GUERNIKAKO-ARBOLA EN 1893.
"GERNIKAKO ARBOLA" est le titre d'une chanson écrite par José Maria Iparraguirre à Madrid en 1853, au café San Luis de la rue de la Montera, accompagné au piano par Juan Maria Blas Altuna.
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GUERNIKAKO ARBOLA |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Revue des revues, le 1er novembre 1893 :
Ce titre est au moins aussi étrange que l’œuvre qui porte son nom, et n'a d’égal que le nom si suggestif de son auteur : José-Maria Iparraguirre. Nous parions fort que le Guernikako et Iparraguirre sont tout à fait inconnus à nos lecteurs, et cependant il y a à peine quelques mois que cette œuvre suprême de la poésie basque a retenti d'une façon menaçante aux environs de Saint-Sébastien. Il s’agissait d’une petite révolte chez nos frères espagnols, et les Basques ont cru nécessaire de l’inaugurer, en chantant les refrains de leur Marseillaise nationale : le Guernikako-Arbola.
La Revue d'Art dramatique (octobre) nous apporte quelques données et sur l’œuvre et sur son mystérieux auteur, et nous ne pouvons nous empêcher de les offrir à nos lecteurs.
Iparraguirre, nous dit M. E. Contamine de Latour, naquit en 1820 à Villareal de Urruchu. Ses parents étaient fort pauvres et l'enfant grandissait dans la misère. A l'âge de douze ans, il alla à Vittoria pour y apprendre le latin, mais avant de finir ses études, il s’enrôla dans l'armée carliste et prit part à de nombreux combats. A dix-neuf ans il est venu en France, d'où il fut forcé de se sauver à cause du trop de zèle avec lequel il chantait la Marseillaise. Il s’en va à Londres, qu’il quitte peu de temps après pour Madrid. Il y chante ses œuvres dans les cafés et dans les salons. La première audition de son Guernikako-Arbola eut un succès prodigieux. De Madrid, le chant se répandit dans toute l'Espagne et les pouvoirs du pays ont cru nécessaire, pour couper court à 1'agitation du peuple, d’exiler le chansonnier. Ce dernier se dirigea vers l'Amérique du Sud, où il vécut, ignoré de tout le monde jusqu’en 1859.
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JOSE MARIA IPARRAGUIRRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le journal a fini par découvrir l'existence du chansonnier et ce fut une joie pour tous les Basques qui se mirent à faire des pèlerinages formels, afin de saluer le vieux patriote basque. Depuis cette époque, le chansonnier, pris de nostalgie, se remit à chanter les beautés de son pays natal, tout en ne cessant de pleurer en présence de la mer qui le sépare de son peuple euskaro (l'Euskal-Erria).
Les Basques résidant dans la République Argentine firent enfin une souscription pour rapatrier leur poète favori. Il revint parmi les siens en 1888. Inutile d’ajouter que Iparraguirre fut l’objet de réceptions enthousiastes et que les Basques fêtèrent leur plus grand chansonnier avec les honneurs dus au "roi des poètes". Hélas ! est-ce la joie trop vive de se retrouver parmi ses montagnes natales, est-ce la nostalgie de jadis, qui détruit la santé du poète, mais le fait est qu’il n'a pas survécu longtemps aux joies de son retour. En 1891, le pays basque était de nouveau en deuil : son plus grand troubadour était mort.
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JOSE MARIA IPARRAGUIRRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La plus jolie fleur, dans le grand bouquet poétique que le défunt a laissé à ses compatriotes, est sans doute son Guernikako, dont les paroles retentissent chaque fois que les cœurs basques s’enflamment et que l’idée de révolte s'empare de leurs âmes. Et Dieu sait si cela arrive souvent ! Nous donnons ci-dessous, dans le langage basque, le texte entier de cette chanson, en plaçant à côté sa traduction littérale...
I
Guernikako Arbola
Da bedeincatuba
Euskaldunen artean
Guztiz maitatuba.
Eman ta Zabalhazazu
Munduhan frutuba.
Adozatzen zaitagu
Arbola santuba
1 (L’arbre de Guernica est un symbole béni que tous les Basques aiment d’un amour indescriptible. Arbre béni, répands tes fruits à travers le monde, tandis que nous te payons un tribut d'adoration.)
II
Milla urte inguruda
Esatem dutela,
Jaincoac jarrizubela
Guernikako arbola
Zade bada zulican,
Orain da dembora,
Eroritzen bazera
Arras galduguera.
II (L'histoire nous apprend que l'arbre de guernica fut planté par Dieu il y a plus de mille ans. Arbre béni, ne tombe pas, car sans l'ombre douce de ton feuillage, notre perte sera complète et inévitable.)
III
Eztzera erorico,
Arbola maitea,
Baldin portatzen bada
Bizcaico juntia.
Lauroc artucodegu
Zurekin partia,
Pakian bizi dedin
Euskaldun gentia.
III (Tu ne tomberas pas, chêne bien-aimé, si la Biscaye, réunie en junte générale, remplit son devoir, car les quatre sœurs te prêteront leur appui pour que le peuple basque conserve sa liberté et demeure en paix.)
IV
Betico bizi dedin
Jaunari escatzeco
Jarri gaitezen danoc
Taster belaunico,
Eta biotzetican
Escatu ezkero,
Arbola bizico da
Orain ota guero.
IV (Pour que ce symbole sacré ne tombe jamais, mettons-nous à genoux et prions Dieu, car l’arbre sacro-saint vivra éternellement, si, du fond de nos cœurs nous le demandons à Dieu).
V
Arbola botatzia
Autela peutzatu
Euskal-erriguztuyan
Denac badakigu ;
Es bada gendia
Dembora orain degu,
Erori gabetanic
Eruki biagu.
V (Nous le savons tous, dans la patrie Euskalduna, on a essayé d'abattre notre arbre séculaire. Unissons nos forces pour le défendre, le symbole de notre liberté ne périra jamais.)
VI
Beti egongozera
Uda berricua.
Lare ainzinetaco
Mancha gabecua.
Errukizaitez bada
Biotz gurecua,
Dembora galdu gabe
Emmanic frutua.
VI (Chêne antique et pur, demeure luxuriant et touffu dans un printemps éternel comme au bon vieux temps. Aie pitié de nous, prête-nous ton ombre, car nous t’aimons tous de toute la force de nos cœurs.)
VII
Arbolac erantzun du
Contus bizitzeco.
Eta biotzetican
Jaunari sescatzeco.
Guerravric nai ez degu.
Pakea betico
Gure lugue zuzenac
Emen maitatzeco.
VII (L’arbre nous répond : "Soyez préparés à tout événement, demandez toujours à Dieu que je ne tombe jamais." — Nous ne voulons pas la guerre, nous voulons vivre en paix avec nos lois sages dont l’indépendance nous est chère.)
VIII
Erregutu diegun
Jaungoico jaunari
Paquea emateco
Orain eta beti ;
Bai eta indarrere
Cedorren lurrari,
Eta bendiziyoa
Euskal-erriyari.
VIII Demandons tous à Dieu qu'avec la paix la terre féconde l'arbre séculaire qu'elle porte, et qu’il répande sa sainte bénédiction sur le peuple Euskalduna (basque), qui le défend, cet arbre béni."
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