Libellés

Affichage des articles dont le libellé est PELOTE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est PELOTE. Afficher tous les articles

mardi 12 août 2025

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS AU PAYS BASQUE EN 1929 (quatrième et dernière partie)

 

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS EN 1929.


Les jeux de paume ont existé en France, depuis plusieurs siècles.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE LONGUE PAUME
PUBLICITE LA BELLE JARDINIERE PARIS


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 12, en 1930, sous la plume 

d'Albert de Luze :



"Les Jeux de Paume et les Trinquets.


Conférence donnée au Musée Basque le 28 Septembre 1929, avant la partie de démonstration qui mit aux prises le même jour, au vieux Trinquet Saint- André, M. E. Baerlein, champion amateur anglais et Pierre Etchebaster, champion du monde professionnel.



"... A côté de ses fins sportives, le jeu de paume a eu en France une bien curieuse influence, car pendant plus d'un siècle les grandes salles dans lesquelles il se jouait ont été utilisées comme salles de spectacle. Il n'y avait en effet, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, en dehors de la Capitale où encore elles étaient rares, aucune salle proprement dite où les troupes nomades qui parcouraient la France pouvaient donner leurs représentations et comme il y avait dans chaque petite ville un ou plusieurs Jeux de paume, ces salles donnèrent tout naturellement asile aux comédiens, d'autant plus facilement que pendant les mois d'hiver elles étaient inutilisables pour le jeu à partir de quatre heures de l'après-midi. On y installait alors des tréteaux, une scène rudimentaire, on y mettait des chaises ou des bancs et... l'art remplaçait le sport. Nous savons que Molière forcé de quitter Paris en 1648 fit avec "l'Illustre Théâtre" (troupe de Dufrène et des Béjart) une tournée en province qui dura dix ans. S'il y a ici des moliéristes ils apprendront peut-être avec intérêt, s'ils ne le savent déjà, que, pendant cette tournée, à part une ou deux exceptions, leur héros n'a joué la comédie que dans des Jeux de paume et on peut se demander vraiment ce qui serait advenu de l'illustre comédien s'ils n'avaient pas existé. Le moins qu'on puisse dire est qu'il eût été bien gêné. Rechercher quels furent les Jeux de paume qui donnèrent asile à la célèbre troupe m'a paru d'un certain intérêt et j'ai eu la bonne fortune de les retrouver presque tous. Je peux vous dire qu'à Paris, où Molière a débuté dans un jeu de paume en 1643, c'était le jeu des Métayers, puis le jeu de la Tête Noire ; à Nantes, le jeu du Chapeau Rouge ; à Poitiers, le jeu des Flageolles ; à Bordeaux, la salle Barbarin ; à Dijon, le jeu de la Poissonnerie ; à Rouen, le jeu des Braques (car la plupart des Jeux de paume portaient un nom ou une enseigne) et qu'à Agen, Narbonne, Pezenas, Avignon, Grenoble, Lyon, c'est également dans un Jeu de paume qu'il s'installa. Quand il mourut, la troupe chassée du Palais-Royal par Lulli trouva asile dans le Jeu de la Bouteille, quelques années auparavant transformé en salle d'opéra pour le florentin qui d'ailleurs n'y mena pas ses violons mais s'installa dans le jeu de Bequet, rue Vaugirard, rue dans laquelle il y avait cinq Jeux de paume côte à côte. A Bayonne, si l'on ne trouve pas trace du séjour de Molière, qui n'y est sans doute pas venu, on sait cependant que les deux Jeux de paume furent utilisés comme salles de spectacle. Dans son histoire du théâtre de Bayonne, l'inévitable et instructif Ducéré nous apprend que les écholiers donnaient leurs représentations dans le Jeu de paume de Niert ; ils dressaient un théâtre dont la scène reposait sur des tables et des barriques. Une supplique de Jacques Combe, du 16 Octobre 1694, nous dit "qu'une rixe fut causée par les billets de spectacles qu'il avait pour une tragédie que les élèves du collège devaient représenter ce jour-là au jeu de paume de M. de Niert" (ce qui nous prouve aussi que les deux Jeux ont co-existé pendant tout le XVIIe siècle). La reine douairière d'Espagne, Anne de Neubourg, assista à une de ces représentations, mais pour ne pas faire de jaloux sans doute, elle assista aussi aux représentations qui se donnaient dans le Jeu de paume de Maubec.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
VIEUX TRINQUET BAYONNE 1930
BMB N°12 1930


Pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle les troupes de comédiens nomades deviennent de plus en plus nombreuses. Sauteurs, voltigeurs, tragédies, drames, opéras, ballets, etc... nous voyons ces genres si divers se succéder presque sans interruption dans le Jeu de paume de Maubec alors transformé en salle de spectacle. "Le 20 Mai 1792, disent les archives de la ville, est venue en diette la demoiselle veuve de Meillan, laquelle aurait demandé la permission de laisser entrer dans le jeu de paume de Maubec qu'elle tient à loyer, les comédiens italiens pour y représenter leur pièce en public ce qui leur a été permis." Bayonne peut, je crois, se vanter d'avoir eu le dernier Jeu de paume utilisé comme théâtre.



Nous connaissons donc ainsi par les Jeux de paume la plupart des salles de spectacle du XVIIe siècle et Paul Souday qui avait pour le sport une aversion qui m'a toujours parue fort exagérée, et que ne partage certainement pas mon célèbre partenaire de tennis André Lichtenberger, Paul Souday, dis-je, aurait sans doute dû reconnaître que le sport avait malgré tout été pour l'art d'une certaine utilité. Mais là ne s'arrête pas l'influence du jeu de paume sur le théâtre. Dans les Sports et Jeux d'Exercice dans l'Ancienne France, M. Jusserand nous en montre un autre aspect :

"On s'habitua, dit-il, tellement à voir théâtre et jeu de paume se confondre, que très tard, par habitude, on conserva au premier la forme des seconds. Il est certain que partout ailleurs dès le XVIe siècle, en Italie et en Angleterre, la forme semi-circulaire avait prévalu... Nous fîmes exception, effet inattendu de l'extraordinaire popularité d'un jeu d'exercice en France."



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
LIVRE LES SPORTS ET JEUX D'EXERCICE
DANS L'ANCIENNE FRANCE

DE J. J. JUSSERAND



A l'appui de cette thèse nous trouvons à Bordeaux un curieux exemple. En 1837, le Jeu de paume ayant été désaffecté, le Cercle Philarmonique y donna ses premiers concerts et lorsque son bail vint à expiration en 1846, on construisit, par analogie, la salle Franklin sur le même modèle rectangulaire et il n'est pas douteux qu'en s'en donnant la peine, on trouverait d'autres exemples de même nature quoique peut-être moins tardifs.



La popularité du jeu de paume était telle que la plupart des grands écrivains français en ont parlé et en connaissance de cause... Rabelais, Montaigne, La Fontaine, J. J. Rousseau, Pascal lui-même y font de fréquentes allusions. Je me contenterai de vous citer deux pensées, de notre grand moraliste qui prouvent combien le jeu lui était familier, et en quelle estime il le tenait.

 "Qu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume c'est une même balle dont joue l'un et l'autre ; mais l'un la place mieux."


Et plus loin :

"Cet homme si affligé de la mort de sa femme et de son fils unique, qui a cette grande querelle qui le tourmente, d'où vient qu'à ce moment il n'est pas triste et qu'on le voit si exempt de toutes ses pensées pénibles et inquiétantes ? Il ne faut pas s'en étonner : on vient de lui servir une balle et il faut qu'il la rejette à son compagnon ; il est occupé à la prendre à la chute du toit pour gagner une chasse ; comment voulez-vous qu'il pense à ses affaires ayant cette autre affaire à manier ? Voilà un soin digne d'occuper cette grande âme et de lui ôter toute autre pensée de l'esprit."



L'expression "prendre une balle à la chute du toit pour gagner une chasse" expression presque professionnelle qui n'a certainement pas été suggérée à Pascal, ne prouve-t-elle pas une connaissance approfondie du jeu et ne laisse-t-elle pas supposer que, s'il ne l'a pas pratiqué, il en a du moins été un spectateur assidu et averti ?



Comment un sport aussi populaire, et dont les adeptes actuels qui en ont certes pratiqués comme moi pas mal d'autres, disent, sans hésitation, qu'il est le plus captivant, le plus varié, et le plus complet, a-t-il pu subir une pareille décadence à partir du XVIIe siècle ? C'est ce que nous voudrions rechercher.



On a pensé tout d'abord que ces grandes salles construites au centre d'agglomérations qui peu à peu devenaient de grandes villes, avaient trop de valeur pour continuer à être utilisées pour le sport. Mais nous savons par de nombreux témoignages, entre autres par celui de l'abbé Coyer, qu'au milieu du XVIIIe siècle il y avait encore de nombreuses salles de paume et qu'il n'y avait plus de joueurs. On lui a fait ensuite le reproche de ne pas être un jeu de plein air, mais le mail, la soule (jeu de ballon) étaient bien des jeux de plein air et ils ont disparu à la même époque. Il nous semble que les vraies raisons sont beaucoup plus profondes et qu'il faut les rechercher dans les changements qui, peu à peu, se sont produits dans les mœurs, c'est-à-dire dans la manière de vivre, de s'habiller et de sentir. Mr Jusserand a consacré à l'étude de cette question deux longs chapitres de l'admirable livre que j'ai déjà cité, étude approfondie à laquelle il y a peu de chose à ajouter. Je regrette de ne pouvoir les reproduire ici en entier, et d'être obligé de m'en tenir à une courte analyse :


"La Renaissance qui agit si puissamment sur les lettres, les arts et les mœurs, eut sur les jeux aussi une influence décisive. On régularise les exercices physiques, on les raisonne mais sans les simplifier ; on les complique au contraire... la faveur passe de la longue paume à la courte paume avec ses murailles, ses effets réflexes comptés, calculés, multipliés en un champ circonscrit."



L'éducation physique prend plus d'importance. Rabelais nous montre Gargantua expert en tous les sports, et les sports sont violents au temps de François Ier, d'Henri II, tué dans une joute, et d'Henri IV. C'est l'époque des armures, de la lance, des duels. A partir du XVIIe siècle une transformation radicale se produit. L'épée remplace la lance, puis le fleuret, l'épée ; le duel disparaît peu à peu ; l'escrime est négligée. On préfère le jeu de billard et le volant. Le jeu de mail qui se jouait comme actuellement le golf, son descendant direct, par monts et par vaux, se joue maintenant dans des allées où l'orme est resté célèbre. Aux exercices de force on préfère les jeux de cartes et le loto. L'exemple vient d'en haut ; Louis XIV vieillit, puis le Régent pense à tout autre chose et son jeune élève l'imite. Les hommes font de la tapisserie et on invente le parapluie. On voyage assis au lieu de circuler à cheval. "Dans nos siècles modernes, dit l'Encyclopédie, un homme qui s'appliquerait trop aux exercices nous paraîtrait méprisable parce que nous n'avons plus d'autre objet de recherches que ce que nous nommons les agréments ; c'est le fruit de notre luxe asiatique." Et Voltaire renchérit :

"Aujourd'hui dans la molle oisiveté où tous les grands perdent leur journée depuis St-Pétersburg jusqu'à Madrid, le seul attrait qui les pique dans leurs misérables jeux de cartes n'est-ce pas la difficulté de la combinaison sans quoi leur âme languirait assoupie ? " Si aujourd'hui, les sports ont influé sur le costume, si la femme, pour les pratiquer, a coupé ses cheveux, raccourci ses jupes et s'est peut-être un peu masculinisée, autrefois ce fut tout le contraire. Ce fut le costume qui influa sur les sports. L'homme en s'affublant de colifichets et de rubans, en portant perruque, en attachant une grande importance aux soins de la toilette, s'est interdit en quelque sorte les sports violents et s'est attaché à ceux qui ne risquaient pas de déranger le bon ordre de son accoutrement. Pourtant, vers la fin du XVIIIe siècle, une légère réaction se produit. L'éducation physique avec l'anglomanie revient à la mode. Les médecins luttent contre l'absence des exercices du corps. Tissot recommande la paume dans la paralysie du pharynx et de la gorge. Bajot ne publie-t-il pas dans son Eloge de la Paume, en 1800, une thèse de doctorat soutenue en 1745 à la Sorbonne, sur ce sujet : "La Paume est-elle un préservatif contre les rhumatismes ?" et dont la conclusion est naturellement affirmative. Rousseau prêche les exercices et recommande à Emile les anciens jeux, le mail, la paume, l'arc et le ballon. Mais Louis XVI aime les travaux manuels, le jeu de colin-maillard et le loto ; l'anglomanie se résume à imiter les jardins anglais, à introduire les courses de chevaux et à faire quelques exercices de gymnastique, et il faudra plus d'un siècle pour que nous importions le football, le golf, le lawn-tennis, qui ne sont autre chose que nos vieux jeux bien français, la soule, le mail, et la paume, avec des règles à peine différentes. On n'en peut douter après avoir lu le livre de M. Jusserand.



Tout cela est si vrai qu'en Angleterre, où la royauté est restée sportive, le jeu n'a pas subi la même décadence. II y est au contraire florissant à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle et nos paumiers qui, malgré tout, forment encore une élite, s'y rendent souvent. C'est par l'Angleterre que nous connaissons leurs prouesses et les Masson, les Charrier, les Barre y sont célèbres, tenant tête aux champions étrangers. De 1830 à 1862, pendant 32 ans "papa Barre" comme l'appellent toujours les Anglais, conserve invaincu le championnat professionnel du monde et ce n'est qu'à l'âge de 60 ans qu'il se retire après un célèbre match nul qui ne dura pas moins de cinq jours.



