LE PHOTOGRAPHE GASTON OUVRARD.
Gaston Ouvrard, né à Agen le 6 octobre 1863 et décédé à Bayonne le 26 août 1942, est un photographe célèbre pour ses compositions.
PORTRAIT DE GASTON OUVRARD PAR LOUIS FREDERIC AUGUSTE DUPUIS |
Voici ce que rapporta à ce sujet dans plusieurs éditions de la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du
Pays basque :
- le 3 septembre 1942, sous la plume de Peillic :
"Le bon photographe.
Je n'ai appris que trop tard, et avec beaucoup de peine, l'humble mort de celui que j’ai maintes fois appelé le "bon photographe" Ouvrard.
J'ai pu, pendant de longues années, mesurer combien cette épithète convenait à l'artiste aussi bien qu’à l’homme.
On l'a dit avec raison : la collection des clichés d'Ouvrard serait, si on pouvait la publier, la plus complète, la plus pittoresque des histoires illustrées de notre région bayonnaise et biarrotte pendant tout près d'un demi-siècle.
Lorsque, quelque temps avant la guerre, une précieuse rétrospective évoqua, au Musée de la Mer, les années où Biarritz et ses environs étaient lieu de prédilection pour les têtes couronnées, ce fut Ouvrard qui fournit les documents les plus intéressants : d’Edouard VII à Alphonse XIII, d'Edmond Rostand à Chiquito, il n’est pas un roi, un artiste, un athlète que son objectif n’ait surpris en pleine action, en pleine vie.
CHIQUITO DE CAMBO 1905 PAR GASTON OUVRARD |
Mais c'est pour la petite histoire, pour l’événement du jour, pour l’anecdote locale que le bon photographe avait une véritable prédilection. En ai-je vu, en ai-je possédé — et, hélas, perdu ! — de ces "compositions" tour à tour touchantes, ingénieuses, comiques où Gaston Ouvrard excellait !
REPAS DE NOCES PAR GASTON OUVRARD |
Au hasard de la mémoire je revois la composition commémorative des championnats de France de l'Aviron en 1913 et en 1914 ; la série si copieuse et si riche des évocations électorales, avec son cadre obligé de la place de la Liberté ? sa toile de fond — l'hôtel de ville — ses "portants" — la Brasserie et le Réduit : et là, partout, à terre, aux fenêtres, dans le ciel, même, des centaines de "têtes" que l’on aimait à reconnaître... avant d'y trouver la sienne !
J'ai, sous les yeux, un mystérieux panorama de Bayonne la nuit, près du pont Saint-Esprit. Un ange et des mouettes les survolent porteurs de banderoles : "Urthe On !... Joie et bonheur."
Et cet autre où l'on voit une colombe emportant dans son bec, en pleine nuit, le voile qui couvrait la statue du cardinal Lavigerie...
STATUE DU CARDINAL LAVIGERIE BAYONNE PAR GASTON OUVRARD |
Satires sans amertume, tableau où l’on retrouve souvent la mélancolie que le bon photographe, vieilli et pitoyable, aux longs cheveux et à la barbe inculte de moujik, portait dans son regard de brave homme, à qui la vie ne fut pas toujours douce !"
- le 3 octobre 1942, sous la plume de Peillic :
"Un héritage à recueillir.
La presse locale et régionale a honoré, récemment, comme elle méritait de l’être, la mémoire de Gaston Ouvrard, historien, par l'objectif, de toute une période particulièrement brillante de la vie de chez nous, l’excellent homme qui n’eut que des amis l'artiste trop modeste qui a, comme tant d’autres, fini ses jours dans un dénuement à peu près complet.
PERE FRANCOIS BAYONNE NE EN 1902 PAR GASTON OUVRARD |
Les anecdotes sur le "père Ouvrard" fourniraient matière à un ample recueil. On sait, en effet, qu'il fréquenta les plus hauts personnages en résidence ou de passage sur notre Côte Basque : têtes couronnées, vedettes des Lettres, des Arts, des Sports posèrent devant son objectif, furent surpris par lui en des scènes familières ou habilement mêlés à ces compositions dans lesquelles il excellait.
Il nous est arrivé fréquemment de pénétrer dans son atelier dont le moins que l’on puisse dire — sans offenser sa mémoire ! — est qu’il n’était pas un modèle d'ordre !
Toutefois, surtout dans les derniers temps de sa vie, Gaston Ouvrard avait exhumé des coins les plus poussiéreux de son "officine" d’innombrables clichés ; il les avait, croyons-nous, classés et songeait à rassembler cette collection unique en son genre. Aujourd'hui qu’il n’est plus, l'heure est venue de recueillir (en sauvegardant, s’il y a lieu, les intérêts des tiers) ces images précieuses pour l’histoire de Bayonne et de Biarritz, de les mettre en lieu sûr, en attendant de refaire un tirage des plus intéressantes.
LA RAGE DES ELECTIONS BAYONNE PAR GASTON OUVRARD |
Le soin de constituer cette "photothèque" pourrait être confié soit à un groupe de vieux Bayonnais, amis du défunt, soit à l’une de nos "compagnies" locales : Société des Sciences, Lettres et Arts ou Académie Gascoune. J'ose espérer que cette suggestion ne restera pas sans effet et je conclus ce billet par une anecdote qui dépeint à merveille le désintéressement de l’artiste disparu.
On sait que M. Eiffel, le constructeur de la fameuse Tour, séjourna longtemps à Bayonne où il édifia le pont de fer sur l’Adour, l’un de ses premiers travaux en France.
Le célèbre ingénieur avait eu recours au talent de Gaston Ouvrard et se présenta un jour chez le photographe pour acquitter une note s'élevant à 800 francs.
LE CHIEN PHOTOGRAPHE PAR GASTON OUVRARD |
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