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vendredi 15 décembre 2017

LES ENTREPRISES MARITIMES BASQUES À SOCOA - ZOKOA EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JUILLET 1920


LES ENTREPRISES MARITIMES BASQUES DE SOCOA.

C'est en 1918 qu'est créé à Socoa un chantier de construction navale, les Entreprises Maritimes Basques.

AVANT PAYS BASQUE
E.M.B. SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ce chantier, appartenant à M. Ernest Plisson, s'installe dans les anciens hangars d'hydravions 

utilisés pendant la première Guerre Mondiale.

Ces Entreprises Maritimes Basques regroupent, outre le chantier, un armement de pêche au 

chalut, une activité de mareyage et une conserverie.

M. Plisson fait faillite, semble-t-il, assez rapidement et le chantier est ensuite repris par une 

Société Anonyme dont le Directeur Général est M. Pommereau.

pays basque autrefois
E.M.B. SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les Entreprises Maritimes Basques (E.M.B.) sont au départ une Société Anonyme de 

Constructions Navales et de Pêcheries à Participation Ouvrière, au Capital de 1 million de 

francs, avec un siège à Socoa, commune de Ciboure (Basses-Pyrénées).

Aux termes d’un acte sous signature privée fait double à Saint-Jean-de-Luz le 16 mars 1918, dont l’un des originaux a été déposé au rang des minutes de Me Moyne, notaire à Paris, suivant acte reçu par lui le 20 avril 1918 et l’autre est demeuré annexé à la minute d’un acte de déclaration de souscription et de versement reçu par M. Petit, notaire à Saint-Jean-de-Luz, le 25 avril 1918, et ci-après énoncé, il a été établi les statuts d’une société anonyme dont extrait littéral suit : 

  • Article 1er : Il est formé par les présentes, entre les souscripteurs ou les propriétaires des 
actions ci-après créées et de celles qui pourront l’être ultérieurement, une société anonyme française, à participation ouvrière qui sera régie par les lois françaises en vigueur sur les sociétés anonymes à participation ouvrière, ainsi que par les présents statuts. 


  • Article 2 : La Société a pour objet : 

De faire en tous pays toutes opérations et toutes entreprises généralement quelconques pouvant concerner directement ou indirectement : 

La construction, l’achat, la vente, la revente, la location, la gérance, l’échange, l’armement, l'affrètement et l’exploitation directe ou indirecte de tous navires, bateaux, pontons, chalutiers, gabares et chalands. 

L’établissement et l’exploitation de pêcheries maritimes. 

L’industrie et le commerce de tous produits à provenir de l'exploitation de pêcheries, ainsi que de tous sous-produits et dérivés tels notamment que le séchage, le traitement, l'achat, la vente, la revente des poissons, la fabrication du guano et tous autres sous-produits, leur achat, leur vente et leur revente. 

L'établissement et l’exploitation d’usines de fabrication de conserves de toutes sortes (poissons, viandes, légumes, fruit, lait, etc., etc.) , l'établissement et l’exploitation de laiteries, beurreries, fromageries, fabriques de glace, etc., etc. 

Et comme conséquence des stipulations ci-dessus, mais sans que l’énumération qui va suivre soit limitative : 

L'édification de toutes usines, constructions, maisons d’habitation, etc. 

La création, l’acquisition sous toutes formes, l’apport, l’échange, la vente, la revente, la location tant comme preneuse que comme bailleresse, à court ou à long terme et avec ou sans promesse de vente, la gérance, la transformation, l’aménagement, la mise en valeur et l’exploitation directe ou indirecte de tous immeubles bâtis ou non bâtis, concession de toute nature, chutes d’eau, barrages, sources, voies de communication et de tous moyens de transports, etc., ainsi que de tous établissements industriels et commerciaux. 

L’exécution de tous travaux et installations publics ou particuliers. 

