UN CONCOURS DE BEAUTÉ À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1928.
Le 29 octobre 2017, j'ai publié un premier article consacré à l'annonce de ce concours de beauté féminine en 1928.
CHEMINS DE FER DU MIDI ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je vous ai informé que je vous publierai le compte-rendu de ce concours.
Le voici donc, extrait de La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son
édition du 24 septembre 1928, sous la plume de Louis Daney :
"La Plus Jolie Basquaise.
Mlle Marthe Larramendy de Saint-Jean-de-Luz a été élue hier.
On a vivement acclamé Mlle Solange Bonney qui fut classée deuxième par le jury.
Choisir! Avez-vous parfois réfléchi au rôle que joue ce simple verbe dans la vie des peuples et dans celle des hommes?
Sans ce mot l’existence serait facile, bien des soucis nous seraient épargnés, bien des regrets, bien des efforts. L’histoire, sans lui, serait toute plate, aucun récit de guerre et de batailles ne l'animerait; elle réjouirait un pacifiste. Choisir! Si Paris avait connu la valeur des mots, s’il avait su tout ce qu'ils renferment de terrible parfois, croyez-vous qu'il n’aurait pas laissé la pomme sur son pommier?
MALLET STEVENS ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Choisir! Vous savez ce que c’est, mesdames qui passez votre temps dans les grands magasins. Vous n'ignorez pas les petits tracas que ce mot vous a causés. Encore ne s’agissait-il que de choisir des frivolités. Aucune de vous cependant n'a songé à plaindre les pauvres hommes chargés de choisir... une femme. Oh! pas pour eux. Cela eût été beaucoup plus facile. Lorsqu’on s’est trompé, ma foi, on peut divorcer. Une femme pour l’offrir à l’admiration des foules en leur disant : "Voilà la plus jolie femme du pays." C’est très grave. C’est très dangereux, pour la réputation des juges. Quelquefois pour la vaisselle.
Dans un concours de beauté il y a un rôle peut-être plus difficile à tenir que celui de juge, c'est celui de candidate. Entrer d’une démarche aisée dans une salle, passer devant dix messieurs laids qui vous regardent avec l'air de regarder pour la première fois de leur vie passer un train - un train de plaisir, bien entendu — sourire, faire trois petits tours et s’en aller, cela nécessite un certain courage. Il faut être pour le moins mannequin professionnel pour le faire avec satisfaction. Mais lorsque l’on est venu vous chercher dans votre ferme, dans votre village paisible, dans votre atelier où il vous suffisait d'un ruisseau clair, d'un miroir de poche ou même d'un jeune danseur de fandango pour vous dire que vous êtes jolie, l’envie doit vous prendre, impérieuse, de vous enfuir.
Les organisateurs du concours qui a eu lieu hier au casino de Saint-Jean-de-Luz avaient, il est vrai, pensé à cela. Ils avaient délégué auprès des concurrentes pour vaincre leur timidité, leur donner de l’assurance, les aider à se présenter, la plus délicatement attentionnée, la plus aimable et la plus gracieuse des conseillères, Mme de Waleffe. Mais ils avaient oublié de donner aux membres du jury quelque énergique mentor, délégué par le public, pour corriger leurs hésitations. Et ceux-là ont été beaucoup plus à plaindre.
Ils furent pourtant de bons juges et des juges impartiaux. Comment ne l’auraient-ils pas été? Ils délibéraient à huis-clos. Rien ne pouvait les distraire de leur tâche, pas plus l’admirable spectacle de la baie de Saint-Jean-de-Luz, propre à hausser l'enthousiasme, que les jeux capricieux de la lumière sous la tente de la terrasse. Ils ne pouvaient se laisser influencer par aucune agitation, par aucun de ces courants de sympathie qui naissent autour des concurrentes lorsqu’elles ajoutent à leur grâce ce charme naturel, quotidien, donné par la confiance et l’amitié. Le bruit des jazz et la griserie des danses n’avait pu altérer leur sérénité. Puis ils avaient été choisis parmi des gens que leur métier a accoutumé à se familiariser avec la beauté. Il y avait parmi eux des peintres, de grands peintres, dont les yeux savent sous les apparences de la perfection, discerner l'imperceptible défaut qui échappe aux profanes, des artistes, des écrivains. Tous savaient que la perfection n'existant pas, il fallait rechercher l'ensemble des qualités dont la somme s’en rapprochait le plus.
Maurice de Waleffe qui participa avec dévouement et tact à l’organisation de ce concours, après avoir été organisateur ou juge de tant de grands concours internationaux, présidait le jury. Afin qu’ils puissent être maudits pendant vingt-quatre heures encore ou loués pour l’éternité, il convient de citer les noms de ses complices. (Je demande personnellement à n’être jamais poursuivi que pour des complicités de cette nature.)
MAURICE DE WALEFFE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je cite au hasard des places que nous occupions autour de la table dangereuse sous les pieds de laquelle quelque explosif aurait bien pu être dissimulé : Claude Farrère, le marquis d’Arcangues, Abel Gance, Ribera, le comte de Rivière, Jacques Thibaud, E. Clemansin du Maine, Mallet - Stevens, Koubitsky, Le Tanneur, Tillac, Abel Deval, Plumon, Pierre Haristoy, Fouchou, Chantecaille, Pédezert.
CLAUDE FARRERE ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
ABEL GANCE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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