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jeudi 29 juin 2023

LES MARIAGES AU PAYS BASQUE EN 1895 (deuxième et dernière partie)

 

MARIAGES BASQUES EN 1895.


Dans le Pays Basque d'Antan, le mariage est un moment important pour la jeunesse Basque.




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MARIAGE A OREGUE BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta la revue bimensuelle La Femme, le 15 janvier 1895, sous la plume de Mme 

d'Abbadie d'arrast :



"Mariages Basques.



... Pour rentrer à la maison, il faut marcher pendant plusieurs heures et monter la montagne qui est abrupte. On s'étonne des courses que peuvent faire, dans le pays basque, de vieilles gens et des enfants pour aller à l'église ou pour suivre l'école.



L'habillement de noce du fiancé se compose d'une veste ronde de drap noir, laquelle flotte sur une ceinture de laine rouge et s'ouvre largement pour laisser voir le gilet d'étoffe rouge et la blancheur éblouissante de la chemise ; un béret bleu sur la tête, et aux pieds les chaussures de toile blanche, à semelles de chanvre, que l'on nomme des espargattes, sont les compléments du costume. Jadis on portait des culottes courtes de velours, et on voyait s'échapper du béret de longs cheveux bouclés qui tombaient sur les épaules. Les cheveux sont devenus courts et les culottes se sont allongées en pantalons. La fiancée porte la grande mante noire ornée de dentelles dont elle s'enveloppe en entier, et, chose bizarre, pour se marier, elle met plusieurs robes les unes sur les autres, parce que, paraît-il, la bénédiction nuptiale a la vertu de préserver, de purifier et de sanctifier les vêtements que l'on porte ce jour-là. La bénédiction du prêtre les met à l'abri des sortilèges. Or la sorcière, en pays basque, joue un rôle important ; on la redoute, on connaît son pouvoir : elle fait boîter les chevaux ; elle jette le mauvais sort sur le bétail ; elle rend ses victimes, hommes, femmes et enfants, malades de consomptions étranges et terrifiantes. Ah ! certes, il fait bon se rendre invulnérable par des vêtements à l'épreuve de la méchanceté diabolique.



Quarante-huit heures avant le jour fixé pour le mariage, il est d'usage que le fiancé envoie chez sa fiancée la corbeille et les objets qui constituent sa dot. Plus il est riche, plus il possède d'objets, plus il emploie de charrettes pour transporter son ménage. Les charrettes sont attelées de vaches sous le joug. Elles s'alignent sur la route au nombre de 2, 3, 4, d'après les richesses. L'arrangement des charrettes est une oeuvre d'art : les meubles se présentent en façade sur les côtés ; les matelas sont empilés au milieu pour donner une apparence plus fournie ; quand les charrettes sont chargées, l'on forme le cortège selon certaines règles, et l'on se met en marche, montant et descendant, par les chemins de montagne, traversant les villages, sous les yeux des habitants ébahis qui se hâtent d'accourir aux fenêtres et sur le pas de leur porte pour admirer le défilé.



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CORBEILLE DE NOCE
SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT DONIBANE GARAZI
PAYS BASQUE D'ANTAN



La première chose qui attire les regards, c'est un superbe mouton blanc. Un jeune homme le tient en laisse et ouvre la marche. Les cornes de l'animal sont dorées ; des rubans et des banderoles de couleur flottent sur sa toison, et au cou il porte une grosse cloche que l'on nomme bouloumba à cause du grand bruit sonore, bou-lou, bou-lou, par lequel, pendant la marche du cortège, il semble qu'on avertisse les gens de venir regarder. Après le mouton, s'avancent cinq à six jeunes filles ; celles-ci portent avec grâce et assurance, sur la tête,, de grandes corbeilles rondes en osier. Le rebord des corbeilles est garni de serviettes à bordure rouge et bleue. Sur les serviettes, on a placé avec soin des pains, des bouteilles de vin, des liqueurs et de hauts gâteaux en forme de clochers tout garnis de fleurs. Ce sont des provisions que les amies de la fiancée apportent pour le repas de la noce ; les charrettes viennent ensuite les unes devant les autres ; sur la plus haute des charrettes on a juché la couturière ; elle trône sur la pile des matelas ; elle va veiller à l'arrangement de la chambre nuptiale et monter les rideaux du lit. Quant au beau mouton blanc, est-il besoin de le dire ? Aussitôt arrivé à destination, il est cruellement égorgé, devant figurer rôti sur la table le surlendemain.



Tous ces préparatifs menés à bien et heureusement terminés, le jour du mariage les amis vont en troupe chercher le fiancé dans sa maison et le conduisent chez la future, qui, de son côté, est entourée de ses compagnes. L'église est quelquefois à une heure de marche en bas dans la vallée. Les gens de la noce descendent à dos de mulets. Les mulets sont parés avec coquetterie, les bridés, ornées de cuivre, sont chamarrées de pompons aux vives couleurs. Sous les selles, on a mis de grandes couvertures aux teintes éclatantes que terminent de longues franges. Rien n'est plus pittoresque que de voir défiler le long des bois, par les contours de la route qui serpente entre les rochers, la longue escorte qui accompagne les futurs jeunes mariés. On sent qu'une noce, chez ces braves gens, est vraiment une fête pour leur coeur simple ; il semble alors que la nature même ait voulu s'unir à leur joie en se faisant pour eux plus pittoresque et plus belle encore par la fraîche verdure de ses beaux arbres, ses clairs ruisseaux au gai murmure, les teintes chatoyantes des fougères et des bruyères qui couvrent le flanc des montagnes.


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NOCE DEVANT L'HÔTEL PARRA URT
PAYS BASQUE D'ANTAN


Une noce autrefois durait trois jours pleins et l'on ne craignait pas de s'y rendre de dix lieues à la ronde ; les repas en sont la principale affaire : ils durent toute l'après-midi. Ou se met à table au retour de l'église. A la fin de la journée, les mariés se lèvent de table et on forme la farandole. Le garçon d'honneur la conduit ; les invités se tiennent les uns les autres par leurs mouchoirs ; un violon les accompagne et ils s'en vont ainsi, dansant par les rues du village, l'air parfaitement heureux. Le marié doit déjà pâtir : il est relégué sur les côtés de la farandole, il marche tout seul et porte sous chaque bras, avec une résignation touchante, une bouteille de vin. Il tient un verre à la main, et à chaque passant qu'il rencontre, son devoir, est d'offrir un verre de vin. Or, on ne se fait pas faute d'user de sa bonne volonté. Pendant que les gens de la noce dansent, il verse à boire de l'air d'un homme bien ennuyé de son rôle ridicule. Après avoir fait plusieurs fois le tour du village, la farandole entre pour se reposer et se rafraîchir à l'auberge ; les cavaliers servent à leurs danseuses des verres d'eau sucrée et des sirops, chose très appréciée dans le pays. Vers dix heures, on revient à la maison toujours chantant et dansant ; le souper est servi. On se remet à table, on soupe, puis, après souper, on achève la nuit dans les danses au son du flageolet et de l'instrument à cordes que les Basques appellent le chiroulire, qui est une sorte de petite guitare sur les cordes de laquelle on frappe avec un bâton. 


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MUSICIEN DE VILLAGE
ILLUSTRATEUR TREBLA



A partir du jour où il habite sa nouvelle maison, le marié perd son nom de famille. On ne le désigne plus que sous l'appellation de la demeure dont il est devenu le maître, de sorte que, par le fait, chez les Basques, c'est la femme, lorsqu'elle est héritière, qui donne son nom à son mari ; ce n'est pas le mari qui donne son nom à sa femme."



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