Libellés

samedi 16 septembre 2017

LE DOMAINE D'ILBARRITZ À BIDART - BIDARTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)


LE DOMAINE D'ILBARRITZ À BIDART.


En 1893, le Baron Albert de l'Espée, héritier des fonderies de Wendel, en Moselle, immensément riche, découvrit ce site dominant l'océan et la ville, et décida d'acquérir soixante hectares de cette colline.


pays basque autrefois bidart domaine
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il fit construire, dès 1894, un château grandiose par un architecte biarrot, Gustave Huguenin.

La construction dura quatre ans, jusqu'en 1898, et était constituée d'un château et de 14 

pavillons, disséminés dans le parc et reliés entre eux par des galeries d'un tunnel souterrain.




Le château était conçu autour d'une pièce centrale sur deux étages, où le baron plaça un orgue 

sur mesure, un Cavaillé-Coli, spécialement construit pour lui.

Cette orgue fut démonté en 1903 et se trouve aujourd'hui à la Basilique du Sacré-Coeur, à 

Montmartre, à Paris.

Il fut remplacé, en 1905, par un plus petit orgue, plus perfectionné.



L'énorme domaine comprenait quatre kilomètres de chemins couverts, avec des espaces 

chauffés, dès que le froid arrivait et entièrement illuminés dès la tombée de la nuit.



Il existait même un puits à beurre à 17 mètres sous terre pour conserver l'alimentation au frais.

Il y avait neuf salles à manger dans des endroits différents du domaine car le baron ne 

savait jamais où il allait prendre ses repas.



Il y avait aussi sept cuisines sur le domaine, dont deux possédaient un four à pain, et qui étaient 

équipées d'un monte-charge électrique, fixé au tunnel, car le Baron ne supportait pas les 

odeurs des cuisines.


Au château, il existait deux piscines intérieures en marbre et des bois précieux pour l'intérieur. 

Pour l'alimentation électrique, on avait construit une centrale électrique, en bas du domaine.



Chaque porte et chaque fenêtre avaient un double vitrage

De plus, les terrasses étaient bitumées et recouvertes d'un carrelage céramique.

21 ponts enjambaient le ruisseau du domaine.



En 1911, le Baron vendit le domaine, après y avoir vécu pendant une dizaine 

d'années quelques mois par an, en misanthrope solitaire.

Il exigea, pour cette vente, que rien ne fut touché dans le domaine.



La presse locale et nationale se fit l'écho des festivités qui s'y passèrent.


Le journal Gil Blas, le 2 avril 1912 rapportait :


"Il était une fois un homme innombrablement riche. A la suite de mélancolies, il décida de se retrancher de la vie commune, de vivre seul. Il aimait l'Océan. Il longea toutes les côtes de la France. Il élut Biarritz. Il y avait au bord de l'Atlantique, d'immenses terrains nus. Il les acquit. Il fit construire sur ces terrain, un palais.


Un palais dont vous aurez quelque idée tout à l'heure.


Il fit entourer son domaine de murailles infranchissables. Et là-dedans, emmuré, enclos, il vécut ces dix dernières années sans que personne franchit son seuil. Il s'appelait le baron de l'Espée. Les gens de la région l'appelaient le Fou. Cela s'explique : un homme qui trouve en soi, chez soi, assez de joies et de splendeurs, pour n'avoir besoin d'aucune compagnie, d'aucun contact social, ne peut être qu'un fou...


Ce baron de l'Espée était le descendant de l'abbé de l'Espée qui entreprit de sauver les sourds-muets, et y réussit assez bien. Il était aussi le neveu du baron de l'Espée qui fut assassiné étant préfet de Saint-Etienne sous la Commune. Le baron actuel, celui de Biarritz, vécut solitaire, n'ayant devant lui, autour de lui, que l'Océan et le panorama de deux cent trente-deux kilomètres de côtes — et chez lui, qu'un orgue, dont il jouait des heures sans fin, et qui est la merveille des merveilles.


Attendez encore un peu.


Attendez. Biarritz, il y a neuf ans, ne comptait environ que 6 500 habitants. On en compte à présent 21 000. Des villas se construisirent peu à peu autour de la propriété farouchement isolée, la cernèrent, l'enserrèrent, en mutilèrent la solitude. M. de l'Espée décida de fuir. Il lui fallut vendre le château d'Ilbarritz. Ainsi se nommait le fief mystérieux.


Une société s'était formée à Paris, qui recherchait des terrains vastes. Ilbarritz fut signalé à cette société. L'affaire se fit.


Dans le comité qui traita figurait un de nos plus distingués confrères M. P.-B.Gheusi. 


Quant M. P.-B. Gheusi eut franchi le seuil d'Ilbarritz, et visité le château inviolé, il resta stupéfait.