Depuis cette époque nous avions perdu notre suprématie et il a fallu un Basque au cœur bien attaché (ne l'ont-ils pas tous ?) pour nous ramener le titre tant convoité. Pierre Etchebaster a réussi l'année dernière là où ses devanciers avaient échoué, non seulement grâce à ses qualités physiques, à son jugement impeccable mais grâce aussi à ses qualités morales. Ceux d'entre vous qui le verront tout à l'heure à l'œuvre en face du champion amateur anglais Baerlein, que je tiens à remercier d'avoir bien voulu venir de Manchester apporter son concours à cette manifestation, se rendront compte de l'incomparable maîtrise et de l'intelligence dans le jeu, de notre grand champion qui possède à la fois la sûreté de René Lacoste, le calme déconcertant d'Henri Cochet et la vitesse de déplacement de cet autre Basque, Jean Borotra."








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

dimanche 20 juillet 2025

LA PELOTE AU PAYS BASQUE : LE SPORT D'UNE RACE EN 1914

LA PELOTE BASQUE : LE SPORT D'UNE RACE.


La pelote Basque était, en 1914, le sport national du Pays Basque, et ce depuis de très nombreuses années.



pays basque autrefois pelote sports
LES SPORTS MODERNES : LA PELOTE BASQUE



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Excelsior, dans son édition du 18 juillet 1914, sous la 

plume de Jacques Béritz :



"La Pelote Basque. Le sport d'une race.



C'est dans les villages très isolés, à Hasparren, à Sare ou à Urrugne qu'il faut voir ce peuple fidèle à ses traditions, chez qui tout, jusqu'au jeu, emprunte aux coutumes des âges disparus un caractère grave et presque religieux.



Dans la vie locale, la pelote basque tient une large place. Ici, vraiment, le sport national apparaît dans toute sa beauté, avec tout son charme pittoresque et inédit : auprès de l'église, l'antique fronton et la cancha où fleurit, entre les dalles, la scabieuse d'automne ; à l'horizon, la ligne harmonieuse et ferme des montagnes, trapues comme la race.



L'incomparable paysage se nuance de couleurs chaudes, sous la lumière d'or, sous le ciel d'une pâleur ardente tandis que le noble sport enchante nos regards.



A Urrugne, durant les fêtes, on organise de grandes parties de pelote qui se jouent à l'ancienne mode : au "rebot".



pays basque autrefois pelote rebot sports
TABLEAU PARTIE DE REBOT
PAYS BASQUE D'ANTAN


La partie commence au sortir de la grand'messe : les deux camps français et espagnol tirent au sort le "but", et la lutte s'engage, vive, ardente, passionnée.



Attentive au spectacle, la foule parée des dimanches s'étage sur les gradins de granit rouge. On voit de vieux Basques qui descendent de leurs montagnes, une ou deux fois l'an, pour assister à ces fêtes de la tradition nationale ; on y trouve aussi des Espagnols à la figure rasé qui ont fait un long trajet pour encourager de la voix leurs compatriotes. Et parmi ces hommes sérieux, dont le regard semble fasciné par la balle, Gatchucha ou Marie-Jeanne sourit...



A la fin d'un "point" particulièrement disputé, l'enthousiasme déborde, les applaudissements crépitent, les jeunes gens lancent leur béret sur la cancha et le "compteur", très digne, vient annoncer que les joueurs sont à égalité. Il se découvre et psalmodie sur deux notes élevées : "A dos, Jannac, à dos", mots qu'il fait parfois suivre, par fantaisie, d'une petite chanson fleurant bon le terroir : "Cathaline ttu ku ttun, Cathaline ahina..."



Mais voici que sonne l'Angelus de midi. La partie s'interrompt ; les conversations cessent ; l'assistance entière se lève, et les pelotaris, tête nue, attendent, pour reprendre le jeu, la bénédiction du pasteur avec le dernier tintement de la cloche.



Vient le soir, les Basques, toujours alertes, se reposent de la partie de pelote par des danses, à la fois provocantes et pudiques : le Fandango, le Saut basque, le Quadrille basque et l'"arin-arin", ce qui veut dire "léger, léger".



pays basque autrefois danses sauts
SAUTS BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN


La ceinture de laine rouge ou noire cambrant la taille, le mouchoir de soie passé en pointe autour du cou, la courte veste sur l'épaule, le béret posé en arrière, ils vont ainsi, par bandes joyeuses, vers le village en fête.



Ils chantent l'hymne national, le Guernikako arbola, le chant de la Liberté, qui représente la fierté, le courage et la foi, toute la vertu des sept provinces unies : "Zazpiak bat", ou bien ils poussent en signe de réjouissance un "irrinzina" (cri rauque er un peu sauvage qu'ils feront entendre par les nuits sans étoiles, pour s'appeler, se prévenir d'un danger, ou encore pour défier les carabineros après la réussite d'une entreprise de contrebande.



pays basque autrefois chants hymme iparraguirre
CHANT "GUERNIKAKO ARBOLA"
PAYS BASQUE D'ANTAN


Par son respect des coutumes, à cause même de son isolement et des difficultés de sa langue, la race est resté forte et une.



Par l'élégance de ses ports, par sa tempérance et ses moeurs rustiques, le Basque s'est conservé robuste, souple et argile.



Plus que quiconque, le Basque a l'amour du pays et le culte du foyer. Lorsqu'il s'expatrie, cherchant fortune "aux Amériques", il garde, enraciné au coeur, l'espoir du retour, et, afin que ses descendants viennent prier sur sa tombe, de génération en génération, son plus cher désir est de reposer en terre bénie, à l'ombre de ce même clocher qui l'a vu naître.



Mais combien de temps cette race vigoureuse maintiendra-t-elle, ferme et vivante, la tradition ?



Dans la Basse-Navarre, on raconte l'épisode des quinze soldats basques qui, pendant les guerres du Premier Empire, quittent l'armée du Rhin sans permission, viennent jouer à la pelote le jour de la fête de leur village, puis rejoignent leur régiment, à Austerlitz. Leur brillante conduite, au cours de la bataille, racheta leur désertion.



Il y a quelques années, le fameux "zaguero" basque-espagnol Ayestaran, engagé pour une saison, au fronton du Cercle Saint-James, à Paris, ne consentit jamais à vivre loin de sa chère province de Guipuzcoa. Tous les dimanches soir, après la partie, il reprenait le train pour Irun, tandis que les autres pelotaris, moins fortunés, erraient tristement dans les rues de Neuilly.



pays basque autrefois pelote neuilly
PELOTARI AYESTARAN



A l'inverse du sage d'Ayestaran, Chiquito tenta de se parisianiser. Il fit l'emplette d'une jaquette, d'un somptueux melon et d'une superbe paire de gants : mais le champion du monde, qui, de sa vie, ne ganta que le chistera, s'empressa bientôt d'enfouir sa défroque mondaine qui le gênait si fort et l'habillait si mal."







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

dimanche 13 juillet 2025

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS AU PAYS BASQUE EN 1929 (troisième partie)

 

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS EN 1929.


Les jeux de paume ont existé en France, depuis plusieurs siècles.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE LONGUE PAUME
PUBLICITE LA BELLE JARDINIERE PARIS


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 12, en 1930, sous la plume 

d'Albert de Luze :



"Les Jeux de Paume et les Trinquets.


Conférence donnée au Musée Basque le 28 Septembre 1929, avant la partie de démonstration qui mit aux prises le même jour, au vieux Trinquet Saint- André, M. E. Baerlein, champion amateur anglais et Pierre Etchebaster, champion du monde professionnel.