L’étude, la recherche, la prise, l’acquisition sous toutes formes, l’apport, le dépôt, la cession et l’exploitation directe ou indirecte de tous brevets, marques et procédés, l’acquisition, la concession, l’apport et l’exploitation également directe ou indirecte de toutes licences de brevets;... 


pays basque 1920
FORT DE SOCOA 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN


  •  Nommés premiers administrateurs de la Société dans les termes des statuts : 
M. Borja de Mozota (Antoine), Ingénieur, demeurant à Paris, rue Copernic, n. 3. 

M. Bertaux (Maurice-Jules), Général de Brigade (cadre de réserve), demeurant à Bergerac (Dordogne). 

M Boyd (Henry) Ingénieur de Constructions Navales, demeurant 68-70 Fenchurch Street, Londres E. C. 3. , 

M Hiribarren (Marcel) Ingénieur, demeurant à Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyrénées). 

M. Letamendia (Vincent), Constructeur de Navires, demeurant à Ciboure (Basses-Pyrénées). , 

M. Cardon (Louis-Jacques) Négociant, demeurant à Neuilly-sur-Seine, rue de Longchamp, n°. 94 bis. 

Et M. Plisson (Ernest) Armateur, demeurant à Paris, rue de Mogador, n°. 27. 3...


Voici ce que rapporte le journal L'Homme Libre, le 8 juillet 1920, à propos de la mise à l'eau 

de trois bateaux de pêche, construits par les E.M.B. :

"Contre la vie chère organisons la pêche.

Les côtes françaises peuvent fournir deux cent mille tonnes de poisson. Voilà un élément d'opposition à la vie chère qui a son poids, surtout à l'heure où le sous-secrétariat d'Etat de la marine marchande constate avec amertume la décroissance du cheptel et oriente son activité dans le sens du développement et du transport intensifié de la marée fraîche.


Il s'agit donc de pourvoir nos populations maritimes de tout l'outillage nécessaire. C'est le but que se sont assignées les Entreprises maritimes Basques qui, dimanche dernier, mettaient à flot trois nouveaux bateaux de pêche à moteur dans le port de Socoa, localité des Basses-Pyrénées.


A l'occasion de la fête qui fut donné à cet honneur, un banquet eut lieu, qu'honoraient de leur présence, les maires de Ciboure et de Capbreton et le général Berteaux. Ce dernier a porté un toast très applaudi, buvant au succès des trois navires lancés, auquel toast notre confrère et ami M. Eugène Lautier, maire de Benesse-Maremne, répondit dans les termes suivants :

"Je remercie les Entreprises maritimes Basques et tout spécialement mon ami Ernest Plisson d'avoir accepté de donner le nom de Gisses à ce joli bateau de fière allure, aux formes si élégantes, au maintien si hardi. Ce nom de Gisses est un peu, le mien. Il désignait une terre appartenant depuis des lustres et des lustres à ma famille. Quand je songe à mon enfance très lointaine je me vois protégé contre les chaleurs de l'été par l'ombre du frêne séculaire. Tout près, une source chantait donnant la réplique aux cigales, Elle arrosait les jardins d'alentour, car Gisses était comme une oasis parmi nos coteaux secs et nos garrigues balayées par le mistral. Même la source. formait une mare où s'abreuvaient les bêtes et que mon imagination avait élevée à la dignité d'un étang.


J'ai fait mes débuts d'armateur en y lançant des petits bateaux en papier que chavirerait la plus maigre de vos sardines. Mais il faut un commencement à tout, Ô Gisses, Gisses, quel chemin parcouru! Quelle audace est la nôtre! De la source bruissante jusqu'à la mer grondeuse, quel changement! Mais vous voici grandi, solide et fort. Des hommes habiles et savants vous ont donné l'impulsion. Vous palpitez d'impatience devant le vaste océan dont vous voulez labourer les profondeurs et affronter les caprices. Je n'ai point de craintes, mon cher Gisses, vous nous ferez honneur à tous.


Et d'abord vous êtes moderne. Qui serait, comme on dit, du dernier bateau si ce n'est point, vous? L'espèce à laquelle vous appartenez était rare il y a quelques années. Dans les comptes de la marine marchande, c'est en 1910 — il y a 10 ans à peine — qu'apparaissent les bateaux de pêche à propulsion mécanique. On les inscrivait dans le même total avec les bateaux à vapeur. On commence à les séparer dès 1911 à cause de leur nombre déjà intéressant. Ils sont en effet 358 contre 291 bateaux à vapeur. En 1913, à la veille de la guerre, ils sont 433.


