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jeudi 1 juin 2023

HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE DANS LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE EN SEPTEMBRE 1937 (troisième partie)

 

HENDAYE EN SEPTEMBRE 1937.


Pendant la Guerre civile espagnole, Hendaye, ville-frontière, est aux premières loges du conflit.




pays basque autrefois pont frontière labourd
PONT INTERNATIONAL HENDAYE 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Dépêche, le 23 septembre 1937 :



"La fureur de Franco.

Dans sa colère, il consigne chez lui notre consul à Malaga.

Mais Troncoso est un bandit et M. Desmartis n'en est pas un.

La bande de Bordeaux part pour Brest.

Ce qu'il advient de Tamborini et de Pasotti.



Il fallait s'attendre, et nous l'avions prévue, à une réaction de Franco, à la suite de l'arrestation de son âme damnée, le commandant Troncoso, qui médite, à l'heure actuelle, dans la prison de Bayonne sur la justice immanente...



Souhaitons pour ce dernier que ses rêves ne soient pas troublés par le spectre des milliers de pauvres paysans. d'ouvriers, de femmes et d'enfants basques que sur ses ordres les phalangistes, dès la conquête d'lrun, de Saint-Sébastien, de Bilbao ont sauvagement abattus sur les terres jadis heureuses du Guipuzcoa.



Donc, le général Franco a mis une garde de police autour du consul de France à Malaga. Qu'a fait M. Desmartis ? Exactement rien. L'arrestation dont il est menacé n'est pas consécutive à un acte quelconque qui lui soit reprochable. On le met sous clé parce que consul et parce que Français. La pensée évidente de Franco est de l'utiliser comme otage. Le ministre des affaires étrangères confirme que le consul de France est gardé à vue.



Et c'est là que gît l'odieux de l'acte de Franco. Si la justice française a mis la main sur son agent Troncoso, c'est parce que celui-ci s'est conduit en bandit et s'en est vanté.



C'est lui, et non un autre, qui est allé dire au commissaire spécial d'Hendaye : "Vous arrêtez mon chauffeur. Vous arrêtez les agresseurs du sous-marin de Brest. C'est moi qui suis responsable ; c'est moi qui ai monté l'affaire ; c'est à moi qu'il faut s'adresser."



La justice française, devant ces déclarations, ne pouvait que se saisir de l'homme ; bonne prise, car on apprend successivement que cet homme, qui avait ses grandes et petites entrées sur notre sol, n'avait cessé depuis huit mois d'y machiner des attentats ; de payer jusqu'à cinquante mille  pesetas à une crapule du nom d'Orendain pour placer ici et là des bombes qui faisaient des victimes ; pour faire sauter des trains et tuer par ses séides des réfugiés espagnols ou de simples français.



En regard de ce lourd passé, dont il faudra qu'il rende compte, qu'a fait M. Desmartis ; rien, exactement rien. Il n'a cessé d'agir en honnête homme et en représentant scrupuleux de son pays, donnant ainsi à Giardini et autres consuls du même acabit une leçon de moralité qu'ils seront, du reste, bien incapables de comprendre.



Si le général Franco s'imagine qu'en menaçant le consul français d'arrestation son acte d'odieux arbitraire fera reculer notre pays, il se trompe. Ce militaire félon avait encore quelques degrés à descendre dans le déshonneur...


Il les dégringole.

Libre à lui.



La justice française, impassible, poursuivra son devoir qui est, ayant saisi une bande de malfaiteurs et d'assassins à la gorge, de leur faire avouer, devant tous, l'étendue de leurs méfaits — et de les punir en conséquence.


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OCCUPANTS DE L'AUTO DE BELIN SEPTEMBRE 1937
ORANDIN CHAIX SABRUSTEGUY
JOURNAL L'OUEST ECLAIR 23 SEPTEMBRE 1937

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Gibraltar, 22 septembre. — On apprend, de source officielle, que le consul de France à Malaga, M. Pierre Bertrand-Desmartis, a été mis hier en état de détention au consulat français, par les autorités nationalistes, qui lui ont interdit de quitter le consulat.



