Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 7 avril
1931, sous la plume de Suzanne Grinberg, Avocate à la Cour d'Appel de Paris :
"Si vous voulez devenir avocate.
La profession d’avocat évoque trop souvent dans l’esprit qui s’attarde à y réfléchir l’exercice d’une carrière pour laquelle il faut des dons prestigieux d’éloquence, un lyrisme éclatant, un art consommé des gestes, le goût de l’emphase ou du pathétique !
AVOCATE
Ou bien l’avocat prend la figure d'un être malin, retors, habile à dissimuler ou à feindre, entraînant ses clients autant que ses adversaires, dans ce qu’on appelle si justement le maquis de la procédure, c'est-à-dire en des choses inconnues et incompréhensibles d’où la logique est absente, où la raison n’a rien à faire et dont le langage n'est que rébus !
De là à conclure que cette profession n'est point faite pour les femmes, il n’v a qu'un pas. Mais, ce pas est un faux pas si l’on me permet ce jeu de mots évidemment facile.
La profession d'avocat nécessite une assez grande robustesse physique, beau coup de ténacité, une grande volonté car les obstacles sont nombreux et un travail long et sérieux de la voix. Il faut dans leur propre intérêt que ne s’approchent point de la barre les jeunes personnes très timides dont la voix est aiguë et faiblement timbrée et qui se laissent décourager très vite. Enfin, il faut que, pécuniairement, la jeune avocate ne soit pas dans l'obligation de gagner sa vie, sitôt la toge revêtue. Les nouveaux règlements professionnels obligent les avocats-stagiaires à ne point plaider pendant la première année de stage, et puis les clients ne viennent pas très vite chez les jeunes maîtres du barreau pourvus d'une fraîche science juridique, mais dénués d'expérience.
PLAIDOIRIE AVOCATE
Dans la pratique, des avocates sérieuses aussi bien à Paris qu’en province ont révélé d’indiscutables qualités de savoir et conscience professionnelle. Tous les magistrats sont d’accord pour déclarer que leurs dossiers sont très soigneusement préparés. Beaucoup d’entre elles ont une très enviable clientèle.
Les différends d'ordre commercial, les litiges de la compétence des conseils de prud'hommes, les affaires civiles telles que les divorces, les séparations de corps, les gardes d’enfants, les affaires d’accidents constituent leur activité essentielle et habituelle. Et les avocates ont trop fait leurs preuves maintenant en cours d’assises pour qu'on discute leur talent oratoire et leur faculté d’appel à la pitié.
AVOCATE
La profession ne peut convenir à toutes les femmes, mais à celles qui ont les qualités fondamentales requises on peut assurer une existence des plus agréable et des plus intéressante. Elle permet de mener concurremment à l’activité professionnelle la vie familiale et de trouver, outre la juste rémunération d’un dévouement et d’une compétence les joies profondes que donnent l’allégement ou la suppression des misères et des soucis d’autrui."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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