Bien que l'éloquence des chiffres soit supérieure à tout, et particulièrement à ma faible parole, je n'ai pas l'intention de vous citer la statistique des années suivantes, 1914 et 1915. Années du début de la guerre où tout est en désarroi, où tout est bouleversé. La marine marchande subit le contre-coup des événements. Les zones de pêche sont atteintes même dans nos eaux territoriales et l'ennemi n'hésite pas à narguer les côtes de France. Le personnel des pêcheurs est singulièrement réduit, une grande partie est appelée à de grands devoirs et s'en acquitte de façon glorieuse. Les filets pendent au repos délaissés pour des engins moins pacifiques.


pays basque 1920
PORT SAINT JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN


En 1916, il n'y a plus que 84 vapeurs et 260 bateaux à moteur. En 1917 le nombre des vapeurs est stationnaire (85) comme celui des voiliers; mais le nombre des bateaux à moteur a passé à 331, malgré que la guerre ne soit pas encore terminée. C'est qu'il faut vivre. C'est que l'on s'habitue à tout. Et puis disons aussi que les circonstances mettent en lumière déjà quelques-unes des qualités du bateau à moteur, qualités précieuses en temps de paix, et que la guerre souligne. Est-il besoin de les indiquer ? Elles sautent au yeux, selon l'expression populaire, et elles captivent la raison. Plus rapide que le voilier, le bateau à moteur a un rayon d'action beaucoup plus étendu. Il est plus docile et plus maniable. Enfin, il a sur le vapeur l'avantage qui résulte du remplacement d'un combustible encombrant et lourd, combustible que la guerre précisément a rendu coûteux et rare.


L'essor est donné! Par une rencontre singulière et singulièrement heureuse, alors que de nouveaux besoins se révèlent, on voit apparaître l'instrument qui pourra les satisfaire. Quels besoins? Hélas, le plus impérieux, le plus inéluctable, le besoin de vivre, le besoin de fournir à la machine humaine l'énergie nécessaire au labeur quotidien. C'était, pendant les hostilités le problème brutalement posé du ravitaillement; c'est toujours ce problème avec une complication : la vie chère. Nous avons dans le monde une telle réputation de gens voluptueux et soumis à tous les appétits; nous nous laissons peindre tous de si laides couleurs par les peuples hypocrites et jaloux, que nous passions pour les gens les mieux nourris et sans doute aussi les plus gourmands de l'univers. La vérité c'est que nous étions parmi les plus sobres. Si je prends par exemple la viande, je note qu'avant 1914 chaque Français ne consommait en moyenne que 35,5 kilos de viande par an. Les Allemands, ces bons Allemands qu'on disait affamés, manquant de tout et contraints de conquérir la belle France pour ne pas mourir de faim, ces Allemands qui vivaient de travail acharné et de sentimentalité pure mangeaient 46,5 kilos de viande par habitant et par an, à peu près un tiers de plus que des Français, ces jouisseurs, ces raffinés qui ne se refusaient rien et qui s'abandonnaient à la mollesse! Pour ce qui est de ta mollesse, on le leur a bien fait voir!

avant pays basque
PORT ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN

 

La viande manquait donc à l'alimentation des Français; elle leur manque bien davantage à présent pour une foule de raisons dont la plupart sont connues de tout le monde et qui sont toutes évidentes. En attendant que la situation du cheptel indigène s'améliore, il est donc une oeuvre patriotique. au premier chef : celle qui consiste à organiser et à répandre la consommation de la marée fraîche en France. Ceci est une vérité absolue, une vérité d'ordre général. Ce n'est pas pour faire plaisir aux habitants de Saint-Jean-de-Luz et de Socoa, ni pour favoriser les Entreprises maritimes Basques, ni dans aucun autre intérêt respectable mais d'ordre privé, que le sous-secrétariat d'Etat de la marine marchande a fait tout un programme pour le développement de la pêche maritime et aussi pour le transport et la distribution de la marée fraîche à l'intérieur du pays. Programme vaste sans doute et en apparence compliqué; mais programme très simple si on le regarde d'un peu plus près et si l'on s'applique à le réaliser par des moyens pratiques avec une volonté suivie. On n'a guère eu, en France, qu'un peu plus de 60 000 tonnes de poisson en 1916 : chiffre insignifiant. Nos possibilités de pêche sont bien supérieures. Les côtes de France, à elles seules, peuvent fournir au moins un apport de 200 000 tonnes par an. 