Les pirates de Franco. Le Commandant Troncoso à la Villa Chagrin.



Nos correspondants d'Hendaye et de Bayonne ont signalé l'incarcération à la "Villa Chagrin" du commandant Troncoso et le luxe de forces déployées à cette occasion.




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JULIAN TONCROSO SAGREDO


C'est que le bruit d'une tentative d'enlèvement préparée par des nationalistes espagnols avait couru. Par conséquent, ces mesures s'expliquent.


Le chef militaire fait toujours preuve d'arrogance. Il prétend, avec de grands airs offensés, avoir été attiré dans un véritable guet-apens. Hier, à Hendaye, il était dans un état de surexcitation tel qu'il parlait de passer par la fenêtre si on continuait à ne pas vouloir lui ouvrir la porte du commissariat. Cette porte s'est d'ailleurs ouverte, mais le commandant Troncoso ne l'a pas franchie libre. On a, en effet, des explications supplémentaires à lui demander et son rôle d'instigateur du coup de main de Brest justifie amplement le mandat d'amener, transformé en mandat d'arrêt, que délivrait lundi soir le parquet de Bayonne.


Dans sa prison, le commandant est bien gardé. Un peloton de gardes mobiles est réparti à l'intérieur et à l'extérieur. On a dû se souvenir en haut lieu de la sensationnelle évasion de Spilers.


Ce matin encore. le procureur de la République n'avait rien reçu de son collègue de Brest. ville où le commandant Troncoso doit être transféré.



Par mesure de représailles, M. Desmartis, Consul de France à Malaga, est consigné par les franquistes.


Et voici que nous parvient la stupéfiante nouvelle, celle que le consul de France à Malaga a été consigné hier soir chez lui, sur l'ordre du général Queipo de Llano, par mesure de représailles à la suite de l'incarcération du commandant Troncoso.



général franquiste assassin
GENERAL QUEIPO DE LLANO 1939



Il est à peine besoin d'ajouter que notre consul n'a jamais préparé aucun coup de main et que cet homme "au rasoir entre les dents" qu'est le grotesque speaker de Séville a agi avec beaucoup de légèreté. Mais ce n'est pas la première fois, certes, qu'il mêle l'odieux au ridicule.


C'est par mesure de représailles que les autorités insurgées ont "mis aux arrêts" M. Desmartis. 

Paris, 22 septembre. 


— On annonce ce soir dans les milieux autorisés que confirmation a été reçue à Paris du fait que M. Desmartis consul de France à Malaga, était consigné dans son consulat par les autorités nationalistes. Il apparaît que la mesure dont M. Desmartis fait l'objet a été prise en guise de représailles à la suite de l'arrestation en France du commandant Troncoso.


Aussi, bien qu'il soit impossible d'établir la moindre comparaison entre les faits auxquels le gouverneur militaire d'Irun paraît être mêlé et l'exercice à Malaga, par M. Desmartis de ses fonctions consulaires, le gouvernement français tiendra-t-il, avant de prendre position sur cette affaire, à connaître la décision que prendra le juge d'instruction de Brest à l'égard du chef franquiste.


On sait, en effet, que pour l'instant seul un mandat d'amener est délivré contre celui-ci et que le parquet de Bayonne n'avait pas qualité pour l'interroger. On considère que si, après son audition, qui ne saurait tarder, par le magistrat compétent, le commandant Troncoso était libéré, la question se résoudrait d'elle-même puisque les autorités nationalistes de Malaga n'auraient plus de raison pour maintenir leur décision à rencontre de M. Desmartis.