... Pour en revenir à nos monarques, Louis XIII joua très tôt à la paume. Héroard, médecin du jeune roi, qui a tenu un journal extrêmement précis de ses faits et gestes, nous apprend qu'en 1614— il avait treize ans — pendant le voyage qu'il fit dans l'Ouest de la France, il se rendait, dès son arrivée, dans le jeu de paume des villes qu'il traversait, souvent même le soir à 7 heures, et faisait sa partie. Nous savons ainsi, si nous ne le savions autrement, qu'il y avait des Jeux de paume à Orléans, Poitiers, Mirebeau, Angers, Nantes et Le Mans, en somme dans toutes les petites villes et même dans les bourgades.


pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEAN HEROARD
MEDECIN DU ROI HENRI III



Le jeu de paume fit aussi partie de l'éducation très complète, du Grande Roi qui, dit Saint-Simon, "excellait au mail et à la paume", mais je crains bien que, comme il l'a souvent prouvé, cet historien ne fut doublé d'un courtisan. Louis XIV, en effet, très vite abandonna le jeu de paume pour le billard et c'est à partir de son règne que ce jeu si populaire commença à décliner.



Louis XV y joua aussi très peu, le Régent chargé de son éducation préférant le volant et autres distractions plus "scandaleuses" comme dit la Reine de Navarre, et Louis XVI avait plus de goût pour la serrurerie et l'horlogerie. Le Comte d'Artois, le futur Charles X, était par contre un fervent adepte de la paume et fit construire un Jeu rue de Vendôme. C'est pour lui que fut édifié, vers 1788, le Jeu qui existe actuellement à Bordeaux.



Le jeu de paume fut probablement en France, au XVe et au XVIe siècle, le jeu le plus populaire qui ait jamais existé en aucun temps et en aucun pays. Cette affirmation peut paraître peut-être assez osée aujourd'hui, au siècle du Lawn-Tennis, mais elle résulte cependant de nombreux documents.



A la fin du XVIe siècle, il y avait, d'après François Grégori d'Ierni qui accompagnait à Paris le légat du pape, 250 Jeux à Paris "très beaux et très bien installés", pour une population de 300 000 habitants. Nous en avons trouvé 40 à Orléans. 47 en Poitou, 9 à Blois, 8 à Angers, 15 en Saintonge, 20 à Bordeaux, 9 à Dijon et au moins un dans toutes les petites villes de France. Il y en avait un dans tout village où il y avait une auberge, et beaucoup ont disparu sans laisser de traces. Si nous nous en tenons à la capitale seulement, nous trouvons un Jeu de paume par 1 200 habitants, ce qui correspondrait pour la population actuelle de Paris à 2 500 courts de tennis. Or, la Fédération française de lawn-tennis, dans son code très complet de 1929, ne signale dans toute la France y compris les colonies que 1 921 courts. Et si l'on veut tenir compte que ces grandes salles de 30 mètres sur 10 étaient dans l'intérieur des villes, qu'elles avaient des murs épais et étaient fort coûteuses (la construction du jeu de paume de Versailles n'a-t-elle pas coûté 53 000 livres !) il faut bien reconnaître que nos aïeux étaient encore plus sportifs que nous. Ils l'étaient tellement que les Anglais, auxquels on reproche souvent leur amour du sport, se moquaient alors de nous.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME
EPOQUE LOUIS XIII



Dallington, maître d'école enrichi qui séjourne en France à cette époque, écrit en 1601, dans The Views of France : "les jeux de paume sont plus nombreux que les églises, les enfants naissent une raquette à la main ; il y a plus de joueurs de paume en France que d'ivrognes en Angleterre".



Le jeu était aussi très répandu dans d'autres pays et surtout en Angleterre où, sans être aussi populaire peut-être qu'en France, il était cependant très en faveur dans la noblesse. Henri VIII fit construire en 1 529, il y a exactement 400 ans, le fameux jeu de Hampton Court dans lequel on joue toujours, et qui seul est plus ancien que le vieux Trinquet Saint-André. Jacques Ier et Jacques II étaient très friands de la paume et lorsque ce dernier, chassé de son pays, accepta l'hospitalité de Louis XIV à Saint-Germain, il continua à y pratiquer son jeu favori dans la salle construite par François Ier.


pays basque autrefois sports frontons pelote paume
HAMPTON COURT PALACE


Depuis, avec des vicissitudes diverses, le jeu est resté chez nos voisins, sous le nom de tennis, le jeu noble par excellence et il existe encore en Angleterre une trentaine de salles de paume, toujours très recherchées. Les amateurs y sont de première force.



Philip Heinekin, qui a fait une étude très approfondie des jeux allemands, nous apprend qu'au XVIe siècle il y avait des jeux dans 46 villes d'Allemagne. Le jeu de paume portait le nom de Ballhaus et la trop célèbre Ballplatz, ministère des affaires étrangères d'Autriche, ne s'appelle ainsi qu'en souvenir du Jeu de paume qu'elle a remplacé au milieu du XIXe siècle et non, comme presque tout le monde le croit, parce qu'il y avait là auparavant une salle de bal.



En Italie, où la raquette a été employée bien avant de l'être en France ou en Angleterre et qui a été importée de là dans ces deux pays, les Jeux de paume étaient nombreux pendant la Renaissance. Le premier livre sur le jeu de paume a été écrit en 1555 par un Italien, Scaino. C'est un livre de 300 pages, très complet, qui fait encore autorité aujourd'hui. II y est question aussi d'un autre jeu, le jeu de "pallone", qui se jouait également entre quatre murs mais avec une espèce de gant en bois, et qui semble avoir évincé le jeu de paume.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME
16EME SIECLE



Au-delà des mers, nous trouvons aussi des traces du jeu de paume, au Mexique par exemple, et dès le XIIIe siècle, sans que nous puissions savoir qui l'y a importé. Paul Morand dans son Hiver aux Caraïbes y fait une courte allusion, mais l'abbé Prévôt est bien plus loquace. Permettez-moi de vous lire une page assez suggestive de cet auteur, plus connu par l'histoire de Manon, en m'excusant d'employer un mot un peu trivial, mais qui est dans le texte.



"L'ancienne sobriété des Mexicains n'empêchait pas qu'ils ne fussent passionnés pour diverses sortes de jeux, et notamment le Tlatchli. La scène de cet exercice est une espèce de jeu de paume et l'instrument une pelote composée de la gomme d'un arbre qui croît dans les serres chaudes. On en fait distiller par incision une liqueur blanche et grasse qui se congèle presque aussitôt, et qui, étant pétrie, devient aussi noire que la poix. Cette pelote quoique dure et pesante volait aussi légèrement qu'un ballon qui n'est rempli que de vent. On ne marquait pas de chasse comme au jeu de paume. L'avantage consistait à faire toucher la pelote au mur qui servait de but et dont la partie contraire devait empêcher qu'elle n'approchât. Elle n'était poussée qu'avec les fesses et les hanches et pour la faire mieux rebondir les joueurs s'appliquaient sur les fesses un cuir bien tendu. Ils se présentaient mutuellement le derrière pour la renvoyer à mesure qu'elle s'élevait ou faisait des bonds. On faisait des parties réglées, pour lesquelles on disposait de part et d'autres de l'or, des tapis, des ouvrages de plume et les avantages étaient marqués par des raies.