De Dunkerque jusqu'à Marseille en passant par la Côte d'Argent, il faut qu'une noble émulation s'empare de nos populations maritimes. Je lisais ces jours derniers dans une étude remarquable dont l'auteur est M. Gourguechon, important fonctionnaire de notre marine marchande, le passage qui nous concerne : "Les petits ports de pêche de l'océan : Douarnenez, Quiberon, Les Sables, Arcachon, Hendaye, Saint-Jean-de-Luz, expédiaient ensemble avant la guerre 46 tonnes par jour. Ils sont appelés à développer fortement leur activité dès que l'outillage voulu aura été mis à leur disposition; leur chiffre d'expédition globale ne sera certainement pas inférieur à 80 tonnes".


Ne soyez pas humiliés ni découragés par cette assignation officielle : les petits ports! Tout petit port est semblable au petit poisson dont a parlé La Fontaine :

Petit poisson deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie.


Mais le ciel n'aidera que les hommes qui d'abord s'aideront eux-mêmes. On attend 80 tonnes des petits ports de l'Océan ?


Je suis bien certain que, s'il ne tient qu'à vous, ce contingent sera dépassé. L'éminent ingénieur dont j'ai cité quelques lignes formule le vœu que, pour distribuer à tous les Français une alimentation plus substantielle et moins chère, "l'outillage voulu soit mis à la disposition des pêcheurs". Sans avoir attendu cet appel, les Entreprises maritimes Basques ont commencé leur œuvre. Elles sont heureuses, j'en suis sûr, de cet encouragement indirect qu'elles n'ont point sollicité. Elles ne doivent en éprouver aucune surprise, car les bonnes volontés se rencontrent et la vérité vient toujours à l'heure.


Donc, l'outillage est là. Il se crée sous nos yeux. Quant au personnel, la question ne se pose pas. La France a tout le long de ses côtes des hommes de mer incomparables.


Il n'y a pas d'histoire maritime plus glorieuse que la nôtre. C'est de nos ports, grands ou petits, que sont sortis ces vaillants corsaires que leur seule hardiesse fit vainqueurs dans des combats, presque toujours inégaux. Saint-Malo glorifie Surcouf; Toulon le bailli de Suffren, et vous, depuis Bayonne jusqu'à la rive espagnole, n'avez-vous pas eu les Pellot, les Jolris, les Garrou, les Duhalde? C'est à l'un d'eux qui avait succombé sous le nombre après une bataille acharnée et qui, fait prisonnier, était reçu à la coupée du vaisseau ennemi avec toutes les marques du plus grand respect; c'est à l'un d'eux que l'amiral anglais disait en refusant d'accepter son épée : "Monsieur, vous nous donnez une belle corvette, mais vous nous l'avez fait payer très cher." Messieurs, il ne s'agit plus de guerre. La science moderne nous apprend ce qu'est la transformation des forces. C'est à une œuvre féconde que tout vous convie; et, tout de même, le travail de la mer avec ses surprises et ses périls équivaudra toujours au plus noble des combats.


Et maintenant c'est assez de discours. Plus qu'un mot : A Dieu Vat! Gisses, mon souvenir, mon bateau; j'ai dit le devoir, vous ferez le vôtre."


Les applaudissements qui ont conclu cette brillante péroraison sont l'écho des vœux des populations. Souhaitons qu'ils ne restent point lettre morte."



(Source : http://itsas.begia.pagespro-orange.fr/constcibourexx.htm#emb)








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