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dimanche 17 septembre 2017

UNE PÉPINIÈRE DE PELOTARIS À HASPARREN - HAZPARNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)

DE NOMBREUX PELOTARIS SONT ORIGINAIRES D'HASPARREN.


En effet, de grands noms de la pelote sont nés, dans la Cité des chênes, à Hasparren.

Le journal Le Matin, le 23 août 1932, racontait :

"Hasparren, pépinière de pelotaris. 


Cette appellation, croyez-le bien, n'est pas de mon cru. Je connais trop la susceptibilité, légitime, de nos grands centres de pelote basque pour prétendre conférer à l'un d'eux une sorte de monopole... Et j'ai encore dans l'oeil le sourire que je surpris, sur le fin visage de quelques Basques, le jour où ils lurent qu'un journaliste parisien en renom, familier, d'ailleurs, avec les choses et les gens de chez nous, avait qualifié Sare de "la Mecque de la pelote basque" !...


Si donc je répète que Hasparren fut et reste une "pépinière de pilotaris", c'est que ce privilège lui est, depuis longtemps, reconnu sans que Ustaritz, Saint-Palais, Saint-Jean-de-Luz, Sare lui-même et quelques autres « hauts lieux » de la pelote aient jamais songé à s'en formaliser.


Aujourd'hui comme hier et — tout le laisse prévoir -— demain comme aujourd'hui, Hasparren a été, demeure, et sera un sol éminemment propice à la "venue" des joueurs de pelote, dans toutes ses spécialités.


J'ai fait revivre ici même la légendaire figure de Gaskoïna (Jean Errachun). Un haspandar (et non "haspandarrais", en dépit du Larousse !) me confiait que ce pilotari phénoménal trouvait des rivaux parmi ses compatriotes. C'est ainsi qu'il ne put jamais battre en trinquet (au petit gant) l'amateur Nacho Choribit... ni même la soeur de ce dernier, Dominica, père et tante de l'actuel propriétaire du magnifique trinquet Berria... Celui-ci me pardonnera, je l'espère, cette indiscrétion ! Après tout, de telles références ne passent-elles pas, chez nous, pour quartiers de noblesse ?...

pays basque autrefois
TRINQUET BERRIA HASPARREN - HAZPARNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais laissons Gaskoïna comme nous avons laissé Yatsa, ces deux étoiles du gant de cuir et du petit chistera. Au grand chistera, il est un nom qui s'impose parmi les gloires de Hasparren : celui de Léon Diharce, célèbre co-équipier de Chiquito de Cambo.


Et j'ai hâte d'en arriver au trinquet et à ceux qui en furent les rois incontestés il y a une quarantaine d'années : Darritchon et Gorostiague. Celui-ci avait pour surnom Esperantza; celui-là devait rendre célèbre le surnom du Béhachka, attaché au vieux trinquet dont il était propriétaire, et glorieusement porté aujourd'hui par le jeune fils de Darritchon, champion comme son père.

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PELOTARI GOROSTIAGUE ESPERANTZA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Du même âge — le premier étant né en 1871 et le second en 1870 — Darritchon et Gorostiague furent imbattables pendant dix ans au trinquet de Hasparren. Des parties acharnées, qui durèrent souvent près de trois heures d'horloge, les opposèrent pourtant aux meilleurs joueurs de l'époque. Parmi les équipes battues par le célèbre duo haspandar, on peut citer en effet : Soudre-Larranaga; Soudre-Ciki; Porteno-Larranaga; PortenoUrcelay; Porteno-Soudre; Porteno- Joseph Dongaïtz, etc...


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PELOTARIS PORTENO GOROSTIAGUE URCELAÏ PIZTIA BARBERO 1901
PAYS BASQUE D'ANTAN

La première défaite leur fut infligée par Léon et Jean-Baptiste Dongaïtz, Béhachka et Gorostiague avaient alors trente et un et trente-deux ans, et le premier nommé avait dû cesser de jouer pendant huit mois, ayant eu la clavicule gauche brisée.