Les Mexicains jouaient jusqu'à leur personne ; le lieu était une salle basse (rez-de-chaussée), haute, longue, étroite, mais plus large par le haut que par le bas et plus haute des deux côtés qu'aux deux bouts. Les murailles étaient fort minces et blanchies de chaux. On y mettait des deux côtés quelques grosses pierres assez semblables à des meules de moulin et percées au milieu, mais dont le trou n'avait que la grandeur nécessaire pour recevoir la pelote. Celui qui l'y mettait gagnait le jeu, par une victoire qui arrivait rarement. Un ancien usage le rendait maître des robes de tous les spectateurs. Le jeu en devenait plus animé, parce que ceux qui étaient couverts de quelques vêtements se mettaient à fuir pour les sauver et qu'ils étaient ordinairement poursuivis par le vainqueur.



Le souvenir d'un si grand succès se conservait jusqu'à ce qu'il fût effacé par un autre, et celui qui devait ce triomphe aux hasards plus qu'à son adresse était obligé de faire quelques offrandes à l'idole du tripot et de la pierre. II y avait toujours deux statues de la divinité du jeu sur les deux basses parties des murs. On choisissait pour les y placer quelque jour de marque et cette cérémonie était accompagnée de chants qui en faisaient une espèce de consécration. Aussi chaque jeu de paume était-il consacré comme un temple. On n'en bâtissait pas sans y appeler des prêtres qui le bénissaient avec diverses formules et qui jetaient chaque fois la pelote dans le jeu.



Le maître du terrain était toujours un seigneur qui ne jouait jamais sans avoir commencé par des cérémonies religieuses et des offrandes. Montézuma aimait beaucoup ce spectacle et se faisait honneur de le donner aux Espagnols qui n'y prenaient pas moins de plaisir qu'aux plus agréables jeux de leur nation." Cette petite histoire se trouve dans l'Histoire générale des voyages, de l'abbé Prévôt, au tome XLVIII.



C'est certainement là une manière originale de concevoir le jeu de paume et qui n'aurait de chance d'être adoptée ailleurs que par des manchots des deux bras. Je dois ajouter pour confirmer ce récit qu'au Musée de Mexico on peut voir une des pierres trouées servant de but et que j'en possède une photographie.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE BALLE ULLAMALIZTLI
MUSEE DE MEXICO



Ce trou pratiqué dans le mur existait d'ailleurs dans les vieux jeux français que l'on appelait des "jeux quarrés" pour les distinguer des jeux "à dedans". Il y en avait un au haut de chacun des petits murs. Ils portaient le nom de "lune" et, si le joueur qui y faisait entrer sa balle ne pouvait s'approprier les vêtements des spectateurs, comme au tlatchli, il gagnait du moins le jeu. Il y a là une similitude qui vaut la peine d'être notée car elle indique bien que les deux jeux ont la même origine.



Aux Etats-Unis le jeu ne peut pas avoir une bien vieille histoire, mais il y est actuellement pratiqué autant qu'en Angleterre et il existe outre des Jeux à Boston, New-York, Philadelphie, Chicago et autres villes, de nombreux jeux particuliers admirablement installés avec la lumière électrique. Les bons amateurs y sont nombreux et l'un d'entre eux, Jay Gould, a même réussi à battre, en 1914, le champion du monde professionnel, fait unique dans les annales du jeu de Paume.



Telle est brièvement résumée l'histoire d'un jeu qui a tenu dans le monde pendant plusieurs siècles une place unique, parce que non seulement il est l'ancêtre de la plupart des jeux de balles, mais parce qu'il était considéré autrefois comme le seul jeu "royal, honnête et permis".



A suivre...






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

jeudi 12 juin 2025

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS AU PAYS BASQUE EN 1929 (deuxième partie)

 

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS EN 1929.


Les jeux de paume ont existé en France, depuis plusieurs siècles.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE LONGUE PAUME
PUBLICITE LA BELLE JARDINIERE PARIS



Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 12, en 1930, sous la plume 

d'Albert de Luze :



"Les Jeux de Paume et les Trinquets.


Conférence donnée au Musée Basque le 28 Septembre 1929, avant la partie de démonstration qui mit aux prises le même jour, au vieux Trinquet Saint- André, M. E. Baerlein, champion amateur anglais et Pierre Etchebaster, champion du monde professionnel.



"Ce Jeu a conservé ses chasses, sa grille, son toit de grille et son tambour jusqu'à une époque très récente, comme le prouve une photographie prise en 1883 que possède M. Duhau, dont la famille tient le jeu depuis 73 ans. Cela n'a pas empêché le trinquet d'y être seul pratiqué depuis plus d'un siècle, sans que ses occupants se doutassent qu'ils étaient dans un Jeu de paume. Le témoignage du grand et charmant paumier qu'a été Emile Broquedis est à ce point de vue tout à fait probant. Ne me racontait-il pas lui-même, ce printemps, qu'élevé dans le jeu par son oncle Licou, célèbre joueur de trinquet, il y avait joué toute sa jeunesse sans jamais se demander à quoi pouvaient servir les raies marquées sur le carreau et que ce n'est qu'en arrivant dans le Jeu de Bordeaux, en 1879, qu'il avait compris ce qu'elles signifiaient ?



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
TRINQUET ST-ANDRE BAYONNE 1883
BMB N12 1930



Il paraît probable que le jeu de trinquet n'a fait son apparition qu'après la Révolution. Jusque là le jeu de paume était réservé à la noblesse et la haute bourgeoisie non pas tant parce que des édits royaux l'avaient interdit au peuple, ce qui n'est pas bien certain, ces édits s'appliquant probablement à la longue paume, mais parce que sa complication était suffisante pour exiger de ses adeptes une certaine culture que n'avait pas le peuple d'autrefois ; que de plus les salles étaient suffisamment fréquentées pour ne pas permettre qu'un autre jeu s'y installât en même temps. Il en fut tout autrement après la tourmente. La noblesse et le jeu de paume n'étaient plus à la mode et les salles devinrent désertes ; c'est alors que le peuple, basque, probablement, les occupa, mais il supprima peu à peu les complications du jeu, les chasses, la grille et les effets imprévus du tambour ; et c'est ainsi, j'imagine, qu'est né le trinquet. Quant au jeu de paume, je parle du jeu dit de "courte paume" ainsi nommé pour le distinguer du jeu de longue paume qui se jouait en plein air et qui se joue encore à Paris au Luxembourg et dans le nord de la France, ou comme l'a défini un vieil auteur, du jeu de paume absolument, il a des origines extrêmement anciennes. Sans remonter au déluge ce qui nous forcerait à rechercher si dans l'arche de Noé il n'y avait pas un Jeu de paume, on trouve en Perse, au IVe siècle de notre ère, un jeu appelé "tchigan" qui se jouait à cheval, en salle fermée, avec des raquettes de quatre pieds de longueur, jeu qu'il ne faut pas confondre avec le polo, et ce nom de tchigan ressemble étrangement à celui de "chicane", jeu de balles du Languedoc. Il y avait le petit tchigan et le grand tchigan c'est-à- dire la courte et la longue paume. Tout porte à croire que le jeu de paume est, comme d'ailleurs beaucoup d'autres jeux de balles ou de cartes originaire de l'Orient et qu'il a été importé en Espagne et en France par l'invasion sarrazine.


pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


A l'appui de cette thèse on peut noter que le mot raquette a, d'après Larousse et Littré, une origine arabe "rahat" et que le mot tennis, qui n'a rien d'anglais assurément, car il a été employé d'abord en France pour désigner le jeu de Paume, est une déformation du mot arabe "teneh". Ne trouve-t-on pas d'ailleurs, en suivant l'invasion arabe dans le nord de l'Afrique, l'île de Tennis-Tennesos en Basse-Egypte et la ville de Tenès en Algérie ? On trouve aussi des hiéroglyphes du XIIIe siècle avant notre ère représentant un homme muni d'une raquette et un autre d'un instrument long et incurvé qui servait à jouer au jeu de "chistra", mot qui a certainement pour vous une consonnance bien familière.



Mais pour en revenir à une époque, relativement plus moderne, l'abbé Cochard nous dit, dans un petit livre publié dans la Revue Historique et Archéologique de l'Orléanais, que des ecclésiastiques s'adonnaient à la paume dans les cloîtres, aux XIe et XIIe siècles, (ce qui expliquerait l'existence des toits, des ouverts, et même de la grille) et que plus tard ils utilisaient, pour ce jeu, le parloir de l'Officialité, c'est-à-dire la grande antichambre du tribunal ecclésiastique. L'abbé Cochard cite à ce propos une curieuse anecdote qui me paraît démontrer à quel point le jeu de paume était cher aux seigneurs de l'Eglise :


"Pour Orléans, un acte du XVIe siècle nous apprend que de temps immémorial, le Chevecier du Chapitre qui, le dimanche précédent, avait reçu de l'évêque une lamproie, devait lui offrir, le jour de Pâques, une paire de battoirs et des éteufs neufs, c'est-à-dire des balles, afin que le prélat pût avec ses chanoines se récréer à faire bondir les éteufs dans la salle du prétoire de l'Officialité. Cette redevance du prétoire se retrouve dans plusieurs églises de France. A Saint-Brieuc le vicaire général était tenu au jour de Pâques après complies de bailler des éteufs, savoir à l'évêque cinq et aux chanoines à chacun trois avec des cabarets (palettes) à les frapper. Mais en 1525 cette redevance fut l'objet d'une contestation entre le chapitre et l'évêque Jean de Longueville petit-fils de Dunois. Le 15 avril donc, à l'issue du sermon, l'évêque accompagné du bailli de la Fauconnerie, de Jehan Dupuy, clerc notaire juré et de plusieurs autres notables, s'était transporté derrière l'église cathédrale au lieu du prétoire de l'Officialité afin et en la manière accoutumée et par récréation, de frapper avec une raquette un ou plusieurs éteufs neufs que les chanoines étaient tenus de lui fournir. Là se rencontra Me François Lhuillier, Chêvecier, qui lui présenta deux palettes en façon de bâtonnés et des éteufs neufs. Mais Monseigneur et son bailli déclarèrent qu'ils n'accepteraient ni ne voulaient recevoir les dits bâtonnés pour raquettes parce que celui-ci était tenu de fournir à l'évêque des raquettes et des éteufs neufs."



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME
EPOQUE LOUIS XIII



Cette anecdote nous apprend non seulement que la lamproie était un poisson très recherché des gens d'Eglise, mais que c'est au début du XVIe siècle que le battoir recouvert en parchemin a été remplacé par la raquette, et cette date n'avait pas jusqu'ici été bien précisée. Le battoir qui a succédé au gant de cuir est un instrument de jeu dont il n'existe plus actuellement, à ma connaissance, qu'un seul exemplaire et il se trouve précisément, ce qui est assez piquant, au vieux Trinquet de Bayonne où M. Duhau le conserve comme une relique. C'est aussi dans ce petit livre de l'abbé Cochard que nous trouvons la raison assez peu connue, je crois, pour laquelle les ecclésiastiques qui s'adonnent actuellement en pays basque, et avec combien d'ardeur et de succès, aux jeux de balles, n'enlèvent jamais leurs soutanes même par les plus grandes chaleurs. Ce sont, nous dit notre auteur, les Congrès de Sens du XVe siècle qui ont défendu aux prêtres et à tous ceux qui étaient dans les ordres sacrés de jouer à la paume "sans vergogne en chemise ou en déshabillé peu décent".



Après avoir été le jeu des évêques et des prêtres, le jeu de paume devint celui des rois et des nobles. Presque tous les rois de France l'ont pratiqué avec ardeur. Deux d'entre eux y ont même laissé leur vie, Louis le Hutin y ayant pris un refroidissement mortel et Charles VIII s'étant cogné la tête à une porte-basse du château d'Amboise en allant trop précipitamment voir jouer à la paume dans les fossés du château avec sa jeune femme Anne de Bretagne et étant mort quelques heures après. Certains, par contre, y ont trouvé beaucoup d'agrément. Parmi les plus célèbres paumiers on peut citer Henri II qui eût gagné l'Esteuf ou Balle d'argent, c'est-à-dire le championnat de France, si le roi avait pu participer à l'épreuve. François Ier y jouait avec ardeur et fit construire des Jeux dans ses nombreuses résidences — au Louvre, à Saint-Germain et à Fontainebleau. L'abbé Cochard nous apprend qu'il joua aussi dans un autre Jeu de paume assez original :


"Le 3 Décembre 1637 le Roy se mit sur la rivière Loire pour venir à Orléans et envoyèrent Messieurs les Echevins au devant du Roy jusqu'à Gien, dix ou douze bateaux tous couverts de satin où estaient gallenes, chambres, cheminées et autres cabarets en mode de navires et en avait un especial pour le Roy où y avait quatre chambres, galleries et jeu de paume".



C'est certainement là un Jeu unique en son genre, quoique nous sachions que deux ans avant, en 1635, fut construit un vaisseau de 2 000 tonnes, la Belle Française, avec un moulin à vent et un Jeu de paume. Mais la Belle Française ne fut jamais mise à l'eau et dut être démolie.



Henri de Navarre joua très jeune à la paume au château de Pau. Je possède une lettre inédite de Jehanne d'Albret que je dois à l'obligeance de Me Raymond Ritter, avocat à Pau, ordonnant à la cour des comptes de faire reconstruire le jeu de paume de Pau détruit pendant les troubles "afin que, dit-elle, notre très cher et très aimé fils étant sur le lieu puisse prendre et recevoir quelque plaisir comme étant le dit jeu le plus honnête exercice à quoi on puisse passer le temps et le moins scandalleux".



