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lundi 27 janvier 2025

LA NOCE EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1930

LA NOCE EN SOULE EN 1930.


Dans le Pays Basque d'Antan, le mariage est un moment important pour la jeunesse Basque.




CORBEILLE DE NOCE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Pierre Apheceix, dans le Bulletin du Musée Basque N°11 en 1930 :



"Au Pays de Soule.


La Noce.


Notre ami Pierre Apheceix, cultivateur à Barcus, a bien voulu nous adresser la note suivante que nous reproduisons très volontiers. Ces travaux de première main, présentés sans prétention littéraire, par les observateurs les mieux placés puisqu'ils deviennent acteurs à l'occasion, sont d'un incontestable intérêt.

Nous les accueillerons toujours avec plaisir.

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La date de la noce étant fixée, on procède quelques jours avant, généralement l'avant-veille, à ce qu'on appelle Hatüka : le père de la mariée conduit le trousseau sur une charrette attelée de deux bœufs garnis de gaies sonnailles, habillés de drap rayé bleu ou rouge ; le trousseau, bien arrangé, est recouvert d'une couverture de lit avec le coussin par dessus. Sur une chaise attachée derrière la charrette sont placés les sabots garnis de clous à tête jaune, disposés en cœur ou en as de pique, le bord du cuir piqué en fine dentelle, le bois bien ciré ; sont aussi fixés derrière la charrette un balai, une pioche et un râteau. Autrefois on mettait bien en vue une quenouille garnie de lin, avec les fuseaux pour faire le fil, mais c'était au temps où chacun fabriquait la toile chez soi. Le parrain suit la charrette, avec une dizaine de brebis portant sonnailles et au milieu un mouton engraissé qui fournira la viande pour la noce ; suivent aussi la couturière qui a fait le trousseau et son aide, le menuisier qui a fait les meubles. Les couturières feront la chambre des époux et disposeront le linge dans l'armoire aussitôt que le menuisier aura monté ce meuble.



Après ces travaux tous prendront place autour de la table familiale avec les parents des invités qui seront venus porter leur présent (presenzka) généralement une paire de poules ou poulets, une douzaine d'œufs et quelques litres de vin. (Depuis quelque temps cet usage a disparu, les invités donnent aux époux leur présent le jour même du mariage, soit actuellement trente francs par tête d'invité). Tout ce monde se retire gaiement après ce premier repas qui a commencé les noces.



Enfin arrive la date tant souhaitée. Le matin de bonne heure l'époux envoie son frère et un de ses proches parents chez la mariée (espuza-tcherkha) ; ils déjeuneront avec les invités de la mariée et ensuite la conduiront à la mairie ; de leur côté les invités du marié se rendront à son domicile où il leur sera servi un déjeuner vers huit heures du matin, enfin, ils se rendront à leur tour à la mairie, gaiement, en chantant de vieux couplets de circonstance, avec zinkha ou irrintzina. Voici quelques couplets de circonstance :


Ezkuntü nintzan galanki

Herrian neskatcha bateki

Bothetako ukhen nin

Urde bat bere cherri ekin

Ollo koroka bat bere tchitchekin

Batchuri khordabat haiekin.


Urdia zeitan otsunac jan

Ollo koroka kaukuak eraman

Batchuri khorda sagiek jan

Ene dothia debriak eraman.


dont voici la traduction en français :


Je m'étais marié galamment

Avec une jeune fille du village.

Pour dot j'avais reçu :

Une truie avec ses petits,

Une poule clouque avec ses poussins,

Un paquet d'ail avec sa corde.


Le loup m'avait mangé la truie,

Le milan avait emporté la couvée,

Les souris avaient mangé l'ail,

Ma dot s'est trouvée emportée par le diable.



A la sortie de la Mairie chacun prend sa cavalière et l'on s'en va à l'église pour la cérémonie religieuse. A la sortie de l'église on se rend deux par deux sur la place du jeu de pelote où les danses commenceront par les sauts basques (jauziak).



SAUTS BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Si l'un des nouveaux mariés est étranger au village, on leur tendra khaparra : une guirlande de papier tenue par deux personnes est placée en travers de la route ; une jeune fille présente des bouquets et des cigarettes sur un plateau et un garçon donne à boire au fur et à mesure que tous passent sous la guirlande, non sans avoir jeté quelques pièces sur le plateau de la jeune fille. Ce manège recommencera à plusieurs reprises, renouvelé par de nouveaux figurants, suivant l'importance de la noce.



La noce visitera toutes les auberges du village buvant et dansant partout au son d'une tchirula ou d'une clarinette. Enfin elle prendra le chemin du retour et s'en ira chez le marié où sera servi le repas de noce ; la salle est des plus rustiques, des planches ajustées sur des échelles sont placées sur des tréteaux dans l'étable bien propre ; chacun, avec sa cavalière, prendra place sur des bancs rustiques après que le groupe sera photographié et on goûtera le repas de noce, préparé par une cuisinière, une aubergiste du village qui aura fourni aussi toute la batterie de cuisine ainsi que la vaisselle ; le service est assuré par des jeunes filles en tablier blanc qui seront pour un jour serveuses ; le gardien du chai sera le charpentier qui aura fait les réparations de la maison et préparé le matin même tables et bancs. Aussitôt après le repas, aidé des serveuses, il devra défaire ces tables improvisées, après quoi les invités danseront toute la nuit devant les yeux étonnés des bœufs attachés dans l'étable.



Pendant ce temps la cuisinière aura préparé le souper des tripeoz, jeunes gens invités par le marié à passer la nuit ; leur repas sera servi par la mariée, suivant la coutume ; ce sera son apprentissage à servir en famille. Après le souper, ces nouveaux invités vont s'amuser avec les autres ; ils se retireront vers le matin, tandis que les autres déjeuneront avant de se séparer.



A la pointe du jour après avoir dansé une fois les sauts basques et fait les souhaits aux mariés, les invités se retirent sauf les proches parents qui, après avoir visité la propriété, dîneront en famille avant de quitter les nouveaux mariés.



Autrefois les noces duraient deux jours c'est-à-dire que tous les invités restaient à dîner comme les proches parents, mais cela ne se fait plus sauf aux environs de Mauléon, à Ordiarp, où un troisième repas est servi la seconde journée à dix heures, après quoi ce sont les adieux."





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