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LES FRERES DONGAÏTZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Béhachka aime encore à raconter qu'il joua sa première grande partie au vieux trinquet de Hasparren à l'âge de dix-neuf ans. II avait alors comme partenaire Yatsa en personne, qui jouait volontiers à mains nues, et comme adversaires Otharré d'Ascain et Ciki d'Urrugue. L'enjeu était de 500 francs et les Haspandars furent sévèrement battus par un écart de 28 points. J'ai cru même comprendre que ce jour-là Ciki se fit le protecteur du jeune Béhachka contre la mauvaise humeur de son partenaire. Béhachka devait largement se réhabiliter par la suite !


Gorostiague fut un des avants les plus redoutables qu'on ait connus, et il soutenait magistralement la frappe infaillible et infatigable de son co-équipier. C'était un défenseur unique du filet. Sa qualité maîtresse était un coup d'oeil extraordinaire. Personne ne pouvait deviner où il allait placer la balle et sa volée mystérieuse et foudroyante laissait l'adversaire sur place. Porteno — le grand maître en cette matière — déclarait lui-même au sujet de Gorostiague : "Il est inutile de tirer sur cet homme : contre lui, il n'y a rien à faire !"


Il en avait d'ailleurs fait l'expérience. Un jour que Porteno et Gorostiague étaient opposés à l'avant, le premier nommé réussit coup sur coup deux de ces carambolages éclairs contre lesquels il n'y a pas de réplique possible. Piqué au vif, Gorostiague s'écria : « Je parie qu il n'en fait plus un seul durant la partie ! » Nul ne tint le pari que Gorostiague aurait gagné, car le fameux Porteno en fut désormais pour ses frais !...


Les anecdotes sur le duo invincible Darritchon-Gorostiague nous mèneraient trop loin. Quittons à regret les deux grands spécialistes du trinquet pour citer, sans ordre, ces quelques autres Haspandars, qui se distinguèrent, à la même époque, dans les diverses formes de la pelote : Dindabure, Manech, Amespil, Morpy, Tirrïn, Errota, Irigoyen, etc.


Les annales de la place libre (à mains nues) de Hasparren ne sont pas moins intéressantes à consulter.


Avant d'en venir aux grands noms connus actuellement du public, je yeux rappeler ici une sensationnelle rencontre où se produisit un joueur qui. aurait certainement égalé les plus grands si un accident n'avait pas interrompu prématurément sa carrière. Il y a quelque trente ans de cela, un joueur encore obscur, Muyoteïko Eskerra (le gaucher), secondé par deux Haspandars, terrassa littéralement l'équipe réputée imbattable de Saint-Pée-sur-Nivelle, composée du célèbre trio : Théophile, Santiago, Chabaténé. Eskerra réussit trente-cinq points à la file, du but ; il dépassa une douzaine de fois à "l'apugna" le "botta harria", à trente mètres environ, performance que le champion du monde Atano III n'a réussie que deux fois sur cette même place. C'est dire quelles espérances donnait cet extraordinaire Muyoteïko. Malheureusement, il se brisa le bras au cours d'une partie jouée à Cambo, et dut renoncer à la pelote.


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PELOTARI ATANO III
PAYS BASQUE D'ANTAN

Je viens de citer Atano III. C'est ce nom prestigieux qui me servira de transition entre "hier" et "aujourd'hui "dans cette rapide histoire de la pelote à Hasparren.


C'est sur la place libre de Hasparren —où joua aussi Mondragonès — que le célèbre "chat-tigre" d'Azcoïtia, celui dont on a pu dire que ses mains sont des aimants, se produisit pour la première fois en France en 1927. Aidé de son frère Atano II, il se mesura contre Léon Dongaîtz, Edouard Arrayet (neveu de Dongaïtz) et  Arcé. Les Français l'emportèrent par un écart de 17 points.

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PELOTARIS ATANO II ET ATANO III
PAYS BASQUE D'ANTAN

Quatre ans plus tard, le 11 janvier 1931, Atano III consentait à jouer pour la première fois dans un trinquet français : au Berria de Hasparren. Il avait précédemment battu Arcé à Irun; il fit subir le même sort à Darraïdou, le sympathique champion d'Espelette...


Mais les fastes de la cité et de ses places m'ont, semble-t-il, fait oublier les exploits des enfants de Hasparren. Je vais y revenir avec un plaisir d'autant plus sensible qu'il va s agir, désormais, de la jeune génération du sein de laquelle se détachent, déjà, plusieurs joueurs en tous points, dignes de leurs devanciers."


Dans un autre article, je vous parlerai encore de cette pépinière de pelotaris d'Hasparren.





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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