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mardi 11 janvier 2022

SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1839 (première partie)

SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1839.


En 1839, la commune de Saint-Jean-de-Luz compte environ 3 300 habitants et est administrée par le Maire Bonapartiste Joachim Labrouche.



pays basque luz 1852
SAINT-JEAN-DE-LUZ 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN






Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Courrier de la Côte-d'Or, le 15 octobre 1839 : 



"Souvenirs des Pyrénées.



Saint-Jean-de-Luz, le Fort de Socoa, Hendaye et Béhobie.

Coup d'oeil en Espagne.



Je me suis fait ici la part du lion, a dit la mer. 



Jusqu’à Bayonne, les mœurs et les physionomies sont caractéristiquement françaises ; mais à Saint-Jean-de-Luz, les unes et les autres se modifient ; la langue basque, cette mère nourricière de plusieurs idiomes européens, y règne seule ; l’architecture y devient lourde, sombre et orgueilleuse, les églises moins désertes et plus recueillies, les traditions et les préjugés plus opiniâtres, et les souvenirs plus respectés. Près de la maison du Basque, resplendissante de propreté, c’est le bouge fétide du Bohémien : là, vers cette montagne couronnée dont le diadème de pierre défie la tempête, c’est l’Espagne, tressaillant dans les étreintes douloureuses d’une nationalité qui ne se connaît pas encore ; puis, la côte brumeuse qui fuit vers le cap Finistère, et cette nature si émouvante de mer, de sable et de roches, qui arrache des étonnements naïfs aux habitants mêmes de ces contrées.



De Bayonne à Bidart, et à l’exception de la commune d'Anglet, qui jette capricieusement à travers la plaine ses riantes maisons entourées de jardins et tapissées de treilles, la route court en écharpe sur un immense banc de cailloux roulés : des champs de hautes fougères entre la route et les sables, de pauvres héritages penchés solitairement vers les montagnes, des terres en friche et des bruyères recouvrant les hauteurs : tels sont les accidents de ce paysage sombre et majestueux à la fois, lorsque la route, en s'élevant, porte votre regard sur la mer qui se montre à l’horizon comme une lame étincelante et recourbée. Vous laissez enfin derrière vous Bidart, station importante des douanes, où personnes et marchandises sont fouillées, sondées et poinçonnées de par la loi. Devant vous, c’est une carte géographique admirablement dessinée : la mer qui mord profondément la côte, et déchire sur les galets sa mousseline d’écume ; une vallée à gauche, qui s’éclaire et se peuple ; plus loin, la Rhune, bloc de granit de 800 toises, posé comme une borne entre deux héritages, l’Espagne et la France. Voilà Saint-Jean-de-Luz, ville du Labourd, autrefois riche et historique, aujourd’hui pauvre et sans nom, à laquelle il ne reste plus que l’honneur d’être regardée comme la capitale du vieux pays basque.



Saint-Jean-de-Luz est situé au fond d’une baie de 1 600 mètres de largeur sur 1 000 mètres de profondeur, défendu au nord par les hauteurs argileuses de Sainte-Barbe, et au sud par cet isthme de sable à l’extrémité duquel s’élève le fort de Socoa, avec sa lourde et massive construction. Malgré toutes ces précautions naturelles, la mer ne laisse rien au dehors de sa puissance et de sa rapidité : les lames qui se précipitent dans la baie sont aussi hautes et aussi emportées, et là, aux portes d’une ville, on croirait être sur une plage lointaine et ravagée. A une certaine distance, la mer semble dominer Saint-Jean-de-Luz ; les toits de ses maisons d’un rouge de brique, se confondent avec l’écume des lames qui déferlent, et on croit voir celle-ci montant à l’assaut de ces quelques pieds de sable qui les séparent encore de la ville. Partout ce sont de larges brèches, des morsures impitoyables, un envahissement progressif et opiniâtre ; on dirait que l’Océan a déjà pris possession de cette terre, et qu’il l’a dévouée à ses capricieuses colères.



