1933 :
"Le tourisme nautique.
En canoë sur la Nive.
Parmi les rivières de notre belle région, la Nive est, peut-être, celle qui présente le plus d'attraits, tant au point de vue sportif qu'au point de vue spectaculaire. Ces jours derniers on voyait arriver en gare d’Ossès, avec un canoë canadien, deux membres du Canoë Club les Gaves.
GARE OSSES - ORTZAIZE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici les notes de route de l’un de ces équipiers. Souhaitons qu'elles puissent servir à d'autres canoëtistes et les décider à effectuer cette belle descente :
Nous mettons le canoë à l'eau à Eyharce : bien entendu devant tous les gosses du village. A cet endroit, la Nive est dans un vallon entouré de montagnes sur lesquelles les étables font de jolies taches blanches d'où s’échappent les gais tintements des clochettes des troupeaux.
Ile d'Arlantorenia. Deux bras; nous prenons le bras de droite qui se termine par un petit rapide franc.
Peu à peu, les rives se rapprochent, les montagnes semblent vouloir nous fermer le passage et nous entrons dans une belle gorge une lissée qui suffit tout juste au passage de la Nive, de la route et du chemin de fer. Le courant s’accélère et emporte notre canoë dans une série de rapides violents et rapprochés, terminant presque tous par une petite chute; nous passons sans encombre, car nous avons pris la précaution d'examiner auparavant chacun de ces rapides.
BORDS DE NIVE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous sommes en vue de la carrière de Saint Martin d'Arrossa et d'une passerelle traversant la Nive : l'eau gronde très fort et nous sommes pris dans l’écume d’un fort rapide de 150 mètres de longueur ; de tous côtés des rochers montrent des dents menaçantes que nous évitons par d’heureuses manœuvres ; à la fin de ce courant la Nive s’étrangle sur une largeur de trois mètres et, arrivés sous la passerelle, nous faisons un joli saut au milieu des lignes tendues par un pécheur qui en reste abasourdi.
BIDARRAY PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ensuite, jusqu'à Bidarray, c'est une série de rapides plus faciles. Nous arrivons au pont d'Enfer : un bien joli pont, recouvert de lierre et surmonté de deux braves douaniers qui nous regardent passer d'un œil protecteur. Nous nous arrêtons un peu pour arranger nos sacs à bagages déplacés dans la série de sauts que nous venons de faire. Pendant ce temps, nous remarquons que nos deux douaniers, le curé et de belles Basquaises, vont nous attendre à deux cent mètres en aval. Pauvres gens ! Vous allez voir comment passe notre Lakefield ! Nous nous engageons dans un goulot et nous nous trouvons dans une véritable cascade de 3 mètres de dénivellation: les deux rives sont à se toucher ; l'eau écume avec vacarme; par suite du manque d'eau nous heurtons des rochers qui nous font dévier et, n'étant plus maîtres de notre direction, nous sommes coincés entre la rive et une roche ; je saute à terre et dégage le canoë qui s'en va rouler jusqu’au fond de la chute avec mon équipier resté fidèle à son poste. Nous étions bien confus, mais notre amour propre fut sauf en apprenant que deux de nos amis avaient subi le même sort que nous quelques jours auparavant.
LAVOIR CAMBO - KANBO PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous effectuons ensuite sept kilomètres du parcours sans difficultés. Les rapides se succèdent mais sont francs; la Nive semble vouloir nous faire oublier sa rosserie. Cependant à hauteur de la ferme d'Errobidartes, nous voyons encore des douaniers : cela ne va pas sans nous inquiéter car depuis notre dernier "dessalage" nous les considérons comme de mauvais présages, malgré notre sympathie pour eux et notre respect pour l'uniforme. Mais le présage était vrai : presque sous leurs yeux, nous passons facilement un premier rapide terminant par une chute de un mètre; aussitôt après nous passons dans un mauvais rapide terminant sur un tronc d'arbre échoué, barrant la veine et sur lequel nous allons certainement chavirer : nous sautons hors du canoë que nous tirons au bord; bien nous en prend car ce courant termine dans le Pas de Roland. Nous amarrons et allons reconnaître le passage : cinq mètres de dénivellation sur cinquante mètres de longueur; c'est un véritable petit Niagara, dans un goulot où les eaux écumeuses sont renvoyées avec violence d’une rive à l’autre. Avec suffisamment d’eau le passage est magnifique, mais cette fois-ci, trop de rochers émergent pour nous permettre de passer sans danger : force nous est de glisser le canoë par le bord.
Après le Pas de Roland se fait sentir la résistance du barrage d’Itxassou. Toute l’eau de la Nive est canalisée vers l’usine électrique ; l'écluse étant levée, nous passons dessous et arrivons à 100 mètres plus loin sur les grilles ; nous sortons le canoë de l'eau et le portons pendant 30 mètres dans le lit de la rivière.
BAC PAS DE ROLAND ITXASSOU - ITSASU PAYS BASQUE D'ANTAN |
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