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME
16EME SIECLE



Navarre pratiquait le jeu également à Nérac, à Lectoure, et à Montauban où on le trouve pariant des paniers de balles avec ses adversaires, Ste-Marie, St-Mégrin et Cambronne, et il y joua presque journellement au Louvre pendant sa longue captivité.



Paul Rival nous raconte dans la Folle vie de la Reine Margot, qu'Henri jouait à la paume dès l'aube, le jour de la Saint-Barthélémy, et nous savons que n'ayant pu terminer sa partie ce jour-là il s'empressa de le faire le lendemain. Ceci peut nous paraître un peu choquant, mais que dire de Charles IX qui était dans l'autre Jeu du Louvre ce même matin lorsque ses échevins affolés vinrent lui apprendre que Coligny avait été assassiné, ce qui ne dut guère le surprendre, et se mit à maugréer : "Par la mort-Dieu, ces gens-là ne me laisseront donc jamais tranquille !"



Henri IV fit construire un second Jeu à Fontainebleau à coté de celui de François Ier. On jouait gros jeu à cette époque dans les "tripots" nom donné communément aux salles de paume parce qu'on y "tripuduait" ou en vieux français "tripait" c'est-à-dire sautait ou gambadait, nom qui a passé à d'autres salles de moindre réputation, que quelques-uns d'entre vous connaissent peut-être. On jouait à la paume jusqu'à ses vêtements et c'est sans doute de là que vient l'expression "jouer jusqu'à sa dernière chemise". Mais ces paris étaient licites, des lettres patentes de François Ier, du 9 Novembre 1527, portant que "tout ce qui se jouera au jeu de paume sera payé à celui qui gagnera comme une dette raisonnable et acquise par son travail".



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME 1757
GALLICA BNF



A cette époque les étudiants s'adonnaient à la paume avec frénésie. Il y avait alors 40 Jeux à Orléans et 22 à Poitiers et nos "escholiers" abandonnaient souvent leurs études pour les tripots au grand détriment des premières. Un charmant quatrain de Rabelais dépeint bien cet engouement :


Un esteuf en la braguette,

En la main une raquette,

Une loi en la cornette,

Une basse danse au talon,

Vous voilà passé coquillon."




A suivre...






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

lundi 12 mai 2025

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS AU PAYS BASQUE EN 1929 (première partie)

LES JEUX DE PAUME ET LES TRINQUETS EN 1929.


Les jeux de paume ont existé en France, depuis plusieurs siècles.





pays basque autrefois sports frontons pelote paume
JEU DE PAUME HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 12, en 1930, sous la plume 

d'Albert de Luze :



"Les Jeux de Paume et les Trinquets.


Conférence donnée au Musée Basque le 28 Septembre 1929, avant la partie de démonstration qui mit aux prises le même jour, au vieux Trinquet Saint- André, M. E. Baerlein, champion amateur anglais et Pierre Etchebaster, champion du monde professionnel.



Bien qu'à première vue mon sujet puisse paraître sportif, mon but n'est nullement d'examiner le jeu de paume et le trinquet au point de vue technique, d'autant plus que j'avoue connaître très peu le jeu de trinquet, sans doute beaucoup plus familier à la plupart d'entre vous qu'à moi-même et que les règles et les principes du jeu de paume, sont assez complexes et difficiles à expliquer en quelques mots ; mais ce sont les rapports de ces deux jeux et l'histoire du jeu de paume que je veux vous conter, cette histoire se rattachant constamment à l'histoire générale de notre pays et présentant à bien l'étudier des côtés extrêmement curieux.



Si l'origine du mot Jeu de Paume est bien connue et vient de ce que ce jeu se jouait d'abord avec la paume de la main, celle du mot Trinquet est bien plus douteuse. On a dit parfois, mais sans aucune assurance, qu'il viendrait de "triquet" instrument avec lequel on le jouait. Je me permets de soumettre à l'appréciation des étymologistes une autre explication. J'ai remarqué en visitant les vieux trinquets basques, qu'à chacun, est attaché un petit cabaret et je me suis demandé si, en sortant du jeu après une partie très animée et où l'on s'était parfois disputé, on n'allait pas tout simplement "trinquer" au cabaret voisin, pour bien montrer que l'animosité n'était que de l'émulation sportive et qu'un verre à la main tout serait oublié. La racine du mot trinquet implique d'ailleurs l'action de boire comme "trinken" ou "drink" et il n'y aurait rien de surprenant, comme cela arrive souvent, à ce que l'acte ait donné son nom au local dans lequel il s'accomplissait.



Et l'on buvait d'ailleurs aussi au jeu de paume, si j'en crois une très vieille chanson de Jean Le Houx de Caen, l'émule d'Olivier Basselin, chanson à double sens assez typique,




pays basque autrefois sports frontons pelote paume
LIVRE LE VAU DE VIRE
PAR JEAN LE HOUX


Le Jeu de Paume Bacchique


On a versé cecy pour estre beu :

Il faut l'oster de peur qu'on ne le jette.

Voisin, je vay tirer du jeu,

Puisque nostre partie est faite.


Pour gagner quinze, il faut mettre dedans,

Pas sur la langue, et non pas sur la chorde.

Pour nous juger, voicy des gens

Lesquels nous mettront à concorde.


Si je faisois encor trois pareils coups,

Le premier jeu j'aurais de la partie.

Tirez, maintenant c'est à vous,

Car ma soif elle est amortie.


J'ay encor bisque à prendre sur le jeu,

Mais j'attendray que la soif encor vienne,

Quant le pot sera presque heu

Il sera temps que je la prenne.



Si les deux ]eux n'ont rien de commun quant à leur nom ils ont en fait des rapports très étroits ; ce sont à vrai dire des rapports filiaux, le jeu de paume étant le père et le trinquet l'enfant, un enfant aux goûts plus simples. Je vous donnerai des preuves qui me paraissent concluantes de cette affirmation, mais je crois utile auparavant de vous indiquer brièvement ce qui différencie ces deux jeux.



Au jeu de paume, — c'est le seul jeu qui se trouve dans ces conditions, et c'est ce qui lui donne tant de charme et de variété, — le second bond de la balle non touchée a une grande importance ; ce second bond est marqué chaque fois sur le sol ou carreau du Jeu, divisé par des raies transversales en longs et étroits rectangles numérotés. Ce second bond est appelé "chasse". La chasse existe dans d'autres jeux, tels que la longue paume et le rebot, mais c'est alors la sortie du Jeu ou l'arrêt de la balle qui est marqué et non le second bond.




pays basque autrefois sports frontons pelote paume
VIEUX TRINQUET BAYONNE 1930
BMB N°12 1930



Dans le coin droit, au fond du Jeu, se trouve une ouverture appelée "grille" ; au-dessus de cette grille il y a un petit toit, et à droite on voit un renflement du mur à pan coupé, nommé "tambour", qui protège la grille.



Au trinquet, du moins au trinquet moderne, on a supprimé la chasse, parfois la grille, mais toujours le toit de grille et le tambour proprement dit, qui a été remplacé par un pan coupé dans le coin du mur du fond et qui a gardé le nom de tambour.



