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mardi 7 juin 2022

L'ÉMIGRATION BASQUE AU CHILI EN 1926

L'ÉMIGRATION BASQUE AU CHILI.


Des centaines de milliers de Basques, du Nord et du Sud, ont émigré, partout dans le monde, et en particulier de l'autre côté de l'Atlantique, pendant des décennies, depuis 1830 environ.




emigracion vasca barco
BATEAU DE L'EMIGRATION
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Les Annales Politiques et Littéraires, le 25 avril 1926

sous la plume de Marcelle Auclair :


"Chili.


La race Chilienne.



En parlant du Chili, de ses coutumes, de sa politique, on est obligé d'avoir recours, pour désigner toute une classe de la société, à un mot qui surprend dans un pays républicain : c'est le mot aristocratie. Nous devons l'employer, puisqu'il est constamment sur les lèvres de tous les Chiliens. Faire partie de l'aristocratie du pays ou ne pas en faire partie, tout est là.



C'est que l'importance de cette classification n'est pas purement politique ou mondaine : une différence de race en est la cause. Il suffit, pour en apprécier la valeur, de comparer, au Chili, un groupe de gens du peuple et un groupe de gens de la société chilienne : on est immédiatement frappé par l'évidence que ces êtres de la même nationalité sont de races différentes. Le Chilien du peuple, métis de blanc et d'Indien, a les pommettes saillantes, les yeux bridés, le poil rare des races malaises. On appelle, d'ailleurs, couramment les femmes du peuple : "Chinas" (Chinoises), tandis que les hommes portent le nom peu flatteur de "rotos" (déchirés), qui fait allusion à l'état de leurs vêtements... Ces mots ont perdu, à l'usage, leur sens injurieux. Le "roto chileno" est devenu une entité nationale, et c'est en interpellant dans ses discours sa querida chusma (c'est-à-dire sa "chère canaille") que l'ancien président Alessandri a conquis sa grande popularité.



emigration basque chili président
ARTURO ALESSANDRI PALMA 
PRESIDENT REPUBLIQUE DU CHILI
1920-1925 ET 1932-1938



Se flatte d'aristocratie tout Chilien qui n'a pas de sang araucan. Celui-ci a le pur type européen. C'est le type espagnol, ou même, souvent, le type anglais, le type allemand, le type italien ou français, auquel une forte proportion de mélange espagnol et l'atmosphère créole communiquent un charme particulier.



De nombreuses familles chiliennes ont des noms nettement saxons ou français. Citons les Mackena, Edwards, Subercaseaux, Zegers, Hunneus, Letelier, etc. Les noms d'origine espagnole indiquent que l'origine basque prédomine au Chili : Larrain, Irarrazabal, Echazarreta, Urrutia, etc. Ce n'est pas que le Chili ait été conquis par des Basques : ils sont arrivés dans le pays après la conquête, faite par des Andalous et des soldats d'Estrémadure. Ils trouvèrent ces conquérants unis à des femmes indigènes, entourés de petits métis. Ambitieux, dispos, ayant en mains le commerce, et bientôt les terres, les nouveaux venus eurent tôt fait de s'imposer, et ils formèrent, unis aux fonctionnaires espagnols, descendants de colons, etc ., une aristocratie. "Cette aristocratie méprisait le métis et ne l'admettait que comme homme de peine dans ses mines, ses propriétés, ses demeures", nous dit Edwards Bello. Il ajoute :


"Les "rotos" sont les véritables et seuls descendants des capitaines, soldats et premiers fonctionnaires qui conquirent Arauco (nom indigène du Chili). La preuve en est que le bas peuple seul a conservé les noms de famille héroïques et classiques de la conquête... Les trafiquants étrangers les ont dominés en se servant de leur caractère généreux, de leur résistance au travail, de leur imprévision de joueurs, de l'orgueil princier qu'ils ont hérité de ces fantastiques joueurs de continents, ces héros resplendissants, malgré leurs haillons, que nous appelons les "conquistadors".


Il est indéniable que la haute classe avait des qualités physiques et une éducation qui la rendaient supérieure aux Indiens et métis. C'est pourquoi les deux classes se sont développées séparément et ont formé deux castes distinctes."



C'est ce qui rend si difficile, au Chili, la formation d'une classe moyenne. Il s'agit, non d'établir des lois, mais de remonter tout un courant de préjugés et d'habitudes. Une moitié de la société s'est habituée à mépriser l'autre moitié, laquelle a longtemps obéi sans broncher. Mais le peuple a pris, lui aussi, goût à l'existence. Son ambition nouvelle a troublé momentanément le pays, mais c'est ainsi seulement que pouvait s'opérer la fusion des deux classes, et que se formera, entre le peuple et l'aristocratie, une bourgeoisie chilienne, base solide de la nation.



Nous avons parlé des nombreuses familles chiliennes ayant une origine française, anglaise, etc. On pourrait croire à un pays bariolé de types trop différents. Il n'en est rien. La puissance d'assimilation d'un pays neuf est extraordinaire. Qu'un fils d'Anglais naisse au Chili : il aura le teint rose, les cheveux blonds ; mais une indéfinissable nuance d'expression, une allure particulière en fera un Chilien. Il en est de même pour les fils de Français, et l'adaptation du Français à l'atmosphère chilienne est peut-être encore plus rapide et plus complète, puisqu'il s'agit de la fusion de deux races latines. C'est pourquoi la loi française, qui veut que tout fils de Français né à l'étranger soit Français, est délicate à appliquer quand il s'agit de ces pays neufs et prenants. Combien avons-nous vu de fils de Français nés au Chili se sentir Chiliens, faire leur service militaire au Chili, où ils ont tous leurs intérêts, leurs affections ! Ils souffrent que la France les considère déserteurs du fait qu'ils ne font pas soixante jours de voyage pour servir un pays avec lequel ils n'ont plus aucune attache. Beaucoup ne parlent même pas français...



Cela n'est pas dit à la louange de leurs parents ; mais le Français marié à une Chilienne ne peut pas toujours, quand il rentré au foyer après une journée de travail, se faire professeur de langue française....



Et pour le Chili, comme pour tous les autres pays américains, il faut qu'il en soit ainsi. Les mélanges de races forment une race nouvelle, forte et homogène. Cela est si vrai, que l'une des villes chiliennes les plus actives, les plus prospères, est celle aussi où l'apport étranger est le plus intense : Valparaiso. Edwards Bello relève des noms copiés au hasard dans un journal de Valparaiso : Van Buren, Polhammer, Wilson, Simpson, von del Heide, Plummer, Jackson, Lyon... Sauf deux ou trois noms français ou espagnols, les noms sont tous aussi latins que ceux-ci..."




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