SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1839.
En 1839, la commune de Saint-Jean-de-Luz compte environ 3 300 habitants et est administrée par le Maire Bonapartiste Joachim Labrouche.
SAINT-JEAN-DE-LUZ 1852 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Courrier de la Côte-d'Or, le 15 octobre 1839 :
"Souvenirs des Pyrénées.
Saint-Jean-de-Luz, le Fort de Socoa, Hendaye et Béhobie.
Coup d'oeil en Espagne.
Je me suis fait ici la part du lion, a dit la mer.
Jusqu’à Bayonne, les mœurs et les physionomies sont caractéristiquement françaises ; mais à Saint-Jean-de-Luz, les unes et les autres se modifient ; la langue basque, cette mère nourricière de plusieurs idiomes européens, y règne seule ; l’architecture y devient lourde, sombre et orgueilleuse, les églises moins désertes et plus recueillies, les traditions et les préjugés plus opiniâtres, et les souvenirs plus respectés. Près de la maison du Basque, resplendissante de propreté, c’est le bouge fétide du Bohémien : là, vers cette montagne couronnée dont le diadème de pierre défie la tempête, c’est l’Espagne, tressaillant dans les étreintes douloureuses d’une nationalité qui ne se connaît pas encore ; puis, la côte brumeuse qui fuit vers le cap Finistère, et cette nature si émouvante de mer, de sable et de roches, qui arrache des étonnements naïfs aux habitants mêmes de ces contrées.
De Bayonne à Bidart, et à l’exception de la commune d'Anglet, qui jette capricieusement à travers la plaine ses riantes maisons entourées de jardins et tapissées de treilles, la route court en écharpe sur un immense banc de cailloux roulés : des champs de hautes fougères entre la route et les sables, de pauvres héritages penchés solitairement vers les montagnes, des terres en friche et des bruyères recouvrant les hauteurs : tels sont les accidents de ce paysage sombre et majestueux à la fois, lorsque la route, en s'élevant, porte votre regard sur la mer qui se montre à l’horizon comme une lame étincelante et recourbée. Vous laissez enfin derrière vous Bidart, station importante des douanes, où personnes et marchandises sont fouillées, sondées et poinçonnées de par la loi. Devant vous, c’est une carte géographique admirablement dessinée : la mer qui mord profondément la côte, et déchire sur les galets sa mousseline d’écume ; une vallée à gauche, qui s’éclaire et se peuple ; plus loin, la Rhune, bloc de granit de 800 toises, posé comme une borne entre deux héritages, l’Espagne et la France. Voilà Saint-Jean-de-Luz, ville du Labourd, autrefois riche et historique, aujourd’hui pauvre et sans nom, à laquelle il ne reste plus que l’honneur d’être regardée comme la capitale du vieux pays basque.
Saint-Jean-de-Luz est situé au fond d’une baie de 1 600 mètres de largeur sur 1 000 mètres de profondeur, défendu au nord par les hauteurs argileuses de Sainte-Barbe, et au sud par cet isthme de sable à l’extrémité duquel s’élève le fort de Socoa, avec sa lourde et massive construction. Malgré toutes ces précautions naturelles, la mer ne laisse rien au dehors de sa puissance et de sa rapidité : les lames qui se précipitent dans la baie sont aussi hautes et aussi emportées, et là, aux portes d’une ville, on croirait être sur une plage lointaine et ravagée. A une certaine distance, la mer semble dominer Saint-Jean-de-Luz ; les toits de ses maisons d’un rouge de brique, se confondent avec l’écume des lames qui déferlent, et on croit voir celle-ci montant à l’assaut de ces quelques pieds de sable qui les séparent encore de la ville. Partout ce sont de larges brèches, des morsures impitoyables, un envahissement progressif et opiniâtre ; on dirait que l’Océan a déjà pris possession de cette terre, et qu’il l’a dévouée à ses capricieuses colères.
KASKAROTS ET FORT DE SOCOA 1852 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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