socoa cascarots 1852
KASKAROTS ET FORT DE SOCOA 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN



En 1777 et en 1781, la mer, irritée par des tempêtes qui ont l’habitude de s’éteindre dans le golfe de Gascogne après y avoir jeté leur dernière fureur, brisa les digues qui lui étaient opposées, reflua impétueusement dans le bassin de la Nivelle, et inonda tous les quartiers de la ville que les habitant épouvantés abandonnèrent à la hâte. Les 5, 6 et 7 février 1811, tourmentée par un vent terrible de Nord-Ouest, elle emporte encore 45 mètres cubes de la jetée du côté du Socoa, et 21 mètres cubes de la parallèle de Sainte-Barbe ; elle brise en grande partie ou arrache à ses fondements la nouvelle jetée en maçonnerie qu’on venait d’achever depuis quinze jours, attaque et endommage les quais d’encaissement de la Nivelle, et bouleverse le terrain en jetant ça et là des flaques d’eau et des amoncellements de sable.



Les habitants accourent : tous se mettent énergiquement à l’œuvre pour disputer à la mer leur ville, leur maison, leur champ ; on reconstruit à la hâte les murs brisés et démolis ; on élève des terrassements derrière les ruines de jetées ; mais le 25 et le 26, la tempête, épuisée un moment, se réveille ; les vagues furieuses se dressent, et tous les travaux sont emportés de nouveau avec une violence dont Saint-Jean-de-Luz a dû garder le souvenir.



La science a prétendu avec raison que la mer se retirait des continents, et qu’elle en abandonnait chaque jour une invisible parcelle. Les sables qui couvrent nos landes, les bancs de pierres coquillières qu’on rencontre çà et là dans les plis de nos terrains les plus éloignés, les cailloux roulés, les fossiles incrustés dans les entrailles de nos montagnes, enfin des traditions incontestables, sont les témoignages vivants de cette vérité aujourd’hui adoptée et professée par tous nos géologues. Des exceptions se présentent toutefois : sur la côte de la Chambre-d’Amour, par exemple, des contemporains pourraient facilement mesurer l’espace que la mer a abandonné, et des habitants de Bayonne se souviennent d’avoir vu la grotte de la Chambre d’Amour remplie d’eau par des marées ordinaires, tandis que Saint-Jean-de-Luz est menacé par l’action rapide des eaux sur les sables ; il faut croire pourtant que ce phénomène est accidentel, et qu’il donne une nouvelle logique à l’axiome scientifique dont nous avons parlé plus haut. La côte sous-marine de Saint-Jean-de-Luz est raide, escarpée, et hérissée de rochers à pic qui opposent aux lames une terrible résistance : une lutte persévérante est engagée entre la mer qui veut conquérir et la côte qui veut conserver : cette lutte peut durer de longs siècles, mais la mer émoussera peu à peu les rochers ; elle les recouvrira et les enveloppera de ses alluvions de sable, et, plus paisible enfin, parce qu’elle sera victorieuse, elle se roulera sans efforts sur un lit incliné, pour recommencer sa marche rétrograde et rationnelle. Que la ville de Saint-Jean-de-Luz soit assise sur le sable même, et comme la proie facile de ce combat gigantesque, n’importe ; des montagnes de granit ne résisteraient pas davantage, et la mer saurait bien fouiller à leurs racines et les ensevelir comme une frêle cabane de pêcheurs sur la pointe d’un rocher. Il n’y a là qu’une simple question de temps : on doit comprendre après cela tous les miracles d’un couteau ou d’un poinçon dans les mains patientes d’un prisonnier !... Du reste, plusieurs siècles d’existence peuvent être promis à Saint-Jean-de-Luz, et d’autres villes peut-être jeunes et fortes, loin de la mer et des volcans, seront tombées, qu’elle vivra encore heureuse et paisible sur cette grève toujours menacée !"



A suivre...



(Source : Wikipédia)








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