Ce sont là les différences essentielles entre les deux jeux, qui n'empêchent pas à la rigueur de jouer au trinquet dans un jeu de paume, comme on l'a fait pendant longtemps dans le trinquet Saint-André, et parfois dans le Jeu de Pau, où une partie à laquelle prenait part le fameux Othogaray, qui passe pour avoir servi de modèle à Pierre Loti dans Ramuntcho, est restée célèbre, les Basques enthousiasmés qui y assistaient ayant percé le plancher de la galerie, en manifestant leur enthousiasme à coups de pointes de makhila. On peut aussi jouer à la paume dans un Trinquet. Il suffit de marquer les chasses et de rétablir une grille de fortune, car on peut à la rigueur se passer du toit de grille et même du tambour de paume. M. Manevieux, amateur lyonnais, qui écrit en 1773, nous apprend en effet qu'il y avait des Jeux de paume sans tambour et le Jeu de Vienne, utilisé jusqu'en 1914, en est un exemple. Le trinquet semble donc n'être qu'un jeu de paume simplifié et si l'ai dit qu'il est le fils du jeu de paume c'est que tous les vieux Trinquets qui existent encore, à Bayonne, Urrugne, St-Jean-de-Luz, Sare, Hasparren, où il y a deux vieux Jeux, Espelette, Urt, Louhossoa, et on en trouverait sans doute d'autres, sont manifestement des Jeux de paume transformés. Sans entrer dans de nombreux détails, vous pourrez constater que le tambour de paume existe à Espelette, quoique le Jeu soit transformé en une cour et que presque tout le grand mur ait été abattu, ainsi qu'à Urt, Urrugne, Saint-Jean-de-Luz, Hasparren et Louhossoa. Ce dernier offre même une particularité bien curieuse ; outre son vieux tambour de paume il a le pan coupé du trinquet. Il a clone à la fois les deux tambours ce qui paraît indiquer qu'il est d'une époque de transition.



Celui d'Urrugne porte la griffe, dirais-je, du jeu de paume car on y voit encore au bas des murs, des deux côtés, les lettres majuscules D et S, lettres qui ne sont que les anciennes chasses au dernier et au second, que l'on a soigneusement repeintes quand on a réparé le jeu, par souci de la tradition, sans que le brave Dongaïtz en puisse expliquer l'origine. Presque tous ces Jeux ont eu un toit de grille dont il reste des traces bien marquées, ce qui n'est pas surprenant, car ils n'ont été transformés pour la plupart qu'à la fin du siècle dernier, quand le jeu de trinquet lui -même le fut, Mais la signature du jeu de paume est encore mieux mise en évidence par les deux portes d'entrée dans le jeu, à droite et à gauche du filet, portes très gênantes pour le jeu de trinquet, et qui ont été remplacées plus tard soit par une porte dans le grand mur, soit, comme à Hasparren et Louhossoa, par une porte dans le dedans. Dans certains jeux, cette modification a été assez tardive. Si vous regardez de près le tableau du Musée Basque qui représente le vieux trinquet de Saint-Jean-de-Luz peint par Saint-Germier vers 1865, vous pourrez voir que les deux portes y figurent encore, mais que seule celle qui est du côté de la grille permet d'entrer dans le Jeu, l'autre ayant été murée dans sa partie inférieure. Certainement personne n'aurait songé à construire un trinquet dans ces conditions. On pourrait être surpris que l'on ait si longtemps joué au trinquet dans de pareils Jeux mais il ne faut pas oublier que le jeu de trinquet se jouait toujours à pasaka, c'est-à-dire, comme la paume, avec un filet, et que le jeu de blaid au trinquet est un jeu très moderne et qui ne date que d'une quarantaine d'années.




pays basque autrefois sports frontons pelote paume
TABLEAU TRINQUET SARAZOLA SAINT-JEAN-DE-LUZ
PAR JOSEPH SAINT-GERMIER
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



Quant à l'âge de ces vieux Jeux de paume, il me paraît bien difficile à déterminer, aucune donnée ne nous permettant de le préciser. "Le Basque s'est pendant de longs siècles contenté de traditions orales" comme l'a si bien écrit M. l'abbé Blazy dans son remarquable ouvrage sur la pelote basque et nous ne trouverons donc aucun document écrit. Si certains Jeux comme celui de Louhossoa sont presque modernes, une charmante Louhossoane aux cheveux argentés, qui avoue 67 ans, m'ayant affirmé qu'elle l'avait vu construire dans son enfance, d'autres sont évidemment beaucoup plus vieux.



pays basque autrefois sports frontons pelote paume
LIVRE LA PELOTE BASQUE
PAR L'ABBE E. BLAZY



Les deux portes dont je viens de parler et qui ont laissé des traces dans presque tous ces Jeux, les font certainement dater au moins du milieu du XVIIIe siècle pour la raison très simple que, postérieurement, les Jeux de paume ont été construits avec une seule porte au milieu, du côté des ouverts. C'est malheureusement la seule précision que nous puissions donner, quoiqu'il soit bien probable qu'en tous cas les Jeux d'Urt, d'Urrugne et de Saint-Jean-de-Luz soient bien plus anciens. Le Jeu de Bayonne fait exception. Pour celui-là nous avons le meilleur des documents, c'est un plan de 1610 qui existe au Musée Basque et sur lequel il est marqué comme Jeu de paume de Maubec, ce Maubec, sieur de Peillicq, qui avait été, nous raconte Ducéré, "choisi par la Ville pour commander un contingent de dix pinasses envoyées en 1660 au siège de Bordeaux sur la demande du Roi", demande qui avait été portée par le célèbre mousquetaire d'Artagnan ; et c'est sans doute en reconnaissance de ce service que fut donné autrefois à l'actuelle rue du Trinquet le nom de rue Maubec, porté aujourd'hui par une rue du quartier Saint-Esprit.



Notons qu'à cette époque Basques et Gascons étaient des frères ennemis... ils se sont heureusement réconciliés depuis. Ce Jeu fut très fréquenté pendant tout le XVIIIe siècle et le Comte d'Artois lui-même, pendant un séjour à Bayonne, alla y faire une partie. Nous connaissons aussi le nom du maître paumier qui le tenait à cette époque, car j'ai trouvé à Bordeaux une supplique datée de 1788, signée de Thibaut Moisnard, maître paumier à Bayonne, demandant à la Jurade de venir tenir le Jeu de paume récemment construit à Bordeaux et qui est l'actuel Jeu de la rue Rolland ; et ceci est encore une preuve que dans le Jeu de Maubec on jouait alors à la paume et non au trinquet. Bayonne a d'ailleurs possédé un autre Jeu de paume peut-être plus ancien encore. Vers le milieu du XVIe siècle, disent les archives de la ville, "on pose un pavage dans une grande partie de la rue du Verger, (plus tard rue des Tanneries) près du Couvent des Carmes et devant le jeu de paume de Niert, où les écoliers jouaient la comédie et cela pour un billet d'entrée au théâtre." Et Ducéré ajoute : "pendant la plus grande partie du XVIIe siècle la place d'Armes est un lieu de rendez-vous de promeneurs et d'amateurs du jeu de paume." Mais, revenons au Jeu de Maubec que nous allons ressusciter aujourd'hui."



A suivre...






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!