Par contre, il faut s'attendre, si l'officier franquiste devait être inculpé dans l'affaire du sous-marin "C-2", à ce que la mesure que frappe le consul de France de Malaga suscite sur le plan diplomatique des difficultés avec les autorités de Salamanque.



A propos du refoulement d'individus suspects.



Par mesure de sécurité le gouvernement, ne pouvant supporter plus longtemps les agissements sur le sol français de franquistes notoires, se prépare à les refouler en Espagne. Ayant appris ce projet, les rebelles espagnols ont fait savoir que si celui-ci était mis à exécution, ils chasseraient de Saint-Sébastien un nombre égal, et peut-être double, de Français.


Les choses en sont là. La frontière, du côté espagnol, reste fermée et, du côté français, Il en est pratiquement de même. M Maurice Mathieu, préfet des Basses-Pyrénées, s'est rendu ce matin à Hendaye.



... A la frontière.

Troncoso est transféré à la prison de Bayonne.


Hendaye, 22 septembre. 

— Troncoso est parti hier soir par le train de 20 h. 10. Il est sorti, à 20 h. 09, du commissariat par une porte dérobée, encadré par six inspecteurs. La garde mobile encadrait le train qu'il devait prendre.


Arrivé dans l'ombre près du train, Troncoso a eu un moment d'hésitation et de révolte. A ce moment-là. les inspecteurs l'ont serré de près et le commissaire spécial l'a pris par le bras et l'a fait monter dans le wagon.


On a fait descendre le commandant Troncoso à la gare de La Négresse pour dépister la foule à l'arrivée à Bayonne.


Le commandant Troncoso, avec quatre inspecteurs, est monté dans une Delage, qui l'a transporté à la prison de Bayonne.


Toute la journée, devant le commissariat, gardé par six gardes mobiles, il y a eu une grande effervescence.


Les postes frontières ont été doublés. Les Espagnols ont fermé la frontière à tous les Français, c'est-à-dire que les Français peuvent entrer en Espagne, mais ne peuvent plus en ressortir.



Bayonne, 22 septembre. 

— Mardi soir, sur instructions venues de Paris. le parquet de Bayonne délivrait un mandat d'amener et le commandant Troncoso était transféré à Bayonne.


En raison de l'heure tardive, l'arrivée de Troncoso au palais de justice, à 21 heures, passa inaperçue.


Les magistrats du parquet, réunis dans le cabinet de M. Déjean de la Batie, procureur de la République, firent subir au commandant Troncoso un premier interrogatoire d'une heure, à la suite duquel le mandat d'amener fut transformé en mandat d'arrêt.


A 22 heures, avec la même escorte importante de gardes mobiles, mousquetons au poing, et de policiers, mais toujours sans attirer l'attention des rares promeneurs, Troncoso, qui ne semblait nullement inquiet et affectait au contraire de sourire d'un air narquois, fut conduit à la villa Chagrin.


Au palais, on parle de l'envoi de commissions rogatoires possibles pour éviter un transfert à Brest ; mais, peut-être, ces bruits sont-ils mis simplement en circulation pour dépister la curiosité du public et éviter des manifestations jusqu'au moment où l'inculpé sera dirigé sur la gare. 


Il n'a été procédé mercredi matin à aucun interrogatoire. Vraisemblablement, le juge d'instruction se transporta à la prison pour éviter au prisonnier la traversée de la ville.


Une garde sévère est faite autour de la prison et toutes les mesures ont été prises afin qu'aucun incident ne puisse se produire. 

—M. Lacouture.


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COMMANDANT TRONCOSO 1937


Le commandant Troncoso est transféré à Brest.

Bayonne, 23 septembre. 


— Cette nuit, à 0 h. 33. le commandant Troncoso à été transféré à Brest. Le commandant a pris place dans un wagon de première classe, et était escorté de quatre inspecteurs de la sûreté.


L'heure du départ ayant été tenue secrète, aucun curieux ne se trouvait à la gare au moment du départ du train."



A suivre...





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