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dimanche 12 janvier 2025

LE LONG DES RIVAGES BASQUES EN SEPTEMBRE 1930 (deuxième partie)

LE LONG DES RIVAGES BASQUES EN 1930.


Pierre d'Arcangues, né en 1886 et décédé le 22 mai 1973, 7ème marquis d'Iranda, a été pendant les années 1920-1930, président du Comité de Tourisme et des Fêtes de Biarritz.


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MARQUIS PIERRE D'ARCANGUES



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 10 septembre 1930, sous la plume de 

Pierre d'Arcangues :



"Le long des rivages basques.



Sous ce titre, Terre Basque, M. Pierre d'Arcangues, amoureux si fervent de sa terre natale, vient de publier des pages d'une éloquente sincérité admirative et qui, par moment, atteignent au lyrisme à force de conviction chaleureuse. Nous sommes heureux de les emprunter à notre confrère Le Grand tourisme, qui est publié, sous le patronage de la presse quotidienne de Bordeaux.



Dans tous les pays du monde, affirme un vieux proverbe basque, "on trouve de beaux paysages", mais le coeur vous dit : "Reviens au pays basque !"



Reviens au pays basque... C'est le refrain qui chante, en effet, au coeur nostalgique des émigrés. Tous ceux, et ils sont nombreux, qui, pour tenter leur chance, partirent un jour "aux Amériques", connurent et connaissent encore l'emprise du souvenir. Ils peuvent faire leur vie, goûter la joie d'édifier une fortune, ils peuvent vieillir sans que s'affaiblisse en eux l'évocation du village natal. Souvent leur existence de labeur est traversée en bras de chemise, ils lancèrent, alertes et puissants, la pelote vive contre le mur qui, dans chaque village, est comme un second clocher ; ils songent aux feux de la Saint-Jean, aux danses populaires, tandis que l'orchestre, juché entre deux platanes, est tantôt brutal comme une sonnerie, tantôt mélancolique comme un accordéon. Et lentement, dans leur cerveau d'homme arrivé, d'homme d'action, ils revivent des minutes où, le long des routes bordées de fougères ou d'aubépines, ils ramenaient dans la mauve nuit basque quelque fille aux yeux énamourés.



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FÊTE DE LA SAINT JEAN
PAYS BASQUE D'ANTAN


"Reviens au pays basque"... chante le refrain. La nuit est bordée par les montagnes aux lignes si douces. Les boeufs, à leur char, sont comme un peu d'automne toujours en marche... Combien d'émigrés ont pleuré en se souvenant du bruit ouaté que faisaient leurs sandales d'adolescents sur les premières feuilles mortes !



Ah ! comme je comprends le geste de ce vieux Basque qui, depuis de longues années en Argentine, et voulant, avant de mourir, toucher un peu de la terre de son village, s'en fit envoyer ! Ne pouvant aller jusqu'à son village, il voulait du moins qu'un peu de son sol vienne à lui. Il vint. Et il mourut, dit-on, pressant entre ses mains de vieillard la même terre qu'avaient foulée ses pieds d'enfant ! Comme c'est simple d'aimer !



Mais quel rapport, dit-on souvent, à Biarritz avec le pays basque ? Biarritz ! le carrefour de la richesse, du bruit, des élégances ; le pays basque ! calme, distant, hautain Biarritz ! le jazz, les cocktails, le flirt ; le pays basque ! avec ses traditions anciennes, où l'amour même revêt une teinte de mélancolie ! Rien, peut-être ; tout, peut-être ! Comme il est difficile de décréter quelque chose !



Qui nous dit que Biarritz ne doit pas au charme du pays qui l'entoure la plus grande part de sa célébrité ? Des casinos, des palaces ! C'est très bien, il en faut. Notre époque en demande. Ils apportent la richesse, et comme je l'ai toujours affirmé, Biarritz est la porte d'or où la fortune entre dans le pays basque. Mais qui nous dit que dans le tréfond d'eux-mêmes, ceux qui vont à Biarritz n'y vont pas en grande partie parce qu'ils savent que tout près existe un pays mystérieux, impénétré, qui leur échappe et pourtant les attire ? Ils ne le visiteront pas, peut-être... la vie facile les ligote, les enserre, mais ils savent que, s'ils le veulent, ils peuvent voir à Saint-Jean-de-Luz les belles poissonnières porter sur leur tête redressée le panier plat où grouille, le vif argent des sardines...



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CASCAROTTES KASKAROTAK 
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ils savent que, plus loin, aux fêtes populaires, les danseurs souletins, chamarrés d'or, dansent une journée entière, jamais fatigués, comme au temps des miracles, des mystères, devant une foule qui ne se lasse pas et qui, chaque été, applaudira avec le même enthousiasme les mêmes prouesses, comme on tressaille du même émoi à la naissance de chaque printemps.



Et Biarritz danse, s'agite, vogue tel un vaisseau de pourpre et d'or sur une mer victorieuse. Et le pays basque demeure drapé dans son bleu manteau comme un souverain dédaigneux.



Et la vie est là, entre les deux, comme toutes les vies. Car chaque vie n'est faite que d'un équilibre précaire qu'il faut savoir conserver. "Ne rien dédaigner" est peut-être la formule ; goûter dans son charme qui passe les appels différents ; comme on reconnaît dans le vent du sud le parfum des fougères ou l'arôme du piment, et se dire, après tout, que la sagesse, c'est peut-être cela."





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