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dimanche 26 janvier 2025

LES OBSÈQUES DE HENRI DUTOURNIER MAIRE DE SARE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1925

LES OBSÈQUES DE HENRI DUTOURNIER EN 1925.


M. Henri Dutournier né le 29 décembre 1873 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et mort le 4 septembre 1925 à Bayonne (Basses-Pyrénées) a été Maire de Sare, en Labourd, de mai 1918 à septembre 1925.



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DECES DE HENRI DUTOURNIER MAIRE DE SARE
4 SEPTEMBRE 1925



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque

le 9 septembre 1925 :



"Nouvelles diverses.


Nécrologie.

— Voici le texte du discours prononcé lundi dernier par M. Bilange, sous-préfet de Bayonne, aux obsèques de M. Dutournier, maire de Sare.


Madame,

Mesdames, Messieurs,



Le représentant du Gouvernement dans cet arrondissement avait le triste et pieux devoir de venir, dans ce village en deuil, saluer la mémoire et accompagner la dépouille mortelle de l'homme dévoué qui a été enlevé si prématurément à l'affection des siens et à l'estime de ses concitoyens par une cruelle maladie.



Né à Bayonne le 29 décembre 1873, Dutournier (Marie-Bernard-Eugène-Henri) avait à peine 52 ans.



Si les habitants de cette commune importante et si pittoresque perdent en lui un conseiller avisé, actif et désintéressé, un ami, un coeur généreux, pitoyable aux détresses, l'Administration se voit privée d'un précieux collaborateur.



Elu conseiller municipal de Sare le 14 juillet 1907, démissionnaire après son mariage avec Mlle Abbadie, fille du Maire républicain de l'époque, le 15 janvier 1909, il quitte la direction de la succursale du Crédit Lyonnais à Saint-Sébastien pour devenir l'associé de son beau-père.



La guerre éclate et il est mobilisé au 141e régiment d'infanterie territorial comme simple soldat. Bien qu'appartenant à la classe 1893, il fait 18 mois de front.



Son beau-père meurt et il est mis en sursis pour diriger l'importante usine de Sare qui travaille pour la défense Nationale.



Mais Henri Dutournier estime qu'il ne remplirait pas suffisamment son devoir s'il se bornait à ce rôle.



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VUE DU TRINQUET ET ENTREE DU VILLAGE SARE 1928
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il possède admirablement la langue espagnole et il décide de mettre à profit pour mieux servir le pays la parfaite connaissance qu'il a de la région nord de l'Espagne où il a conservé de nombreuses et cordiales relations personnelles. Il s'efforce, ainsi que vient de l'indiquer M. le Sénateur Catalogne de combattre la propagande perfide et intense de nos ennemis.



Dutournier n'arrêta pas là son activité et son désir d'être utile à la patrie.



Lors de l'émission des emprunts nationaux, il rendit les plus grands services à la France.



Grâce à son action, il recueillit en 1918 cinquante deux millions dans la seule ville de Bilbao.



Il fit pour atteindre ce résultat remarquable de longs et fréquents séjours en Espagne, entièrement à ses frais.



Entre temps l'adjoint au maire de Sare qui exerçait légalement les fonctions de premier magistrat municipal, vint à décéder. Tous les conseillers municipaux refusèrent sa succession pour laquelle, à l'unanimité, ils désignèrent Henri Dutournier le 26 mai 1918.



Il ne cessa d'être réélu depuis lors.



Il avait été choisi en 1923 comme Président du Comice-Agricole d'Ustaritz-Espelette.



L'homme qui disparaît, que vous pleurez, Madame, avec tous les vôtres et beaucoup de ses familiers, a rendu d'appréciables services au pays pendant cette tourmente effroyable que fut la guerre.



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VUE GENERALE SARE 1928
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il n'avait — je tiens à l'indiquer — aucune décoration.



J'ai connu personnellement Dutournier. J'ai eu le plaisir d'être reçu chez lui. Il me donna cette marque d'estime et de confiance de m'accueillir, comme mon prédécesseur, avec lequel il entretenait d'amicales dans sa jolie maison d'Hantçabia.



C'est là, dans le charme prenant de l'intimité de son foyer éclairé par votre douceur aimable et votre gracieux sourire que j'appris à le connaître.



C'est là, ou encore au milieu d'une de ces cordiales réunions mensuelles des maires du Canton d'Espelette qui se tenaient au chef-lieu, les jours de foire, que l'on pouvait discerner le caractère et le tempérament de Dutournier.



C'est là, dans l'atmosphère amicale qui enveloppait ses hôtes, ou les convives habituels de la bonne vieille auberge Jauréguy, que l'on découvrait et appréciait sa finesse teintée d'ironie et sa bonté.



N'était-il pas toujours prêt à rendre service à ses concitoyens ?



Il était gai et plein d'entrain, puis il s'assombrissait soudain. Il passait subitement de l'optimisme que dégageait toute sa personne au découragement et à la lassitude.



Peut-être avait-il l'intuition de cette mort prochaine à laquelle nous ne pensions guère qui rôdait déjà autour de lui et dont nous avons été si douloureusement surpris.



Au cours des conversations cordiales qui s'engageaient, en même temps que s'affirmait la vivacité de son intelligence, apparaissait son caractère entier et indépendant, paradoxal parfois.



C'était un vrai basque.



Je le croyais enfant de Sare.



Il avait d'ailleurs la carrure des fils robustes et trapus de l'Euskualherria comme il avait leur fierté et aussi, qu'ils me permettent de le dire, leur obstination.



Chez les basques, marins et cultivateurs, ont quelque ressemblance avec les enfants de la vieille Armorique.



Leur superbe obstination est au surplus soeur de cette vertu qu'est la persévérance.



Dutournier était incontestablement un républicain et un vrai, car il était respectueux de la laïcité.



Il s'inclinait devant toutes les convictions et toutes les croyances. Il était épris de justice. Il appartenait à la phalange de ces républicains modérés mais sincères, de ces démocrates pleins de tolérance, mais aux institutions et aux principes essentiels du régime républicain.



Les sectaires dont il était si loin, ne sauraient être d'ailleurs des républicains.



Il fut mêlé à la politique — pourquoi le tairai-je ? — malgré lui peut-être, comme beaucoup de ceux qui occupent une situation de premier plan qui les désigne à l'attention et à la confiance de leurs concitoyens.



Mais la politique, telle que trop souvent hélas ! la conçoivent et la pratiquent les hommes fréquemment dominés par leurs passions, apparaît comme une chose bien mesquine en présence de l'horreur majestueuse et du mystère profond de la mort.



Au seuil des tombes il ne reste que le bien que l'on a pu faire. Et Dutournier fit le bien, mieux : il fut bon.



N'est-ce pas le plus bel éloge que l'on puisse faire à un citoyen ?



Il convient, quand un des nôtres s'en va, de se recueillir, de méditer et de s'efforcer de devenir meilleur.



Les morts donnent parfois des leçons, mais ils n'en reçoivent pas.



Mon souvenir, comme celui de toute cette foule attristée, restera fidèle à la mémoire de cet homme dont la forte personnalité va manquer, non seulement dans cette commune qu'il aimait tant, mais dans cet arrondissement où elle rayonnait.



A sa veuve éplorée devant la détresse de laquelle je m'incline, à ses jeunes enfants, à tous ses parents, j'adresse ici, au nom de l'Administration, au nom de M. le Préfet et en mon nom personnel, la sincère expression de ma sympathie émue.



Puisse le muet témoignage d'affection qu'apporte à leur cher mort la foule de ses amis qui se dresse ici, atténuer leur douleur !"







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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