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vendredi 1 décembre 2017

EXPULSION DU GOUVERNEMENT BASQUE À PARIS EN 1951

EN 1951, LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS EXPULSE LE GOUVERNEMENT BASQUE DE SON SIÈGE À PARIS.


Après la seconde Guerre Mondiale, oubliées les promesses faites par la France aux Basques.


PAYS BASQUE AUTREFOIS
SIEGE DU GOUVERNEMENT BASQUE 1951
11 AVENUE MARCEAU PARIS



Voici ce qu'en rapporte la presse nationale, par exemple :


  • L'Aube, le 29 juin 1951 :

"Après l'expulsion du Gouvernement Basque.

Le président Aguirre déclare : 


"Notre honneur, notre conduite et notre tradition méritaient un autre traitement". 


Le gouvernement basque est expulsé de l'immeuble qu’il occupait 11, avenue Marceau, à Paris.

 

La journée s’achève avec le chargement d’un dernier camion qui emporte les derniers vestiges du mobilier. 


Le travail a été bien fait : les pièces sont parfaitement vides. 


M. Aguirre, président du gouvernement, nous reçoit debout, dans un salon aux persiennes closes, où traînent, ça et là, les "frisons" rituels pour emballages.


Dans le hall, une femme, les larmes aux yeux, s'en va avec ses quatre enfants, Dieu sait où ! 

 

Une chambre d'hôtel, sans doute, dit-elle. Elle nous montre une carte certifiant ses faits de résistante, au service de la France. 


L'on n’est pas fier... 


M. J.-A. Aguirre, président du gouvernement, n’a rien à ajouter à la protestation qu'il a adressée à M. le commissaire de police au moment de l’expulsion. 


"Permettez-moi de faire une déclaration en qualité de président du gouvernement basque en exil et comme occupant "de facto" d’une partie de l'immeuble, que la Ligue des Amis des Basques m’a concédée. 


Nous sortons de cet édifice expulsés par la force publique en exécution d’une sentence qui qualifie de "voleur" le gouvernement basque, sentence obtenue pendant l’occupation allemande sous la protection de l'ennemi. 


Je proteste contre cette violence et je déclare que notre honneur, notre bonne conduite et notre tradition méritaient un autre traitement. Notre cause a été unie à la vôtre, notre sang a été versé avec le vôtre dans la lutte contre l’ennemi commun, et maintenant nous sommes expulsés de cette maison pour la remettre aux mains de ceux qui durant toute la guerre furent alliés de nos adversaires de l’Axe. 


Je proteste au nom de notre peuple à qui cette décision cause la plus profonde douleur ressentie en exil, surtout parce qu'elle est prise par les amis avec lesquels nous avons partagé douleurs et sacrifices communs pour la cause de la liberté et de la démocratie, cause à laquelle nous restons fidèlement attachés.


De son côté, M. de Lasarte, ministre de l’Intérieur, a déclaré: 

"Monsieur le commissaire, c’est contraint et forcé que je quitte la chambre occupée ici, grâce à la Ligue, par mon épouse et par moi-même." 


Le sénateur Pezet, secrétaire général de la Ligue internationale des Amis des Basques, a également protesté en ces termes : 

"La protestation que je vais élever, monsieur le commissaire, ne saurait vous atteindre ni vos chefs hiérarchiques directs, en aucune manière ; c'est par-dessus votre personne bien plus haut que je vise! 


Si la loi et la procédure n’obligeaient pas de me prévenir comme locataire expulsé, la politesse, la correction, les égards dus aux personnalités éminentes et hautement honorables qui composent le Conseil de notre Ligue, faisaient à qui de droit une obligation de prévenir son secrétaire générai. 


J’enregistre cette incorrection qui sera rappelée et commentée en d’autres lieux, avis pris du Conseil de notre Ligue dûment convoquée à toutes fins utiles. 