Lisez ces lignes extraits d'une brochure intitulée : Un Domaine des Mille et Une Nuits :


"Les murs sont de marbre et de chêne massif, les parquets en "point de Hongrie", les plafonds à caissons de bois sculpté, l'intérieur des tours revêtu de pin ciré, les cheminées massives de brèche verte et de marbre rouge.


Partout, sous la minuscule clé-diamant qui ouvre les douze cents serrures différentes d'Ilbarritz, les placards eux-mêmes s'entrebâillent, doublés de parois de chêne et coiffés de plafonds à moulures.


Plus loin, une tour de pierre à six pans s'enracine dans les récifs; elle ouvre ses regards étroits sur l'immense étendue des flots et du rivage. Dans ses soubassements indestructibles sont maçonnées des baignoires de marbre ,envahies parfois par les hautes marées d'équinoxe.


A ses pieds, la plage s'incurve, en contre-bas d'un étang poissonneux : l'ancien moulin de Larralde, transformé en usine électrique, y fait mouvoir ses turbines. De là montent les câbles qui, par le souterrain des boulangeries toutes proches, distribuent la lumière et la chaleur dans le château.


A l'intérieur, c'est la féerie du marbre et du chêne, revêtant les parois, les plafonds surélevés, les portes massives, les chambranles trapus. Ici, c'est une cheminée taillée dans le Carrare, et là, l'escalier monumental tout en chêne de Hongrie et dont chaque marche est sculptée avec art.


Chaque porte, massive, pesante, profondément moulurée, munie de serrures et de gonds en cuivre ciselé et doré, est l'oeuvre d'un délicat artiste du bois. Des cheminées sculptées de huit mètres de haut, à colonnes cannelées et burinées avec maîtrise, décorent de chêne ouvragé les murs en marbre multicolore.


Et nous voici déboucher soudain au cœur du château, dans l'énorme, dans la superbe salle de l'Orgue. Ici s'assoupit l'âme même de ce manoir de féerie, sa raison d'être, l'œuvre d'art qu'il est chargé d'abriter de toute sa masse confortable et lourde.


C'est pour donner, au gré du créateur de tant d'ingéniosités insolites, la vie à cet orgue admirable — le plus "musical " et le plus complet de tous les instruments — que des centaines de mille francs ont, pendant des années, payé les ouvriers, stimulé les inventeurs, réalisé des miracles de mécanique et de sonorité.


Pour éveiller les voix de l'Orgue, le courant électrique de l'usine assise sur le déversoir de l'étang a gagné les tunnels, traversé les caves. Les câbles goudronnés ont longé les réservoirs où s'accumulent les eaux de pluie — un dispositif électrique les ferait, en cas d'incendie, jaillir jusqu'à ces terrasses supérieures ; d'où la vue émerveillée embrasse deux cents kilomètres de rivages et tous les monts basques et cantabres — ces réservoirs alimentés par des tuyaux et des robinets en argent, métal définitif, qui ne s'oxyde pas dans le salpêtre..."


C'est de tout ceci que devint propriétaire le comité dont faisait partie notre éminent confrère.


Un fête incomparable aura lieu le 10 avril prochain. 


Le comité possesseur d'Ilbarritz en ouvrira toutes grandes les portes à la municipalité, à la ville et à la foule.


L'orgue jouera, sous les doigts de M.Daene. Sous les doigts peut-être aussi d'un compositeur qu'on ne veut pas nommer encore, mais qui est le plus illustre...


Un concert aura lieu sous la conduite d'un des directeurs de l'Opéra.


Mme Litvinne, Mlle Zina Brozia, M. Delmas chanteront..."



Le journal Le Matin, dans la même édition du 2 avril 1912, ajoutait :


"... La municipalité de Biarritz prépare de grandes fêtes pour la semaine de Pâques. Pendant la journée du 10 avril, le public sera admis à visiter, aux portes de Biarritz, le fameux domaine d'Ilbarritz, rigoureusement fermé depuis quinze ans.


C'est dans son château moderne que, pour la première fois, le grand orgue sera joué jar un virtuose célèbre.


Un concert sera exécuté dans la nef de l'orgue, et une épreuve d'aviation dispersera, dans l'étrange domaine — qui ressemble à une sorte de cité chinoise, bâtie entre l'Océan et le lac de la Négresse — les visiteurs à travers plus de trois kilomètres d'abris, de villas éparses, de cheminements couverts et de pavillons, dont l'enchevêtrement, sur 60 hectares de rivage, a si longtemps intrigué es touristes, surexcité les curiosités et fondé tant de légendes."


Je vous parlerai dans un autre article de la suite de la vie de ce domaine, avec en particulier La Roseraie.




pays basque autrefois bidart domaine
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN


pays basque autrefois
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN





pays basque autrefois
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN




pays basque autrefois
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN




pays basque autrefois
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN





pays basque autrefois
DOMAINE D'ILBARRITZ BIDART - BIDARTE
PAYS BASQUE D'ANTAN







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 600 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire