LA STATION NAVALE DE LA BIDASSOA.
Depuis 1874, la station navale de la Bidassoa, située à Hendaye, assure la surveillance fluviale et maritime de la "zone internationale".
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 6
septembre 1929, sous la plume de Georges Langlois :
"La station navale de la Bidassoa.
Là-haut, dans leur petit couvent, dans leur petit sépulcre aux murailles si blanches, les nonnes tranquilles, récitent leur prière du soir...
O Crux, ave, Spes unica...
Pierre Loti.
Trente années sont passées et si le petit sépulcre, vide désormais offre toujours ses blanches murailles aux rayons du soleil, la prose poétique de Loti demeure, avec ses héros nostalgiques, ainsi que la station navale de la Bidassoa qu’il commanda et qu’il rendit célèbre.
Le commandant Broussignac, après quelques autres depuis Loti, commande avec distinction cette station navale forte de trois unités. Créée — ou reconstituée — en 1874, la station navale a pour but d'assurer la surveillance fluviale et maritime de la "zone internationale".
Le cours de la Bidassoa, sur son parcours frontière, et son estuaire qui forme la baie du Figuier sont, en effet, neutralisés entre la France et l'Espagne. Les questions qui intéressent cette zone sont soumises aux délibérations de la "Commission Internationale des Pyrénées" composée par moitié de membres français et de membres espagnols, et dont le commandant du stationnaire français et son collègue espagnol sont les représentants locaux.
En particulier, le monopole de la pêche dans cette zone appartient aux habitants des "cinq communes" riveraines, sans distinction de nationalité : Hendaye, Urrugne et Biriatou — Irun et Fontarabie.
La baie du Figuier se trouve donc soustraite au régime habituel qui accorde le monopole de la pêche dans les eaux territoriales aux inscrits maritimes. Ainsi, les sardiniers de Saint-Jean-de-Luz n’ont pas le droit d’y venir pêcher.
Mais le monopole des inscrits reprend vigueur dès la sortie de la baie, et c'est une autre fonction de la station navale de protéger ce monopole en empêchant les incursions des pêcheurs espagnols dans les eaux territoriales françaises entre la baie du Figuier et Arcachon.
Il nous arrive souvent d’être questionnés sur l’utilité des pyramides que l'on voit sur différents points de la côte et notamment sur la pointe de Socoburu. Elles ont servi à déterminer dans la zone internationale des zones de préférence, française ou espagnole, mais toute distinction de ce genre est désormais abolie et Français et Espagnols habitant les "cinq communes" ont les mêmes droits dans toute la zone neutre.
Depuis 1873, où le premier stationnaire portant le nom de "Congre" entra dans le port d’Hendaye, d’autres unités s’y succédèrent.
Vint "L'Oriflamme" en 1874, "L’Epieu" en 1876, puis le "Javelot". Ce fut le "Javelot" qui fut commandé par Loti de 1891 à 1893, puis de 1894 à 1896. C’est du "Javelot" qu'il entendit le grand cri basque, l'irrintzina, venue de la nuit insondable des temps, se répercuter sur les eaux du golfe de Biscaye, comme le cri de guerre des Peaux-Rouges de Fenimore Cooper. Puis vint le "Grondeur" en 1910, et enfin le "chasseur 106", en 1923.
LE JAVELOT ET PONT INTERNATIONAL HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le "Chasseur 106" est un bâtiment de 1 300 CV., jaugeant 153 tonneaux, d’une vitesse de 16 nœuds et demi, de 41 mètres 40 de longueur, de 5 m. 24 de large et de 2 m. 52 de tirant d'eau. Son armement se compose d'un canon de 75 et de 31 hommes d’effectif théorique.
Il y a, en outre, deux chasseurs à moteur à essence, les numéros 67 et 68, construits au Etats-Unis pendant la guerre. Ils présentent les caractéristiques suivantes : 675 CV., 17 nœuds, 70 tonneaux ; 32 m. 20 de long, 4 mètres 21 de large, 1 m. 55 de tirant d’eau ; leur armement comprend également un canon de 75.
L’un de ces chasseurs est en réserve à Hendaye et l’autre est détaché à Saint-Jean-de-Luz avec mission de veiller à ce que les pêcheurs espagnols ne fassent pas d’incursions dans la zone française et à ce qu'enfin, nus propres pêcheurs n’emploient pas d’engins prohibés.
Mais il existe aussi un stationnaire espagnol, le "Mac-Mahon", qui n’a pas été donné par la France à l’Espagne, comme on le croit généralement, mais qui porte simplement le nom d’un amiral espagnol et non celui d'un maréchal français...
LE STATIONNAIRE ESPAGNOL MAC MAHON FONTARRABIE ET HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le "Mac-Mahon" est une chaloupe canonnière, construite en 1887, qui a toujours été affectée au service des pêcheries. Elle jauge 115 tonneaux, a 28 mètres de long, 5 mètres de large, 1 mètre 50 de tirant d’eau, marche à 7 nœuds avec ses 160 CV. Son équipage se compose théoriquement de 32 hommes et elle est armée de deux canons de 42.
STATION NAVALE DE LA BIDASSOA HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Tous ces canons, hâtons-nous de le dire, n’ont servi qu’à des fêtes pacifiques. Ils retentiront probablement encore lorsque sera inauguré le pont international de Fontarabie à Hendaye-Plage ; à cette condition, nous serons heureux d’entendre le plus tôt possible une canonnade fêter une œuvre de paix.
Et quels exemples de paix et de conciliation ne donne-t-elle pas, la petite île des Faisans, située dans le rayon d’action de la station navale de la Bidassoa ? Nous n’évoquerons pas aujourd'hui l’ombre de Louis XI, négociant avec Henri IV, roi de Castille, de Mazarin et don Luis de Haro, préparant la paix des Pyrénées, ni celles des fiancées Isabelle de France et Anne d’Autriche... Nous dirons seulement que cette île sur laquelle un modeste monument est élevé pour rappeler de grands événements, passe alternativement, de six mois en six mois, sous le contrôle et la surveillance de nos marins et de ceux de la nation voisine et amie, et que jamais aucun incident ne vient troubler ces changements périodiques.
ÎLE DES FAISANS BEHOBIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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