Sénateur français, vice-président de la commission des Affaires étrangères, délégué au Conseil de l'Europe, officier de la Légion d’honneur, croix de guerre, médaille de la Résistance, je déclare solennellement que la Ligue Internationale des Amis des Basques, dont je suis le Secrétaire général, va être expulsée contre tout droit réel et que la Ligue et moi-même ne cédons qu’à la force publique.


J’élève donc une protestation motivée pour qu’elle figure intégralement au procès-verbal d’expulsion. 


Une double action judiciaire est en cours : 

1. La Société Finances et Entreprises, société française de statut français, a fait appel d’un jugement qui la dépossède au nom d'un juridisme purement formel contre son droit certain.

2. La Ligue Internationale des Amis des Basques, locataire régulière de la Société Finances et Entreprises, a fait appel de l'ordonnance de référé la condamnant à l'expulsion. 


J’élève cette protestation au nom de tout le Conseil de la Ligue Internationale des Amis des Basques, composé des personnalités suivantes : 

M. François Mauriac, membre de l’Académie française; S. E. Mgr Mathieu, évêque de Dax ; les présidents Georges Bidault, député, vice-président du Conseil, et Francisque Gay, ancien député, ancien ministre, ambassadeur ; M. Maurice Schumann, député, président d’honneur du M.R.P. ; MM. Raymond Laurent, député ; Maurice Lacroix ; Claude Bourdet ; Mlle Solange Lamblin, ancien député ; MM. Henri Teitgen, ancien député ; Pierre Dumas, ancien député ; Robert Nisse ; Raymond Vidal, secrétaire de la commission d’immigration du parti S.F.I.O., Robert Verdier, député, directeur du "Populaire" ; Eugène Montel ; Gaston Tessier, président de la C.F.T.C. ; Paul Rivet, ancien député, directeur du musée de l’Homme, ici présent ; Me J.-R. Larrouyet, avocat à la cour ; MM. Pierre Ibarrondo ; Manuel Inchausti."


  • l'Aube, le 5 juillet 1951 :

"Mgr MATHIEU témoigne de la haute moralité du gouvernement d’Euzkadi.

Le conseil de direction de la Ligue internationale des amis des Basques (section française) s'est réuni lundi, à Paris, sous la présidence de M. François Mauriac. Y assistaient : le président Francisque Gay, ambassadeur de France ; Mme Malaterre-Sellier ; M. Ernest Pezet, sénateur et secrétaire général de l'association ; M. Raymond Laurent, ancien ministre ; MM. Paul Rivet, Claude Bourdet, Raymond Vidal (S.F.I.O.), Maurice Lacroix ; M' Larrouyet, avocat à la Cour, le chef du cabinet de M. Guy Mollet, ainsi que M. Gamboa, venu spécialement d’Amérique pour représenter des collectivités basques d’outre-Amérique. 


Mgr Mathieu, évêque d’Aire et de Dax, et M. Maurice Schumann, président d'honneur du M.R.P., s'étaient excusés en envoyant l'expression de leur sympathie. 


Le secrétaire général, M. Ernest Pezet, a fait un exposé objectif et précis des faits et incidents ayant eu pour conséquence l'expulsion de l'association de son siège social, 11 avenue Marceau. La ligue a décidé de poursuivre tous les recours juridiques et autres lui permettant d’être réintégrée dans ses droits, ainsi que d'assurer la dévolution dudit immeuble à son propriétaire légitime ; cet édifice, malgré les versions tendancieuses ayant circulé ces jours derniers, n'a jamais été, jusqu’au jugement rendu sous l’occupation allemande, la propriété de l’Etat espagnol, ni, encore moins, du gouvernement qui le représente actuellement, ainsi que vient l’attester à Paris, M. Gamboa, au nom des donateurs basques d'Amérique. 


L'association a décidé de publier un Livre Blanc de cette grave affaire, avec les documents officiels. 


Le secrétaire général a donné lecture des câblogrammes des colonies basques du Mexique et de Venezuela affirmant leur solidarité morale et annonçant leur aide matérielle pour la défense de la juste cause des Basques de Paris. 


Le conseil a pris note des protestations concordantes, formulées par d’autres associations, notamment la Ligue des Droits de l'Homme et le bureau de la "Jeune République", auxquelles il adresse ses remerciements. 


L’association a affirmé sa résolution de poursuivre son existence sociale, en continuant d’apporter son aide à la cause de la démocratie et de la justice symbolisée par les Basques, victimes en cette affaire de calomnies, de mensonges et d’une spoliation que seul a rendu possible un jugement rendu sans enquête contradictoire, sans preuves contraires, à la faveur de l’occupation allemande."


La lettre de Mgr Mathieu à M. Ernest Pezet :


"Monsieur le sénateur, 


J'ai lu avec surprise et avec indignation les documents que vous avez bien voulu m’adresser au su jet de l'immeuble de l’avenue Marceau, dont les propriétaires légitimes sont menacés d'une expulsion où la brutalité de l'exécution rend plus odieuse l'iniquité de la sentence. 


Ce qui m’indigne le plus dans cette affaire, c’est le soupçon de malhonnêteté qui est jeté sur des exilés qui ont tout perdu, sauf l’honneur. 


Ils ont donné, notamment dans l’affaire des bijoux, les preuves d’une probité scrupuleuse.


Dans mes relations avec eux je ne me suis jamais placé sur le terrain politique. Mes relations n’ont pas abandonné le terrain de la charité et de l'amitié. 


Elles m’ont donné l’occasion d’admirer la haute moralité des dirigeants, la correction constante de leur attitude. 


C’est de cette moralité que je veux vous apporter aujourd'hui le témoignage écrit, tout en regrettant de ne pouvoir assister à votre réunion du lundi 2 juillet.


Quoi qu’en dise un jugement prononcé sous la pression allemande, les fonds qui ont permis d’acheter l'immeuble de l'avenue Marceau sont d'origine basque. Je connais suffisamment la puissante solidarité qui nous unit tous pour trouver cette affirmation vraisemblable et il me suffit de connaître la loyauté de mes amis pour rester persuadé que cette affirmation est vraie.

 

Mon vœu le plus ardent est que les autorités françaises reconnaissent la vérité. 


Je ne suis pas surpris que les propriétaires de l'immeuble préfèrent l'expulsion par la force plutôt que de se reconnaître usurpateurs et voleurs en quittant la maison passivement et sans résistance. Soyez félicité et remercié, Monsieur le sénateur, pour votre dévouement persévérant à une cause que vous défendez avec tant de compétence. Je vous prie de croire à mon amitié respectueuse et reconnaissante. 


C. Mathieu, évêque d'Aire et de Dax."


Protestation de la Ligue des Droits de l’Homme :


"La Ligue des Droits de l'Homme communique : 

Le bureau de la Ligue des Droits de l’Homme ne peut laisser sans protestation la violence indignement faite aux Basques en exil. 


Disposant à Paris, depuis 1937, d’un immeuble acquis par les Amis du peuple basque, le gouvernement basque en est expulsé par la police française au bénéfice de l’ambassade franquiste, en exécution d’un jugement rendu, à la faveur de l’occupation ennemie, en 1943. 


Tel est l’un des premiers effets de la reprise des relations diplomatiques avec Franco. Pour l’honneur de la France, la Ligue des Droits de l’Homme le regrette. 


Elle regrette qu’une police, trop souvent maintenue passive devant les provocations vichyssoises, soit employée à jeter scandaleusement sur le pavé des amis fidèles de la France, qui se sont crus en sûreté chez elle.


Elle déplore qu’à six ans de la Libération, l’esprit de la Résistance soit oublié au point que le gouvernement de la Quatrième Ré publique, cédant à la pression du dictateur prohitlérien, reprenne contre ses victimes les persécutions pétainistes."



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